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Inclassables M@thématiqu€s

  • Évaluer l’alignement et la traversée : fondements d’une méthode fluïenne

    jackyatesgeorgefloyd#13

     

     

    Loin des critères classiques d’évaluation fondés sur la conformité ou la réception, cette méthode propose un cadre d’analyse fondé sur deux axes complémentaires : le type d’alignement d’un contenu (geste, parole, œuvre, posture…), et sa puissance de traversée, ou cérité fluïenne.

    Ces deux outils — adossés au modèle Kernesis — permettent de qualifier avec justesse la valeur réelle d’un acte : non pas ce qu’il prétend, mais ce qu’il fait.

    Cet article présente les éléments stabilisés de cette approche : typologie des alignements, grille de cérité, protocoles d’analyse, modulateurs, et dimensions humaines évaluables. Il s’adresse à tous ceux qui cherchent un langage opératif du réel pour évaluer sans réduire, et sentir sans s’égarer.

     

    1) Typologie des 10 Alignements Fluïens

     

    Définition générale

    La typologie des alignements décrit les régimes d’engagement d’un contenu, d’une parole ou d’un geste vis-à-vis du flux vivant et du réel. Elle ne mesure pas une qualité morale ou esthétique, mais le type d’articulation entre expression et incarnation.

    Chaque type est distinct, structurant, et non graduel : on ne passe pas de 4 à 5 comme à un niveau supérieur, mais on change de régime.

     

    Les 10 types d’alignement

    Type

    Nom

    Définition condensée

    0

    Alignement silencieux fondamental

    Présence incarnée sans parole ; geste traversant, sans intention ni formulation. Vibration pure du réel.

    1

    Alignement originel traversant

    Poussée intérieure alignée sur tous les plans ; parole ou acte porteur de transformation réelle. Vérité kernésique pleine.

    2

    Alignement spiralé intégral

    Mouvement sincère, conscient, engagé sur plusieurs plans. Alignement vivant, évolutif, en résonance fluïenne.

    3

    Alignement situationnel incarné

    Alignement local, efficace dans un cadre défini ; force réelle mais non généralisable. Coïncidence partielle.

    4

    Alignement mimétique sincère

    Sincérité véritable, mais sans épreuve traversante. Alignement par imitation, fragile mais régulable.

    5

    Alignement identitaire figé

    Posture ou opinion adoptée comme étiquette de soi. Absence de tension fluïenne. Alignement gelé, non traversant.

    6

    Alignement simulé stratégique

    Posture adoptée pour produire un effet, sans adhésion intérieure. Alignement performatif, conscient ou non.

    7

    Alignement pulsionnel réactif

    Jaillissement émotionnel non intégré. Instabilité forte ; peut devenir traversant ou toxique selon le cadre.

    8

    Alignement décoratif ou vide

    Forme séduisante sans fond réel. Haute viralité possible, mais sans vibration ni ancrage incarné.

    9

    Alignement inversé toxique

    Expression puissante, mais détournée de toute vérité ou régulation. Simulacre agissant, destructeur ou captateur.

     

     Usages

    • Sert de grille ontologique pour identifier le régime d’expression d’un contenu ou d’un sujet.
    • Permet de qualifier une position dans le réel, pas seulement un acte ou une parole isolée.
    • Est transversal à toutes les dimensions du vivant : on peut l’appliquer au vrai, au beau, au juste, au vivant, etc.

     

    2) Grille de Cérité Fluïenne

     

    Définition générale

    La cérité fluïenne est la capacité d’un contenu, d’un acte ou d’une pensée à traverser intégralement le cycle du Flux Intégral, en produisant une transformation vécue et une clarté incarnée.

    Elle mesure la traversabilité du contenu, c’est-à-dire son potentiel d’activation du flux vivant (poussée → régulation → posture → intégration → alignement → vérité → résonance).

     

    Fonction

    • Évaluer l’efficacité fluïenne d’un contenu : sa puissance de passage dans l’organisme, dans la relation, dans le collectif, dans le réel.
    • Mesure dynamique, non morale, non esthétique.
    • Utilisable pour tout contenu humain : pensée, discours, œuvre, geste, situation, posture.

     

    Grille de notation sur 7 points

    Score

    Désignation

    Définition condensée

    7/7

    Traversée intégrale

    Le contenu active tous les plans du flux. Transformation profonde. Impact résonant. Vérité traversante.

    6/7

    Traversée majeure

    Passage clair et fécond. Il peut manquer un plan secondaire ou une résonance collective.

    5/7

    Traversée solide

    La dynamique fluïenne est présente mais partiellement freinée ou circonscrite.

    4/7

    Traversée partielle

    Mouvement réel, mais instable ou partiellement intégré. Blocages résiduels.

    3/7

    Tentative de passage

    Élément fluïen présent, mais inabouti. L’élan est là, mais le flux se perd ou se referme.

    2/7

    Tension avortée

    Le contenu aspire à passer, mais reste empêtré : simulacre sincère, posture hésitante ou récupérée.

    1/7

    Présence déformée

    Presque aucun passage réel. Le contenu est bloqué, ou déconnecté du flux vivant.

    0/7

    Contenu mort / fermé

    Aucun flux. Contenu captateur, figé ou toxique. Pas de traversée ni d’effet transformateur.

     

    Remarques d’usage

    • La cérité n’est pas liée au type d’alignement, mais elle peut soutenir ou révéler la qualité d’un alignement.
    • Elle peut être modulée par le contexte, la réceptivité du sujet, et la temporalité (cf. modulateurs : différé, rétroactif, etc.).
    • Elle est particulièrement utile pour évaluer l’effet pédagogique, artistique, éthique ou existentiel d’un contenu.

     

    3) Modulateurs Fluïens

     

    Définition générale

    Les modulateurs fluïens sont des indicateurs transversaux qui viennent qualifier un type d’alignement ou un score de cérité.

    Ils n’altèrent pas la valeur attribuée, mais affinent l’interprétation dynamique du geste, du contenu ou de la situation observée.

    Ils permettent de rendre compte de la temporalité, de la structure interne ou de l’effet différé d’une traversée fluïenne.

     

    Fonction

    • Offrir une lecture plus fine et dynamique d’un acte ou d’un contenu.
    • Éviter l’interprétation rigide ou prématurée d’un alignement ou d’une cérité.
    • Intégrer les effets non-linéaires, différés ou paradoxaux dans l’analyse fluïenne.

     

    Liste stabilisée des modulateurs

     

    Nom

    Définition condensée

    Effet sur l’analyse

    Rétroactif

    L’alignement ou la cérité ne sont perceptibles qu’après coup. L’effet transformatif émerge dans le temps.

    Invite à suspendre le jugement immédiat. Nécessite observation prolongée.

    Différé

    Le contenu semble neutre ou opaque au moment T, mais agit plus tard dans la conscience ou le corps.

    Justifie une faible cérité apparente, sans exclure une valeur latente.

    Ambivalent

    Deux types d’alignement ou deux niveaux de cérité coexistent provisoirement, chez un même sujet ou dans un même contenu.

    Exige une lecture plurielle. Peut signaler une transition.

    Extériorisé

    Le contenu ne transforme pas celui qui l’émet, mais agit fortement sur autrui. Alignement asymétrique.

    Décale le centre d’analyse vers la réception.

    Indéterminé

    La position fluïenne est en cours de bascule ou d’instabilité. Aucun type net ne peut être établi.

    Appelle à différer l’analyse. À utiliser pour les gestes ou situations en transition.

     

    Usage dans le protocole

    • Les modulateurs ne remplacent pas une typologie ou une note de cérité, ils qualifient la lecture.
    • Ils peuvent être combinés .
    • Ils sont essentiels pour ne pas réduire l’analyse fluïenne à un simple classement.

    Résultat

    Ces modulateurs permettent une plasticité analytique sans relativisme. Ils intègrent la complexité temporelle et relationnelle des flux vécus dans le cadre structurant du modèle.

    L’analyse gagne ainsi en profondeur, en justesse et en opérativité.

     

     

    4) Liste des Dimensions Humaines Évaluables

     

    Définition générale

    Les dimensions humaines évaluables sont les grands régimes d’expérience, de perception ou d’engagement dans lesquels un acte, un contenu ou une œuvre peut s’inscrire.

    Ce sont les territoires traversables du réel qui, une fois activés, peuvent être analysés dynamiquement selon leur alignement et leur puissance de traversée (cérité).

     

     Fonction

    • Offrir un référentiel structurant pour déterminer ce qui est activé dans un contenu.
    • Permettre d’ancrer l’analyse fluïenne dans des domaines signifiants, transversaux et non anecdotiques.
    • Conserver une plasticité contextuelle : certaines œuvres ou gestes traversent plusieurs dimensions à la fois.

     

     

    Dimensions principales ( liste non exhaustive)

     

     Dimension

                                   Définition concise

    Axe fluïen dominant

    Vérité

    Résonance profonde entre le réel, le sujet et l’expression.

    Alignement ↔ Cérité

    Beauté

    Harmonie perceptible qui révèle ou intensifie le flux.

    Posture ↔ Flux-joie

    Justice

    Tension juste entre régulation, équité et vérité incarnée.

    RIACP ↔ Alignement

    Vivant

    Circulation libre, adaptation, émergence.

    ICPMe ↔ Régulation

    Présence

    Densité immédiate, silence actif, incarnation pure.

    Posture ↔ Silence (Type 0)

    Sacré

    Verticalité vécue, transpercement du réel, seuil.

    Traversée ↔ Résonance

    Savoir

    Clarté opérative, cohérence transmissible.

    Intégration ↔ Flux-travail

    Joie

    Épanouissement spontané d’un flux juste.

    Résonance ↔ Corps intégré

    Langage

    Organisation signifiante du monde vécu.

    LOME ↔ Traversée fluïenne

    Relation

    Dynamique intersubjective incarnée.

    Co-alignement ↔ Traversée partagée

     

    Remarques importantes

    • Toutes ces dimensions sont compatibles avec le modèle Kernesis : elles permettent une lecture multi-polaire fluïenne (RIACP, ICPMe, Posture-Flux, Flux-Joie).
    • Une même œuvre ou parole peut activer plusieurs dimensions simultanément (ex. une parole vraie et juste).
    • Il ne s’agit ni de valeurs morales ni de catégories philosophiques figées, mais de plans vivants d’expérimentation du réel.

     

    Résultat

    Cette liste stabilise le champ d’application de l’analyse fluïenne. Elle garantit que l’outil n’est pas appliqué dans le vide, mais à des régimes d’expérience fondamentaux, suffisamment ouverts pour accueillir la pluralité des contextes tout en restant analytiquement féconds.

     

    5) Protocole d’analyse fluïenne (Alignement × Cérité)

     

    Définition générale

    Le protocole d’analyse fluïenne est la méthode rigoureuse permettant d’appliquer l’outil croisé Alignement × Cérité à tout contenu humain (discours, œuvre, geste, situation, posture…).

    Il garantit une lecture juste, situante et transformatrice, en activant les outils du modèle de Kernesis sans subjectivisme flottant ni automatisme rigide.

     

    Objectif

    • Offrir un cadre d’analyse fluïenne opérationnel, immédiatement applicable à toute production ou situation.
    • Permettre à l’analyste (ou au praticien) de repérer à la fois le régime d’alignement et le niveau de traversée fluïenne du contenu.
    • Conduire à une formulation synthétique de la valeur fluïenne du contenu observé.

     

    Étapes du protocole

     

    Étape 1. Réception ouverte du contenu

    Observation ou écoute active, sans préjugé. Laisser le contenu agir (image, geste, texte, posture…).

     

    Étape 2. Identification des dimensions activées

    Le contenu touche-t-il au vrai, au beau, au juste, au vivant, au sacré, au présent, etc. ?

    Ces dimensions orientent la suite de l’analyse.

     

    Étape 3. Évaluation du type d’alignement

    À partir de la typologie des 10 alignements, situer le régime d’engagement du contenu :

    • Quelles intentions sous-jacentes ?
    • Quelle tension entre forme et fond ?
    • Quelle cohérence du geste avec lui-même et avec le flux ?

     

    Étape 4. Évaluation de la cérité

    Appliquer la grille de cérité (0–7) :

    • Le contenu traverse-t-il les plans du flux ?
    • Produit-il un effet transformateur incarné ?
    • Quelle est sa puissance effective de passage ?

     

    Étape 5. Synthèse critique fluïenne

    Formuler en une phrase ou deux la qualité fluïenne du contenu, en croisant les deux axes :

    « Cette parole est de type 3, avec une cérité 5 : alignement contextuel mais réelle traversée sur plusieurs plans. »

    Ou : « Geste de type 6 (performativité stratégique), cérité 6 : efficacité forte mais sans alignement réel. »

     

    Modulateurs à considérer (optionnel)

    Modulateur

    Fonction

    Rétroactif

    La traversée n’apparaît qu’après-coup

    Différé

    Le contenu ne se traverse qu’avec délai

    Ambivalent

    Deux types coexistent provisoirement

    Extériorisé

    Effet fort chez autrui, mais pas en soi

    Indéterminé

    Phase instable ou transitionnelle

     

    Format de sortie possible

    Contenu X : alignement [type] + cérité [score] + modulateur éventuel → Résumé critique.

     

    Résultat

    Le protocole permet de stabiliser une pratique fluïenne d’analyse claire, efficace et transposable. Il ouvre à une lecture situante, qui respecte l’invisible sans l’idéaliser, et restitue la vibration du réel sous forme de diagnostic articulé.

     

     

    6)  Analyse fluïenne du Radeau de la Méduse (Géricault, 1819)

     

    Contexte rapide

    • Peinture monumentale (~7 x 5 m), inspirée d’un fait réel : le naufrage de la frégate La Méduse (1816) et l’abandon de 147 hommes sur un radeau de fortune. Seuls 15 survivants.
    • Géricault choisit un sujet politique, moral et humain, contre l’esthétique dominante de son temps.
    • Long travail préparatoire : cadavres disséqués, témoignages recueillis, études anatomiques, composition fluïenne.

     

     Typologie d’alignement

    Alignement dominant : 2 — Alignement spiralé intégral

    • Sur plusieurs plans simultanés :
      • Physique : geste pictural, maîtrise technique, intensité du rendu.
      • Éthique : dénonciation de l’injustice et de l’inhumanité du pouvoir colonial.
      • Pulsionnel : captation et transmutation de l’horreur brute en forme traversante.
      • Esthétique : rupture avec le néoclassicisme ; composition fluïenne spiralée (ascension diagonale du regard vers l’espoir).
      • Collectif : l’œuvre ouvre une brèche dans la conscience politique européenne.
    •  
    • Présence d’un noyau kernésique (vérité traversante incarnée dans le geste).

     

    Alignements secondaires

    • 1 — Alignement originel traversant : dans certains éléments de la toile :
      • La figure dressée brandissant un tissu rouge vers l’horizon → icône traversante d’un possible, d’un appel.

    • 3 — Alignement situationnel incarné :
      • Chaque personnage incarne une posture fluïenne locale (désespoir, abandon, espoir, effort, mort…).

     

    Cérité fluïenne

    Note globale : 6/7 — Traversée majeure

    • Activations :
      • RIACP : oui — transmutation de l’horreur en énergie structurée.
      • ICPMe : oui — articulation multi-niveaux : politique / pictural / charnel / symbolique.
      • Posture-Flux : oui — composition mouvante, dynamique ascendante, tension structurée.
      • Flux-Joie : limite — la joie n’est pas immédiate ; elle est de second degré, dans l’intensité de la transmutation.

    • On n’est pas en traversée intégrale (7/7), car la résonance peut rester partiellement inaccessible à un regard non formé ou fermé à l’horreur.

     

    Modulateurs d’analyse

    Rétroactif :

    • Le retentissement réel de l’œuvre s’est amplifié avec le temps.
    • À sa sortie, réception partagée. Aujourd’hui, considérée comme œuvre fondatrice du romantisme moderne.

    Extériorisé :

    • Géricault lui-même, après cette œuvre, ne connaîtra pas de suite alignée aussi forte.
    • L’alignement semble agir davantage dans et par l’œuvre que dans son auteur (alignement extériorisé).

    Ambivalent :

    • Certaines lectures contemporaines peuvent y voir un excès de dramatisation (alignement décoratif ?), ce qui ouvre le débat.
    • Mais cette ambivalence renforce la profondeur de l’analyse : elle montre que l’œuvre résiste à la réduction.

     

     Cartographie synthétique

    Dimension

    Type d’alignement

    Présence

    Remarques

    RIACP

    2, parfois 1

    ✔️

    Transmutation de l’horreur, gestes intégrés.

    ICPMe

    2

    ✔️✔️

    Multi-couches : social, pictural, existentiel.

    Posture-Flux

    2 → 1

    ✔️

    Mouvement spiralé vers le haut, figures incarnées.

    Flux-Joie

    3, indirectement 2

    ⚠️

    Joie absente, mais poussée vitale présente dans la tension.

     

    Conclusion fluïenne

    Le Radeau de la Méduse constitue un exemple quasi-idéal d’alignement spiralé intégral. Il incarne une vérité kernésique picturale : transmutation du chaos en vibration fluïenne.

    Cette analyse est particulièrement utile pour :

    • Montrer la différenciation fine entre types d’alignement dans une même œuvre.
    • Déployer une lecture multi-modale de la cérité fluïenne.
    • Introduire l’usage des modulateurs comme révélateurs d’une profondeur insoupçonnée.

     

     

    6) Analyse fluïenne d’une scène d’entraide élève-élève

     

     Contexte rapide

    • Cadre : cours de mathématiques (ou autre), moment de travail autonome.
    • Un élève repère la difficulté d’un camarade, s’approche, reformule l’énoncé ou donne une piste, sans y être invité.
    • L’enseignant n’intervient pas directement.

     

    Typologie d’alignement

    Alignement dominant : 3 — Alignement situationnel incarné

    • L’acte est ajusté, juste, dans le contexte local.
    • Il produit une transformation immédiate chez l’autre, mais ne prétend pas à une portée plus générale.
    • Le geste est souvent non prémédité, mais témoigne d’un taux d’incarnation élevé dans l’instant.

    Alignements secondaires possibles (varient selon le niveau d’engagement) :

    • 2 — Alignement spiralé intégral : si l’élève aide avec un engagement profond, régulier, et conscient, il peut s’agir d’un geste plus structurant, porteur de transformation de posture ou de dynamique collective.
    • 4 — Alignement mimétique sincère : si l’élève répète un modèle vu chez l’enseignant ou ailleurs, avec sincérité, mais sans l’avoir traversé de manière intérieure.
    • 5 — Alignement identitaire figé : si le geste est teinté de posture (« moi je sais », « je suis celui qui aide »).

     

     Cérité fluïenne

    Note globale : 5/7 — Traversée solide

     

    • Activation effective du flux sur plusieurs plans, mais de manière circonscrite :
      • RIACP : oui — l’élève inhibe une tentation d’indifférence ou de moquerie, mobilise une posture régulée.
      • ICPME : partiellement — l’élève intègre au moins deux échelles : cognitive et relationnelle.
      • Posture-Flux : claire — présence corporelle ajustée, attention localisée, canalisation fine du geste.
      • Flux-Joie : souvent présente — dans la fluidité du don, la reconnaissance subtile, voire une joie discrète de compréhension partagée.

     

    → Traversée réelle, mais encore partielle, car elle dépend fortement du contexte, ne s’inscrit pas encore dans une dynamique globale.

     

    Modulateurs d’analyse

    Extériorisé :

    • L’acte peut transformer profondément le camarade aidé, sans forcément modifier durablement l’élève qui aide.

    Ambivalent :

    • Si l’élève oscille entre sincérité et posture, l’alignement peut être double (ex. 3 + 5 ou 3 + 4).
    • Ce modulateur est utile pour capter la plasticité fluïenne des gestes pédagogiques ordinaires.

     

     Cartographie synthétique

    Dimension

    Type d’alignement

    Présence

    Remarques

    RIACP

    3

    ✔️

    Capacité à réguler et orienter un acte fluïen local.

    ICPMe

    3 → 2

    ⚠️

    Passage à l’échelle possible si le geste se répète, se conscientise.

    Posture-Flux

    3

    ✔️

    Présence ancrée, ajustement dynamique.

    Flux-Joie

    4

    ✔️

    Joie simple, non spectaculaire, mais perceptible.

     

     Conclusion fluïenne

    Ce type de scène constitue un excellent exemple pédagogique pour :

    • Montrer que l’alignement n’est pas réservé aux grandes œuvres ou aux figures héroïques.
    • Valoriser les gestes discrets mais justes du quotidien.
    • Distinguer les types d’alignement proches (3 vs 4 vs 5) selon l’intention, la conscience, la sincérité.
    • Introduire subtilement la notion de modulateurs pour analyser les nuances.

    La force de ce cas réside dans sa banalité apparente, qui devient, à travers le protocole, lisible comme un micro-geste du flux vivant.

     

     

    7) Analyse fluïenne d’un projet écologique gouvernemental “phare”

    (exemple-type générique, synthèse de cas fréquents : plan climat, convention citoyenne, réindustrialisation verte, etc.)

     

     Contexte rapide

    • Un État lance un programme à haute visibilité : réduction des émissions, transition énergétique, développement des mobilités douces, etc.
    • Présentation soignée, éléments de langage forts, budget annoncé, logos verts, concertation affichée.

     

     Typologie d’alignement

    Alignement dominant : 6 — Alignement simulé stratégique

    • Le discours est structuré pour produire un effet (adhésion, pacification, image de responsabilité), mais sans adhésion fluïenne réelle au fond.
    • Il peut y avoir des éléments sincères à l’échelle locale, mais la structure d’ensemble est performative.
    • Souvent pensé en rétro-engineering politique : “Que faut-il dire / lancer pour apaiser, mobiliser, moderniser notre image ?”

    Possibles sous-couches :

    • 4 — Alignement mimétique sincère : certaines équipes ou agents locaux peuvent être vraiment motivés, mais dans un cadre non traversant.
    • 5 — Alignement identitaire figé : écologie de posture (“nous sommes le gouvernement de la transition”) → usage du vert comme identité narrative, non comme dynamique.

     

     Cérité fluïenne

    Note variable : souvent 3 à 4 / 7 — Tentative de passage ou traversée partielle

    • RIACP : partiellement activé — discours régulé, mais souvent auto-régulation politique, pas transmutation sincère du champ pulsionnel collectif.
    • ICPME : rarement atteint — manque d’articulation réelle entre échelles (territoire, sociologie, économie, imaginaire).
    • Posture-Flux : déficiente — posture souvent décalée, administrative, peu incarnée.
    • Flux-Joie : absente ou décorative — souvent fausse joie de l’innovation verte, slogans esthétiques sans ancrage.

    Il y a effet partiel : certains citoyens, territoires ou écoles peuvent s’activer… mais le noyau n’est pas traversant.

     

     Modulateurs essentiels

    Ambivalent :

    • Le projet peut coexister entre plusieurs alignements :
      • sincérité réelle de certains agents ou experts,
      • simulation stratégique des décideurs,
      • réception très contrastée selon les publics.

     

    Extériorisé :

    • Certains effets peuvent émerger malgré un alignement faible au sommet :
      • initiatives locales réappropriées,
      • innovations périphériques fécondes.
    • La cérité vient parfois d’acteurs décentrés, non du cœur du projet.

     

    Rétroactif :

    • Un projet faible aujourd’hui peut produire, par effet secondaire, un levier réel dans 10 ans (via les structures posées, les symboles, etc.).

     

     Cartographie synthétique

    Dimension

    Type d’alignement

    Présence

    Remarques

    RIACP

    6 → 4

    ⚠️

    Régulation stratégique, peu de transmutation réelle.

    ICPMe

    5 → 3

    ⚠️

    Manque d’articulation multi-niveaux.

    Posture-Flux

    5 → 6

    Posture désincarnée, slogans politiques.

    Flux-Joie

    8 → 3

    Joie décorative, absente du fond.

     

     Conclusion fluïenne

    Un projet écologique gouvernemental “phare” est souvent un cas d’alignement simulé à cérité partielle.

    Il sert à montrer l’écart entre :

    • une intention proclamée (verdissement stratégique),
    • un alignement réel souvent calculé ou faible,
    • et une cérité fluïenne fluctuante, dépendant :
      • des acteurs intermédiaires,
      • du niveau de réappropriation,
      • de la temporalité.

     

    Ce cas est parfait pour un atelier d’analyse collective, car il met en tension tous les éléments de la grille :

    ➤ sincérité locale vs stratégie globale,

    ➤ flux réel vs captation politique,

    ➤ joie incarnée vs greenwashing,

    ➤ effet différé vs effet spectacle.

     

     

    8) Analyse fluïenne d’un slogan publicitaire viral mais creux

    (ex : “Just Do It” de Nike, “Because you’re worth it” de L’Oréal, ou slogans politiques comme “Yes We Can”)

     

    Contexte

    • Une formule simple, rythmée, mémorable.
    • Portée par une marque ou un pouvoir à forte visibilité.
    • Diffusée à grande échelle (TV, réseaux, affichage).
    • Réception massive, appropriation individuelle fréquente.

     

    Typologie d’alignement

    Alignement dominant : 8 — Alignement décoratif ou vide

    • Forme séduisante, hautement viralisable.
    • Aucune adhésion incarnée au fond du message.
    • Alignement non traversant, souvent conçu pour détourner l’attention ou produire un effet miroir flatteur.

    → Il ne s’agit ni d’un geste sincère, ni d’une dynamique évolutive.

    C’est un artefact linguistique qui simule un mouvement, sans y entrer.

     

    Possibles sous-couches :

    • 6 — Alignement simulé stratégique : dans la conception du message par les équipes de communication.
    • 5 — Alignement identitaire figé : chez l’usager qui se reconnaît dans le slogan sans en incarner les conditions réelles.

     

     Cérité fluïenne

    Note : 5 à 6 / 7 — Traversée solide voire majeure (mais faussée)

    • Le message traverse : il colle à la peau, il modifie le comportement (temporisation, boost, justification d’un geste, d’un achat, d’un élan).
    • Il active des circuits pulsionnels réels, parfois même régulateurs : motivation, confiance, énergie.
    • Il structure des imaginaires (“je peux”, “je le vaux bien”, “je fonce”) → transformation apparente, même si non ancrée.

    → C’est une cérité sans noyau, mais avec effet réel.

     

    Modulateurs essentiels

    Extériorisé :

    • L’effet n’agit pas sur l’émetteur (marque ou pouvoir), mais sur le public.
    • Ce qui est aligné, c’est l’effet mimétique, pas l’intention réelle.

     

    Ambivalent :

    • Certains s’approprient le slogan de façon transformatrice (il devient un mantra traversant).
    • D’autres y projetent une illusion d’alignement, mais restent dans le simulacre (effet placebo fluïen).

     

     Cartographie synthétique

     

    Dimension

    Type d’alignement

    Présence

    Remarques

    RIACP

    8

    Aucun processus de transmutation, captation pulsionnelle.

    ICPMe

    6 → 8

    ⚠️

    Effet vertical descendant, non intégré par l’individu.

    Posture-Flux

    5 → 6

    ⚠️

    Posture mimée, non incarnée.

    Flux-Joie

    6 → 2

    ✔️

    Joie simulée, euphorie de surface, mais parfois recyclée intérieurement.

     

    Conclusion fluïenne

    Un slogan publicitaire viral peut produire une cérité haute sans aucun alignement traversant.

    Ce sont des artefacts puissants, mais creux, qui agissent par :

    • effet de mimétisme collectif (flux secondaire),
    • captation pulsionnelle optimisée (via rythme, esthétique, reconnaissance sociale),
    • intermittence de réappropriation sincère, chez certains individus.

    Ce type d’objet est parfait pour entraîner au discernement fluïen, notamment dans un monde saturé de signaux de surface.

     

     

    9) Analyse fluïenne du phénomène des fake news

     

    Définition synthétique

    Une fake news est un contenu qui simule une information vraie, avec des éléments de langage, de forme et de diffusion empruntés au champ journalistique, mais dont l’intention n’est pas la transmission d’une vérité, mais la désinformation, la captation ou la manipulation.

     

    Typologie d’alignement

    Alignement dominant : 9 — Alignement inversé toxique

    • Structure intentionnellement faussée.
    • Utilisation de l’apparence de la vérité (sources, chiffres, formats) pour inverser le flux.
    • L’alignement est perversif : il détourne la confiance, les pulsions, l’intuition collective vers un but stratégique ou pulsionnel réactif.

    → C’est un alignement du simulacre actif : fausse vérité + vraie efficacité toxique.

     

    Variantes possibles :

    • 6 — Alignement simulé stratégique : certains créateurs de fake news ne croient pas eux-mêmes au contenu, mais cherchent le buzz, l’adhésion, le pouvoir, ou l’argent.
    • 7 — Alignement pulsionnel réactif : certaines fake news émergent de peurs non intégrées (ex : complots, peur du vaccin, etc.) → sincérité émotionnelle mais non régulée.

     

    Cérité fluïenne

    Note : 4 à 6 / 7 — Traversée partielle à majeure (toxique)

     

    • Les fake news ont un effet réel sur les flux cognitifs et pulsionnels collectifs.
    • Elles modifient des comportements, provoquent des adhésions, des colères, des votes, des ruptures sociales.
    • RIACP : totalement court-circuité → l’individu réagit sans régulation.
    • ICPME : effet fragmentant — les fake news déstabilisent l’intégration multi-niveaux.
    • Posture-Flux : effondrée — posture mentale mimée ou figée.
    • Flux-Joie : souvent remplacée par flux-pulsion, euphorie de confirmation ou colère auto-justifiée.

     

    → Effet de traversée inversée : ce qui passe, ce n’est pas le vrai, mais une vibration désalignée.

     

    Modulateurs critiques

    Extériorisé:

    • Certaines fake news n’affectent pas leurs auteurs, mais agissent puissamment sur le public.
    • Désalignement asymétrique : effet toxique à sens unique.

     

    Rétroactif :

    • Une fake news peut agir longtemps après sa diffusion initiale (ex : pizzagate, théorie du grand remplacement, etc.).
    • Elle s’ancre comme attracteur rigide dans le champ cognitif collectif.

     

    Ambivalent (au niveau de la réception) :

    • Certains lecteurs croient sincèrement débusquer une vérité cachée → alignement 4 mimétique sincère chez eux, mais instrumentalisé à leur insu.

     

     Cartographie synthétique

    Dimension

    Alignement

    Présence

    Remarques

    RIACP

    9

    Court-circuit émotionnel, réactivité brute.

    ICPMe

    6 → 9

    Fragmentation des niveaux, désintégration cognitive.

    Posture-Flux

    5 → 9

    Posture figée, mimée ou sidérée.

    Flux-Joie

    8 → 2

    ⚠️

    Euphorie trompeuse ou colère jouissive.

     

    Conclusion fluïenne

    Le phénomène des fake news est un cas paradigmatique de :

    • Cérité sans vérité : le message traverse, mais ce qui passe est un artefact toxique.
    • Alignement inversé : l’objet capte les codes du vrai pour neutraliser le flux réel.
    • Résonance sans transmutation : il y a effet, mais aucun noyau de transformation profonde.

    C’est donc un virus fluïen parfait.

     

    Oui. Chercher un exemple universel où alignement et cérité ne coïncident pas demande un cas qui :

     

    • soit largement connu ou vécu (donc pas une œuvre d’auteur ou un artefact culturel de niche),
    • montre un alignement sincère ou élevé, mais sans effet de traversée (cérité faible),
    • ou à l’inverse, une cérité réelle, mais issue d’un alignement bas ou faussé.

     

     

    10) Analyse d’une situation : Le professeur passionné qui ne transmet pas

     

    Situation

    Un enseignant est sincèrement passionné par sa matière, engagé, compétent, bienveillant.

    Mais ses élèves n’accrochent pas, n’apprennent pas, ou se ferment. Il y a un blocage de la transmission.

     

    Typologie d’alignement

    Alignement dominant : 2 — Alignement spiralé intégral (chez l’enseignant)

    • Il est authentiquement engagé, traversé par sa matière, il cherche à la transmettre dans un mouvement sincère.
    • Il peut incarner tous les plans du flux : posture, régulation, articulation, joie du savoir.

     

    Cérité fluïenne (côté situation) : 2 à 3 / 7 — Tension avortée ou tentative de passage

    • Malgré la puissance intérieure de l’enseignant, le flux ne passe pas.
    • RIACP : oui (chez lui), mais bloqué chez les élèves (frustration, fatigue, anxiété).
    • ICPMe : non activé — la structure d’interaction ne permet pas le lien.
    • Posture-Flux : cassée — les élèves ne sont pas ancrés, ou il y a désajustement.
    • Flux-Joie : absente — ni l’élève, ni parfois même l’enseignant ne ressentent la vibration partagée.

     

     Modulateurs

    Rétroactif (possible) :

    • Il arrive que des années plus tard, un élève se souvienne d’un mot, d’un geste, et le flux rejaillisse.
    • Cérité différée, donc faiblement perceptible au moment T.

     

    Indéterminé :

    • Situation instable, en transition : le potentiel est là, mais rien ne garantit la traversée.
    • L’alignement est vrai, mais n’atteint pas son point de résonance.

     

    Conclusion : 

    cas très fréquent d’alignement sincère mais cérité faible

    Indicateur

    Niveau

    Justification

    Alignement

    2 (fort, sincère, structuré)

    posture d’engagement réel

    Cérité

    2 à 3 / 7 (faible à incertaine)

    absence d’effet perceptible sur l’autre, flux bloqué

     

     Pourquoi ça coince ?

    • Écarts de temporalité (enseignant rapide, élèves lents).
    • Absence de porosité du groupe (fatigue, peur, normes sociales).
    • Erreur de canal : alignement réel, mais mauvais mode de transmission (trop abstrait, trop conceptuel…).
    • Régulation non partagée : l’enseignant gère son flux, mais ne module pas celui du groupe.

     

    En quoi c’est universel ?

    Presque tout le monde a :

    • été cet enseignant frustré,
    • ou cet élève non touché par une passion qui débordait pourtant.

    Ce cas permet de montrer que l’alignement ne garantit pas la traversée :

    → Le flux doit trouver un canal résonant pour devenir cérité.

     

    11) D’autres exemples marquants de  décalages Alignement × Cérité 

    Exemple  1 : “L’Origine du monde” de Courbet (1866)

    Fort alignement / Cérité faible (historiquement)

    Contexte: Peinture hyperréaliste d’un sexe féminin, commandée par un collectionneur privé.

    Alignement : Type 1-2 — Originel traversant / Spiralé intégral

    - Courbet peint avec une sincérité radicale, refusant l’idéalisation
    - Vérité corporelle brute, sans concession aux conventions
    - Alignement pleinement incarné : “Il faut être de son temps”
    - Geste artistique authentiquement révolutionnaire

    Cérité attendue vs réelle : 7/7 → 2/7

    - Attendue : Révolution de la représentation, traversée majeure
    - Réelle historique : Œuvre cachée pendant 150 ans, quasi-aucun effet public
    - Pas de transformation collective immédiate
    - Flux bloqué par la censure et le scandale

    Modulateurs critiques

    - Différé: La cérité n’émerge qu’au XXe siècle
    - Rétroactif: Aujourd’hui reconnue comme œuvre majeure
    - Ambivalent : Scandale/fascination simultanés

     Exemple 2 : “Balloon Dog” de Jeff Koons (record à 91 millions $, 2013)

     Alignement faible / Cérité massive

    Contexte: Sculpture pop monumentale, vendue comme “art le plus cher d’un artiste vivant”.

    Alignement : Type 8 — Décoratif/vide

    - Objet séduisant sans profondeur réelle
    - Aucune tension fluïenne, pure surface
    - Kitsch assumé, sans prétention traversante
    - Art-marchandise parfaitement calculé

    Cérité : 6/7 — Traversée majeure

    - Impact économique et médiatique planétaire
    - Modifie durablement le marché de l’art
    - Traverse tous les circuits : musées, médias, imaginaire collectif
    - Effet transformateur réel sur la conception de l’œuvre d’art

    Diagnostic croisé
    Simulacre à efficacité maximale. Koons maîtrise la mécanique : objet vide + système de valorisation = transformation du champ artistique.

     

     Exemple 3 : “4’33”” de John Cage (1952)

     Alignement maximal / Cérité imprévisible

    Contexte : Composition musicale de 4 minutes 33 secondes de silence.

    Alignement : Type 0-1 — Silencieux fondamental / Originel traversant

    - Radicalité ontologique absolue
    - Questionnement pur de l’essence musicale
    - Geste traversant d’une sincérité totale
    - Vérité kernésique sur le son/silence

    Cérité : Variable de 0/7 à 7/7 selon le contexte

    - En concert classique: Souvent 1-2/7 (incompréhension, rejet)
    - En contexte initié : 6-7/7 (révélation, transformation profonde)
    - Dans l’histoire musicale: 7/7 (révolution conceptuelle durable)

    Modulateurs essentiels

    - Ambivalent : Simultanément génial et absurde
    - Extériorisé : L’effet dépend entièrement du récepteur
    - Indéterminé : Impossible de prédire l’impact

    ENSEIGNEMENTS

    Le décalage révèle la complexité du réel

    - L’alignement ne garantit pas la traversée immédiate
    - La cérité peut exister sans alignement authentique
    - La temporalité transforme les rapports alignement/cérité

     Trois profils de décalage

    1. Alignement fort, cérité différée : Œuvres “en avance sur leur temps”
    2. Alignement faible, cérité immédiate : Phénomènes viraux/marchands
    3. Alignement authentique, cérité imprévisible : Art conceptuel/expérimental

    Questions critiques

    - Faut-il privilégier l’alignement (authenticité) ou la cérité (efficacité) ?
    - Le marché de l’art optimise-t-il la cérité au détriment de l’alignement ?
    - Comment distinguer cérité différée et échec de traversée ?

     

    12) Conclusion générale — Vers un discernement fluïen du réel

    Ce travail introduit une mutation de fond dans l’évaluation des contenus humains. En croisant typologie d’alignement et grille de cérité fluïenne, il propose une lecture non-morale, non esthétisante, mais transformatrice de l’agir, du dire, du montrer.

    L’analyse fluïenne ne juge pas une œuvre sur son apparence, ni un discours sur sa réception, mais sur sa vibration incarnée dans le flux vivant — ce qu’il active, régule, aligne, traverse.

    Ce cadre rend possibles plusieurs ruptures critiques :

    1. Distinguer ce qui brille de ce qui traverse.
      Un contenu peut avoir une cérité élevée sans alignement (phénomènes viraux, slogans publicitaires), ou un alignement profond sans cérité visible (œuvres silencieuses, gestes non reconnus).
    2. Rendre lisible la sincérité inefficace, et l’efficacité désalignée.
      Le professeur passionné mais non entendu ; le projet écologique simulé mais partiellement opérant ; la fake news toxique mais virale — tous révèlent la désynchronisation possible entre flux réel et impact perçu.
    3. Stabiliser une éthique fluïenne.
      L’objectif n’est pas de “récompenser” les contenus alignés, mais de rendre possible un discernement fin, non capturable par les indicateurs classiques. L’enjeu est de savoir où ça passe, comment, et à quel prix.

    Enfin, cette méthode articule rigueur et plasticité :

    • La typologie des alignements pose un cadre différentiel clair ;
    • La grille de cérité mesure la force traversante réelle ;
    • Les modulateurs empêchent la rigidité du jugement, en ouvrant des lectures rétroactives, ambivalentes, ou différées.

     

    Enjeu fondamental : une langue pour les flux

    Le modèle présenté ici ne décrit pas des objets.

    Il diagnostique des circulations — entre corps, signes, temporalités, vérités.

    Il n’évalue pas ce que l’on pense, mais ce qui passe.

    En cela, il constitue un langage opératif du réel. Un langage non de description, mais d’activation fluïenne.

    Il nous invite à reconnaître que ce n’est pas l’intention qui fait la valeur d’un acte,

    ni son succès, mais sa capacité à résonner juste, à traverser pleinement, à s’aligner au flux vivant.

     

    C’est peut-être cela, aujourd’hui, le nouveau critère du vrai.

     

  • La cérité fluïenne : évaluer le degré de vérité incarnée dans un processus de traversée

     

    La cérité fluïenne est un concept novateur issu du modèle Kernesis et du Flux Intégral. Elle désigne la capacité d’un acte, d’un texte ou d’une parole à produire une vérité traversante, incarnée, alignée, intégrée à toutes les échelles du vivant. Contrairement aux critères classiques de vérité (correspondance, cohérence, consensus), la cérité fluïenne est une mesure qualitative du processus, et non de la seule validité du résultat. Cet article en propose une définition rigoureuse, une modélisation à 4 pôles et 7 phases, ainsi qu’une grille d’analyse adaptée à l’enseignement, à la clinique, à la philosophie et à la création.

     

    1. Origine du concept : vérité traversante et Flux Intégral

    Le modèle du Flux Intégral, cœur du système Kernesis, structure tout acte vivant selon quatre fonctions dynamiques :

    Symbole

    Fonction

    Description

    ~

    RIACP : Régulation-Inhibition du Champ Pulsionnel

    Capacité à canaliser l’énergie, différer l’impulsion brute

    ICPME : Intégration du Champ Pulsionnel Multi-Échelles

    Articulation des niveaux sensoriel, émotionnel, cognitif, collectif

    Posture-Flux

    Ajustement incarné du sujet dans la traversée

    +

    Flux-Joie

    Résonance émotionnelle indiquant la justesse fluïenne

    La vérité traversante apparaît lorsqu’un contenu, une pensée ou une parole parviennent à traverser ces quatre pôles, en coïncidant avec le sujet, le collectif et le réel. C’est cette traversée que la cérité cherche à mesurer.

     

    2. Définition condensée de la cérité fluïenne

    Cérité fluïenne : Capacité d’un contenu, d’une pensée ou d’un acte à traverser intégralement le cycle du Flux Intégral inclus dans Kernesis (poussée → régulation → posture → intégration → alignement → vérité traversante → résonance rétroactive), en produisant un effet de clarté, d’incarnation et de transformation perceptible.

    Autrement dit, c’est une mesure qualitative de l’efficacité fluïenne d’une vérité ou d’un contenu, selon qu’il active ou non l’ensemble des fonctions essentielles d’un flux vivant.

     

    3. Grille d’évaluation à 7 critères (modèle Kernesis)

    Phase

    Question évaluative

    1. Poussée

    Le texte ou l’acte contient-il une impulsion vivante, une énergie de surgissement ?

    2. Régulation (~)

    Cette impulsion est-elle canalisée avec justesse, sans débordement ni répression ?

    3. Posture (▭)

    Le sujet tient-il cette énergie de manière incarnée, ajustée à la situation ?

    4. Intégration (⟳)

    Les différents niveaux (corporel, émotionnel, cognitif, symbolique) sont-ils reliés ?

    5. Alignement

    Existe-t-il un accord juste entre le sujet, le réel et le collectif ?

    6. Vérité traversante

    Le contenu permet-il à une vérité de passer, de s’éprouver comme juste ?

    7. Résonance rétroactive (+)

    L’acte laisse-t-il une trace, une clarté, une transformation en retour ?

     Chacun des 7 critères peut être noté individuellement (par exemple sur 100), et leur moyenne produit l’indice global de cérité fluïenne.

     

    4. Usages et intérêts

    Domaine

    Utilisation

    Éducation

    Diagnostiquer des moments pédagogiques porteurs (ou non) de vérité incarnée ; évaluer une copie, un geste, une parole

    Clinique

    Repérer les moments d’émergence fluïenne dans une thérapie ou une introspection ; calibrer l’intensité d’une parole juste

    Philosophie

    Sortir du dualisme vrai/faux pour introduire une évaluation qualitative de la vérité incarnée

    Art / Création

    Discerner ce qui, dans une œuvre, opère comme vérité traversante ; accompagner la densification d’un geste artistique

    La cérité devient alors outil de discernement, levier de transformation, indicateur d’alignement.

     

    5. Proches concepts et différences

    Notion

    Proximité avec la cérité

    Limites

    Clarté existentielle (Kierkegaard, Sartre)

     Lucidité de l’instant vécu

    Pas de mesure ni de composante collective

    Kairos (temps opportun)

     Traversée juste dans le temps

    Manque la structure multi-polaire

    Insight (psychologie cognitive)

    Moment de réorganisation interne

    Peu de prise en compte corporelle ou collective

    Alignement (coaching)

    Cohérence personnelle

    Trop statique, non dynamique

    Vérité-corps (méthodes somatiques)

     Vérité ressentie

    Absence d’évaluation systémique ou collective

    La cérité fluïenne les englobe tous sans s’y réduire : elle opère comme méta-indicateur de flux incarné.

     

     

    6. Exemples d’application

    Situation

    Cérité

    Analyse rapide

    Élève lit un texte intime, silence, résonance collective

    97/100

    Vérité traversante, alignement, résonance groupale

    Débat superficiel sur Instagram, tension, intervention autoritaire

    25/100

    Absence d’intégration, régulation échouée

    Prof propose à un élève stressé de revenir plus tard sur sa copie

    92/100

    Régulation différée, retour, stabilisation posturale

    Élève murmure un jugement sur la colonisation → professeur donne un texte → retour lucide

    72/100

    Traversée fluïenne partielle, transformation visible

     

     

    7.  Exemples d’usages de la cérité dans la vie courante 

     

    1. Expression personnelle

    Situation

    Usage de la cérité

    Écrire un message important (SMS, mail, lettre)

    T’évaluer : est-ce que mon message passe vraiment, ou est-il brouillé, réactif, trop mental ?

    Dire quelque chose de difficile à un proche

    T’aider à préparer ou relire ton geste : est-ce que je suis juste ? Est-ce que ça traverse ?

    Poster sur les réseaux sociaux

    Mesurer si ton post exprime un ego, une fuite ou une vérité traversante.

     

    2. Éducation et apprentissage

    Situation

    Usage de la cérité

    Rendre un devoir / produire un texte

    Auto-évaluer si ton travail fait sens, tient posture, s’adresse au réel.

    Réagir à une note ou une remarque

    Vérifier si ta réaction vient d’un flux aligné ou d’un déséquilibre pulsionnel.

    Préparer un exposé

    Chercher à augmenter la cérité de ton propos : est-ce vivant, incarné, transformant ?

     

    3. Relation et communication

    Situation

    Usage de la cérité

    Discuter d’un désaccord

    Utiliser la cérité pour sentir si la discussion circule ou s’enlise, et ajuster.

    Accompagner un enfant ou un élève

    Évaluer si ce que tu dis porte vraiment ou si tu parles “dans le vide”.

    Écouter un ami qui souffre

    Ressentir si ta présence permet une résonance rétroactive ou si elle bloque.

     

    4. Création artistique ou intellectuelle

    Situation

    Usage de la cérité

    Écrire un poème, une chanson, une scène

    Te demander : est-ce un geste vrai ? Est-ce que ça intègre, incarne, traverse ?

    Montrer une œuvre

    Évaluer avec d’autres si elle produit une transformation, une clarté.

    Reprendre une idée

    Te poser : cette idée a-t-elle une poussée fluïenne, ou est-elle juste “intéressante” ?

     

    5. Décision / orientation

    Situation

    Usage de la cérité

    Choisir un chemin de vie

    Comparer des options selon leur niveau de cérité : laquelle me traverse ?

    Dire oui / non à une opportunité

    Te demander : est-ce que cette décision tient dans le flux, ou me disloque-t-elle ?

    Sortir d’un projet ou d’une relation

    Vérifier si ton retrait est réactif ou juste. Est-ce que ta décision laisse une clarté ?

     

    6. Geste symbolique, rituel ou politique

    Situation

    Usage de la cérité

    Porter un vêtement significatif (religieux, militant, artistique)

    Évaluer : est-ce que ce geste vient d’un alignement profond, ou d’un besoin de réaction ?

    Participer à une action collective

    Mesurer si l’énergie engagée est vraiment intégrée, ou partiale, pulsionnelle.

    Créer un rituel personnel

    Sentir si ton rituel produit transformation et clarté, ou s’il est creux / mécanique.

     

    En résumé :

    La cérité devient un outil de vérification intérieure,

    une boussole de justesse,

    un indicateur de traversée vivante.

     

    Conclusion

    La cérité fluïenne propose une voie neuve pour penser et mesurer la vérité comme phénomène vivant, non comme structure logique ou simple sincérité. En l’inscrivant dans une dynamique multi-polaire, graduée, incarnée, la cérité devient un outil fondamental pour toute épistémologie située, toute pédagogie du réel, et toute écologie du sens.

     

    Elle ne remplace pas la vérité, elle la restitue dans sa traversée vivante.

  • La vérité kernésique

     

     

    Définition de la Vérité Kernésique

     

    I. Schéma fonctionnel d’émergence (structure Kernesis)

    Définition: La vérité kernésique est le résultat dynamique d’un processus multi-étapes, dans lequel une poussée initiale traverse des phases structurées pour produire une co-incidence alignée entre le Sujet, le Collectif et le Réel.

     

    Cycle opératoire complet:

    [Poussée × Germination]  

    + Régulation–Inhibition pulsionnelle  

    + Posture  

    → Intégration cohérente (multi-échelles)  

    → Alignement (multi-échelles)  

     

    Vérité traversante ⊕ Joie (résonance de régulation)  

     

    ↺ Résonance rétroactive psycho-corporelle ↻

     

    Chaque étape est définie précisément ci-dessous.

     

    1. [Poussée × Germination]

    • Poussée : tension motrice initiale (intuition, nécessité, désir d’élucidation).
    • Germination : conditions matérielles ou symboliques de développement (contexte, matière, rencontre).

    Exemples : hypothèse de recherche, perception esthétique, acte éthique ou expression symptomatique.

     

    2. Régulation–Inhibition pulsionnelle (RIACP)

    La poussée est filtrée par des mécanismes de régulation :

    • inhibition des emballements,
    • confrontation aux limites du réel,
    • stabilisation du mouvement émergent.

     Empêche l’accès direct à des vérités pulsionnelles, évite le fanatisme ou l’auto-affirmation brute.

     

    3. Posture

    Le sujet s’ajuste corporellement et symboliquement :

    • sa posture soutient la vérité,
    • il devient capable de la porter dans son champ.

    La vérité “tenue” précède souvent sa formulation.

     

    4. Intégration cohérente (multi-échelles)

    La vérité émergeante est reliée :

    • aux systèmes antérieurs (épistémiques, sociaux, culturels),
    • aux usages pratiques ou théoriques.

    Elle ne s’oppose pas à ce qui existe, mais le ré-agence.

     

    5. Alignement et intégration  (multi-échelles)

    La vérité kernésique est alignement actif entre :

    • le Sujet (celui qui l’énonce ou l’incarne),
    • le Réel (ce à quoi elle s’applique),
    • le Collectif (ceux qui peuvent l’éprouver, la critiquer ou la partager).

    Critères : stabilité, cohérence, ouverture à la vérification.

     

    Intégration Multi-Échelles

    Échelle Description Exemple
    Micro (Corps) Sensations individuelles Main qui tremble en écrivant une preuve
    Meso (Collectif) Validation par les pairs Séminaire où la théorie "résonne" 
    Macro (Réel)  Ancrage matériel Expérience reproductible 

     

    6. Vérité traversante + Joie d’ajustement

    La vérité kernésique se manifeste :

    • comme transformation effective, perceptible à plusieurs niveaux,
    • avec une joie fluïenne : indicateur somato-affectif d’un ajustement juste.

    Joie ≠ euphorie ; elle est ici le signal rétroactif d’un alignement réussi.

     

    7. Résonance rétroactive psycho-corporelle

    La vérité produit une modification réelle :

    • du schéma corporel (tensions libérées, énergie accrue, repos),
    • du champ cognitif (clarification, surgissement de nouvelles intuitions),
    • des interactions sociales (transmission, reconnaissance, reconfiguration).

     

    II. Propriétés fondamentales (invariants fluïens)

    Propriété

    Définition opérationnelle

    Statut dans le cycle

    Incarnation

    La vérité est d’abord vécue dans le corps

    Posture / Résonance

    Fluïdité

    Elle traverse des désalignements productifs

    Germination → Alignement

    Transversalité

    Elle est valide dans tout champ

    Schéma adaptable

    Rétroaction

    Elle modifie le cadre qui l’a rendue possible

    Intégration / Résonance

    Stabilité active

    Elle tient sans se figer

    Alignement durable

    Co-existence des plans

    La vérité se manifeste à plusieurs niveaux en même temps

    Multi-échelles

     

    III. Critères de validation

     

    Une vérité peut être dite kernésique si elle vérifie les points suivants :

    Critère

    Description

    Alignement réel

    Sujet–Réel–Collectif sont en résonance active

    Effet psycho-corporel

    Elle produit un effet visible (fatigue, joie, stabilité)

    Effet de champ

    Elle transforme les pratiques du domaine

    Résistance au forcing

    Elle ne peut être décidée, mais seulement reconnue

    Stabilité évolutive

    Elle tient tout en permettant un nouveau cycle d’émergence

    Consistance rétroactive

    Elle modifie le sujet et/ou le système qui l’a produite

     

    Test Kernésique des Vérités Formelles


    Cas : 2 + 2 = 4 
    1. Niveau 1 (Inerte) : Énoncé brut → Non kernésique.  
    2. Niveau 2 (Incarné:  
       - Enfant comprenant : Alignement micro (joie de la découverte) + méso (validation par le professeur).  
       - Extrait de *Récoltes et Semailles (1986) - Grothendieck :   *"Les nombres ne sont pas des outils, mais des *êtres* avec lesquels je converse. […] Je les accueille bien plus que je ne les *calcule*."
    3. Conclusion :  "Toute vérité devient kernésique dès qu’elle est vécue comme une* traversée *et non une formule morte."  

     

     

    IV. Formes différenciées selon les champs

     

    Domaine

    Mode d’apparition kernésique

    Sciences dures

    Ajustement modèle ↔ mesure ↔ cohérence (ex : relativité)

    Sciences humaines

    Restructuration des catégories perceptives (ex : Bourdieu)

    Art

    Modification du régime perceptif (ex : Monet)

    Éthique/Politique

    Transformation du porteur (ex : Gandhi)

    Mystique/Poïétique

    Expérience non verbalisable mais stable et transformatrice

     

    V. Limites et non-vérités kernésiques

     

    Cas

    Raisons d’exclusion du statut kernésique

    Vérités inertes

    Elles ne produisent aucun effet vivant (ex : tautologie formelle)

    Fanatisme

    Alignement simulé sans régulation ni transformation réelle

    Vécus indicibles

    Non partageables ou non intégrables (acceptés mais non généralisables)

     

     

    VI. Formule synthétique

     

    Vérité = Processus [ Poussée × Germination ]

              → Régulation pulsionnelle

              → Posture incarnée

              → Intégration multi-échelles

              → Alignement Sujet–Réel–Collectif

             

              Manifestation traversante + Joie d’ajustement

             

              Résonance rétroactive psycho-corporelle

     

     

    VII. Usages recommandés

     

    Objectif

    Version adaptée

    Transmission pédagogique

    Version narrative initiale avec exemples

    Évaluation d’un processus

    Grille à critères + effet de champ

    Production d’un protocole

    Schéma Kernesis complet

    Comparaison inter-champs

    Tableau des formes différenciées

    Réalignement personnel/collectif

    Phase Posture + Joie + Résonance

     

     

    VIII.  Grille d’Évaluation Kernésique de la Valeur de Vérité  au travers du dire/geste

    Objectifs

    • Évaluer le degré d’émergence, de densité et d’effet transformateur d’un dire/geste
    • Suivi évolutif des processus de réalignement

     

     Critères d’Évaluation (Score sur 100)

     

    1. Origine du dire (20 points)

    Question : D’où vient cette parole/ce geste ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes corporels

    0-5

    Mensonge manifeste, manipulation

    Regard fuyant, crispation, sur-contrôle gestuel

    6-10

    Stratégie défensive, mais assumée

    Tension visible mais consciente

    11-15

    Sincérité partielle, reste des protections

    Oscillation entre ouverture et fermeture

    16-20

    Parole nue, désarmée, spontanée

    Respiration libre, regard direct, gestes naturels

     

     

    2. Alignement interne (20 points)

    Question : Le dire correspond-il à l’état global de la personne ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes corporels

    0-5

    Dissociation flagrante (dit A, exprime B)

    Contradiction geste/parole évidente

    6-10

    Décalage perceptible mais non majeur

    Légère dysharmonie posturale

    11-15

    Cohérence globale avec quelques dissonances

    Majorité des signaux convergents

    16-20

    Unité parfaite geste/parole/présence

    Évidence de l’authenticité pour tous

     

     

     

    3 Tension régulée (20 points)

    Question : Comment la difficulté/le conflit est-il traversé ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes corporels

    0-5

    Fuite, déni, évitement total

    Raideur, fermeture, retrait

    6-10

    Reconnaissance du problème mais figement

    Crispation assumée, immobilité

    11-15

    Tentative de traversée, encore instable

    Alternance tension/détente

    16-20

    Traversée fluide, tension transformée

    Souplesse dans la difficulté

     

     

    4. Résonance du champ (20 points)

    Question : Quel effet sur l’environnement relationnel ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes collectifs

    0-5

    Aucun changement ou dégradation

    Fermeture, distraction, fuite des autres

    6-10

    Léger impact localisé

    Une ou deux personnes touchées

    11-15

    Transformation perceptible du groupe

    Changement d’atmosphère notable

    16-20

    Reconfiguration profonde de l’espace

    Silence dense, présence partagée

     

     

    5. Stabilité différée (10 points)

    Question : Que reste-t-il après le dire ? (évaluation à 24h et 1 semaine)

    Score

    Indicateurs observables

    Temporalité

    0-2

    Rien ne subsiste

    Immédiat

    3-5

    Trace légère à 24h

    24h

    6-7

    Effet maintenu à 24h

    24h

    8-10

    Transformation durable à 1 semaine

    1 semaine

     

     

    6. Ouverture générée (10 points)

    Question : L’espace du possible s’élargit-il ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes d’ouverture

    0-2

    Fermeture, rigidification

    “Il n’y a qu’une solution”

    3-5

    Maintien du status quo

    Pas de nouveauté

    6-7

    Légère expansion des possibles

    “Peut-être que…”

    8-10

    Élargissement manifeste

    Nouvelles perspectives spontanées

     

     

     IX. Échelle de Valeur de Vérité

    Score

    Statut

    Description

    Action recommandée

    85-100

    Vérité pleine

    Fluïenne, incarnée, transformante

    Capitaliser, transmettre

    70-84

    Vérité stabilisée

    Processus abouti, effets durables

    Consolider, approfondir

    55-69

    Vérité émergente

    En cours de maturation

    Accompagner, ne pas forcer

    40-54

    Amorce sincère

    Processus démarré

    Soutenir, créer conditions

    25-39

    Reconnaissance

    Désalignement assumé

    Patience, présence

    0-24

    Résistance

    Défenses actives

    Respecter le rythme

     

     Exemple d’Application

    Situation : Étudiant en difficulté qui dit “J’abandonne pas, mais je n’y arrive plus”

    Critère

    Score

    Justification

    Origine

    16/20

    Parole nue, sans masque

    Alignement

    17/20

    Fatigue visible cohérente avec le dire

    Tension

    12/20

    Reconnaît la difficulté sans la fuir

    Résonance

    8/20

    Prof touché, quelques élèves attentifs

    Stabilité

    6/10

    Reste mobilisé le lendemain

    Ouverture

    7/10

    “Peut-être une autre façon de faire”

    Total : 66/100 → Vérité émergente

    Action : Accompagner sans forcer, créer conditions favorables

     

    Trajet Kernésique d’un Dire Émergent d’un élève

    De la désorientation à la vérité fluïenne stabilisée

    Situation initiale : Un élève en classe dit :« Je crois que je comprends rien à rien. »

    Situation finale : « En fait, c’est pas grave si je comprends pas tout maintenant. J’suis pas bloqué. Je peux continuer. »

     

    Étape

    Fonction fluïenne

    Formulation possible par l’élève

    Indice estimé d’alignement

    1. Désalignement vécu ~

    Rupture interne, surcharge, perte de cadre.

    « Je crois que je comprends rien à rien. »

    15 / 100

     

    ➜ Sincérité brute, mais sans distinction. Le flux est globalement effondré.

     

     

    2. Geste déclencheur ×

    Aveu non stratégique, différenciation de la tension.

    « J’en ai marre… même quand j’écoute, ça ne rentre pas. »

    28 / 100

     

    ➜ Le sujet commence à localiser son impuissance, ce qui marque une première émergence germinative.

     

     

    3. Régulation fluïenne ~→⎔

    Limitation reconnue : tension nommée, régulable.

    « Ce n’est pas que je ne veux rien comprendre… c’est juste que là, je n’y arrive pas. »

    42 / 100

     

    ➜ Le flux devient plus précis, la charge pulsionnelle se transforme en point.

     

     

    4. Ajustement postural ▭

    Reprise du mouvement, micro-ancrage dans le champ.

    « Je vais essayer de suivre quand même. Peut-être que ça va revenir. »

    64 / 100

     

    ➜ Posture en train de se redresser. Le sujet retrouve une position incarnable dans le processus.

     

     

    5. Stabilisation du vrai +

    Dire aligné, tranquille, durable.

    « En fait, c’est pas grave si je comprends pas tout maintenant. J’suis pas bloqué. Je peux continuer. »

    89 / 100

     

    ➜ Une vérité fluïenne a émergé : le savoir peut revenir dans un espace pacifié, sans lutte.

     

     

     

     Lecture kernésique transversale

    • Le passage de 15 à 89 n’est pas linéaire, ni cognitif au sens classique : il reflète une reconfiguration dynamique de la position du sujet dans le champ d’apprentissage.
    • Chaque phrase ne décrit pas un état : elle produit un état. C’est un langage régulateur, et non seulement informatif.
    • Le langage devient ici outil fluïen d’intégration, révélateur d’un alignement en cours — non pas preuve, mais preuve vivante.
    • La joie fluïenne, dans le dire final, ne se manifeste pas comme exaltation, mais comme relâchement ajusté : respiration redevenue libre, pensée fluide, absence de défense.

    Vers une vérité kernésique 100/100

    « Je me rends compte que je n’ai pas besoin de tout comprendre d’un coup pour avancer. Le fait de rester présent, même dans l’incertitude, fait déjà partie de l’apprentissage. Et c’est souvent à ce moment-là que les choses commencent à devenir claires. »

     Justification kernésique de l’indice 100 / 100 :

    • Origine du dire : parole spontanée, non stratégique, émanant d’un sujet stabilisé (20/20)
    • Alignement interne : parfaite cohérence entre posture, ton, contenu et intention (20/20)
    • Tension régulée : l’incertitude n’est plus perçue comme obstacle, mais comme espace fertile (20/20)
    • Résonance du champ : dire mobilisable par d’autres élèves, pouvant inspirer une reconfiguration collective (20/20)
    • Stabilité différée : transformation durable de la relation au savoir (10/10)
    • Ouverture générée : élargissement manifeste du rapport à l’apprentissage et au temps (10/10)