Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Débats - Page 15

  • Signal fort dans un bruit faible ou signal faible dans un bruit fort?

    Dans une société de communication, le bruit devient envahissant et la possibilité de se faire entendre se fait bien souvent à grand renfort de publicité. Si les mathématiques ont joui d'une position archi-dominante dans le système éducatif français et ont formé une image nette et presque archétypale dans l'inconscient collectif pendant la période post-bourbakiste,  il semble que la situation soit en passe de changer radicalement.

    Pendant les nombreuses années de vaches grasses, les mathématiques ont été "naturellement" un signal fort dans le bruit faible de la société, où  seul l'énoncé de leur nom suffisait à se rappeler du sérieux de l'affaire. Parents, enfants et toutes les autres disciplines furent dressées pendant quelques générations au garde à vous devant l'injonction permanente d'une société qui n'avait de cesse de penser que réussite scolaire était synonyme de réussite en mathématiques, en Mathématique faudrait-il plutôt dire. Ce n'est pas tant la situation que je pointe ici, que la facilité déconcertante avec laquelle les mathématiques ont intériorisé et incarné chez ceux qui les ont enseigné  et pratiqué, et sur un temps très long, cette mission de triage du bon grain de l'ivraie et de la formation du scientifique qui remonte au XVIIIème siècle, laissant des traces aussi profondes jusqu'à aujourd'hui.

    La situation change. Et si elle le fait vite, c'est peut-être aussi qu'à force de conserver une position  sans continuer à fournir un argumentaire audible, cela n'a pas permis de faire émerger une réflexion profonde sur le sujet. Les mathématiques se trouvent en carence idéologique malgré un usage généralisé. Le problème est qu'aujourd'hui parler des mathématiques représente un signal faible dans un bruit fort. Les bonnes intentions seront difficiles à faire reconnaître des mauvaises, l'enrobage pédagogique dans l'enseignement secondaire ne suffira plus à faire avaler la pilule d'un niveau et d'un coût, qui, s'il est trop bas pour certains est toujours trop haut pour d'autres, d'autant plus  quand la figure du vulgum pecus commute en celle du citoyen contribuable. Les universitaires, en haut de leur tour devront user du porte voix pour expliquer et endiguer la désaffection croissante des étudiants dans cette discipline.  Les chercheurs devront se parer de leurs meilleurs atouts pour montrer que leur univers fait bien partie de la vie réelle et que leur quotidien est bien celui d'un professionnel et non d'un monsieur Tournesol inadapté à la société qui l'entoure. Tout ce gentil monde devra se réunir avec la société réseautée et numérisée pour en discuter et faire renaître des cendres un Phénix un peu amoché et célébrer en grandes pompes la résurection.


    Photo: Pablosanz

    Avant de poursuivre, je voudrai exposer quelques remarques qui ne sont pas toutes nécessairement personnelles:

    Le père que je suis se demande s'il n'avait pas été enseignant, si son fils aurait eu d'aussi bonnes notes en maths si le jour où il n'arrivait pas à recopier la ligne de "H" en CP sans déformer les lettres ni à tracer le symétrique d'une moitié de sapin de Noël, il n'avait pas découvert que c'était simplement parce que le regard de l'enfant travaillait de façon relative et non absolue en se tournant vers le dernier symbole qu'il avait écrit!

    L'enseignant que je suis se demande comment il est possible que de prestigieux lycées puissent légalement remplacer le programme de mathématiques de la classe de terminale par la première moitié du programme de la première année d'école préparatoire aux grandes écoles, alors que d'autres n'ont pas de professeurs de mathématiques pendant des semaines consécutives.

    Le pédagogue que je suis pense qu'il existe une distinction forte entre enseigner les mathématiques et enseigner à faire aimer les mathématiques, et a comme l'impression que la demande générale d'aujourd'hui est plutôt sur le second point que sur le premier tant dans l'intention d'accroître le nombre de vocations scientifiques que pour celle de rendre la période d'éducation initiale soutenable le plus grand nombre.

    Le père que je suis se demande s'il peut décemment orienter son fils vers une carrière scientifique compte tenu de la faible reconnaissance sociétale.

    L'ancien étudiant que je suis se demande comment l'université a pu lui enseigner cinq ans de mécanique théorique (des maths!) sans jamais lui faire toucher une planche à dessin, ni un logiciel de DAO.

    Le sociologue que je suis se demande si les expressions "formation du scientifique" et "formation de l'esprit", tellement utilisées pour vanter les mérites de notre chère et tendre souffreteuse ont aujourd'hui un quelconque sens concret dans la société.

    Le fainéant que je suis se demande, pour qui n'a pas de facilités en maths, si le retour sur investissement dans la discipline vaut le coup.

    Le politique que je suis se demande pourquoi faire subir à l'ensemble de la société une épreuve dont il n'y a guère que les professeurs de la discipline qui la trouve digne du plus grand intérêt et peut-être quelques passionés et chercheurs.

    Le chef d'entreprise que je suis trouve que les maths sont bien trop enfouies dans les produits pour être d'un quelconque intérêt.

    Le philosophe que je suis se demande si la notion de performance isolée est encore en phase avec une pensée qui se structure de plus en plus en réseaux. Ou pour préciser, si la vision des mathématiques comme archétype de la performance individuelle est encore viable et porteuse de sens chez les jeunes générations.

    Le vulgarisateur que je suis, se demande s'il est possible d'intéresser le grand public avec un sujet autour des mathématiques.

    Le français moyen que je suis se demande à quoi peuvent bien servir les mathématiques, s'il s'est d'ailleurs jamais posé la question autrement qu'en pensant il y a bien longtemps, à la note attendue à l'examen terminal.

    Le blogueur que je suis se demande si parler des maths sur un blog est vraiment utile, et à qui c'est utile.

    L'élève que j'ai été s'est souvent posé la question de l'utilité de tout cela mais comme d'autres élèves faisaient ce qu'on leur demandait sans broncher, il a préféré répondre à des questions de maths que de philo, c'était plus simple pour lui...

    L'enseignant que je suis se demande si pour former les scientifiques de demain...

    Etc...

    Les remarques précédentes ne contiennent pas de réponses implicites, mais veulent mettre en lumière le point suivant:

    En fait chacun a son point de vue sur les maths!

    Lire la suite

  • Rapport de prospective sur les mathématiques appliquées et industrielles

    La SMAI est la Société de Mathématiques Appliquées et Industrielles. Elle a édité en 2008 une brrchure dont l'introduction est la suivante:

    Au moment ou sont engagées de vastes reformes de l’organisation de la recherche scientifique nationale et de l’enseignement, il a semblé particulièrement utile à la SMAI de conduire une réflexion prospective sur les directions de recherche

    Les plus prometteuses en termes d’avancées scientifiques, d’innovation industrielle, et de retombées sociétales.

    Ce document, destiné à la communauté mathématique, au grand public, et aux décideurs politiques et industriels, résume les travaux de la SMAI, qui se sont articules autour des points suivants :

    – l’image des mathématiques dans le grand public ne reflète pas

    A quel point celles-ci sont fortement impliquées et utilisées dans la vie quotidienne ;

    – les mathématiques sont une science vivante, alimentée par le dialogue

    Avec les autres disciplines (sciences du vivant, sciences de l’information et de la communication, sciences des matériaux, économie, écologie,etc.) et leurs besoins spécifiques, ainsi qu´avec l´industrie ;

    – comme les carrières mathématiques semblent perdre de leur attractivité, il faut tenter de répondre a la question : quel avenir pour quels mathématiciens ?

    – la structuration de la recherche et les réformes engagées actuellement appellent quelques commentaires de la part de la SMAI.

     

    Le fichier PDF de la brochure

  • Quelques mots sur le colloque "Maths à venir 2009"

    J'ai pu me rendre au colloque qui a eu lieu dans les agréables salons de la maison de la Mutualité.

    Je n'ai pas pris de photos, je me suis dit qu'il y en aurait bien assez. Guy en a dailleurs déjà trouvé... elles sont ICI.

    Avant de n'asseoir, j'ai regagrdé attentivement les personnes qui discutaient  et déambulaient, me demandant si les matheux avaient des signes extérieurs visibles de reconnaissance. Force est de constater que si l'on n'écoute pas avec une oreille attentive les conversations... rien ne permet à priori de distinguer un matheux d'un non matheux. C'est important à souligner car ce n'est pas toujours l'idée qui est véhiculée dans le grand public!

    J'ai assisté à deux conférences Mathématiques et neurosciences et Analyse, modèles et simulation ainsi qu'à deux tables rondes: Maths et science contemporaine et Maths une ressource stratégique pour l'avenir. Je n'ai par contre pas pris beaucoup de notes... Les vidéos seront certainement bientôt publiées sur le site du colloque.

    Il est bien difficile de résumer ces quatre moments et d'ailleurs je ne m'y risquerai pas. Alors je plutôt tenter une esquisse globale de mon ressenti.

    Commençons par les conférences.

    Celle d'Olivier Faugeras sur les neurosciences était vraiment d'un haut niveau. Les mathématiques abordées étaient très techniques pour moi, mais j'ai cependant retenu une chose... Mon cerveau est cousin germain avec un octogone dessiné sur un disque de Poincaré! En fait la tentative de modélisation des zones activées lors de la reconnaissance des textures par le cerveau semble être associée à un espace hyperbolique pavé d'octogones. Je ne sais pas si je transcris bien, mais l'idée générale est là.

    Une représentation de polygones dessinés dans cet espace est présente ICI. Un bel article "Une chambre hyperbolique" est consacré à cet univers étrange sur "Images des mathématiques".

    On peut découvrir le pavage du disque de Poincaré ICI. Sélectionnez pour cela  8 pour les cotés du polygone  et Poincaré pour la représentation.


    poincaré.jpg


    Lire la suite

  • La naissance du mètre

    Une excellente animation sur le sujet de la mesure d'un arc de méridienne par Delambre et Méchain à la fin du XVIIIème siècle est proposée par Colette POIRIEL, Professeur de mathématiques au collège Poincaré (Versailles).

    Voilà la description que j'ai pu recueillir de l'auteure:

    Il s'agit d'un projet de classe initié avec des élèves de 6ème et de 5ème en accompagnement éducatif. Cela m'a pris une année en tout de faire aboutir ce projet (recherches, construction du scénario, séances d'accompagnement éducatif, animation...).

    Il est possible d'aborder cette animation en cours de différentes façons :

    • Histoire des sciences : Au 18ème siècle, à travers ses savants, ses Académies, ses fabricants d'instruments, la Science imprègne l'esprit des Lumières et représente un pouvoir capable d'imposer un concept aussi inédit et difficile que le Système Métrique Décimal (ou S.M.D.)
    • Révolution française : L'épopée des savants Delambre et Méchain traversant la France durant la Révolution est un miroir des évènements et témoigne de la volonté d'unification du pays.
    • Triangulation : Cette partie mathématique, destinée aux élèves de 5ème et de 4ème, rappelle quelques notions essentielles et concrètes sur le triangle. C'est également une mise en évidence de l'importance que l'on doit accorder à la précision des mesures.

     

    Un questionnaire en format PDF reprenant l'essentiel de l'animation est disponible ICI

     


     

    On pourra compléter par le travail de l'IREM d'Orléans sur la Méridienne.

    On peut aussi, à l'occasion, rappeler l'existence du livre de Denis Guedj - La méridienne. Impossible d'en dire plus car je ne l'ai pas encore lu.

  • De quoi parlent les mathématiques ?

    Même si je ne dispose pas des connaissances suffisantes pour émettre un avis sur le sujet, j'ai apprécié le billet de David Madore, certes très technique, De quoi parlent les mathématiques?, abordant la problématique du codage des mathématiques.

    On y retrouvera les acteurs principaux que sont ZFC, Peano et Gödel.

    J'adore....