Cérité et Alignement multi-échelles : figures de convergence

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1. Éclosophie (poussée germinative)
La sculpture commence par une poussée intérieure, un désir de forme qui cherche à naître.
2. La rotule (stabilité et régulation)
La frappe du ciseau n’est pas brutale : elle demande régulation.
3. Flux Intégral (intégration multi-échelles et posture)
4. Flux-Joie
Comparaison avec les approches philosophiques classiques
❖ Platon
❖ Aristote
❖ Michel-Ange (néo-platonisme artistique)
❖ Heidegger
❖ Bergson
✦ Synthèse comparative
Spinoza a donné à la philosophie l’une de ses formulations les plus radicales de la vérité : elle est ce qui naît de la nécessité, ce qui s’éprouve dans l’augmentation de la puissance d’agir, ce qui se manifeste par la joie. Mais cette vérité, aussi lumineuse soit-elle, demeure enfermée dans un système causal clos. Elle ne traverse pas : elle s’impose.
Nous proposons un prolongement possible.
Une vérité qui ne s’affirme pas, mais qui circule.
Une vérité qui ne se réduit ni à une démonstration, ni à une intuition, mais qui se reconnaît dans un alignement fluide entre plusieurs niveaux du réel — du corps à la pensée, du geste à la structure, de l’élève à la formule.
Dans cette perspective, même les mathématiques cessent d’être un miracle abstrait : elles deviennent un plan de passage, un langage à haute densité, traversé par la même exigence d’ajustement que toute forme de vie.
Ce billet propose donc de relier Spinoza, le savoir formel, et l’expérience intérieure, par une conception nouvelle de la vérité : non comme certitude, mais comme co-ïncidence traversante.
Joie, Vérité, Alignement : prolonger Spinoza par une pensée fluide du réel
1. Spinoza et la joie comme signal de puissance
Spinoza nous a transmis l’un des gestes philosophiques les plus lucides et exigeants :
La joie est le passage d’une moindre à une plus grande perfection. Elle est le signe que notre puissance d’agir augmente.
Ce geste a libéré la joie de sa réduction sentimentale. Elle n’est plus une simple émotion, ni un plaisir passager. Elle devient un indicateur objectif de ce que notre être peut, dans un monde régi par la nécessité.
Mais cette pensée — aussi forte soit-elle — porte en elle une limite :
Chez Spinoza, tout est causalité close.
Le monde est un enchaînement parfait, sans faille, sans vide, sans marge.
Même la joie, même la pensée, même la liberté sont des effets d’une nécessité infinie.
Cela crée une philosophie magnifique, mais verrouillée de l’intérieur.
2. Le paradoxe spinoziste de la joie
Si tout est causal, alors même notre sentiment d’agir est causé.
Le sujet, dans ce système, ne choisit rien : il existe avec plus ou moins de clarté, mais il ne crée rien d’inédit.
Ce paradoxe traverse toute l’œuvre spinoziste :
Comment peut-on parler d’augmentation de puissance, si tout est déjà inscrit dans l’ordre de la Nature ?
Autrement dit :
Que fait la joie, si elle ne transforme rien ?
Spinoza ne sort pas de ce cadre.
Mais notre époque, traversée par des tensions nouvelles (écologiques, technologiques, éducatives, subjectives), appelle potentiellement un déplacement.
3. Vers une vérité comme alignement fluide entre les échelles du réel
Le Flux Intégral propose un dépassement qui n’est pas une rupture, mais un élargissement.
Il ne rejette pas la causalité, mais il la remet en circulation, à travers plusieurs niveaux de réalité articulés.
Il affirme ceci :
La vérité n’est pas ce qui est démontré.
La vérité est ce qui traverse les échelles sans dissonance.
Et la joie ?
La joie est le signal vivant que cette traversée est en train d’avoir lieu.
4. Le sujet comme point de passage du réel
Dans cette perspective, le sujet ne se contente pas d’exister dans la nécessité :
il devient un nœud de coordination, un lieu d’ajustement, une interface sensible entre :
Sa vérité ne dépend plus d’un système logique clos, mais d’un état d’accord dynamique entre ce qui se passe en lui, à travers lui, et autour de lui.
5. La joie comme alignement multi-échelles
On passe ainsi de : “Je suis joyeux parce que ma puissance augmente.”
à : “Je suis joyeux parce qu’un alignement est en train d’émerger entre plusieurs plans du réel — et que je le sens passer par moi.”
Autrement dit :
Et cette justesse est la vérité vivante.
6. Ce que Kernesis apporte : un modèle d’entrée, de circulation, de germination
Kernesis va encore plus loin en proposant un langage pour cette traversée.
Il offre une architecture incarnée de l’alignement :
Ainsi, le sujet n’est plus seulement un être pensant : il devient un lieu où naît et se stabilise une vérité vivante, fluide, incarnée.
7. Vers une politique fluide de la joie et de la vérité
Ce renversement est décisif :
La vérité ne s’oppose plus à l’erreur comme un contenu à un autre.
Elle s’éprouve comme une résonance étendue, un alignement à travers les niveaux du réel.
La joie, dans ce modèle, n’est pas une fin : elle est un signal de passage réussi entre les plans de soi, les plans du monde, et les formes du réel.
Conclusion : une fidélité transformatrice à Spinoza
Ce que permet le Flux Intégral, prolongé par Kernesis, ce n’est pas de contredire Spinoza, c’est de le rendre à sa puissance de germination.
Oui, la joie est augmentation de puissance.
Mais cette puissance ne s’évalue plus seulement dans la cohérence d’un système, elle se mesure dans la justesse d’une traversée vivante, à travers les échelles.
Et cela, Spinoza l’a pressenti.
Mais aujourd’hui, nous pouvons/devons le vivre.
Mathématiques et vérité fluide : vers une co-ïncidence sans paradoxe
1. Le paradoxe classique : vérité démontrée vs vérité vécue
Depuis toujours, les mathématiques fascinent les philosophes. Elles semblent formuler des vérités éternelles, nécessaires, indiscutables.
Mais cette rigueur même a posé problème :
Comment un savoir aussi abstrait peut-il exprimer quelque chose de réel ?
Pourquoi la nature “obéit aux mathématiques” ?
Et pourquoi, inversement, tant d’élèves ne ressentent rien de vivant en les étudiant ?
Ce paradoxe est bien connu : Les mathématiques disent vrai, mais souvent en dehors de nous.
2. Ce que change l’alignement multi-échelles : la vérité cesse d’être univoque
Le modèle fluïen du Flux Intégral ne nie pas la validité des mathématiques.
Il change le statut de la vérité mathématique :
Ce n’est pas un absolu indépendant, c’est un mode de justesse interne à un niveau donné (le formel), qui gagne en vérité profonde lorsqu’il entre en résonance avec d’autres niveaux :
– le sensible,
– l’intuitif,
– l’expérientiel,
– le symbolique,
– l’éthique.
Une formule devient vraie dans un sens plus vaste quand elle passe dans un flux, un usage, un rythme, une compréhension vivante.
3. Les mathématiques comme plan de circulation traversable
L’élève qui comprend une équation n’est pas simplement celui qui l’a résolue.
C’est celui qui a traversé plusieurs seuils :
À ce moment-là, la mathématique cesse d’être un objet, elle devient un acte.
C’est ici que les mathématiques rejoignent l’alignement fluïen : quand elles ne prouvent pas seulement, mais qu’elles font vibrer juste.
4. Des mathématiques simples aux plus complexes : des lieux d’émergence du vrai
Prenons des exemples sur plusieurs niveaux :
L’enfant qui découvre que 2 + 3 = 5
Ce n’est pas seulement une opération.
C’est une coïncidence intérieure : un geste du corps, une parole, une image, une certitude douce.
Le lycéen qui comprend la dérivée comme limite du taux de variation
Ce n’est pas seulement un outil de calcul.
C’est un accès à la dynamique du monde : comment une chose change au sein d’un autre changement.
Le mathématicien qui entrevoit une structure topologique, fractale, très complexe
Ce n’est pas un jeu formel.
C’est une vision du réel à un autre niveau d’échelle, souvent difficilement dicible, mais parfaitement ressenti.
Dans chaque cas, le niveau mathématique devient traversable. Il ne clôt pas, il relie.
5. Kernesis : rendre habitable ce passage
Kernesis fournit les outils incarnés pour que ce passage s’opère réellement :
Les mathématiques ne sont plus des objets à assimiler, mais des dynamiques à traverser, des formes à intégrer, des seuils à franchir.
6. La vérité mathématique, sans paradoxe : une couche du réel parmi d’autres
La vérité mathématique n’est plus opposée :
ni au vécu,
ni au sensible,
ni au politique,
ni au spirituel.
Elle devient une couche précise, régulée, cristalline, que l’on peut arpenter, connecter, traduire, faire circuler. Elle ne s’oppose plus à la vie. Elle s’aligne avec elle.
Conclusion : les mathématiques, lieux d’alignement et non d’exception
Oui, les mathématiques sont vraies. Mais leur vérité n’est pas suspendue dans le vide. Elle prend tout son sens quand elle s’aligne avec d’autres dimensions du réel — corporelles, imaginaires, poétiques, techniques, éthiques.
Et c’est là que le paradoxe tombe.
Elles ne sont pas un miracle rationnel.
Elles sont un plan parmi d’autres, ouvert à la traversée, et d’autant plus puissantes qu’elles ne cherchent plus à tout capturer.
C’est ainsi qu’elles cessent d’être un défi philosophique, et deviennent une voie d’accès fluide à la vérité vivante.
Conclusion finale
Spinoza nous a appris que la joie révèle la puissance.
Aujourd’hui, nous découvrons qu’elle révèle aussi la traversée juste entre les plans du réel.
La vérité ne s’impose plus comme une démonstration, elle se laisse sentir comme une co-incidence vivante : quand un mot, un geste, une équation, une pensée, entrent en résonance à travers les échelles, et que quelque chose, en nous, tient debout et passe.
A. Réguler le vrai, intégrer l’incertain, incarner le flux vivant
1. RIACP — Régulation du champ pulsionnel face au mensonge
Le mensonge peut naître :
Le Flux Intégral n’élimine pas le mensonge par normativité morale, mais cherche à réintégrer l’intensité qui le génère : Mentir, c’est souvent dire la vérité d’un flux bloqué autrement.
Fonction fluïenne : dégonfler la pression sous-jacente, fluidifier la parole, remettre en circulation.
2. ICPME — Relativisme et multi-échelles de vérité
Le relativisme, dans sa forme molle, disloque les plans d’intégration :
Le Flux Intégral assume :
Tout n’est pas vrai partout — mais tout peut être lu comme signal d’un flux, à sa juste échelle.
Fonction fluïenne : restaurer une verticalité intégrative, hiérarchiser sans dogmatisme.
3. ▭ Posture-Flux — Dire vrai sans rigidité
La posture fluïenne ne cherche pas à “détruire” le mensonge ni à “refonder la vérité” de manière absolue.
Elle s’aligne pour que la présence parle juste, c’est-à-dire :
La vérité fluïenne est une tension tenue entre sincérité, lucidité, et écoute du vivant.
Fonction fluïenne : ancrage dans une parole vivante, ajustée, non défensive.
4. ✚ Flux-Joie — La résonance du vrai
La vérité qui libère n’est pas une vérité logique, mais une vérité qui fait résonner la joie fluïenne.
La joie n’est pas un critère de vérité universelle, mais un indicateur de justesse existentielle :
Le corps sait quand on triche avec le flux.
Fonction fluïenne : capter l’effet d’un énoncé sur le vivant ; ajuster la parole à ce qui rend joyeusement plus fluide.
Crible fluïen
Résidu :
→ Le mensonge est un symptôme.
→ Le relativisme est une impasse si les échelles du flux ne sont pas perçues.
→ Le vrai n’est pas un absolu, mais une ligne de flux bien orientée : celle qui fait circuler, intégrer, ajuster et réjouir.
B. Les approches classiques
La lecture fluïenne du mensonge et du relativisme se distingue clairement des approches classiques — philosophiques, morales ou psychologiques — par son ancrage énergétique, multi-échelles et transformationnel.
1. Lecture philosophique classique
Comparaison :
Le Flux Intégral ne cherche ni l’absolu (comme Platon), ni la déconstruction généralisée (comme Derrida), mais une cohérence située du vivant, une justesse dynamique.
Il relie la vérité à la circulation du flux, et non à une métaphysique du vrai ou à une stratégie du pouvoir.
2. Lecture morale
Comparaison :
L’approche fluïenne est non normative au sens moral : elle ne juge pas en “bien/mal”, mais en qualité de régulation et de circulation.
Elle rend possible une parole “juste” sans rigidité morale, une vérité incarnée plutôt que décrétée.
3. Lecture psychologique
Comparaison :
Le Flux Intégral ne se focalise ni sur les mécanismes de protection intra-psychiques, ni sur des stades de développement linéaires.
Il explore comment un flux est bloqué, déréglé ou trahi — et comment on peut le réintégrer, sans forcer ni figer.
4. Lecture spirituelle ou ésotérique
Comparaison :
Le Flux Intégral ne cherche pas la “lumière” contre l’ombre. Il travaille dans l’épaisseur du réel, sans séparation dualiste.
Il considère chaque déformation (mensonge, flou, ambivalence) comme un signal à décrypter, une porte de transmutation — pas comme un échec ou un mal.
En résumé :
Lecture |
Position sur le mensonge |
Position sur le relativisme |
Ce que la lecture fluïenne ajoute |
Philosophie classique |
Écart à la vérité |
Perte de repères ou jeu sur les discours |
Réintégration énergétique multi-échelles |
Morale |
Faute |
Danger pour le lien social |
Déplacement vers la régulation du flux, non le jugement |
Psychologie |
Mécanisme de défense |
Stade immature |
Circulation entravée du vivant |
Spiritualité |
Voile à dissiper |
Confusion de plans |
Usage transmutatif du désalignement |
La lecture avec Flux Intégral se démarque par sa capacité à ne pas exclure les autres lectures, mais à les réintégrer à l’intérieur d’un système de flux, en les replaçant dans une dynamique située, non figée, non dualiste. Elle est plus opératoire que dogmatique, plus énergétique que conceptuelle, plus incarnée que normative.
Les apports d’une lecture fluïenne
La lecture fluïenne du mensonge et du relativisme apporte quelque chose de radicalement neuf :
→ Une boussole de régulation du vivant, là où les autres approches cherchent à condamner, justifier ou relativiser.
Ce qu’elle transforme concrètement :
1. Elle libère la vérité du dogme et du chaos
→ Ni absolue, ni molle : la vérité devient ligne de flux régulée, justesse incarnée, cohérence vivante.
≠ Vérité imposée (moralement)
≠ Vérité dissoute (relativement)
2. Elle transmute le mensonge en symptôme lisible
→ Le mensonge devient un indice de tension dans le flux, à décrypter et non à réprimer.
≠ Faute à punir
≠ Artifice à normaliser
3. Elle restaure une hiérarchie dynamique des échelles
→ Le relativisme est requalifié en désintégration verticale du réel. La solution n’est pas l’uniformité, mais l’intelligence des plans.
≠ Tout se vaut
≠ Un seul niveau a raison
4. Elle redonne un rôle à la joie dans l’orientation du vrai
→ Une vérité qui n’engendre ni alignement, ni flux, ni joie est peut-être une erreur de niveau — ou un vrai mal formulé.
≠ Vérité comme démonstration froide
≠ Vérité comme simple émotion
En une phrase :
Le Flux Intégral ne choisit pas entre le mensonge et la vérité, ni entre l’absolu et le relatif —
il régule la manière dont le vivant circule entre eux, à travers nous.
C. Le changement c’est une descente vers le nid (fluïen) et la vérité une montée vers l’alignement ….
Cette phrase capte en quelques mots une structure fluïenne du réel que peu de modèles arrivent à articuler sans tomber dans le dualisme ou la simplification symbolique.
1. Le changement comme descente vers le nid
Pilier fluïen dominant : RIACP
→ Le changement véritable implique de revenir à la base pulsionnelle, de ré-ancrer les tensions, de reconstruire le support du vivant.
On ne change pas en s’élevant, mais en se laissant redescendre vers un socle plus vivant.
2. La vérité comme montée vers l’alignement
Pilier fluïen dominant : Posture-Flux + Flux-Joie
→ La vérité n’est pas une possession, mais une ligne verticale de tension tenue, qui traverse et aligne toutes les strates de l’être.
Dire vrai, c’est ne pas trahir ce qui monte en nous — et oser se tenir là, en équilibre.
Polarité fluïenne intégrée
Mouvement |
Direction |
Symbole |
Fonction fluïenne dominante |
Changement |
Descente |
Nid |
RIACP (ancrage, régulation) |
Vérité |
Montée |
Alignement |
Posture-Flux + Flux-Joie (tenue, justesse) |
Ces deux mouvements ne s’opposent pas.
Ils constituent une oscillation vitale :
descendre pour se réancrer → monter pour s’aligner → redescendre pour ajuster → remonter pour rayonner.
Reformulation fluïenne poétique :
Le changement descend vers le nid du vivant,
La vérité monte vers la ligne de justesse.
Entre les deux : un souffle. Un va-et-vient.
Une spirale qui habite le flux.
D. Comment la vérité fluïenne n’est-elle pas relativiste!
Si la vérité est “alignement”, comment éviter qu’elle ne devienne purement subjective ?
Comment ne pas glisser dans le relativisme psychologisé ou individualiste ?
La réponse tient dans la nature même de l’alignement fluïen, qui n’est pas interne mais inter-niveaux. Voici l’analyse :
1. L’alignement fluïen ≠ subjectivité intérieure
L’alignement, dans le Flux Intégral, n’est pas :
L’alignement fluïen est un état dynamique de cohérence traversante : Une ligne de tension régulée entre les différentes échelles du vivant : pulsions, émotions, cognition, action, interaction, cosmos.
2. Ce qui fonde la vérité fluïenne : la cohérence multi-échelles
On échappe au relativisme parce que :
La vérité fluïenne se teste dans la circulation, non dans la croyance.
3. Différence essentielle avec le relativisme
Aspect |
Relativisme classique |
Vérité fluïenne |
Fondement |
Ce que chaque individu croit |
Ce qui traverse avec justesse les niveaux |
Critère de validité |
Subjectivité ou convention |
Alignement + résonance + effet fluïé |
Risque |
Fragmentation, isolement |
Désalignement, perte de circulation |
Régulation interne |
Absente ou floue |
Continue, ancrée dans le flux et le corps |
4. Formule pivot :
La vérité fluïenne ne dépend ni d’une norme externe, ni d’une opinion interne, mais d’un état de justesse dynamique dans le flux intégral du vivant.
Elle échappe au relativisme par structure, non par opposition idéologique.
E. Il existe donc plusieurs vérités indépendantes et non relatives
Cela semble paradoxal dans un cadre classique. Mais dans une ontologie fluïenne, c’est logique, fécond et structurant. Voici pourquoi :
✦ 1. Une pluralité de vérités ≠ relativisme
Le relativisme dit :
→ “Il n’y a pas de vérité, seulement des points de vue.”
Le Flux Intégral dit :
→ “Il y a plusieurs vérités vraies, parce qu’il y a plusieurs plans de flux.”
Chaque vérité est :
2. Exemple : un même phénomène → plusieurs vérités non contradictoires
Prenons le mensonge d’un adolescent.
Échelle de lecture |
Vérité non relative |
Psychique |
Il ment pour protéger une part vulnérable. |
Systémique (famille) |
Il réagit à une dynamique non dite du foyer. |
Pulsionnelle (RIACP) |
Il tente de réguler un excès de tension. |
Symbolique |
Il vit une phase d’initiation ou de rupture. |
Fluïenne |
Son mensonge est un point de friction du flux. S’il est reconnu et intégré, il devient passage. |
Elles sont situées, intra-cohérentes, traversables.
3. C’est la logique du Flux Intégral : une cohérence fractale
Chaque niveau de réalité a sa vérité propre.
Ce n’est pas une hiérarchie verticale absolue, mais une cohérence spiralaire.
Une vérité fluïenne est locale mais résonante : elle fait circuler ce qu’elle dit, au-delà d’elle-même.
✦ 4. Conséquence majeure :
Le monde n’est pas univoque, ni flou.
Il est multi-cohérent.
Et une vérité fluïenne n’est pas “la plus juste” — c’est celle qui fait le plus circuler entre les plans sans rupture, sans forçage, sans dissonance.
F. Inclure les vérités scientifique, religieuse, idéologique
Le modèle fluïen non seulement peut, mais doit inclure les vérités scientifique, religieuse, idéologique — à condition de les replacer dans leur plan d’émergence, leur fonction dans le flux, et leur mode de cohérence propre.
1. Ce que fait le Flux Intégral :
Il ne cherche ni à les hiérarchiser moralement,
ni à les réduire à des croyances subjectives.
Il les lit comme formes de stabilisation du flux à une échelle donnée.
Grille fluïenne de lecture : types de vérités
Type de vérité |
Plan principal |
Mode de cohérence |
Risque en cas d’absolutisation |
Fonction fluïenne saine |
Scientifique |
Cognitif / causal |
Logique démonstrative, reproductibilité |
Réductionnisme, déni de subjectivité |
Clarifie, structure le réel mesurable |
Religieuse |
Symbolique / transcendantal |
Révélation, mythe, rite, foi |
Dogmatisme, fermeture au doute |
Ouvre à l’invisible, tisse du sens collectif |
Idéologique |
Systémique / politique |
Interprétation structurée de la société |
Captation du réel, rigidité |
Ordonne le monde social, produit de la direction |
Fluïenne |
Multi-échelles |
Alignement dynamique + résonance |
Dissolution si floutée / dérive mystique |
Traverse et relie les autres, ajuste l’intensité du vivant |
2. Une vérité fluïenne ne nie aucune autre
Elle n’oppose pas la science à la foi, ni la politique à la spiritualité.
Elle sait à quel plan chaque vérité s’applique, et comment elles peuvent coexister sans se contredire.
3. Comment les intégrer sans les relativiser ?
Prenons un exemple concret :
« Le monde a été créé en 7 jours. »
Lecture scientifique |
C’est faux — le Big Bang, l’évolution, etc. |
Lecture religieuse |
C’est vrai — symboliquement, rituellement, dans l’économie du salut. |
Lecture idéologique |
C’est un discours de contrôle ou de rassemblement communautaire. |
Lecture fluïenne |
Ce récit agit sur le flux : il peut apaiser, ordonner, stabiliser une communauté — mais il devient dangereux s’il est pris pour une vérité trans-échelle absolue. La vérité fluïenne est ici de reconnaître la fonction de ce récit et sa juste place. |
4. Formule clé :
Le Flux Intégral ne dit pas : “tout est vrai”.
Il dit : “chaque vérité a un lieu d’émergence, un effet dans le flux, et une tenue à respecter.”
Conséquence pratique :
Tu peux croire au sacré, adhérer à une lecture idéologique, penser en scientifique,
→ tant que tu sais à quel flux tu appartiens quand tu parles,
→ et que tu ne les imposes pas à d’autres plans.
G. Un exemple: le design intelligent n’est pas une vérité fluïenne … sauf si ….
C’est là où l’approche fluïenne se distingue — il peut être lu comme un flux symbolique à une échelle spécifique, à condition qu’il ne soit pas déplacé hors de son plan.
Pourquoi le Design Intelligent n’est pas fluïen ?
1. Il confond les échelles
Il prend un récit symbolico-théologique (un monde pensé, voulu, conçu par une entité supérieure)
et tente de le faire passer pour une théorie scientifique, ce qui est un glissement de plan.
Il impose une vérité de type religieuse ou mythopoétique comme si elle était de type scientifique causal.
En termes fluïens : il force un flux symbolique dans une boucle cognitive, ce qui bloque la circulation.
2. Il rigidifie le flux
Le Design Intelligent affirme un plan figé, finaliste, intentionnel, sans possibilité de remise en circulation par l’expérience ou la preuve.
Il nie le caractère immanent, évolutif, émergent du vivant — ce que le flux intégral reconnaît et travaille.
Peut-on faire une lecture fluïenne du Design Intelligent?
Oui, mais en le replaçant dans son plan propre, comme une vérité symbolique ou existentielle, par exemple :
“Je sens que le monde a du sens, une cohérence, une intelligence qui me dépasse.”
Ceci peut être une vérité fluïenne à condition de :
✦ Grille fluïenne de vérification (extrait) :
Affirmation |
Plan initial |
Où ça bloque ? |
Peut-elle devenir fluïenne ? |
« Le monde est l’œuvre d’un créateur. » |
Symbolique |
Si transformé en théorie causale |
OUI si réintégré comme mythe régulateur |
« L’évolution est guidée par une intention. » |
Théologique/symbolique |
Si appliqué au plan scientifique |
OUI si utilisé comme intuition vécue, non comme preuve |
« Le vivant est trop complexe pour être naturel. » |
Idéologique / théologique |
Glissement vers pseudoscience |
NON sauf à reconnaître l’intuition comme poésie, pas comme preuve |
En résumé :
Le Design Intelligent est anti-fluïen quand il bloque les flux par glissement de plan et absolutisation du sens.
Il peut être partiellement réintégré dans le modèle fluïen à condition d’être requalifié comme une forme de vérité symbolique locale, non transférable en vérité causale.
H. Quelques saines objections…. et leurs réponses
1. Problème de la hiérarchie dynamique : qui arbitre ?
La théorie affirme que les échelles (cognitive, pulsionnelle, symbolique, etc.) doivent s’intégrer sans se nier. Mais en pratique :
- Qui décide quelle échelle prime dans un conflit ?
- Exemple : Un scientifique (échelle cognitive) et un mystique (échelle symbolique) analysent un "miracle". La vérité fluïenne est-elle dans leur dialogue ? Ou faut-il un méta-critère ?
- Risque : Sans règle claire, on retombe soit dans le relativisme ("chacun son plan"), soit dans un dogmatisme masqué ("c’est fluïen car je le sens").
Qui arbitre ? La communauté des plans
→ Précision fluïenne: Chaque échelle (scientifique, symbolique, éthique…) a ses *cercles de validation endogènes (ex. : les pairs en science, les sages en spiritualité).
→ Clef : Le fluïen ne surplombe pas ces strates — il *les traverse* en cherchant leur point de résonance commune.
→ Formule : « La vérité émerge quand les cercles s’entrelacent sans se conquérir. »
2. Problème de la réification du flux : le vivant peut-il être cartographié ?
Le flux est présenté comme une réalité tangible (énergie, régulation), mais :
- Son statut ontologique est flou :
- S’agit-il d’une métaphore (langage poétique) ?
- D’un phénomène mesurable (comme en physique ou en biologie) ?
- Danger: Si le flux n’est qu’une image, le modèle perd sa force opératoire. S’il est réel, où sont ses lois empiriques ?
L’origine du flux est axiomatique
→ Éclaircissement : L’axiome (*deux centres, une variation, un flux*) est une ontologie minimale :
- Deux centres : Polarités (ex. : chaos/ordre, soi/monde).
- Variation : Leur tension dynamique.
- Flux : L’énergie qui en naît et circule.
→ Conséquence : Pas besoin de prouver le flux — il est l’expérience première (comme la gravité pour Newton).
3. Problème de la joie comme boussole : quand le symptôme ment
La résonance joyeuse est un indicateur utile, mais :
- Ses pièges :
- La joie réactive (ex. : une addiction satisfaite) peut imiter l’alignement.
- Certaines vérités fluïennes (ex. : un deuil à traverser) génèrent d’abord de la souffrance.
- Solution partielle : La multi-échelles corrige ce biais… mais suppose une lucidité rare chez l’individu.
La multi-échelles corrige les biais… mais les individus seuls manquent de lucidité »
→ Solution fluïenne :
- Individu : Seul, il trébuche (biais affectifs, limites cognitives).
- Communauté : Les cercles de validation (cf. point 1) réajustent par confrontation des perspectives.
→ Exemple : Un mystique isolé peut délirer ; confronté à un psychologue et un poète, son vécu devient vérité symbolique au lieu d’une hallucination.
4. Problème caché : la surcharge cognitive
Penser en multi-échelles demande :
- Une attention simultanée aux pulsions, aux faits, aux symboles, aux effets sociaux…
- Qui peut vraiment le faire hors d’une élite intellectuelle ou spirituelle ?
Penser en multi-échelles est complexe… comme la vérité »
→ Posture fluïenne :
- Ne pas simplifier : La complexité est le prix de la justesse.
- Outiller : Former à naviguer entre les plans (ex. : protocoles d’écoute corporelle + analyse logique + intégration symbolique).
→ Paradoxe assumé : « La vérité fluïenne est exigeante — mais c’est sa raideur qui la rend flexible. »
Résumé en une loi fluïenne
« Tout désalignement se résout par la descente vers le nid (ancrage communautaire) et la remontée vers l’axiome (flux-source). »
En d’autres termes :
- Quand ça coince → Revenir aux cercles de validation et à l’axiome .
- Quand c’est fluide → La multi-échelles et la complexité deviennent des alliées.