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Livres et lettres - Page 35

  • Ouvroir de la littérature potentielle : Oulipo

    Fondé en 1960 par François le Lionnais, Raymond Queneau, il regroupe une dizaine d'amis poètes, et/ou écrivains et/ou mathématiciens.

    Le site Oulipo.net : ICI

    Définition par Le Lionnais du bord d'un poème : ICI et de l'intérieur d'un poème : ICI 
    La permutation Joséphine par Jacques Roubaud : ICI


    Le site Fratrazie.com : ICI

    Et en passant, le site du Collège de Pataphysique, la plus vaste et la plus profonde des sciences selon Alfred Jarry : ICI

  • La fête des fous

    Hiver, silencieux et froid, tu as endormi la nature et l'esprit des hommes. Autour du 25 décembre, les plus érudits constatèrent avec angoisse et anxiété qu'apparaissait la nuit la plus longue de l'année: le solstice d'hiver, qui signifie étymologiquement le soleil s'arrête car son élévation zénitale ne semblait pas varier d'un jour à l'autre, et la nuit n'a jamais vraiment fait partie du monde des vivants... Alors place aux célébrations hivernales, aux rituels de régénération et à Noël ! Dans les veillées, les premières commençant début Novembre, lorsque les travaux extérieurs sont terminés, les hommes et les femmes sont ensemble, les premiers à travailler le bois et les secondes à tisser, les esprits malveillants sont à contenir, à surveiller afin qu'ils ne prennent pas le pouvoir sur les vivants, comme le rappelle la fête d'Halloween lorsque les enfants demandent des bonbons en contrepartie de ne pas être la victime d'une ruse. Cette attente se prolonge jusqu'à Noël avec la période de l'Avent qui vient du latin « Adventus » signifiant arrivée et célébrée depuis le Xème siècle dans l'année liturgique pour les chrétiens qui attendent la naissance du Christ. A cette période de l'année, festivités et croyances au sujet du dérèglement de la nature se mélangent, l'apogée étant atteint à Noël. Nöel inaugure d'ailleurs le cycle des 12 jours encore plus angoissant que la période précédente, celui de l'attente de l'Epiphanie, permettant peut-être de mettre en accord l'année lunaire avec l'année solaire, une période de hors-temps, en suspens, une année Christ résumée en 12 apôtres jours, un passage de la vieille année à la nouvelle, une régression vers une sorte de chaos cosmique. Au cours de cet intermède, les règles de la vie ordinaire ne s'appliquent plus. La loi et la morale y sont en attente. Il s'agit d'un interrègne dont le Roi de la Fève en est le symbole. Pendant la nuit de Noël, l'attente est souvent longue, les esprits fantastiques courent dans la nuit et les campagnes, pouvant à tout moment venir frapper à la porte, la bûche et le feu sont là pour les éloigner. Tout est suceptible de se dérégler, les arbres de fleurir, les animaux comme l'âne et le boeuf de converser, peut-être au sujet de l'année à venir... Mais malheur à celui qui les surprend. Nöel est une fête de la Lumière, de la renaissance, liée au culte solaire d'Amon-Rê en Egypte, de la déesse Mère, du Sol Invictus ( soleil invaincu) d'Aurélien et du culte de Mithra importé par les romains, il conduisait un char solaire, triomphant de la nuit et du froid, il tua un taureau sur ordre du soleil et le sang de la bête sacrifiée répandu sur le sol permettra à la nature de renaitre. Mithra est né dans une grotte le 25 décembre à minuit, les récits de sa naissance mettaient en scène des bergers et les mithraïstes sacralisaient le dimanche et l'oblation du pain... Mais sa grande faiblesse fût l'absence d'élément féminin, ce qui fut comblé par l'aparition de Marie, Mère de Dieu! A partir du VIIIème siécle, la célébration de Noël s'accrut, le Moyen-âge lui apporta une dimension théatrale, la fin de l'année était alors vouée à la licence la plus effrénée, l'ordre hiérarchique était renversé et les esclaves prenaient la place de maîtres. Le roi des Saturnales - ancienne fête romaine - un jeune soldat tiré au sort, cloturait la fête en se donnant la mort, après avoir gouté aux plaisirs pendant 30 jours. La fête des fous médiévale se déroulait la semaine qui suivait Noël, sacrait le pape des fous et dégénérait rapidement en beuverie. Le réveillon du 31 décembre en est certainement une des dernières traces, où nouvel an rime le plus souvent avec pochetronnerie entre copains et gueule de bois pour commencer l'année à venir. Ce sera Charles Dickens qui fit de Noël une fête de tradition familiale sous l'Angeterre Victorienne célébrant l'enfant. Le Père Noël, est passé par bien des étapes, dont la principale fût celle de Saint-Nicolas avant d'arriver sous son costume rouge, sa hotte pleine de cadeaux récompensant les enfants sages et chevauchant son traineau tiré par 8 rennes. Il apparut dans le dictionnaire Larousse en 1904. En 1843, il ressemblait plus à un gnome qu'à un adulte, il était ventripotent et farceur, en 1847, il portait encore un gourdin à la main. Il prit son costume rouge au début du siècle lorsque Saint-Nicolas fut libéré de ses attributs religieux un peu trop voyants. Le sapin de Noël serait quant à lui lié à l'arbre de lumière, issu de rites ancestraux où le chamane, version primordiale de ce fameux Père-Noël, intercesseur entre le monde d'ici et de l'au delà, envoyait aux Dieux lors d'un rituel, les offrandes de la tribu déposées au pied de l'arbre, afin de placer l'année à venir sous les meilleurs jours. L'arbre était enflammé lors de cette célébration.

    Ah, nos bonnes vieilles traditions...

    Largement emprunté de : Sous les images Noel ! Martyne Perrot

     

  • Un petit conte scolaire

    Rémi revient de l'école. C'est un élève débordant d'énergie, un élément turbulent, souvent enclain à la dissipation et ses parents le savent bien et lui mettent la pression. Il est dans une classe de collège très hétérogène. Il écoute le cours pendant un moment, puis petit à petit, son comportement se modifie, la dispersion apparait. Les professeurs le sermonent sans cesse. Lui, il explique que c'est parce qu'il s'ennuie chaque jour en classe, de façon cyclique, qu'il éprouve de la fatigue. Las de n'avoir que très peu de prise sur lui, les professeurs lui font remarquer que son esprit n'est pas assez souple, et qu'un peu de plasticité intellectuelle lui ferait le plus grand bien. Au lieu de s'échauffer en permanence, et de s'agiter avec ses camarades, il ferait mieux de fournir un travail continu et de s'imposer des contraintes rigides qu'il respecterait. Rémi sait très bien qu'il ne possède aucune fluidité pour répondre aux exigences scolaires mais il a en outre un niveau solide en jeux vidéos dans lesquels il est capable de déployer une énorme puissance imaginative et ça les professeurs oublient toujours de le souligner. Certes ses notes ne sont pas régulières, comme élastiques mais Rémi dit qu'il fait souvent des efforts. Cependant ces professeurs ne sont pas très optimistes en ce qui concerne sa trajectoire , son orientation, il manque de repères. Rémi, pris dans le tourbillon de l'insouciance, préfère rester à la surface des choses, ne pas subir le choc brutal de la confrontation avec les adultes, leur rugosité quasi-permanente et rester dans son milieu clos, dans sa bulle, au bord de leur univers.

     

    Un constat

     

    Loin d'être innocent, ce petit texte cache en tous les mots soulignés un double-sens, dont l'autre, très précis en mécanique, est proche - sauf pour « jeu » peut-être- de l'idée intuitive que l'on s'en fait. Alors pourquoi les qualificatifs utilisés sont-ils à se point présents en mécanique ( ou dans ce texte )? Les comportements individuels et collectifs auraient-ils un rapport étroit avec cette science? Ne parle-t-on pas aujourd'hui de société liquide? Nous pouvons être surpris d'une telle adéquation des deux registres de vocabulaire. Il m'aurait d'ailleurs été tout aussi facile de faire un texte reprenant ces mêmes mots abordant le comportement de tel matériau dans un fluide. La mécanique n'est plus seulement celle de Kepler, elle travaille depuis quelques temps déjà avec l'hétérogénéité, les changements de phases, de température et de pression. C'est aussi la mécanique des grandes déformations, des effondrements, des éboulements et des glissements . Elle est maintenant statistique, fait la part belle au chaos, aux fractales. Elle n'est plus la mécanique du simple ( qui n'est pas forcément simple : problème à N corps ) mais aussi du complexe, du mélangé, du poudreux, du gélatineux, du sableux, etc, elle est mécanique des interfaces, des zones de turbulence, de mélange.. Les limites deviennent moins nettes, moins sûres, plus dynamiques, les différences s'amenuisent à la frontière mais engendrent cependant des effets dans la totalité du milieu. Le milieu social s'explique-t-il dans les mêmes termes que le milieu de la mécanique? Le langage, en précurseur, semble l'indiquer.

  • Heureux parce que c'est flou...

    Concept vague et frontières floues


    La science contemporaine est mue par un idéal de rigueur et de précision. Nous savons exactement ce qu'est une preuve mathé­matique, par exemple, et la définition d'un concept en géométrie ou en physique théorique ne doit souffrir d'aucune imprécision. N'y a-t-il pas, à cet égard, un gouffre entre le langage formalisé de la science contemporaine, d'un côté, et le langage naturel grâce auquel nous élaborons nos croyances et raisonnons dans la vie quotidienne, de l'autre ? Avant d'illustrer ce gouffre, considérons l'exemple suivant d'une limite floue. Nous serons tous d'accord pour affir­mer que Charles de Gaulle était grand. Mais à quel moment exactement est-il devenu grand ? Nous serons certaine­ment encore une fois tous d'accord pour dire qu'il n'était pas grand à sa naissance, ni même à l'âge de cinq ans.

     

    Supposons que chacune des secondes durant lesquelles Charles de Gaulle a vécu soit donnée. À chaque seconde f, on peut se poser la question suivante : à cette seconde, Charles de Gaulle était-il, oui ou non, grand ? Certaines de ces questions ont des réponses positives - par exemple, à 50 secondes de son décès, Charles de Gaulle était bel et bien très grand -, et d'autres ont des réponses négatives. Mais peut-on vraiment dire qu'à chacune de ces secondes, il existe soit une réponse positive à la question posée, soit une réponse négative ? Si c'est le cas, cela signifie qu'il existe une seconde dans la vie de Charles de Gaulle à laquelle celui-ci cesse d'être petit, pour devenir grand. Mais quelle est cette seconde ? Si elle existe, nous n'avons absolument aucun moyen de la déterminer. Or est-il raisonnable d'affirmer l'existence de quelque chose que nous ne pourrions en aucun  cas déterminer ni connaître ? Si vous avez envie de répondre par la négative à cette question, vous devez penser que cette seconde n'existe tout simplement pas : en raison du flou de la frontière qui sépare l'ensemble des hommes de petite taille de l'ensemble des hommes de grande taille, il n'y a pas de seconde au cours de la vie de Charles de Gaulle à laquelle on pourrait affir­mer que celui-ci est, pour la première fois, devenu grand. Cela peut sembler fort raisonnable ; pourtant, cela implique une violation d'un principe fondamental de la logique clas­sique, le principe de bivalence…. 

    Les mathématiques et les frontières floues

     

    En tous domaines, nous nous étonnons que des frontières se révèlent floues. Il y a pourtant des raisons mathématiques de pen­ser que, s'agissant des frontières, le flou n'est pas l'exception mais la règle, et que c'est au contraire la netteté qui est exceptionnelle. Qu'une telle affirmation s'appuie sur les mathématiques, science exacte par excellence, pourrait paraître paradoxal. Ce serait oublier que cette exactitude est juste­ment ce qui leur permet d'aborder de façon rigoureuse l'in­certain ou l'approximatif. En témoignent la théorie des probabilités, l'analyse (l'étude des fonctions, avec l'enca­drement des erreurs et les notions de convergence et de passage à la limite), mais aussi la théorie des ensembles flous, introduite en 1965 par Lotfi Zadeh, informaticien et mathé­maticien américain d'origine azerbaïdjanaise. Selon la définition donnée par L. Zadeh, un sous-ensemble flou F d'un ensemble donné E est caractérisé par une fonction, dite fonction d'appartenance; à chaque élé­ment x de E, cette fonction associe un nombre compris entre 0 et 1, qui exprime le degré d'appartenance de .v au sous-ensemble F. Graphiquement, on peut représenter un tel sous-ensemble en associant à chaque degré d'appartenance un niveau de gris intermédiaire entre le noir, associé au degré 0 (.v n'appartient pas du tout à F), et le blanc, associé au degré 1.

    La théorie des ensembles flous s'est révélée intéres­sante pour de nombreuses applications. L'existence de défi­nitions précises pour la frontière des parties floues (« partie » est ici synonyme de « sous-ensemble ») serait utile, en par­ticulier dans le domaine de l'analyse automatique des images. Or l'élaboration de telles définitions a fait l'objet de plusieurs recherches mathématiques au cours des 30 dernières années…  


    La frontière classique-quantique.  

    Pourquoi n'existe-t-il pas de chat à la fois mort et vivant?

    Depuis la naissance de la théorie quantique, il y a bientôt 80 ans, le problème de la transition entre logique quan­tique et logique classique lors d'une mesure a animé bien des débats, souvent philosophiques. La formulation la plus frappante de ce problème est due au physicien autrichien Erwin Schrödinger, avec sa fameuse métaphore du « chat de Schrödinger ». Le sort de cet animal - sa mise à mort ou son maintien en vie - dépend, au travers d'une fiole de poison gazeux, de l'état - désintégré ou non désintégré -d'une particule radioactive. Or, selon la théorie quantique, tant que la particule n'a pas été observée (mesurée), elle se trouve simultanément dans l'état désintégré et dans l'état non désintégré, une telle superposition de deux états étant monnaie courante en physique quantique. Ainsi, la méca­nique quantique semble prédire qu'un chat est à la fois vivant et mort aussi longtemps que l'état de la particule n'a pas été mesuré. Pourquoi alors le chat est-il classique, c'est-à-dire soit mort, soit vivant, mais pas les deux à la fois ?…


    J’y ai tout retrouvé, mes paradoxes sorites, mes frontières, la notion de flou, de vague, mon petit chat mort/non mort de Schrödinger et où cela ? Tout simplement dans le numéro spécial de Pour la science de Décembre  dont je vous ai proposé ci-dessus le début de quelques articles.

     

    Avec à la Une du numéro :

     

    Les frontières floues

    Vivant ou inerte ?
    Solide ou liquide ?
    Inné ou acquis ?
    Homme ou femme ?
    Classique ou cantique ?
    Convergent ou divergent ?
    Solaire ou galactique ?

    Quand je vous avais dit que des Américains venaient visiter mon blog, je ne savais pas que c’était pour que mes sujets deviennent un numéro spécial de Scientific American ( la version française se dénommant Pour la science).