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politique - Page 3

  • Le discours du Président de la République sur la Recherche du 28 janvier 2008

    Nicolas Sarkozy, venu sur le campus d'Orsay, lundi 28 janvier, rendre hommage au Prix Nobel de physique 2007 Albert Fert, a longuement exposé sa vision de l'organisation de la recherche française. Le texte PDF est ICI

    Il entend "mettre progressivement l'université au centre de notre dispositif de recherche", sur le modèle des "systèmes les plus performants du monde" comme en témoigne l'extrait suivant:

    C’est un mal français que nos grandes entreprises ne reconnaissent pas la thèse doctorale pour ce qu’elle est, un gage de créativité, de rigueur, de capacité à conduire un projet et à le mener dans un environnement extrêmement compétitif et extrêmement exigeant.
    C’est un mal français que tant de grandes écoles n’encouragent pas fermement leurs élèves à consacrer trois ans de plus de leur vie à la science, à la découverte, et que les entreprises ne reconnaissent pas la profondeur intellectuelle acquise lors de ces trois années dans les rémunérations qu’elle proposent. Nous devons renforcer massivement les liens entre grandes écoles et écoles doctorales et entre les écoles doctorales et l’entreprise.

    La place des grandes écoles devrait-elle être remise en cause comme l'indique le témoignage suivant, laissé en commentaire d'un article sur les classes prépas?

    « Les étudiants issus des grandes écoles boudent de plus en plus l'Université et les sciences. Au lieu de faire un Bac + 8, ils s'arrêtent à un bac + 5 et intègrent des banques pour faire des statistiques boursières! Savez-vous par exemple qu'à l'Ecole Centrale de Paris, sur une promotion de 350, environ 100 étudiants font un master à l'étranger car ailleurs personne ne connaît leur école! Le reste de la promotion ( environ 230) fait de l'informatique et de la finance et en Physique nous en avons 22 cette année, 13 l'année dernière et pas tous ne feront un master puis une thèse! A quoi sert-il de trier les meilleurs en Math et en Physique, s'ils font ensuite autre chose que de la science? Nous sommes le seul pays au monde dans ce cas de figure presque ubuesque.
    Nous avons ce paradoxe en France que les meilleurs s'arrêtent à Bac+5 et les moins bons (ceux qui recalés en prépa font un DEUG à la Fac) à Bac +8 et sont donc mieux considérés à l'étranger!
    Ma requête est simple, pourriez-vous sensibiliser vos étudiants en prépa sur la nécessité pour eux de faire 8 années après le Bac et non 5 car sinon ils ne seront pas très bien préparés au monde tel qu'il est. On leur préférera partout des bac +8 même issus de Bacs professionnels. Que l'élite fasse les meilleures études en s'arrêtant à bac + 4-5 n'est plus en accord de phase avec le monde tel qu'il est. l'Ecole Polytechnique a été classée au delà du 400 ème rang mondial (et grâce à des labos du CNRS présents sur son site) alors que Jussieu est 45 ème, Paris-sud Orsay 60 ème, Oxford 10éme et Cambridge 2ème. Nous ne sommes plus dans un monde hexagonal au 19 ème siècle! Il nous faut réagir vite »


    L'analyse du discours du président  du Monde  et les réactions de Sauvons la Recherche

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  • En Allemagne, "Les mathématiques, ça compte"

    Le 23 janvier 2008, la Ministre fédérale de l'enseignement et de la recherche, Annette Schavan, a annoncé l'ouverture de l'année 2008 des mathématiques, sous la devise "les mathématiques, ça compte" ("Mathematik. Alles, was zählt").

    Dans le cadre de l'initiative de dialogue pour la science (Wissenschaft im Dialog, WiD) du Ministère fédéral de l'enseignement et de la recherche (BMBF), les mathématiques sont la neuvième discipline à laquelle est consacrée une année. Le BMBF, l'initiative WiD, la Fondation Deutsche Telekom et l'association des mathématiciens allemands (DMV) soutiennent et organisent les différentes manifestations.

    "Les mathématiques sont fascinantes et nous voulons soutenir cette science. Dans notre société actuelle, maîtriser les mathématiques est un facteur décisif pour la compétitivité ", souligne Mme Schavan. "Une grande partie de nos produits et services - tels que la tomographie et la communication mobile - n'existent qu'en prolongement des mathématiques. Les mathématiques constituent le langage commun à toutes les sciences."

    Lors de la dernière étude PISA, les élèves allemands ont obtenu de bons résultats en sciences, au-dessus de la moyenne de l'OCDE. En mathématiques cependant, malgré certains progrès, les résultats demeuraient dans la moyenne. Même les élèves allemands au-dessus de la moyenne ont montré peu d'intérêt pour cette matière, comparativement aux élèves d'autres pays. C'est pourquoi le jeune public est particulièrement visé par l'initiative du BMBF : les mathématiques sont une compétence clé car de nombreux métiers et parcours universitaires nécessitent de bonnes connaissances dans ce domaine.

    De nombreux acteurs scientifiques, économiques, culturels et politiques invitent à participer à de multiples manifestations régionales et nationales, à des expositions, concours et festivals pour vivre les mathématiques. Parmi les points forts de cette année 2008 :
    - l'école d'été à Leipzig du 28 juin au 4 juillet,
    - le bateau d'exposition MS Science qui circulera dans plus de 30 villes de mai à septembre.

    "L'année des mathématiques 2008 est une bonne occasion de montrer le spectre immense d'application des mathématiques en se basant sur des exemples", commente le Prof. Dr. Gerold Wefer, président du comité de direction de WiD.

    "Les mathématiques doivent perdre leur caractère "effrayant", revendique le Dr. Klaus Kinkel de la Fondation Deutsche Telekom. "Des approches innovantes pour l'enseignement en mathématiques, comme celles qui sont encouragées par la Fondation en maternelle, dans le secondaire et dans les écoles supérieures, pourraient contribuer à améliorer l'image des mathématiques auprès du public." Là-dessus, le Professeur Günter M. Ziegler, Président de la DMV, a ajouté : "L'année des mathématiques devra être participative. [..] La DMV, d'autres associations scientifiques, les enseignantes et enseignants, et bien d'autres encore, sont libres de marquer l'année en tant qu' "ambassadeurs des mathématiques" afin de transmettre une image multiple de cette discipline, qui soit à la fois captivante et stimulante : comme une science, une matière et un art."

    Source: bulletins electroniques.com

  • Des matheux pour compter les morts dans les conflits

    01eb5a7647640f075a3948f69f53d2f1.jpgC'est le titre d'un article de l'hebdomadaire " Courrier International " n° 896 du 2 janvier 2008. Cet article s'appuie lui-même sur un sujet traité par "New Scientist". Le texte n'est malheureusement pas disponible en ligne. Je consacre donc cette note à sa synthèse.


    Évaluer le nombre de morts de la Seconde Guerre Mondiale : les historiens avancent le chiffre de 50 millions d'individus, mais les estimations varient suivant les méthodes utilisées et les sources entre 41 et 70 millions.

    Consulter le registre des armées n'est pas suffisant pour comptabiliser ces pertes, il faut aussi inclure dans les conséquences des conflits, les décès causés par la malnutrition et les épidémies. Comment interpréter un logement vacant? Est-ce la mort des résidents ou leur exode qui en est la cause?

    L'évaluation de l'impact d'un conflit ou la décision d'une aide humanitaire d'urgence se trouvent confrontées à ces obstacles. Une simple erreur d'estimation peut laisser des civils sans nourriture ou des crimes de guerre peuvent passer inaperçus.

    En temps de paix, les informations sont collectées par le recensement. On peut même utiliser le confort du téléphone pour y accéder. Mais en temps de guerre, ce travail est beaucoup plus difficile et dangereux. Dans la pratique, la technique dite d'"échantillonnage par grappe" est utilisée. Celle-ci a été développée à l'origine pour évaluer l'impact des campagnes de vaccination. Les grappes sont des échantillons géographiquement déterminés représentatifs de la population et de sa densité. Des relevés au hasard sont effectués. Pour se faire, des équipes scientifiques doivent se déplacer sur les lieux, en étant la plupart du temps accompagnées par des gardes armés afin d'interroger les individus ou constater leur absence. Sans de sérieuses précautions ou lorsque la vigilance des enquêteurs s'affaiblit, ces chercheurs peuvent être confondus avec des agents du camp adverse et violentés. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé, à deux membres d'une équipe norvégienne, en 1992 au Mali.

    Chaque jour des scientifiques risquent leur vie dans les régions les plus violentes du monde pour exercer leur métier mal connu du grand public: déterminer le nombre de victimes d'un conflit de la façon la plus rigoureuse possible.

    De la qualité de ces études dépend l'utilisation que l'on peut en faire. C'est par exemple l'une d'entre elles qui a servi à juger Slobodan Milosevic.

    La difficulté de prélèvement des informations sur le terrain n'est pas la seule. Les autorités des pays concernés par les enquêtes peuvent voir d'un très mauvais oeil des statistiques qui ne leur conviennent pas, pouvant nuire à leur image ou à celle de leur pays. La publication des résultats se voit freinée ou même interdite, d'autant plus que ces états sont souvent partenaires et détiennent les cordons de la bourse.

    Les ONG sont souvent les plus proches du terrain pour réaliser ces enquêtes, mais elles manquent de temps et de moyens pour les effectuer dans de bonnes conditions. En 2002, une analyse d'enquêtes a permis de suivre celles qui ont été réalisées par 9 ONG différentes sur 67 grappes d'individus. Il s'est avéré que seulement 6 d'entres elles étaient suffisamment rigoureuses. Ce manque de rigueur est d'ailleurs souvent  avancé pour discréditer les enquêtes et leurs résultats lorsqu'ils ne sont pas conformes aux attentes.

    Une étude sur la mortalité en Irak après l'invasion américaine de 2003 par des chercheurs du Maryland et des irakiens a été publiée dans The Lancet. Dans 47 grappes d'individus, on a sélectionné au sein de chacune, 40 familles qui ont été interrogées. Le résultat de l'enquête est effrayant, puisqu'avec cette méthode, le nombre de morts estimé serait de 655 000 au lieux des quelques dizaines de milliers couramment évoqués.  G W Bush et Tony Blair ont écarté les résultats de cette enquête embarrassante. Certains opposants se sont même attaqués à la méthode elle-même. Parmi toutes les critiques évoquées, les spécialistes de la question ont émis les critiques les plus justifiées par rapport aux autres. Ils ont soulevé le problème du "biais de l'artère principale" qui pourrait être une source potentielle d'erreurs.  Il se résume ainsi : dans chaque grappe urbaine, les ménages sont sélectionnés à partir d'une rue commerçante, puis dans une rue perpendiculaire résidentielle une maison est choisie au hasard afin de débuter l'enquête de terrain. Il pourrait y avoir ici, selon certains chercheurs, un impact sur les résultats de l'enquête en avançant comme argument que les rues coupant les artères principales sont privilégiées au dépend de rues plus éloignés faisant moins l'objet de combats. Cet argument est réfuté par les initiateurs de l'enquête qui affirment la pertinence de leur processus de sélection.

    ce08fced16bb07bb12641231ff20508d.gifLe débat reste ouvert en attendant de futures publications sur le sujet. Malgré cela les scientifiques continuent à exercer leur dangereux métier, dont la principale motivation est "de permettre à ceux qui se trouvent dans ces situations de se faire entendre".

  • Des maths au concours d'entrée de Science Po ?

    De grands débats sur le blog de Richard Descoings sur le rôle des mathématiques en sciences sociales et de l'intérêt éventuel à mettre en place à l'entrée à SciencesPo un test portant sur un niveau minimal exigible en mathématiques:

    La suite ICI

  • Les épreuves locales de légitimité des réformes pédagogiques

    « Pour une prise en compte des obstacles au changement »


    Cette communication se penche sur la confrontation entre les réformes voulues par les politiques et leur mise en oeuvre dans les établissements scolaires belges. Se basant sur l'étude de trois écoles, l'auteur analyse comment s'élabore le consentement des acteurs scolaires – chefs d'établissement et enseignants – souvent écartelés entre le prescrit légal et les contraintes des contextes locaux. Il montre qu'il existe des obstacles institutionnels au changement qui minent la légitimité pragmatique du changement et donc la plausibilité et l'efficacité des réformes pédagogiques. En conséquence, il conclut sur la nécessité de penser les politiques au départ des réalités du terrain.


    Malgré le fait que cette étude soit belge certains enseignements peuvent certainement être tirés en France et je vous livre ici sa conclusion .

    Nous avons vu que, lorsque l’on s’intéresse à l’analyse des politiques d’éducation et aux articulations entre les intentions politiques et les réalisations concrètes dues à la réforme, on se confronte inévitablement à la question du consentement des acteurs scolaires. A cet égard, rappelons que le travail pédagogique n’est pas, à la différence du travail industriel, un en-semble de méthodes et de techniques que les acteurs peuvent changer, du jour au lendemain, si on le leur imposait ou si on leur en démontrait le bien-fondé. En conséquence, toute vision taylorienne de l’éducation s’avère inappropriée (Dubet, 2000). Les acteurs scolaires – notamment les chefs d’établissement et les enseignants, étudiés ici – sont dotés d’autonomie et agissent, dans leurs contextes locaux, comme des traducteurs de la politique et des co-producteurs du sens de l’action publique.

    Nous avons précisément tenté de mieux comprendre ce qui se passe en termes d’interaction sociale dans les établissements et dans les classes à l’occasion de la réception locale et la mise en oeuvre de la réforme sur le terrain. L’analyse du fonctionnement concret et quotidien de l’école nous a permis de décrire les principales épreuves de légitimité auxquelles les ré-formes pédagogiques sont susceptible de se heurter. Fondamentalement, nous avons défendu la thèse qu’il existe des obstacles institutionnels au changement qui minent la légitimité pragmatique du changement et donc la plausibilité et l’efficacité de la réforme. Compte tenu de ces obstacles, chefs d’établissement et enseignants se retrouvent écartelés entre des choix difficilement compatibles. Le coût d’engagement dans le changement institutionnel étant particulièrement élevé, ces acteurs, lorsqu’ils ne sont pas militants pédagogiques, sont plutôt enclins à le délégitimer et à ne pas faire évoluer leurs comportements et leurs pratiques dans le sens espéré. C’est une réalité qui a longtemps échappé aux réformateurs. Dans la mesure où les acteurs scolaires locaux jouent un rôle central dans l’évaluation de la faisabilité locale des politiques, on ne saurait trop recommander aux autorités publiques de penser les politiques davantage à partir des réalités vécues sur le terrain et de réfléchir aux diverses institutions qui font obstacle au changement et aux solutions qu’il y aurait lieu d’imaginer pour lever ces obstacles.