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mort

  • La mort comme flux d’arrachement : une inflexion structurelle du modèle du Flux Intégral

     

     

    I. Poser le problème : un manque dans le système

    Le modèle du Flux Intégral repose sur quatre piliers systémiques :

    • RIACP (régulation et inhibition du champ pulsionnel),
    • ICPMe (intégration du champ pulsionnel multi-échelles),
    • Posture-Flux,
    • Flux-Joie.

    Il postule que toute dynamique — tension, blocage, expansion, perte — peut être modulée, ajustée, intégrée, incarnée.

    Mais une limite conceptuelle se présente :

    Que faire de la mort ?

    Non pas comme événement biologique, ni comme représentation, mais comme réalité fluïenne. A-t-elle sa place comme flux ? Et si oui, quelle est sa fonction propre dans le système ?

     

     

    II. Proposition pivot : la mort comme flux d’arrachement

     

    Définition :

    La mort est un flux d’arrachement,

    un courant qui soustrait irréversiblement une forme de son réseau d’existence.

    Elle ne réécrit pas ce qui fut, n’harmonise rien,

    mais grave dans le monde ou dans le sujet une empreinte d’absence.

     

    III. Nature spécifique de ce flux

    Contrairement aux flux habituellement traités dans le modèle, celui de la mort :

    • n’opère aucune transformation,
    • n’intègre aucun contenu à un nouvel équilibre,
    • ne régule rien.

    Il agit autrement :

    • Il extrait définitivement une forme du système où elle opérait.
    • Il ne la recycle pas, ne la compense pas, ne la transforme pas en autre chose.
    • Il laisse une marque d’absence active, non réversible.

     

    Ce n’est donc pas un flux de transformation, mais un flux de retrait irréductible.

     

    IV. Conséquences pour le modèle du Flux Intégral

     

    1. Introduction d’un nouveau type de flux

    Le Flux Intégral intègre dès lors une nouvelle catégorie de flux :

    ✦ Les flux d’arrachement, distincts des flux de circulation, de régulation, ou d’intégration.

    Ce sont des flux qui :

    • ne participent plus à la dynamique vivante du système,
    • mais qui modifient ce système en y inscrivant une absence irréparable.

    Cela étend le spectre des flux reconnus par le modèle et corrige une tendance implicite à surévaluer la fonction intégratrice.

     

    2. Effet sur les quatre piliers

     

    Pilier

    Impact de la mort comme flux

    RIACP (~)

    La régulation ne peut pas toujours éviter l’arrachement. Il faut intégrer une éthique du retrait non régulable.

    ICPME (⟳)

    Toute intégration n’est pas possible : certaines coupures créent une rupture de l’échelle d’intégration elle-même.

    Posture-Flux (▭)

    Le sujet fluïen doit apprendre à tenir la posture dans l’absence, sans attente de reconduction.

    Flux-Joie (+)

    La joie ne peut pas tout traverser : elle doit céder place à une lucidité sans expansion, qui reconnaît l’empreinte d’absence sans la réenchanter.

     

     

    V. Conséquence pour le sujet fluïen

     

    Le sujet fluïen était jusqu’ici conçu comme : un nœud vivant de circulation, de modulation et de réajustement dynamique.

    L’introduction de la mort comme flux d’arrachement modifie cette définition :

    ✦ Le sujet devient aussi le porteur d’empreintes d’absence — des marques laissées par des pertes non réversibles, qui ne s’intègrent pas mais désintègrent silencieusement une part de lui.

    Ce n’est pas un défaut du système, c’est une condition réelle de subjectivation.

     

    VI. Basculement du paradigme

    L’introduction de ce type de flux modifie le paradigme fluïen de façon structurelle :

    Avant

    Après

    Tout flux est potentiellement intégrable

    Certains flux extraient définitivement une forme du système

    La perte est un processus régulable

    Certaines pertes échappent à toute modulation

    Le sujet agit sur le flux

    Le sujet est aussi affecté par ce qui ne peut être intégré

    Le flux est ajustement permanent

    Le flux peut être retrait sans transformation

     

     

    VII. Conclusion

    La mort, en tant que flux d’arrachement, oblige à reconnaître qu’il existe des formes de passage qui ne servent aucun devenir, mais qui transforment malgré tout le sujet — non par intégration, mais par empreinte d’absence.

    Ce déplacement, loin de fragiliser le modèle du Flux Intégral, lui donne une profondeur ontologique nouvelle, en l’ouvrant aux limites réelles de ce qui peut circuler.

     

  • Comptabiliser les morts en temps de guerre, ou lors d'une catastrophe naturelle

    Les chiffres arrivent au fur et à mesure. Ils varient d'un média à l'autre. Les différentes sources donnent parfois des estimations qui peuvent varier du simple au double. Elles peuvent même être revues plusieurs fois par jour.

    Le tremblement de terre d'Haïti vient une fois de plus nous replonger dans le triste calcul mais pourtant nécesssaire du nombre de victimes. En mai 2008, un cyclone a fait 100 000 morts en Birmanie. Les estimations des morts de la seconde guerre mondiale donnent des chiffres variant  entre 41 et 70 millions ( voir
    Des matheux pour compter les morts ). Les chiffres peuvent servir à mesurer l'ampleur de l'aide, à infléchir des politiques ou même servir d'argument juridiques.


    La méthode de comptabilisation doit être scientifique pour que le nombre estimé soit le plus proche possible du nombre réel. Les techniques utilisées font appel au témoignage, au constat aussi bien qu'à l'observation par satellite pour par exemple, imputer à d'autres villages détruits de façon identiques, le taux de mortalité constaté sur l'un d'entre eux. Il reste aussi à prévoir les dégats que causeront les épidémies qui se propageront à la suite de la catastrophe.

    Article en anglais à consulter: How will they count the dead in Haïti? Source ( @StatFr)


    Haiti Earthquake

    Vue aérienne du bâtiment des Nations Unies en Haïti après le tremblement de terre de 2010.
    Source: ONU