Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

étude

  • Les stratégies d'apprentissage et la motivation au centre de la réussite en mathématiques

    Une étude menée par Kou Murayama de l'université de Munich et Rudolf vom Hofe de l'université de Bielefeld réalisée sur un échantillon de 3530 élèves de collège suivis pendant 6 ans, intitulée "Predicting Long-Term Growth in Students Mathematics Achievement: The Unique Contributions of Motivation and Cognitive Strategies" est très instructive.

    Cette recherche montre comment la motivation (perception de contrôle, motivation intrinsèque, et motivation extrinsèque), les stratégies d'apprentissage ( stratégies profondes et de surface), ainsi que l'intelligence prédisent l'accroissement sur le long terme de la réussite des étudiants en mathématiques sur 5 ans. Les données sont issues de 6 vagues longitudinales ( Grades 5 à 10), moyenne d'âge 11,7 ans) utilisant un modèle exponentiel de croissance latente ( Exponential curve growth modeling) pour analyser la croissance de la réussite.

    Les résultats ont montré que le niveau initial de réussite était fortement lié à l'intelligence, qui avec la motivation et les stratégies d'apprentissage expliquent la variance additionnelle (dispersion des résultats). En outre, l'intelligence n'est pas corellée avec l'augmentation de la réussite tout au long des années, alors que la motivation et les stratégies d'apprentissage sont des prédicteurs de cette croissance. Ces découvertes mettent en lumière l'importance de la motivation et des stratégies d'apprentissage pour faciliter le développement des compétences mathématiques des adolescents.

    Plusieurs points sont à noter.

    Les stratégies d'apprentissage de surface (Exemple: Pour les problèmes de maths, je mémorise les étapes de la bonne solution) sont corrélées négativement alors que les stratégies d'apprentissage de profondeur (Exemple: quand je révise pour les examens, j'essaye de faire des liens avec d'autres parties des mathématiques) sont corrélées positivement  à la réussite sur le long terme. Il est possible que ces stratégies d'apprentissage de surface, adaptées à certaines tâches et au début de l'apprentissage, interfèrent négativement par la suite.

    La motivation extrinsèque ( Exemple: En maths je travaille pour avoir de bonnes notes) n'est en mesure que de prédire le niveau initial et non l'évolution  de la réussite alors que la motivation intrinsèque  (Exemple: Je fais beaucoup d'efforts en maths, parce que je suis interessé par le sujet) et la preception de contrôle (Exemple: Quand je fais des maths, plus j'essaye, plus je réussis) le font.

    Cependant, l'utilisation de stratégies d'apprentissage de profondeur et la présence d'une motivation intrinsèque sont sans rapport avec une réussite simultanée. Les élèves disposant d'une forte motivation intrinsèque sont moins concernés par la réussite aux examens que les autres. Bien qu'elle produise des effets positifs sur le long terme, elle n'est pas liée à la performance du moment. L'apprentissage en profondeur est quant à lui lié à une élaboration sémantique qui la place dans un processus lent d'apprentissage et qui peut être couteux si le temps est limité.

    L'intelligence n'a aucune corrélation avec l'accroissement de la réussite.

    L'étude a mis en évidence l'effet Matthieu (mécanisme selon lequel les plus favorisés tendent à accroître leur avantage sur les autres) et a montré qu'il était lié à la structure du système scolaire allemand ( Hauptschule, Realschule, Gymnasium).

     

  • Estime de soi et réussite scolaire

    J'aime beaucoup la sociologie et j'ai déjà passé pas mal de soirées en compagnie de Bourdieu et Lahire. Alors que je recherchais des infos sur l'estime de soi et les mathématiques, je suis tombé sur une étude complète parue en 2005 ( Enquête 2002 panel 1995 ):

    Estime de soi et réussite scolaire sept ans après l'entrée en 6ème

    Cette enquête de 25 pages est très complète et s'appuie sur le témoignage de 12 593 jeunes, ce qui permet de définir des sous groupes représentatifs.

    L'analyse est très détaillée et j'en extrais ici quelques éléments:

    • Les filles présentent une estime de soi toujours plus faible que les garçons
    • L'estime de soi physique et sociale est plus élevée parmi les jeunes originaires du Maghreb et d'Afrique subsaharienne
    • L'estime de soi est plus forte quand le jeune communique avec ses parents ( en particulier sur l'avenir professionnel)
    • La situation scolaire influe peu sur le degré d'estime de soi du jeune
    • Le degré de confiance en soi et la réussite au baccalauréat général apparaissent très liés
    • La réussite au baccalauréat général est plus faible quand l'estime de soi est forte
    • Les filles entrées en 6ème avec un an d'avance manifestent plus de confiance en elles
    • Les projets d'études supérieures des garçons sont d'autant plus ambitieux que leur confiance en eux est élevée
    • Le redoublement au lycée entraine une légère baisse de confiance en soi
    • Tout se passe comme si le degré d'estime de soi physique et sociale fonctionnait en sens inverse du niveau de réussite scolaire
    • L'estime de soi du jeune est toujours plus faible lorsqu'il est scolarisé en première ou terminale scientifique
    • L'estime de soi est indépendante du milieu familial
    • La situation dans le groupe est plus influente que l'image du groupe dans la société (Jendoubi), c'est à dire qu'à chaque changement de groupe, l'estime de soi du jeune est remise à zéro et il va s'apprécier comparativement à ses nouveaux condisciples et moins par rapport à ceux qui ont obtenus une orientation plus favorable
    • Le degré d'estime de soi est d'autant plus élevé que le jeune est satisfait de son établissement scolaire
    • L'estime de soi sociale est d'autant plus élevée que la discipline, la sécurité et la réputation de l'établissement sont jugées positivement par les élèves
    • La confiance en soi des jeunes est d'autant plus élevée que la prise en charge des difficultés scolaires est efficace
    • Le jugement des pairs et les relations entre élèves est déterminante dans la construction de l'estime de soi
    • Le fonctionnement de l'établissement apparaît comme un paramètre important dans la construction de l'estime de soi des jeunes et ces résultats suggèrent que le développement de relations harmonieuses entre élèves et un traitement efficace et non stigmatisant de la difficulté scolaire devraient constituer des objectifs prioritaires en matière de pilotage des établissements scolaires
    • Les filles se sous-estiment sensiblement en mathématiques (mais se surestiment en français)
    • Le degré de confiance en soi pèse sur la perception des résultats en mathématiques
    • Les jeunes originaires d’Afrique subsaharienne sous-estiment leur degré de réussite en mathématiques
    • Les jeunes ayant redoublé en collège surestiment légèrement leur résultat en mathématiques

    Trois domaines ont été retenus pour cette étude :


    – L’apparence physique. On sait que, tout au long de l’adolescence, cet aspect revêt une importance essentielle et les études sur les adolescents mettent toujours en évidence une corrélation très forte entre l’estime du jeune sur cet aspect et son estime de soi globale.


    – Les relations avec les pairs. À 18 ans, l’acceptation par les pairs a souvent plus d’importance que l’acceptation par les adultes en général et les parents en particulier. Elle constitue donc un élément essentiel dans le sentiment de valeur que le jeune a de lui-même.


    – La confiance en soi. Au moment où ils sont placés devant des choix importants, soit pour déterminer leur orientation dans l’enseignement supérieur, soit pour s’insérer professionnellement, elle constitue a priori un aspect important pour des jeunes de cet âge.


    Le degré d’estime des jeunes dans ces trois domaines a été mesuré par un ensemble de douze items, chaque champ étant couvert par quatre items :


    1. Image de soi physique :
    – je voudrais avoir une apparence différente ;
    – je suis globalement satisfait(e) de mon physique ;
    – j’aimerais bien que mon visage soit différent ;
    – je suis satisfait(e) de ma taille et de mon physique.
    2. Image sociale :
    – je suis très apprécié(e) par mes copains ;
    – j’ai un(e) ami(e) proche auquel (à laquelle) je peux vraiment me confier ;
    – j’ai beaucoup de copains ;
    – je me sens à l’aise avec les jeunes de mon âge.
    3. Confiance en soi :
    – je suis souvent content(e) de moi ;
    – je me laisse souvent influencer par les opinions des autres ;
    – je me sens capable de faire les choses aussi bien que les autres ;
    – quand j’entreprends quelque chose, j’ai souvent peur de ne pas réussir.

     

     

    Lycée Branly, Lyon

    Photo: cfarivar