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Livres et lettres - Page 29

  • Un étudiant presque comme les autres -1-

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    Shanlan était angoissé. C'était l'année de la licence, épreuve triennale en Chine. Nous étions le 8ème jour de la 8ème lune. Le début officiel des épreuves était fixé au 9ème jour et elles se poursuivraient le 12ème et le 15ème jour. Shanlan s'était rendu à Hangzhou, capitale de la province du Zhejiang. Shanlan se rappelait tout le travail qu'il lui avait fallu fournir pour arriver jusque-là. Ce fût avec l'aide de son précepteur Chen Huan, illustre lettré, ancien élève de Duan Yucai que Shanlan put mémoriser Les Classiques et s'entrainer aux dissertations littéraires à plan imposé en  huit parties ( bagu ). Il lui fallut apprendre par coeur les Entretiens de Confucius, le Mencius, le Yijing, le Canon de l'Histoire, le Rituel et le Commentaire de Zuo. Il lui fallait retenir très exactement le 431 286 caractères ( un caractère correspondant à un mot ), travail qui lui demanda 6 années d'efforts ininterrompus à raison de 200 caractères par jour. Rien d'extérieur aux Classiques ne pouvait rentrer dans cette tête prête à exploser, même si Shanlan, au plus profond de lui, préférait les mathématiques. Pas de place pour les Neufs chapitres sur le calcul qu'il consultait discrètement dans la bilbiothèque familiale depuis l'âge de 10 ans.

    Dès le 5 de la 8ème lune, les copistes, officiers subalternes et employés entrèrent dans l'enceinte, ils avaient apporté leurs vêtements, leur literie et quelques provisions de bouche; ils furent fouillés à l'entrée par les gardes. Le 6, après un banquet et des prosternations dans la direction du nord, entrèrent dans l'enceinte, les examinateurs au son du canon et de la musique. Le président fit un sacrifice devant la porte, il inspecta toutes les salles et toutes les loges. Tous les fonctionnaires se rendirent à leur poste. Les épreuves de la licence et les premières épreuves du doctorat avaient lieu dans des locaux spéciaux entourés de murs de tous côtés. Shanlan eut froid dans le dos lorsqu'il vit l'ampleur de ce dispositif prêt à recevoir près de 15 000 candidats. Il savait aussi qu'il y avait peu d'élus, seulement 142 places pour la province du Zhejiang et 1484 pour tout l'empire. Ses bonnes compétences mathématiques lui permirent de conclure que le taux de réussite à ce concours n'était que de 0.71% et qu'il y avait au total plus de 200 000 candidats angoissés comme lui dans tout l'empire.

    Le camp s'enfuyait à perte de vue, au fond on apercevait les salles réservées aux mandarins de service, en avant étaient alignés des bâtiments bas, parallèles, tous ouverts sur des allées qui les séparent et divisés par des cloisons en loges, toutes semblables: elles ont une paroi au fond, une sur chaque côté, elles sont meublées de quatre planches qui se posent à différentes hauteurs et qui servent de siège, de table, de lit ; à Hangzhou, les loges ont 1m, 85 de hauteur, 1m, 15 de profondeur, 0m, 90 de largeur ; il y en avait exactement  14 194 ; le personnel d'examinateurs, surveillants, huissiers, domestiques, se montait environ à dix mille hommes...

    La suite : ICI
     

  • George Steiner

    Les hautes mathématiques sont l'autre musique de la pensée.

  • Bachelard

    L'Ecole Polytechnique est aux mathématiques ce qu'est un dictionnaire de rimes à la poésie baudelairienne.

  • Pierre Dac

    Géométrie politique : le carré de l'hypoténuse parlementaire est égal à la somme de l'imbécillité construite sur ses deux côtés extrêmes.

  • Comment Tartaglia présenta sa solution historique ?

    Au XVIème siècle, en Italie, les mathématiciens s'affairaient à résoudre les équations du 3ème degré, saine occupation qui déchaina néanmoins les passions. Tartaglia et Cardan furent les plus célèbres acteurs d'une transmission de méthode de résolution bien difficile mais faite de façon poétique. C'est dans les vers suivants que les mathématiques firent un pas de géant :

    Quando che'l cubo con le cose appresso
    Se agguaglia a qualche numéro discrète :
    Trovati dui altri différent! in esso.
    Dapoi terrai, questo per consueto,
    Che'l loro produtto, sempre sia eguale
    Al terzo cubo délie cose netto ;
    El residuo poi suo générale,
    Delli lor lati cubi, ben sottratti
    Varrà la tua cosa principale.
    In el secondo, de cotesti atti ;
    Quando che'l cubo restasse lui solo,
    Tu osserverai quest' altri contratti,
    Del numer farai due, tal part'a volo,
    Che l'una, m l'altra, si produca schietto,
    El terzo cubo délie cose in stolo ;
    Délie quai poi, per commun precetto,
    Torrai h lati cubi, insieme gionti,
    Et cotai somma, sarà il tuo concetto ;
    El terzo, poi de questi nostri conti,
    Se solve col secondo, se ben guardi
    Che per natura son quasi congionti.
    Questi trovai, et non con passi tardi
    Nel mille cmquecent'e quattro e trenta ;
    Con fondamenti ben saldi e gaghardi
    Nella Città del mar intorno centa.

    Impressionnant n'est-ce pas ?

    Pour un début de traduction : ICI

    Et pour la fin du poème ça ressemble à :

    Je trouvai tout ceci, et sans m'attarder
    En l'an mil cinq cent trente-quatre;
    Sur des fondements solides et inébranlables
    Dans la Cité tout entière ceinte par la mer.

    Les mésaventures d'un mathématicien à la Renaissance rédigées de façon humoristique par Jean-Marc Dewasme ( PDF ) : ICI

    Littérature : Histoire des sciences en Italie depuis la renaissance des lettres jusqu'à la fin du XVIIème par Guillaume Libri : ICI