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Débats - Page 30

  • Why blog ? Ou plutôt Why blog de maths ?

    Live Blogging at Woolfcamp

    Bruno de "Blogs à maths" m'a demandé de continuer une chaîne. Je tiens d'une part à le remercier de cet honneur ( heureusement que je lis régulièrement son blog...) et d'autre part à lui faire part de ma faible compétence en matière de chaines, qui se limite en gros à celles de Markov, de vélos et de télé.

    En fait la chaîne consiste à faire suivre un questionnaire à d'autres bloggueurs et d'y répondre. Pour la deuxième partie c'est bon mais pour la première c'est plus difficile car Bruno a presque épuisé en 6 adresses la totalité de la blogosphère mathématique francophone et Guy, qui a répondu avant moi, a quasiment fini le travail avec 3 autres adresses. Il me reste à taper à la porte de Gilles Jobin au Québec qui doit au moins passer une fois par an sur mon blog afin de poursuivre cette difficile tâche...

    Alors à la question Why blog ? et en particulier Why blog de maths ? en tant que scientifique ( et prof, car c'est difficilement dissociable en ce qui me concerne) je suis tenté de répondre cela :

    Parce qu'Internet c'est ma télé et que le blog c'est mon magnétoscope.
    Parce qu'à mon avis, dans un futur très proche, ce que l'on appellera "document" ressemblera plus à une note de blog qu'à une photocopie.
    Parce que je suis curieux.
    Parce que j'aime ça.
    Parce qu'ici, il y a tout plein de personnes qui disent des choses passionnantes et qui m'intéressent.
    Parce que je n'ai jamais augmenté aussi vite mes connaissances et mes compétences, qu'en alimentant ce blog.
    Parce que le blog de maths est une espèce en voie de disparition avant de s'être développée.
    Parce que si je n'en avais pas créé un, ça en ferait un de moins sur la blogosphère et compte tenu de ce que je viens de dire précédemment, ça pourrait resembler à une catastrophe nationale.
    Parce que la pratique numérique me semble être une compétence aujourd'hui incontournable dans mon métier et dans ma vie personnelle.
    Parce que ne pas savoir ce qu'est un flux RSS ni comment l'agréger me paraît aujourd'hui difficilement acceptable dans un métier lié à la connaissance.
    Parce que la veille informative devient au moins aussi importante, sinon plus, que l'agrégation de connaissances.
    Parce qu'on ne peut pas parler de choses que l'on ne connaît pas ( moi en tous cas ).
    Parce que l'utilisation  de l'hypertexte demande une pratique intensive qui relève plus de l'art que de la simple technique.
    Parce que je veux parler des mathématiques comme je le souhaite et non comme on me l'impose.
    Parce que l'on ne peut pas réduire les mathématiques à leur composante scolaire.
    Pour montrer les mathématiques. Rendre visible ce qui est invisible.
    Parce qu'il faut occuper un espace qui serait désespéremment vacant si quelques bénévoles passionés ne s'attelaient pas à la tâche.
    Pour pointer sur les insuffisances en France en matière de communication et de vulgarisation scientifique.
    Pour montrer l'exemple et un exemple possible.
    Pour découvrir de nouvelles voies de connaissances, de nouvelles formes de présentation et d'expression.
    Pour dire qu'il n'est pas possible que Nathalie de Koh-Lanta soit prof de maths et qu'elle utilise la formule "2 pi r au carré" pour calculer l'aire d'un disque.
    Parce que c'est possible.
    Pour montrer à des personnes qui ne connaissent des mathématiques que leur face scolaire obscure, qu'il en existe une autre qui peut leur paraître plus lumineuse.
    Pour montrer que l'on peut parler des mathématiques sans forcément en écrire beaucoup.
    Pour enrichir ma pratique professionnelle.
    Pour dire qu'un diplômé en Mécanique fait bénévolement un travail que de nombreux matheux, mieux payés que moi, pourraient et devraient faire.
    Pour montrer qu'un blog n'est ni plus ni moins que la production d'un flux informationnel qui occupe un espace numérique pendant un temps donné, mais que c'est une forme récente et durable de communication.
    Pour attendre en ligne le réveil de certaines institutions, qui s'apercevront peut-être avant 2012 (il faut bien choisir une date!) qu'il y a quelques carences en matière de vulgarisation mathématique.
    Pour parler de la science vivante de façon vivante, de l'art, de la philosophie et d'autres sujets peu médiatiques.
    Pour tenter d'effacer les lieux communs circulant au sujet des mathématiques.
    Pour informer et partager.
    Pour laisser une trace.
    Pour avoir une présence en ligne.
    Pour avoir une vision actualisée et globale.
    Pour me faire plaisir et en donner.
    Pour m'occuper.
    Pour concentrer les disputes familiales sur un seul sujet : le blog ... ( ça, c'est pas vrai pour moi mais je suis sûr que ça l'est pour d'autres ! )
    Pour comprendre un peu mieux les maths et ceux qui les font.
    Pour pouvoir placer quelques uns de mes jeux de mots à deux balles, que sinon,  seuls mes  élèves auraient la chance de connaître.
    Pour être réactif.
    Pour répondre à une telle question.
    Pour dire  que si la récursivité menace les blogs, c'est aussi un fabuleux sujet mathématique.
    Pour comprendre les mécanismes possibles d'insertion du monde numérique dans l'enseignement, et réciproquement.
    Pour plein d'autres raisons que j'ai oubliées.
    Parce qu'on ne peut pas parler de l'avenir, de l'état des connaissances sans utiliser la forme avec laquelle elles commencent à se répandre.
    Parce que le Bulletin Officiel vient de cesser son édition papier pour une diffusion exclusivement en ligne et que c'est symptomatique d'une évolution sensible des formes de production des documents, même officiels.

    Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.
    A bientôt ici.

  • La non-infériorité ou l'utilisation des statistiques en médecine.

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    Statistiques et médecine sont comme deux soeurs ennemies qu'il est impossible de séparer. Plusieurs raisons sont en jeu. Les traitements se basent sur des essais qui produisent des statistiques qui elles mêmes conditionnent le développement des traitements et et leur commercialisation.

    Or les statistiques ont assez mauvais caractère.

    D'une part il faut que le nombre de données soit suffisant.

    Evident direz-vous, il suffit de répéter les mesures. Pas toujours si facile que cela. C'est par exemple la cas des maladies rares où les échantillons ne sont pas suffisants pour pouvoir utiliser l'arsenal des statistiques sans risque important d'erreur.  Il y a aussi les maladies tropicales où les personnes souffrantes ne sont pas facilement accessibles. Et puis il y a ces probabilités conditionnelles qui font que la probabilité qu'un traitement fonctionne sachant que la personne est malade, n'est pas du tout identique à la probabilité que quelqu'un ne soit pas malade sachant qu'il a été traité, et qui est parfois bien inférieure. Ce peut aussi être le cas pour évaluer l'efficacité de certains traitements sur des personnes d'âge, de sexe, de poids et d'état de santé très différents. Tester l'efficacité d'un médicament sur un homme de 25 ans et mince ne veut pas dire qu'elle sera la même sur une femme obèse de 60 ans ayant déjà été traitée d'un cancer. Il faut là encore suffisamment de données pour avancer un résultat avec un risque d'erreur acceptable.

    Les conditions dans lesquelles doivent se faire l'expérience peuvent aussi augmenter le nombre de mesures. Il faut introduire des placebos. Elles doivent être rigoureuses, en double aveugle, faire des mesures de façon aléatoire, etc...

    D'autre part, il faut interpréter les chiffres obtenus. Le travail du statisticien, tient tout autant à l'adaption de ses outils au problème traité qu'à leur interprétation. Or c'est bien souvent la société qui commande et donc paye ces tests qui les utilise. Il y a donc un conflit. A partir de quel moment est-il acceptable de remplacer un produit A par un produit B sachant que son développement a souvent couté beaucoup d'argent ?

    Il est parfois très difficile de montrer qu'un produit est supérieur à un autre. Les effets secondaires peuvent être différents, tout comme le taux de mortalité. Quels critères prendre en compte et quel poids leur donner ?

    Indépendamment de tout cela, les statistiques ont elles-mêmes leur propres limites. Il est absolument impossible de passer de la mesure sur un échantillon à un chiffre sur la population toute entière sans donner le risque d'erreur que l'on commet. Ce risque d'erreur est bien souvent irréductible, quelques % ou quelques dixièmes de %. Considérons donc que l'on élabore un nouveau médicament dont les tests statistiques indiquent une efficacité moindre qu'un autre médicament déjà commercialisé mais dont ce % est inférieur à la marge d'erreur incompressible. Il devient e ce fait non-significatif. Il peut donc être accepté comme médicament équivalent même si l'on a mis en évidence une efficacité qui semble moindre.

    Un pas de plus peut être franchi avec la notion de non-infériorité.

    Ci-après un extrait du blog d'un cardiologue:

    Pourtant, encore une fois, toutes les décisions médicales actuelles et futures se basent et se baseront sur des études cliniques, elles même basées sur des concepts statistiques plus ou moins sophistiqués.
    Au début, un peu comme tout le monde, j’ai fait confiance aux revues scientifiques, et aux quelques bases mathématiques enseignées en médecine pour trier le bon grain de l’ivraie.
    Mais je me suis rapidement rendu compte, que c’était une erreur, et qu’il fallait développer un peu mes connaissances statistiques pour développer mon sens critique, et résister aux Chants des Sirènes.

    Depuis peu donc, éclosent des études dites « d’équivalence » ou de « non infériorité ».
    Pourquoi un tel développement ?
    Primo, car il est plus simple de démontrer qu’un produit est non inférieur, que de prouver qu’il est supérieur en terme de statistiques. Secundo car la taille des échantillons étudiés peut être moindre, donc des coûts plus faibles. Tertio, le risque marketing est moindre, une étude « de non infériorité » positive vaut mieux qu’une étude de supériorité négative (qui signifie l’enterrement quasi systématique du produit).

    L’étude pourra donc être positive, donc favorable pour A, même si A est jugé équivalent à B.

    L'intégralité des notes : La non-infériorité et Let’s talk about stats (2).

    Bonne lecture.

     

  • Sémiotique du bandeau

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    L'important ce n'est pas le chemin, c'est le cheminement.

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    Et  sur le long chemin de la réflexion, se trouvent des mots, des nombres et des images.

    Tous les pays occidentaux rencontrent des difficultés dans l'enseignement et principalement en mathématiques. Il n'existe aucun pays où la situation serait idéale. Si les Etats-Unis sont la première nation en recherche mathématique, il s'agit principalement des maths appliquées  et  ils rencontrent eux aussi des difficultés dans leur enseignement. La France reste une grande nation en ce qui concerne la recherche en mathématiques pures, mais celle-ci souffre fort dans l'enseignement de cette discipline, puisqu'il est dispensé dans un enseignement généraliste  et est fortement utilisé de façon précoce pour la sélection de ses élites.

    La faible proportion de blogs francophones, européens et même anglo-saxons consacrés à ce sujet montre la difficulté qu'il y a, non pas à montrer les mathématiques, puisque des sites très aboutis existent, mais à créer un discours intéressant et intégrateur autour de ce domaine. Les spécialistes peu soucieux de cette dimension, la renvoie à son inutilité, puisque la valeur ajoutée se trouve dans le corpus même de la production mathématique et pas dans le discours esthétique qu'il y aurait autour. Ces mêmes spécialistes sont cependant, mal à l'aise puisqu'ils ont bien du mal à rendre leur domaine de prédilection "sexy".et à le faire partager au plus grand nombre. L'absence complète de ce sujet dans les médias grand public, des unes de journaux à charge, montrent à quel point, un travail de pédagogie est nécessaire pour réconcilier  les mathématiques avec une population dont c'était bien souvent la matière préférée au primaire, moins exigeante , plus directe et intuitive que sa consoeur le français. Avec le temps, les disciplines se couvrent des leurs habits et forgent leur caractère. Aux mots seront donnés la sensibilité et la liberté, aux nombres la dureté et la rigueur. Les maths seront masculines et les lettres féminines. Je ne sais pas si c'est la raison pour laquelle, les mathématiques effraient non seulement par leur difficulté une partie importante des étudiants mais plus encore les femmes qui y sont très nettement sous-représentées, à tel point que certains pays, comme l'Allemagne, s'engagent dans des politiques d'inversion de la tendance.

    Nées de la nécessité de quantifier, de mesurer et d'expliquer le monde, les mathématiques ont étendu leur pouvoir jusqu'à demander à ce que les lettres soient transformées en chiffres afin de permettre leur intégration dans les codes informatiques. Elles sont partout mais peu veulent les voir comme si chacun, de l'élève au ministre demandait à être convaincu de leur position clé dans le jeu international et dans la formation individuelle. La tradition mathématique française, avec Bourbaki et d'autres grands mathématiciens célèbres plus anciens, a donné lieu à une véritable mythologie mathématique. De la volonté d'étendre à un large public les théories les plus abstraites à l'idée de l'expérimentation en mathématiques, des mathématiques comme objet ludique à leur utilisation à des fins d'hyper-sélection de l'élite, ce sont les mathématiques entières qui se trouvent être les acteurs d'une pièce tragique dans laquelle les Dieux se mêlent aux hommes et leur parlent à travers un langage crypté. J'ai l'impression que la France se complaît historiquement à faire de ses mathématiques, l'objet et le sujet d'une forte théatralisation, pouvant ainsi cultiver les mythes de la grandeur et de la décadence, du héros et du martyr. C'est cette histoire, d'un "je t'aime, moi non plus" mathématique qu'il faut tenter de rendre lisible, tout au moins pour les personnes dont le métier est en contact  plus ou moins proche avec cette discipline. Du professeur de maths au chercheur, en passant par  l'enseignant de toute autre discipline ou le parent qui fait réviser les leçons ou la publicité mathématico-dramatique des organismes de cours particuliers mono-centrés sur cette discipline, toute réduction des mathématiques à l'un de ses aspects opérera une réduction du sens, caricaturant l'objet du discours et les renvoyant à leur rôle de prédilection, d'acteur de tragédie.

    Nul ne peut contester la force inconsciente individuelle et collective de cette discipline qui s'adresse à tous pour sa part de construction historique de l'humanité et à chacun, par l'intériorité, le repli sur soi et son rôle supposé majeur dans la formation. Même si ce n'est pas exposé de façon très nette, chaque individu voit bien ces deux dimensions, d'intérieur et d'extérieur, de privé et de public,  d'accessoire et de capital, dans la pratique des mathématiques.

    C'est l'histoire que raconte ce bandeau. Une histoire de mythe, de discours et de science, une histoire qui se déroulee dans le théatre du monde, construite, reconstruite et qui permet aussi sa modélisation, de le re-créer . La féminisation du discours énonciatif est nécessaire, même si celui-ci rattrape vite les caractéristiques de son sujet numérique (@ ), rigoureux ( T ) et touchant aux paradoxes, dont ceux de l'infini ( h ). L'@ symbolise le monde informatique et la toute récente demeure des nombres que sont devenus les codes. Le T est l'équerre dont je ne suis pas vraiment le précurseur de la symbolique et le petit h est celui du calcul différentiel représentant ces quantités infinitésimales, évanescentes qui permirent à la mathématique de faire un bond sans précédent et de sortir le monde de la simple description statique à  la compréhension de la dynamique. Le M majuscule continu du discours est confronté à la séparation des trois autres signes. Le passage du discret au continu et de la discrétisation du continu est un sujet fondamental qu'aborde les mathématiques. Les mathématiques sont dans l'histoire du monde et ne doivent pas être rejetées à la périphérie comme langage ésotérique qui ne pourrait être maîtrisé que par quelques valeureux acètes.

    Si leur difficulté tient au fait que leur codification et leur transcription ne permet pas se raconter elles-mêmes, c'est à tout ceux qui les font, de raconter leur histoire comme on le ferait à des enfants, car chacun d'entre nous aime qu'on lui raconte une belle histoire. Il  n'est pas nécessaire d'être mécanicien ni pilote de Formule 1 pour conduire une voiture. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'être mathématicien ni médaille Fields pour que l'on soit interessé par ce pan entier de l'histoire de l'humanité qui doit apparaître au même titre que d'autres sujets, pas plus fondamentaux, mais choisis par des personnes les maîtrisant et n'ayant guère de prédilection vers les nombres, dans la constitution de la culture générale des individus.

    Je ne vais pas détailler plus cette petite analyse, laissant à chacun le loisir d'y ajouter ou d'y retrancher ce que bon lui semble. Je tiens cependant à préciser l'origine de ces mannequins. Ce sont en fait des ébauches de sculptures qui ont été réalisées par les élèves de l'école des beaux-arts de Sofia. Ils ont acheminé ces oeuvres par un camion pour réaliser une exposition de deux mois en France en 2003. La qualité des oeuvres, malgré leur composante inachevée, m'a séduit pour en faire quelques photos dans la salle principale d'un prieuré aux lumières envoûtantes.

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    L'école des Beaux-Arts de Sofia

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    Je tiens à saluer ici Krum, le maître de ses quelques jeunes esclaves des beaux-arts de Sofia dont les meilleurs ont fait le voyage. C'est lui qui a réalisé l'ébauche de la sculpture ci-dessus qu'il a lui-même appelé " La pétasse", dont je tairai le nom de la revue dans laquelle lui a surgit l'inspiration.  Sous l'emprise du régime communiste, il connaissait bien César et ses travaux, mais n'a pu réaliser que des oeuvres commandées par le parti communiste pour vivre de son talent. Sa créativité n'a pu s'exercer que sous la contrainte de ces fortes pressions. Une fois le régime assoupli, il ne lui restait plus que l'enseignement et un regard un peu triste sur son passé et celui de son pays pour nous faire partager son talent. On le voit devant son armée de carton dans la photo qui suit.

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  • Rapport d'information 2006 sur l'enseignement des disciplines scientifiques

    Quelques morceaux choisis du rapport 3061 sur L'enseignement des disciplines scientifiques dans le primaire et le secondaire par la commission des affaires culturelles familiales et sociales:

     

    Par ailleurs, aujourd'hui en France on peut être agrégé de mathématiques ou de physique sans savoir conduire une expérience.

     

    [...] aujourd'hui le bon professeur est celui qui n'entend que les questions auxquelles il peut répondre c'est-à-dire celles qui sont dans le programme.

     

    Le propre d'un chercheur c'est de se tromper mais c'est beaucoup plus difficile pour un enseignant.

     

    [...] l'usage des technologies de l'informatique et d'Internet ne doit pas être au centre de la démarche, c'est un outil qui nécessite que les enseignants soient formés autrement et développent une autre vision de leur métier.

     

    50 % des enseignants ne font jamais de formation continue et, sur le total des 800 000 journées de formation, les sciences ne représentent que 2 %.

     

    M. Michel Fréchet, membre de l'association des professeurs de mathématiques de l'enseignement public, a renchéri en disant que son association a organisé une session de formation à Caen, à laquelle ont participé 800 professeurs, sur leur temps de vacances. La presse, sollicitée, n'a pas répondu à l'invitation, mais le journal Libération a jugé plus utile de consacrer une demi-page à une conférence sur les OVNI qui se tenait dans le même temps.

     

    La situation n'est pas encore catastrophique parce qu'en période de chômage les jeunes recherchent la sécurité dans la fonction publique ; cependant, comme indiqué précédemment, en cinq ans le nombre de candidats aux CAPES de physique-chimie et de mathématiques a diminué significativement.

     

    L'intégration de l'outil informatique aux enseignements de sciences, avec des objectifs pédagogiques précis encadrés par des enseignants bien formés, est totalement indispensable.

     

    À un âge où il serait nécessaire que l'élève découvre, guidé par un professeur, la continuité entre mathématiques, sciences expérimentales et technologies, il est néfaste que se déroulent en parallèle et avec des professeurs différents des programmes qui s'ignorent. L'élève n'a ainsi aucune chance de découvrir que la majorité des problèmes scientifiques se situent et se résolvent aux interfaces de chacune des disciplines enseignées. Outre l'ennui généré par des enseignements cloisonnés et sortis de tout contexte, cette fragmentation s'oppose à la perception par les élèves de l'existence de champs professionnels tels que l'énergie, la chimie et l'environnement, le traitement de l'information et les réseaux, la physique et la climatologie, la géographie et les statistiques...

     

    En 1995, 79 % des bacheliers scientifiques optaient pour des études scientifiques ou technologiques. En 2000, ils n'étaient plus que 68 %. Lors de la dernière rentrée 2000 places de classes préparatoires scientifiques n'ont pas été pourvues.

     

    Évolution des horaires en mathématiques, physique-chimie et SVT depuis 1982

     


    Mathématiques

    Physique-chimie

    SVT

    Première S (1982-1993)

    6 heures

    5 heures

    2,5 heures

    Première S (1993-2001)

    6 heures

    4 heures

    3 heures

    Première S (depuis 2002)

    5 heures

    4,5 heures

    4 heures

    Terminale C (1983-1994)

    9 heures

    5 heures

    2 heures

    Terminale D (1983-1994)

    6 heures

    4,5 heures

    5 heures

    Terminale S (1994-2002)

    6 heures

    5 heures

    3 heures

    Terminale S (depuis 2003)

    5,5 heures

    5 heures

    3,5 heures

     

     

    En conclusion, il faut insister sur trois points qui contribuent particulièrement à disqualifier les études scientifiques dans notre pays.

     

    Tout d'abord les mathématiques et les sciences exactes jouent un rôle d'outil de sélection dans notre système éducatif. Ce champ de connaissances est investi d'une charge émotionnelle importante et regardé, particulièrement par les filles, comme un enseignement d'élite inaccessible si l'on est simplement moyen. Soit on fait des sciences à un niveau très élevé, soit on n'en fait pas et ce dernier choix est fait par un nombre grandissant d'élèves. Cette situation est corroborée par les résultats obtenus dans les évaluations internationales. Le niveau en mathématiques de l'ensemble des élèves du secondaire français n'est pas supérieur à celui des étudiants des pays comparables. En revanche, un petit noyau d'élèves a des résultats très supérieurs à la moyenne.

     

    En second lieu, les filières scientifiques universitaires pêchent par leur manque absolu de lisibilité. Elles ne peuvent être associées à aucun devenir professionnel perceptible et motivant alors que, de surcroît, elles sont perçues comme arides et sans lien avec les interrogations sur le monde. Dans un univers instable et insécurisant, il faut être particulièrement courageux, voire héroïque, pour s'aventurer dans ce labyrinthe.

     

    Enfin, il faut anticiper la pénurie probable d'ici quelques années de candidats aux concours de recrutement d'enseignants du secondaire dans les disciplines scientifiques, cette pénurie découlant directement de la désaffection des jeunes pour les études universitaires en mathématiques et en sciences de la nature. C'est pourquoi la mission considère qu'il faut envoyer un message fort aux bacheliers et aux étudiants, sous forme d'un prérecrutement, de nature à transformer l'image des études universitaires scientifiques longues.

     

     

    SYNTHÈSE DES PROPOSITIONS POUR LE LYCÉE

     

    ¬ Développer l'enseignement des mathématiques comme science vivante en interaction avec les autres sciences et se construisant sur des problématiques très variées.

    ¬ Développer les laboratoires de mathématiques en s'appuyant sur les expériences en cours.

    ¬ Créer et généraliser une option science en classe de seconde.

    ¬ Recréer une véritable filière scientifique en première et terminale en allégeant les programmes dans les matières non scientifiques.

    ¬ Introduire des épreuves d'évaluation des capacités expérimentales en mathématiques, en sciences et vie de la terre et en physique-chimie au baccalauréat scientifique.

    ¬ Consacrer un temps suffisant aux activités de recherche et d'investigation qui favorisent le développement des capacités de raisonnement et de construction des savoirs.

    ¬ Réintroduire l'épreuve de mathématiques au baccalauréat en terminale littéraire, au besoin en réduisant le volume horaire dans d'autres matières.

    ¬ Introduire une meilleure articulation entre les programmes et les méthodes de travail de l'enseignement secondaire et de l'enseignement supérieur.

    ¬ Encourager et développer les activités scientifiques dans et hors l'école, sur des thèmes transversaux encadrés par des chercheurs ou des ingénieurs.

    ¬ Favoriser le développement des clubs scientifiques et l'organisation de compétitions nationales et internationales sur le modèle des Olympiades de physique et de Maths sans frontières.

     

  • Sémiotique de l'écriture

    Une interview d'Yves Jeanneret