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Débats - Page 24

  • Tout le monde a raison

    Texte que j'ai publié sur le site de l'APMEP au sujet du projet de réforme de l'enseignement des mathématiques

     

    Un débat s'est ouvert en ce qui concerne la réforme des programmes de mathématiques du lycée en France. On arrive, en forçant à peine le trait, à deux schémas de pensée principaux : il faut que ça change car le lycée est injuste et ne satisfait pas aux besoins primaires en matière d'ouverture et d'orientation et d'autre part, il faut revenir à un système plus lisible où l'on définit clairement les exigences et l'on marque le lycée de connaissances jalonnées et précises de façon à faire émerger les compétences du futur étudiant. C'est particulièrement vrai en mathématiques, matière cumulative depuis le primaire, où l'on ne cesse de voir s'agiter (et d'agiter) le spectre de la dictature des maths dans les médias ou le mythe de la formation du futur scientifique que l'on prépare dans le chaudron de nos cours répétés.

    De plus, en apportant son lot d'informations et de biais, les études PISA permettent une comparaison internationale des systèmes éducatifs, montrant entre autre, que la France peine avec ses lycéens qui sont le plus en difficulté.

    On retrouve cette ligne de fracture et les éléments de cette brève analyse dans les premiers commentaires que j'ai lus ici. Ces différentes positions peuvent parfois être traduites en opinions politiques, en dénonçant en passant leur usage par des « adversaires ».

    On pourra remarquer que les progressistes auront un point de vue externaliste en argumentant sur le fait qu'il est plutôt nécessaire former le futur citoyen à la culture scientifique et que le lycée n'est pas une gare de triage par les mathématiques. Les conservateurs auront, quant à eux, un point de vue plus internaliste, en avançant le fait que l'on ne peut pas faire de mathématiques sans technique, sans "matière" et que c'est un leurre et de la démagogie, de vouloir faire croire à l'ensemble de la population lycéenne et plus généralement à toute la population, que ce pourrait être le cas.

    Vu sous cet angle, on peut dire que tout le monde à raison.

    Mais quatre facteurs principaux doivent être pris en compte avant de parler du contenu propre des programmes :

    1) La modification profonde des structures familiales influant directement sur la quantité de travail personnel et la concentration dans et en dehors des murs du lycée.

    2) La massification engagée depuis plus de 20 ans qui atteint maintenant « sa vitesse de croisière ».

    3) L'accès au lycée clairement démocratique en France.

    4) Une structure post-bac très spécifique en France mélant hyper-sélection précoce et sélection étagée, dans des domaines réservés ou non ( prendre l'exemple des sciences avec l'université et les prépas, le droit avec les seules universités, médecine, les BTS et IUT).

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  • Le décalage...

    L'annonce d'une réforme de l'enseignement des mathématiques devrait susciter une cascade de commentaires sur Internet à la hauteur de ce qu'il est habituel d'entendre soit en salle des profs, soit au travers des manifestations concernant le monde enseignant.

    Force est de constater que, si il y a bien annonce de réforme et si l'APMEP a demandé que toute modification concernant les programmes soit débattue avant d'être appliquée, 2 ans à l'avance, les débats ne font pas rage ni sur la blogosphère , ni sur les forums de discussion.

    4 blogs de maths ont annoncé la réforme avec sur chacun d'entre eux une  note plus ou moins approndie et un fil de commentaires (6 pour l'instant sur le site de l'APMEP).

    Si je compte bien cela fait pour toute la France, une dizaine de commentaires sur ce sujet au lendemain de l'annonce.

    On peut d'ailleurs lire au dessous d'une note le constat suivant :

    Ce qui est étonnant c'est le peu de commentaires ici bas.

    Il serait faux de croire que je veux ici faire la critique du monde enseignant, ou parler de la réforme à venir.

    Je veux juste rapporter le constat suivant :

    Je fais passer les Actualités Mathématiques sur Facebook en publiant leur flux RSS sur mon mur. L'un des  liens concernait le nouveau programme de seconde. Quelques heures après la publication, un élève de terminale trouve le lien, lit le fichier correspondant et fait  une remarque:

    réaction.jpg

    Nous pouvons aussi citer la réaction d'un ancien élève suite à la publication d'un lien vers la note "Conjecturons mais pas trop vite":

    réaction 2.jpg

    On retrouve d'ailleurs quelques heures plus tard cette note en lien sur le mur de Stéphane :

    réaction 3.jpg


    Ce qui me surprend, c'est d'une part la différence quantitative de réactions à l'annonce d'une info: une poignée de commentaires sur l'ensemble des profs de maths au sujet de la réforme rapportés à une réaction parmi mes quelques élèves sur le même sujet et d'autre part la vitesse de réaction à une info.

    On peut parler des heures au sujet de Facebook, sur la validité, la pertinence et la profondeur des informations présentes sur le Net, cependant les deux exemples que je viens d'aborder ne concernent pas le temps qu'il va faire demain mais bien la réforme à venir de l'enseignement des mathématiques en France et les conjectures fausses énoncées par des mathématiciens, deux sujets dont on ne peut pas dire qu'ils soient "Grand public". Cela devrait nous faire réfléchir, non pas sur notre incapacité à réagir mais sur l'incapacité d'un système tel que l'Education Nationale à absorber cette révolution qui est en train de s'opérer sous nos yeux.

    Le décalage est énorme entre un monde qui peine à s'exprimer sur le Net et à réagir de façon naturelle et spontanée, et un autre qui est capable de s'emparer immédiatement d'un sujet et d'y manifester un intérêt dans l'instant, même lorsque les thèmes ne sont pas légers. Comment ce fossé pourra-t-il se combler ?
  • Le nouveau programme de mathématiques de 2009 en seconde

    Il semble que ce soit officiel (académie de de Montpellier), un nouveau programme de mathématiques rentrerait en vigueur à la rentrée 2009.

    Des changements profonds se profilent :

    Disparition de la géométrie "pure", elle sera vue principalement de façon analytique.

    Apparition des probabilités.

    Apparition de l'algorithmique.

    Apparition de 3 thèmes ( cryptologie, graphes, évolution ) dont l'un est à traiter obligatoirement.

    Quelques questions :

    Alors est-ce une avancée ou un recul ?

    Est-ce réaliste ou irréaliste ?

    Y a t-il eu suffisamment de concertation ou pas?

    Ce que j'en pense :

    S'il est appliqué, ce programme est une petite ou grosse révolution ( tout dépend si l'on est organisateur ou de la police !)  avec l'apparition de l'algorithmique et la disparition de la géométrie "à l'ancienne". A titre personnel je suis plutôt favorable à une évolution de ce type, ce qui ne veut pas dire qu'à l'échelle de l'ensemble des secondes, l'application d'un tel programme soit simple ( formation des enseignants, documents de travail, édition de manuels...).

    J'ai principalement une réflexion à émettre sur la partie algorithmique.  J'aurai pour ma part, arrété les exigences en seconde à la rédaction d'un algorithme et non pas demandé d'écrire un programme, ce qui me semble diffcile au niveau de cette classe ( mais je me trompe peut-être).

    Mais comme je le rappelle, je suis un ingénieur mécanicien qui a vu de la lumière dans un lycée et y est resté depuis pour enseigner les mathématiques, je ne suis donc pas certain que mon avis personnel soit représentatif de l'ensemble de ma profession au cursus purement mathématique!

     

    Sur ce sujet : http://www.apmep.asso.fr/spip.php?article2803

    http://epreuvepratiquemath.blogspot.com/2009/03/nouveaux-programmes-de-seconde-cest.html

    http://abcmaths.free.fr/blog/2009/03/epreuve-pratique-de-mathematiques-au.html

    http://abcmaths.free.fr/blog/2009/03/nouveaux-programme-de-secondeles.html

     

  • Une contre-proposition à "faismesdevoirs.com"

    Je suis enseignant et je me mets auto-entrepreneur ( c'est possible depuis la loi de modernisation de l’économie n° 2008-776 du 4 août 2008 ). Je donne plein de devoirs maison à mes élèves et je propose moi-même la correction à un prix très compétitif, enfin en dessous de ce qui est proposé par le marché. Supposons que le marché soit à 5€ la correction par exercice. Je donne un devoir maison à 4 exercices dont la correction devrait coûter 20 € sur le marché. Je casse les prix et fournis la correction à 10 € par élève. Dans une classe de 30 élèves, on peut supposer qu'une quinzaine est intéressée et il est bien évident que je reconnaitrais d'un seul coup d'oeil une copie copiée d'une copie originale! Ceci peut me procurer un revenu complémentaire  de 150 € environ par devoir maison!

    Nous vivons une époque formidable, n'est-ce pas?

    N'ayez crainte, c'est promis, je ne ferai jamais ça!

    Plus sérieusement, on pourra lire au sujet de l'utilité des devoirs maison, l'article de Pierre Frackowiak sur le Café Pédagogique.

    Ajout du 06/03/09

    Non-ouverture du site Faismesdevoirs.com

    Question : Y-a-t-il un lien de causalité entre ma contre-proposition et la non-ouverture du site ? :)

     

    Ajout du 08/03/09

    Ouverture annoncée du site JeFaismesdevoirs.com gratuit celui-ci.

    Question : Y-a-t'il un lien entre la non-ouverture du premier et l'ouverture annoncée du second dès le lendemain ? 

  • Connaissez-vous bien les jeunes ?

    Les vidéos de Théo Bondolfi nous donnent un bon aperçu de ceux que l'on appelle les "Digital Natives" :

     

     

    Un document publié par le Ministère de la Culture vient de paraître à ce sujet. Il est intitulé Pratiques culturelles chez les jeunes et institutions de transmission : un choc des cultures ?

    La fin du texte est très instructive, je place ici deux extraits choisis :

    Nombre de loisirs culturels ne font pas appel aux équipements et/ou aux institutions à vocation culturelle : bien souvent même, ces institutions sont moins compétentes que les jeunes en matière technologique. Cette absence de compétence met à mal le statut d'autorité des institutions de transmission: l'école, de même que les équipements culturels, ne détiennent plus le monopole de l'accès aux oeuvres, ni même le monopole de la définition d'une oeuvre puisque les communautés d'intérêt thématique proposent des systèmes de labellisation et de production de légitimité qui concurrencent celles des institutions(comme les systèmes de notation pour les sites par exemple). Puisque ces générations vivent sur un mode relationnel et non plus statutaire, l'argument de la position (sachant/apprenant) ne suffit plus à légitimer ni à fonder l'hégémonie du discours institutionnel.


    Du côté de l'école : les choses sont différentes. Ce que François Dubet appelle « la crise du programme institutionnel de l'école » peut s'interpréter sur les trois registres : crise des mécanismes de la transmission, des statuts des transmetteurs et des contenus. Les mécanismes traditionnels de transmission sont concurrencés par l'irruption de nouveaux modes d'accès au savoir (wiki, moteurs de recherche, etc.) ; les sites, platesformes, forums et commentaires de blogs proposent désormais les contenus précédemment fournis par l'école. Si l'autorité traditionnelle de l'école est battue en brèche, ce n'est pas seulement parce qu'elle n'a plus le monopole du savoir ni même que le savoir ne semble plus être le passage obligé pour réussir sa vie, mais également parce que ses modes d'intervention semblent de moins en moins en phase avec les compétences et attentes des jeunes générations. Ceci incite à une véritable réflexion pédagogique sur les modes de transmission, qui ne se réduise pas à l'insertion de technologies mais englobe une réflexion sur les apprentissages.