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Débats - Page 33

  • Pourquoi si peu de blogs de maths ?

    C'est la question que pose Gaspard... un blog de maths que je viens de découvrir.

    Je vais tenter quelques réponses jetées en vrac ici:

    Ça prend beaucoup de temps
    . Lire les notes des autres blogs, alimenter le sien par des notes plus ou moins longues, c'est autant de temps utilisé à ces tâches qui peuvent parfois occuper plusieurs heures par jour. Je m'entends d'ailleurs dire à la maison non plus que je suis sur l'ordinateur mais que je suis sur mon blog ! Pendant ce temps là le repas, les courses et le jardinage attendent... patiemment !

     

    Il faut s'y mettre... à l'informatique, au web 2.0, il faut essayer, passer du temps à comprendre cet univers : del.icio.us, les blogs, les réseaux sociaux, le langage html, les flux rss. Il n'y a pas de manuel, tout se fait sur le tas, au fur et à mesure. Comprendre comment ça marche n'est pas si simple, il faut regarder les autres pendant des heures, s'essayer, abandonner, tester, reprendre. Il faut donc s'engager dans une démarche de longue haleine qui peut décourager.


    Il n'y a aucune reconnaissance institutionnelle, ce qui n'engage personne à sortir des sentiers battus. Aucun enseignant ( car se sont quasiment les seuls à pouvoir faire un blog exclusivement sur ce sujet ), alors que les discours officiels demandent de changer l'image des maths, n'est valorisé ni reconnu à réaliser un tel travail ramené au statut d'épiphénomène, au bricolage qui n'engage que la personne qui en est le créateur dans la manière d'occuper ses loisirs... L'enseignant du second degré ou l'universitaire qui se lancerait dans l'aventure serait plutôt vu comme un amusant marginal tant que ses propos sont inoffensifs et comme un dangereux polémiste si ce n'est pas le cas, pouvant être soumis à remontrance, et même être sanctionné!

     

    A quoi ça sert un blog ? Telle est la question à laquelle on est forcément confronté lors de la lecture ou de la création d'un tel objet numérique. Le blog permet de traiter le flux informatif, or les mathématiques, dans la façon dont on les enseigne depuis des années répondent plus au statut de stock qu'il faut ingurgiter, qu'à l'idée de flux sur lequel on peut parler, avoir un avis, émettre des idées. L'idée d'actualité, forcément associée à l'idée de blog et de flux, émerge en ce qui concerne les mathématiques en France. Il est possible de faire un blog plutôt site, détaché du flux des nouvelles fraîches mais dans ce cas il devra apporter une vison nouvelle, une présentation originale, des éléments nouveaux, sans quoi il verra son lectorat se détacher de lui.

    Quel intérêt pour les élèves? La question estc entral lorsqu'un enseignant se lance dans l'aventure, à moins qu'il ne choisisse une autre orientation plus personnelle auquel cas on ne peut pas tellement parler de blog de maths. Le débat est ouvert et la réponse ne me semble pas si évidente.

    L'idée d'actualisation des connaissances n'est pas naturelle en mathématiques et si elle me parait évident par une formation plutôt orientée vers les sciences de l'ingénieur et la veille technologique, je ne suis pas persuadé qu'elle le soit pour un étudiant qui sort de l'université pour rentrer à l'école, aussi diplomé soit-il ! Il n'est donc pas étonnant que la plupart des matheux regardent un blog avec un étonnement non dissimulé, une incompréhension à peine voilée, en se demandant à quoi ça peut servir !

    Faire un blog sur les maths s'est aussi avoir une certaine croyance que l'on peut changer les choses, que l'on peut changer l'image d'un domaine, que l'on peut-être utile, que le temps que l'on passe, s'il s'agit d'un enrichissement personnel est aussi utile pour les autres auquel cas, nombre de notes ne seraient pas écrites.

    La création d'une identité numérique n'est pas encore implantée. Or je suis persuadé que d'ici quelques années elle sera au centre de toutes les considérations, qu'elle fera partie intégrante du CV. A savoir si le monde de l'enseignement restera aveugle à ce changement qui s'amorce à l'extérieur.

    Faire un blog c'est avoir un lectorat et cette idée n'est pas si naturelle que cela, c'est d'ailleurs ce point qui m'a le plus troublé. Quoi dire? Comment le dire ? Faire des maths et parler autour des maths ne demandent pas les mêmes compétences. La première n'implique pas la seconde qui est pourtant à la base de la création d'un blog de maths.

    Il faut se lancer dans l'inconnu, prendre des risques, être soumis à la critique, admettre que l'on est faillible, que l'on peut se tromper, que l'on peut être en difficulté à trouver un chemin, que l'on doit changer de trajectoire, que l'on doit essayer sans savoir, etc,... autant de compétences qui sont plutôt vues comme des défauts en maths !

    Il ne faut pas avoir peur du jugement, de ses pairs, de personnes qui ont plus de connaissances que soi. Il faut accepter l'idée que des personnes plus érudites, plus cultivées, plus intelligentes, vont lire ces modestes lignes. Il faut aussi accepter l'idée qu'un lecteur n'est absolument pas obligé de revenir. Impossible de contraindre une personne à revenir. Seul le talent de l'auteur, la pertinence de ses articles fidélisent le lectorat, sachant que les lecteurs potentiels n'ont souvent guère de temps à consacrer à cette activité.

    Les universitaires n'ont jamais été très amis avec la vulgarisation, pour la transmission exotérique des connaissances. L'idée est plutôt: on sait, on crée des diplômes, on donne les diplômes à ceux qui savent. Une sorte de transmission en vase clos qui atteint maintenant ses limites par le manque de personnes disposées à rentrer dans ce système ( du moins en sciences ). Le blog n'a pas encore de place dans ce monde universitaire pour qui le seul intérêt d'Internet est la facilité d'accès à des contenus et non un moyen de modifier leur présentation, pratique supposée inutile et même nuisible à leur utilisation. Si c'est vrai pour le professionnel, il n'en est pas de même pour le grand public qui sera demain le client de ces mêmes institutions... C'est à l'université que sont formés les enseignants, celle-ci élisant ceux qu'elle juge les meilleurs dans ce travail en leur attribuant l'agrégation où seul le contenu est important. Quel serait donc l'intérêt de transmettre autre chose que des contenus ? Rien au regard de la performation diplômante du système universitaire qui produit les membres de l'institution et leurs élites. Si le discours autour de l'interdisciplinarité et de divers procédés pédagogiques enrobant la connaissance est ( a été ?) dispensé , rien n'a été modifié dans les modes de sélection des enseignants. Ces discours se trouvent confrontés à l'immobilisme du système qui les contredit et annulent de facto! Le blog, avatar de la vulgarisation et du discours vain autour d'un sujet bien trop sérieux pour être abordé par l'opinion commune, se trouve donc balayé d'un revers de main et chassé des choses sérieuses et utiles du monde des connaissances dont les universités sont les gardiennes. Et pourtant, si je prends l'exemple de ce blog, je ne compte pas les documents pdf que j'ai extraits des sites universitaires pour les exposer ici. Y aurait-il un décalage entre l'image véhiculée et la réalité souhaitée qui ne peut être dite, être mise dans le discours dirigé vers l'extérieur? L'analyse fine et les moyens à mettre en oeuvre pour modifier les choses ne sont pas à ma portée ...

    Un blog pour parler de quoi? De soi? Bof. Des autres? Bof. Du monde? Mouais. Des maths? D'autres l'ont tellement bien fait et le font si bien au travers de brillants livres? Qui suis-je pour me permettre de parler? Ai-je les compétences? Il faut trouver quoi dire, de quoi parler et ce n'est pas une mince affaire, encore une question de temps.

    Alors un blog pour quoi faire?
    Pour reprendre une image qui m'a marqué, je dirai pour apprendre à nager! Surfer à la surface de choses ou plonger dans les profondeurs des connaissances. L'un n'exclue pas l'autre et le blog me semble être le point de convergence des deux. Pour surfer sur la toile et nager dans l'océan des connaissances, il faut un surf et le surf numérique s'appelle le blog, sans lui on reste spectateur. Aller vite, à la surface et plonger en profondeur, voilà l'exercice quotidien que nous demande cet objet nouveau qu'est le blog. Ici, rien de statique, on ne sais jamais de quoi demain sera fait, il y a quelques instants je ne savais même pas que j'allais écrire cette note et il y a deux heurs je ne savais pas non plus que j'allais écouter un cours du Collège de France sur les fondements cognitifs de l'arithmétique élémentaire. Alors je confirme, ce blog m'apprend à nager car sans lui je n'aurai pas mené ces deux actions dans un temps aussi restreint ( et avec des paquets de copies qui attendent encore désespérément d'être corrigées ! ).  Je dirai que le blog apporte non seulement un renouveau des connaissances en les mettant en mouvement mais aussi un vent de libertés dont il serait dommage de se priver.

    Compte tenu de ces quelques points jetés en vrac, peut-on s'étonner du faible nombre de blogs de maths ?
    J'ai du oublier mille points mais je sais que vous êtes là pour rattraper mes déficiences !

    Je vais vous avouer un secret : moi je fais un blog pour être cité dans les futures études sociologiques qui seront publiées dans 50 ans lorsqu'un étudiant aura choisi comme objet de thèse " Les blogs de maths francophones " et que son travail sera d'éplucher toutes les notes de ce blog. Alors je lui fais un petit coucou ici !!!


  • A quoi servent les mathématiques ?

    Podcast de l'émission " La tête au carré " diffusée aujourd'hui sur France Inter avec Benoit Rittaud et Denis Guedj.

    Cliquez droit sur la fenêtre RealPlayer puis sélectionner lire dans RealPlayer.


    http://www.tv-radio.com/ondemand/france_inter/TETE/TETE20080414.ram

  • Le scandale des médias autour de l'information chiffrée : l'exemple de la notation du baccalauréat

    En ce moment l'école est en ligne de mire des médias , le sujet intéresse et la façon de présenter les informations n'est pas anodine. Les médias traditionnels n'en sont pas à leurs coup d'essai. A tel point que l'on se sent presque dans l'obligation de redresser toutes les données chiffrées et de ne pas publier les informations scientifiques aux titres faussement accrocheurs.

    Lors des élections présidentielles j'avais fait une note concernant les réserves obligatoires à prendre lorsque des résultats de sondages sont proches pour des candidats. C'est ICI. 

    Il existe beaucoup d'autres cas où l'information n'est pas présentée telle qu'elle devrait l'être comme par exemple, celles traitant du prix du pétrole ou de l'augmentation des traitements des fonctionnaires.

    J'ai trouvé aussi un article surprenant au titre ambigu " La finance est anormale " faisant la confusion entre la normalité mathématique et l'anormalité prise dans son sens courant, différence que seuls des spécialistes peuvent relever. Cela n'aurait pas été bien grave si ça n'avait été qu'un jeu de mot dans le texte mais c'est bien du titre dont il s'agit.

    Nous ne sommes pas sans remarquer, que si le titre des Unes était important dans la presse traditionnelle écrite, cette surimportance du titre, associée au buzz du 2.0 avec Internet, affecte non plus seulement les informations principales mais bien toutes les informations. Produire un titre raccoleur devient presque un exercice "d'école" et un passage obligé sur le Net. Je ne déroge pas à la règle avec le choix du titre de cette note !

    Il faut donc faire du "sensationnel" dès le titre de l'information et c'est bien ce que font 6 quotidiens nationaux ( et pas des moindres ! ) qui relaient le même jour  une pseudo-information sous des titres accrocheurs tournant autour de  celui d'un document de travail dont le titre ne l'est pas moins: " La loterie des notes du bac - un réexamen de l'arbitraire de la notation des élèves ".

    Avant de rentrer dans le vif du sujet on peut se poser à juste titre quelques questions:

    Comment ces quotidiens ont-ils appris l'existence de ce document qui n'est pas un rapport mais un document de travail ?
    Un document de 18 pages est-il censé être une étude qui épuise le sujet pour qu'il fasse ainsi l'accroche d'autant de quotidiens ?
    L'université dont le document est issu cautionne-t-elle ce document et ses conclusions pour le moins partisanes et le titre  orienté de ce document?
    Cette étude se veut-elle scientifique et objective ?
    Etc...

    ( Une sévère mise au point est d'ailleurs présente ICI ,  je l'ai trouvée après la rédaction de cette note au titre clair " Une imposture intellectuelle " !, on trouvera un article sur ce sujet ICI aussi ).

    Je ne commencerai pas l'explication de texte par l'analyse du titre du document et des ambiguités qui en découlent mais la laisse au soin du lecteur en guise de conclusion .

    Dans ces titres accrocheurs est maintenue la confusion entre hasard et injustice pour servir une conclusion finale qui serait, je caricature un peu mais pas trop, de supprimer les notes, le baccalauréat et de n'évaluer que par des QCM qui introduiraient moins de biais de notation.

    Le fait qu'un examinateur ne soit pas toujours cohérent avec lui-même ni avec ses pairs est connu depuis bien longtemps dans le domaine de la docimologie ( 1932 ) et il me semble que si il y avait une information nouvelle à donner au public, il s'agirait plutôt d'expliquer les systèmes naturels et ceux mis en oeuvre pour palier ce constat plutôt que de vouloir jeter la pierre sur cette épreuve, du moins avec ce type d'arguments. La page "docimologie" de Jacques Nimier est disponible depuis bien longtemps sur le Net. Moins polémique elle est en outre très explicative sur la relativité à apporter à la notation et  à son interprétation.

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  • Quel avenir pour les études scientifiques au lycée et dans l'enseignement supérieur ?

    Face aux interrogations des nombreux partenaires concernés (industriels, décideurs, parents, journalistes et tous ceux que l’enseignement scientifique intéresse…), ce colloque cherchera à énoncer des faits objectifs en vue d’aborder les questions suivantes :
    Quel est le besoin réel de scientifiques en France ? Pourquoi y a-t-il une baisse de l’orientation vers les filières scientifiques universitaires ? Quelle formation doit être dispensée au lycée pour permettre une orientation efficace ? Quelle est la situation dans d’autres pays européens « comparables » ?  Quelle est la place de l’enseignement expérimental ? De quel-le-s scientifiques ont besoin les industriels, avec quelles formations ? Comment préparer les enseignants, chercheurs et cadres scientifiques de demain?

      

    Colloque à l'initiative d'ActionSciences sous le Haut-Patronage de Madame Valérie Pécresse, Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche
    et de Monsieur Xavier Darcos, Ministre de l'éducation nationale

    le 5 avril 2008 à l'ENS



    C'est ICI

     

    Quelques thèmes abordés

    Faut-il supprimer la voie scientifique des lycées ?

    Les lycéens scientifiques et leur choix d'études

    Bacheliers S et STI, choix d'orientation dans le supérieur

  • La CNIL s'est prononcée au sujet de Note2be

    Le communiqué de la CNIL :

    Le site note2be.com est illégitime au regard de la loi informatique et libertés

    Le juge des référés du TGI de Paris ayant suspendu l’utilisation de données nominatives sur le site note2be.com, il n’apparaît plus utile en l’état à la CNIL de faire usage de son pouvoir de sanction. Cependant, elle considère le site note2be.com illégitime au regard de la protection des données personnelles.

    Les contrôles effectués par la CNIL les 13 et 18 février 2008 ont permis de constater que le système de notation des enseignants de la société note2be.com poursuit une activité commerciale reposant sur l’audience d’un site internet qui ne lui confère pas la légitimité nécessaire, au sens de la loi, pour procéder ou faire procéder à une notation individuelle des enseignants susceptible de créer une confusion, dans l’esprit du public, avec un régime de notation officiel. La CNIL a également relevé que cette note était attribuée de façon subjective par des tiers dont on ne peut vérifier la qualité.

    Conformément à ce que prévoit l’article 7 de la loi informatique et libertés, les enseignants doivent en effet être en mesure d’exprimer leur consentement. Dès lors, la société note2be.com ne saurait se prévaloir d’un « intérêt légitime » pour justifier l’absence de recueil du consentement des enseignants dont les données seraient diffusées sur son site internet.

    Ceci étant, tenant compte de la publication de l’ordonnance du juge des référés du 3 mars 2008, la formation contentieuse de la CNIL, lors de sa séance du 6 mars 2008, n’a pas jugé utile de faire usage de son pouvoir de sanction. Toutefois, compte tenu du fait que la mise en ligne sur internet de la notation d’enseignants et de leur établissement d’activité était susceptible de porter atteinte à leur vie privée en diffusant une affectation qu’ils ont pu souhaiter conserver confidentielle pour protéger leur vie privée, leur famille ou leur intégrité physique, la CNIL se réserve la possibilité d’user de son pouvoir de sanction en cas de nouveau manquement constaté.