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Débats - Page 10

  • 2000ème billet: ce que j'ai à dire:

    1292079728_internet_level.jpgIl est des moments où l'on doit faire des points d'étape, faire des bilans et esquisser des directions, dire ce que l'on a à dire (enfin en partie). Je profite de ce billet "anniversaire" pour passer en revue quelques sujets qui me tiennent à coeur.

     

     


    Internet

    Si l'on me demandais aujourd'hui à quelle époque j'aurais aimé vivre, je répondrai la mienne et ceci pour deux raisons principales: pour la médecine qui m'a déjà sauvé et Internet. Je ne saurai pas dire à quel point je considère cette dernière évolution comme fondamentalement révolutionnaire (au sens de changement brusque et profond). La vague connective et multimédia a tout emporté avec elle: de la vie personnelle et professionnelle à la vie politique, celles-ci ont été bouleversées. De la connaissance au commerce, les accès ont changé de place. Aux jointures de ces mondes, l'éducation a été prise dans le tourbillon dont les acteurs eux-mêmes ont bien du mal à trouver un point fixe. Nous vivons donc une époque de fortes variations et de grands bouleversements au même titre que celles qui ont vu se généraliser la roue, la lecture, l'électricité, la téléphonie et l'automobile.

     

    Le web 2.0

    Par curiosité je suis vite tombé dans la marmite. Force est de constater que j'aime toujours autant publier quelques billets de blogs, qui peut-être n'intéressent que moi, mais c'est déjà ça! Je trouve que la composante "veille" du web est plus marquée que  la composante "collaboration". Des échanges très sympa apparaissent de temps en temps même si la grande majorité des internautes navigue cachée. Au fur et à mesure que le web mûrit, les outils deviennent de plus en plus en performants. Ma crainte principale est que ceux qui restent gratuits disparaissent progressivement.

     

    Et en dehors de l'écran

    Ben ça va, je ne vois pas beaucoup de changements entre ma vie "Avant Internet" et celle "Après Internet". L'activité est certes un peu chronophage mais quelle passion ne l'est pas? Je lis toujours, je fais toujours du sport et les autres activités quotidiennes. J'ai parfois l'énergie de surveiller ma ligne tout en préparant de bons petits plats... Enfin la vie normale quoi!

     

    La philosophie

    Je crois à la nécessité de "réformer" la philosophie, celle du modèle et de la transcendance, en y incluant une composante orientale, celle de l'actualisation du processus et du chemin. Je pense aussi à l'obligation, de réfléchir sur une philosophie de l'éducation qui ne soit pas seulement "modèle d'éducation" ou "principe d'éducation", mais qui pense aussi l'éducation à l'aune de l'action pertinente, de l'occasionnalisme, du moment et du lieu, qui pense l'éducation comme viscéralement liée à son organisation et son environnement et qui conçoive que leur modification est certainement le levier éducatif le plus important, bien avant la modification du modèle paradigmatique ou des contenus proposés.

     

    L'imagination

    Albert l'a dit: "l'imagination est plus importante que le savoir". Moi ce que je dis, c'est que pour qu'il y ait conservation de la cohérence (d'un système par exemple), il faut qu'il y ait apparition de la co-errance (sous-entendue imaginative). Cette co-errance est celle d'une prospection imaginative et collective. Elle est d'ailleurs fortement favorisée par Internet. Si l'on se rabat sur le conservatisme, on invente l'argumentation en vue de le justifier, ce qui peut être bon dans certains cas mais pas dans la majorité, et on ne fait pas le travail prospectif nécessaire, ni celui permettant la modification des systèmes existants. Celui qui a eu l'idée de fixer aux systèmes organisationnels, la recherche de bénéfices financiers, a en fait transféré de façon très simple l'injonction imaginative en mesure quantifiable. Il n'y a certes pas que des avantages à celà, principalement lorsque le système devient auto-référent, et que l'imagination se tourne vers elle-même pour  tenter d'amplifier le gain et qu'elle oublie au passage tous ceux qui imaginent d'autres voies. On ne peut cependant qu'être stupéfait de la capacité adaptative de tels systèmes organisationnels au regard d'autres beaucoup plus figés. Pour prendre l'exemple du système éducatif, je pense qu'il ne peut rester cohérent que si l'on ne lui retire pas cette possibilité de co-errance, c'est à dire que les acteurs eux-mêmes soient en mesure de trouver d'autres possibles. En ce moment, ce même système n'a de cesse de soit-disant se réformer, pour confirmer le modèle qui l'a définit! Il apparaît en passant une schyzoprénie croissante, ou plus simplement décalage et incohérence, entre le discours globalisant et modélisant et la diversité de  la réalité rencontrée. 


    Les classements

    Je suis de plus en persuadé que la généralisation des classements en tout genre, le fétichisme qui y est associé,  et leur utilisation comme source de justification de son propre discours ou de son action, relève dans une grande majorité de l'escroquerie intellectuelle. La classement des hôpitaux, des villes, des élèves, des systèmes éducatifs, de l'économie, des candidats aux élections... Oui pour l'information qui en ressort, non pour l'utilisation rhétorique de cette information.

     

    Conclusion interrogative

    Ma grand-mère disait "Les gens ne méritent pas qu'on s'occupe d'eux". Avait-elle raison ?

    Moi je dis "Les gens ne s'interessent pas à ce qu'on leur dit, mais à ce qu'ils ont envie d'entendre". Ai-je raison?

     

  • Excellente conférence de Rudolf Bkouche : Enseigner ou former, la place du savoir dans l’enseignement

    Je n'ai pas toujours été d'accord avec Rudolf Bkouche, principalement en ce qui concerne la place des pratiques dites "instrumentées" dans l'enseignement des mathématiques (et ne le suis toujours pas!), qui, de son point de vue,  sont un symptôme de la dépendance de l'homme à la machine, alors que pour moi elles relèvent de l'émergence d'un nouveau support plus dynamique que le seul papier, que l'enseignant comme l'élève doivent être en mesure d'utiliser de façon naturelle, avec les avantages mais aussi les limitations associées, qu'il soit de réflexion, de représentation, de délégation, de modélisation/simulation ou de communication .

    Je suis en outre assez admiratif de la clarté des propos de cette conférence, de l'explication des distinctions qui sont faites entre enseignement et formation et le pourquoi de la nécessité de conserver  le savoir au centre de l'école, afin de ne pas "rater la cible", afin de ne pas l'oublier comme on est en train de le faire, dans une société qui pourtant se proclame de la "connaissance".

    Je reste cependant toujours critique sur la confusion qui est faite à la fin de la conférence entre un asservissement inéluctable de l'homme à la technique, principalement informatique et numérique, et l'émergence de son utilisation émancipatrice, sur la confusion entre enseignement de l'algorithmique et d'informatique. Je comprends le risque qu'il peut y avoir à ce que ce type d'enseignement, pensé au départ comme "théorique général"  ne devienne, par facilité, un enseignement "pratique sur un logiciel en particulier", et que cela se termine en apprentissage de ce seul logiciel. Il n'en reste pas moins que le support numérique est devenu incontournable, dans les actes les plus élémentaires et qu'une pratique, si modérée soit-elle, des algorithmes et des codes, me parait plus émancipatrice qu'asservissante.

     

     

    Lille1.tv

  • L'avenir de l'édition scolaire

    Big Google brother ?Les possibilités d'édition personnelle en ligne s'accroissent de façon considérable. Les contenus transmissibles changent de nature en même temps que leur diffusion est facilitée.  Face à ce bouleversement, quelle sera la nature de l'édition scolaire dans un avenir assez proche? Je parle de celle des enseignants et par ricochet de celle des éditeurs historiques.

    Au mois de mai dernier, je découvrais la possibilité de lier le langage HTML, l'Applet Geogebra et du code Javascript sur une même page. Je ne savais pas encore à ce moment là, faire dialoguer l'applet Geogebra et le Javascript. Je ne suis pas un expert mais aujourd'hui je parviens à comprendre les principes de base en avançant à petits pas dans cet univers un peu très rude. 

    En février 2008, je découvrais la possibilité de réaliser un portail autour de l'enseignement des mathématiques en lycée. Bien qu'un peu lourd pour les élèves, l'univers "Maths au lycée", me permet toujours d'accéder rapidement à des liens et de les partager.  J'y avais consacré un article dans les Cahiers Pédagogiques.

    La problématique que j'avais rencontré ensuite était de pouvoir transmettre, ce que j'avais appelé des "unités de savoir" en ligne. La découverte du réseau social scolaire fermé Edmodo reconstituant les groupes classes me permettait en partie de répondre à ce besoin. Il est possible de transmettre facilement aux élèves  fichiers, liens et textes. Je peinais encore un peu pour transmettre un contenu facilement réalisable et instantanément utilisable par les élèves.

    L'été dernier, ma dextérité numérique a sensiblement augmenté, et m'a permis de réaliser une synthèse de cours animée sur un wiki. Je n'aurai jamais imaginé que cela aurait été possible quelques mois auparavant. Le wiki "Maths au lycée" est né. La nouveauté est de pouvoir disposer d'une synhèse de cours animée en ligne d'une part mais aussi de  permettre une impression paramétrable sur un support papier. Chacun peut effectuer ses réglages sur les applets avant de lancer une impression papier.

    Il n'est pas difficile de constater à la lumière du chemin parcouru, que nous sommes très proche de la possibilité d'une édition autonome par le professeur de ses supports dynamiques de cours, de l'agrégation de contenus externes et de leur transmission aux élèves. LiveBinder franchit encore une étape dans ce processus. Là où Netvibes était lourd et Simply box, un peu trop complexe au premier abord, pour les élèves, LiveBinder me parait d'une grande efficacité, comme peuvent en témoigner ces deux dossiers numériques:


     

     

     

     

    Alors plus qu'une réponse à apporter, c'est une question de fond que je soulève ici concernant la forme que prendra l'édition scolaire dans un avenir plus ou moins proche. Il semble évident qu'actuellement, les choses bougent peu en volume (en apparence) compte tenu du manque de formation et du manque d'aisance d'une majorité d'enseignants dans ce domaine, d'autant plus que l'investissement temps est considérable pour se tenir "à jour" dans ce domaine. Il n'est pas non plus évident que le changement de nature des objets partagés   par la modification du support de transmission soit clairement vue, et ceci d'autant moins qu'on l'utilise.

    L'image qui émerge ici est cependant celle d'une autonomisation future quasi-complète de l'enseignant et de ses productions numériques, aidée par la mutualisation des différents collègues et des institutions.

    L'édition historique scolaire se trouvera inéluctablement, dans un avenir plus ou moins proche, devant un embarrassant paradoxe: pour survivre, elle devra proposer à la vente des contenus destinés au partage ou les rendre gratuits.  A moins que l'on interdise purement et simplement aux enseignants de produire, d'utiliser, de mutualiser du contenu en ligne et d'utiliser des hyperliens... ce qui avouons-le, serait un comble!

     

    Photo: Alain Bachellier sous CC

  • Cédric Villani, médaille Fields 2010, aux Grandes Gueules de RMC

     

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    C'est ICI

     

  • Sur Internet on discute de tout et de rien, donc de la preuve de P=NP !

    Tout a commencé il y a une quinzaine de jours lorsqu'un mathématicien ingénieur a mis en ligne les éléments d'une preuve de l'un des problèmes mathématiques les plus difficiles à savoir si P=NP.


    Pour les non-matheux, j'imagine que cela n'évoque rien et pour les matheux moyens, comme moi, la vague idée que c'est un problème ardu qui traite de la complexité des algorithmes et qui rapportera un million de dollars à qui le résoudra (s'il accepte la somme... elle vient d'être refusée par le mathématicien russe Perelman pour un autre problème).


    Le mathématicien s'appelle Vinay Deolalikar et sa publication a mis la communauté mathématique internationale en effervescence. En effet, les commentaires sur les blogs, forums et les wikis n'ont pas cessé depuis la publication de la preuve sur Arxiv, il y a une quinzaine de jours.


    Il en reste des traces un peu partout et en particulier:


    Sur le blog de Terence Tao, qui rappelons le au passage fut Médaille Fields.


    Sur le blog Gödel lost letter and P=NP.


    Une semaine: c'est le temps quil aura fallu pour que deux failles importantes soient trouvées par les mathématiciens les plus talentueux dans cette preuve qui aura fait beaucoup parlé d'elle.

     

    Ce qui est surprenant dans cette histoire c'est d'une part le niveau de technicité et d'expertise que peuvent prendre des échanges sur la toile, ce qui contredit largement l'idée selon laquelle Internet serait un lieu d'échanges de seconde zone et d'autre part la rapidité avec laquelle se sont faits ces échanges.


    Même si l'on n'est pas sensible aux sujets mathématiques on ne peut qu'être interpellé par cette révolution permise par le monde numérique dans l'accès aux documents, leur diffusion et les discussions qui en sont issues.


    Le New-York Times a d'ailleurs rédigé un article sur ce sujet, pointant l'étonnant pouvoir collaboratif de la Toile. A lire de toute urgence !