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La Joie est le Chemin. Depuis février 2025, ce blog explore le Flux Intégral et Kernésis. Il est personnel et est constitué exclusivement de mes notes.
La projection-débat organisée par Cap Canal et l'Ispef mercredi 9 janvier, au grand Amphithéâtre de l'Université Lumière-Lyon 2 a réuni plus de 150 personnes. Le sens de la mesure, documentaire réalisé par Anne Guicherd, dans le cadre de l'émission Cap Sup actuellement diffusée sur Cap Canal, a suscité les réactions du public et des quatre conférenciers : Guy Avanzini, professeur honoraire de Sciences de l'éducation à l'Université Lumière-Lyon 2, président de la Société Binet-Simon, Marie-Christine Piperini, psychologue, maître de conférence à l'Ispef, Alain Kerlan, philosophe, directeur de l'Ispef et Gérard Broyer, ancien professeur de psychologie à l'Université Lumière-Lyon 2. Podcaster la conférence
Conférence et documentaire très intéressants autour de la mesure de l'intelligence, d'Alfred Binet, inventeur des tests de mesure de l'écart entre l'age mental et l'âge réel à ne pas confondre avec la notion de QI qui lui est postérieure et qui fût introduite par Stern. Le QI étant le quotient entre l'âge mental et l'âge réel multiplié par 100. Il est supposé constant pour un individu dans le temps.
Soulever le sol de Venise de plusieurs centimètres en injectant d'énormes quantités d'eau de mer dans son sous-sol. C'est le projet sur lequel travaille depuis plusieurs années une équipe de mathématiciens et modélisateurs de l'université de Padoue (Italie). En 2004, ils en ont déjà présenté les grandes lignes dans une première étude, n'hésitant pas à affirmer que l'injection de fluide en sous-sol pourrait permettre d'empêcher les inondations qui envahissent régulièrement la cité des Doges durant l'automne et le printemps la trop fameuse acqua alta. Plusieurs experts s'étaient montrés sceptiques. En effet, l'assiette sur laquelle Venise est construite, est très fragile. Or, si le soulèvement est inégal, il pourrait causer de graves dégâts, voire des fissures irréparables à certains bâtiments.
Les mathématiciens de l'université de Padoue ont donc revu leur copie. Ils projettent de tester leurs hypothèses dans une zone de la lagune proche de Venise (Water Resources Research, vol 44, 5 janvier 2008). Plus modestes et réalistes, ils soulignent que l'injection d'eau à grande profondeur pourrait contribuer à améliorer l'efficacité du projet Moïse (Mose en italien, acronyme de MOdulo Sperimentale Elettromeccanico). C'est habile car ce système d'écluses pivotantes est très décrié en raison de son prix exorbitant (plus de 4 milliards d'euros). Sa construction devrait être terminée en 2011, mais plusieurs spécialistes affirment déjà qu'il ne permettra pas d'endiguer la montée du niveau de la mer qui devrait s'accentuer au cours du prochain siècle.
La question semble saugrenue, on se demande même comment une telle idée est concevable . Mais à y regarder de plus près, l'évacuer d'un revers de main serait un peu léger car quelques arguments tirés d'un raisonnement solide militent en la faveur du fait que nous ne le soyons pas!
Jean-Paul Delahaye nous les explique dans son excellent livre "Complexités", recueil d'articles qu'il a publié dans la revue "Pour la science".
Comme à l'accoutumée, je vais reprendre les éléments principaux sans détailler le fond de l'article auquel je vous renvoie si le sujet vous intéresse.
Nick Bostrom propose trois arguments dont la réfutation de deux d'entre eux entraîne nécessairement l'acceptation du troisième. Ces arguments s'appuient sur la notion de "société technologique arrivée à maturité".
Une société technologique parvient inéluctablement à l'idée de "simulation" et de "modélisation". Cette idée semble naturelle, comme nous pouvons par exemple le constater en ce qui concerne le climat. Une fois l'idée de simulation acceptée, il semble aussi naturel d'accepter la notion de progrès de cette simulation dont l'horizon final serait d'être capable de simuler le comportement du cerveau de façon suffisamment fine pour arriver à ce qu'il coïncide avec le nôtre et que la simulation soit suffisamment autonome et bonne pour la rendre incapable de réaliser que s'en est une.
Une société technologique arrivée à maturité est donc une société qui est parvenue au résultat précédent. Dans ce cas, le nombre de cerveaux simulés serait incomparablement plus grand que le nombre de "vrais cerveaux" qui les auraient simulés, une telle société utilisant très certainement tous les avantages de la simulation pour en tirer des conclusions sociologiques, historiques, économiques....
Les 3 arguments de Nick Bostrom sont les suivants :
Argument 1 : Toute civilisation technologique disparaît avant d'arriver à maturité.
Argument 2 : Les sociétés technologiques arrivées à maturité abandonnent les simulations de grande précision incluant le cerveau humain.
Argument 3 : Ma vie et mon environnement sont des illusions car je vis dans une simulation.
L'argument 1 est difficilement acceptable et l'est d'autant moins que les progrès dans ce domaine avancent et que l'humanité n'a pas encore disparu.
Accepter l'argument 2 va aussi à l'encontre du constat de ce qui est fait par l'homme jusqu'à maintenant et on a bien du mal à accepter l'idée d'un arrêt complet, brutal et arbitraire des progrès dans ce domaine!
Il reste donc l'argument 3....
L'article de Jean-Paul Delahaye est beaucoup plus dense et plus fouillé, il fait intervenir deux autres arguments ( que j'ai synthétisés et donc réduits).
Argument 4 : La simulation d'un cerveau ne créé pas l'équivalent d'un cerveau.
Argument 5: Il est impossible de créer une simulation si parfaite qu'aucun indice extérieur ne permettrait aux cerveaux simulés de s'apercevoir que s'en est une ( bug).
L'argument 4 est contredit usuellement et naturellement par les religions, sa réfutation demandant de nécessairement de se placer dans le champ des arguments religieux. L'argument 5 peut être contredit si l'on considère que tous les comportement irrationnels et inexplicables des humains et des sociétés entières peuvent être considérés comme des bugs.
Si vous refusez les arguments 4 et 5, il vous faut encore accepter l'argument 3....
La difficulté de l'enseignement des mathématiques vient je pense du fait que la pédagogie nécessite la mise en place d'une relation élève professeur. Et l'aspect technique de la matière est souvent un obstacle. Une illustration de cette difficulté, que j'ai vécu autant en tant qu'élève et professeur, est la réaction de repli sur soi de certains élèves face à une difficulté de compréhension. Au lieu de revendiquer son droit d'apprendre, le réflexe de l'élève mis en difficulté est de se faire le plus petit possible afin que l'on ne remarque pas qu'il ne suit pas ! Un peu comme si le cours ne lui était pas destiné...
Il n'est pas simple de dépasser ce phénomène. Pour ma part, je l'ai vécu dans une situation des plus paradoxale, puisque en Master2 nous étions deux élèves à suivre le cours (de mon actuel directeur de recherche), et que j'ai eu cette sensation, devant la difficulté, que le cours ne m'était pas destiné à moi, comme si j'avais été un spectateur extérieur...
J'ai retrouvé à mon grand désarroi ce genre de phénomène chez certains de mes elèves. Je leur demande durant le cours si ça les interresse et ils me répondent qu'ils ne comprennent rien. Ils ont en fait arrêté d'essayer de suivre le cours...
Le défi est donc de faire comprendre aux élèves que l'on est pas là pour faire un cours de maths, mais bien pour faire des maths avec eux.