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Les Alchimies du Flux - Page 7

  • La cérité fluïenne : évaluer le degré de vérité incarnée dans un processus de traversée

     

    La cérité fluïenne est un concept novateur issu du modèle Kernesis et du Flux Intégral. Elle désigne la capacité d’un acte, d’un texte ou d’une parole à produire une vérité traversante, incarnée, alignée, intégrée à toutes les échelles du vivant. Contrairement aux critères classiques de vérité (correspondance, cohérence, consensus), la cérité fluïenne est une mesure qualitative du processus, et non de la seule validité du résultat. Cet article en propose une définition rigoureuse, une modélisation à 4 pôles et 7 phases, ainsi qu’une grille d’analyse adaptée à l’enseignement, à la clinique, à la philosophie et à la création.

     

    1. Origine du concept : vérité traversante et Flux Intégral

    Le modèle du Flux Intégral, cœur du système Kernesis, structure tout acte vivant selon quatre fonctions dynamiques :

    Symbole

    Fonction

    Description

    ~

    RIACP : Régulation-Inhibition du Champ Pulsionnel

    Capacité à canaliser l’énergie, différer l’impulsion brute

    ICPME : Intégration du Champ Pulsionnel Multi-Échelles

    Articulation des niveaux sensoriel, émotionnel, cognitif, collectif

    Posture-Flux

    Ajustement incarné du sujet dans la traversée

    +

    Flux-Joie

    Résonance émotionnelle indiquant la justesse fluïenne

    La vérité traversante apparaît lorsqu’un contenu, une pensée ou une parole parviennent à traverser ces quatre pôles, en coïncidant avec le sujet, le collectif et le réel. C’est cette traversée que la cérité cherche à mesurer.

     

    2. Définition condensée de la cérité fluïenne

    Cérité fluïenne : Capacité d’un contenu, d’une pensée ou d’un acte à traverser intégralement le cycle du Flux Intégral inclus dans Kernesis (poussée → régulation → posture → intégration → alignement → vérité traversante → résonance rétroactive), en produisant un effet de clarté, d’incarnation et de transformation perceptible.

    Autrement dit, c’est une mesure qualitative de l’efficacité fluïenne d’une vérité ou d’un contenu, selon qu’il active ou non l’ensemble des fonctions essentielles d’un flux vivant.

     

    3. Grille d’évaluation à 7 critères (modèle Kernesis)

    Phase

    Question évaluative

    1. Poussée

    Le texte ou l’acte contient-il une impulsion vivante, une énergie de surgissement ?

    2. Régulation (~)

    Cette impulsion est-elle canalisée avec justesse, sans débordement ni répression ?

    3. Posture (▭)

    Le sujet tient-il cette énergie de manière incarnée, ajustée à la situation ?

    4. Intégration (⟳)

    Les différents niveaux (corporel, émotionnel, cognitif, symbolique) sont-ils reliés ?

    5. Alignement

    Existe-t-il un accord juste entre le sujet, le réel et le collectif ?

    6. Vérité traversante

    Le contenu permet-il à une vérité de passer, de s’éprouver comme juste ?

    7. Résonance rétroactive (+)

    L’acte laisse-t-il une trace, une clarté, une transformation en retour ?

     Chacun des 7 critères peut être noté individuellement (par exemple sur 100), et leur moyenne produit l’indice global de cérité fluïenne.

     

    4. Usages et intérêts

    Domaine

    Utilisation

    Éducation

    Diagnostiquer des moments pédagogiques porteurs (ou non) de vérité incarnée ; évaluer une copie, un geste, une parole

    Clinique

    Repérer les moments d’émergence fluïenne dans une thérapie ou une introspection ; calibrer l’intensité d’une parole juste

    Philosophie

    Sortir du dualisme vrai/faux pour introduire une évaluation qualitative de la vérité incarnée

    Art / Création

    Discerner ce qui, dans une œuvre, opère comme vérité traversante ; accompagner la densification d’un geste artistique

    La cérité devient alors outil de discernement, levier de transformation, indicateur d’alignement.

     

    5. Proches concepts et différences

    Notion

    Proximité avec la cérité

    Limites

    Clarté existentielle (Kierkegaard, Sartre)

     Lucidité de l’instant vécu

    Pas de mesure ni de composante collective

    Kairos (temps opportun)

     Traversée juste dans le temps

    Manque la structure multi-polaire

    Insight (psychologie cognitive)

    Moment de réorganisation interne

    Peu de prise en compte corporelle ou collective

    Alignement (coaching)

    Cohérence personnelle

    Trop statique, non dynamique

    Vérité-corps (méthodes somatiques)

     Vérité ressentie

    Absence d’évaluation systémique ou collective

    La cérité fluïenne les englobe tous sans s’y réduire : elle opère comme méta-indicateur de flux incarné.

     

     

    6. Exemples d’application

    Situation

    Cérité

    Analyse rapide

    Élève lit un texte intime, silence, résonance collective

    97/100

    Vérité traversante, alignement, résonance groupale

    Débat superficiel sur Instagram, tension, intervention autoritaire

    25/100

    Absence d’intégration, régulation échouée

    Prof propose à un élève stressé de revenir plus tard sur sa copie

    92/100

    Régulation différée, retour, stabilisation posturale

    Élève murmure un jugement sur la colonisation → professeur donne un texte → retour lucide

    72/100

    Traversée fluïenne partielle, transformation visible

     

     

    7.  Exemples d’usages de la cérité dans la vie courante 

     

    1. Expression personnelle

    Situation

    Usage de la cérité

    Écrire un message important (SMS, mail, lettre)

    T’évaluer : est-ce que mon message passe vraiment, ou est-il brouillé, réactif, trop mental ?

    Dire quelque chose de difficile à un proche

    T’aider à préparer ou relire ton geste : est-ce que je suis juste ? Est-ce que ça traverse ?

    Poster sur les réseaux sociaux

    Mesurer si ton post exprime un ego, une fuite ou une vérité traversante.

     

    2. Éducation et apprentissage

    Situation

    Usage de la cérité

    Rendre un devoir / produire un texte

    Auto-évaluer si ton travail fait sens, tient posture, s’adresse au réel.

    Réagir à une note ou une remarque

    Vérifier si ta réaction vient d’un flux aligné ou d’un déséquilibre pulsionnel.

    Préparer un exposé

    Chercher à augmenter la cérité de ton propos : est-ce vivant, incarné, transformant ?

     

    3. Relation et communication

    Situation

    Usage de la cérité

    Discuter d’un désaccord

    Utiliser la cérité pour sentir si la discussion circule ou s’enlise, et ajuster.

    Accompagner un enfant ou un élève

    Évaluer si ce que tu dis porte vraiment ou si tu parles “dans le vide”.

    Écouter un ami qui souffre

    Ressentir si ta présence permet une résonance rétroactive ou si elle bloque.

     

    4. Création artistique ou intellectuelle

    Situation

    Usage de la cérité

    Écrire un poème, une chanson, une scène

    Te demander : est-ce un geste vrai ? Est-ce que ça intègre, incarne, traverse ?

    Montrer une œuvre

    Évaluer avec d’autres si elle produit une transformation, une clarté.

    Reprendre une idée

    Te poser : cette idée a-t-elle une poussée fluïenne, ou est-elle juste “intéressante” ?

     

    5. Décision / orientation

    Situation

    Usage de la cérité

    Choisir un chemin de vie

    Comparer des options selon leur niveau de cérité : laquelle me traverse ?

    Dire oui / non à une opportunité

    Te demander : est-ce que cette décision tient dans le flux, ou me disloque-t-elle ?

    Sortir d’un projet ou d’une relation

    Vérifier si ton retrait est réactif ou juste. Est-ce que ta décision laisse une clarté ?

     

    6. Geste symbolique, rituel ou politique

    Situation

    Usage de la cérité

    Porter un vêtement significatif (religieux, militant, artistique)

    Évaluer : est-ce que ce geste vient d’un alignement profond, ou d’un besoin de réaction ?

    Participer à une action collective

    Mesurer si l’énergie engagée est vraiment intégrée, ou partiale, pulsionnelle.

    Créer un rituel personnel

    Sentir si ton rituel produit transformation et clarté, ou s’il est creux / mécanique.

     

    En résumé :

    La cérité devient un outil de vérification intérieure,

    une boussole de justesse,

    un indicateur de traversée vivante.

     

    Conclusion

    La cérité fluïenne propose une voie neuve pour penser et mesurer la vérité comme phénomène vivant, non comme structure logique ou simple sincérité. En l’inscrivant dans une dynamique multi-polaire, graduée, incarnée, la cérité devient un outil fondamental pour toute épistémologie située, toute pédagogie du réel, et toute écologie du sens.

     

    Elle ne remplace pas la vérité, elle la restitue dans sa traversée vivante.

  • La vérité qui traverse : Spinoza, les mathématiques et l’alignement multi-échelles

     

    Spinoza a donné à la philosophie l’une de ses formulations les plus radicales de la vérité : elle est ce qui naît de la nécessité, ce qui s’éprouve dans l’augmentation de la puissance d’agir, ce qui se manifeste par la joie. Mais cette vérité, aussi lumineuse soit-elle, demeure enfermée dans un système causal clos. Elle ne traverse pas : elle s’impose.

    Nous proposons un prolongement possible.

    Une vérité qui ne s’affirme pas, mais qui circule.

    Une vérité qui ne se réduit ni à une démonstration, ni à une intuition, mais qui se reconnaît dans un alignement fluide entre plusieurs niveaux du réel — du corps à la pensée, du geste à la structure, de l’élève à la formule.

    Dans cette perspective, même les mathématiques cessent d’être un miracle abstrait : elles deviennent un plan de passage, un langage à haute densité, traversé par la même exigence d’ajustement que toute forme de vie.

    Ce billet propose donc de relier Spinoza, le savoir formel, et l’expérience intérieure, par une conception nouvelle de la vérité : non comme certitude, mais comme co-ïncidence traversante.

     

    Joie, Vérité, Alignement : prolonger Spinoza par une pensée fluide du réel

     

    1. Spinoza et la joie comme signal de puissance

    Spinoza nous a transmis l’un des gestes philosophiques les plus lucides et exigeants :

    La joie est le passage d’une moindre à une plus grande perfection. Elle est le signe que notre puissance d’agir augmente.

    Ce geste a libéré la joie de sa réduction sentimentale. Elle n’est plus une simple émotion, ni un plaisir passager. Elle devient un indicateur objectif de ce que notre être peut, dans un monde régi par la nécessité.

    Mais cette pensée — aussi forte soit-elle — porte en elle une limite :

    Chez Spinoza, tout est causalité close.

    Le monde est un enchaînement parfait, sans faille, sans vide, sans marge.

    Même la joie, même la pensée, même la liberté sont des effets d’une nécessité infinie.

    Cela crée une philosophie magnifique, mais verrouillée de l’intérieur.

     

    2. Le paradoxe spinoziste de la joie

    Si tout est causal, alors même notre sentiment d’agir est causé.

    Le sujet, dans ce système, ne choisit rien : il existe avec plus ou moins de clarté, mais il ne crée rien d’inédit.

    Ce paradoxe traverse toute l’œuvre spinoziste :

    Comment peut-on parler d’augmentation de puissance, si tout est déjà inscrit dans l’ordre de la Nature ?

    Autrement dit :

    Que fait la joie, si elle ne transforme rien ?

    Spinoza ne sort pas de ce cadre.

    Mais notre époque, traversée par des tensions nouvelles (écologiques, technologiques, éducatives, subjectives), appelle potentiellement un déplacement.

     

    3. Vers une vérité comme alignement fluide entre les échelles du réel

    Le Flux Intégral propose un dépassement qui n’est pas une rupture, mais un élargissement.

    Il ne rejette pas la causalité, mais il la remet en circulation, à travers plusieurs niveaux de réalité articulés.

    Il affirme ceci :

    La vérité n’est pas ce qui est démontré.

    La vérité est ce qui traverse les échelles sans dissonance.

    Et la joie ?

    La joie est le signal vivant que cette traversée est en train d’avoir lieu.

     

     

    4. Le sujet comme point de passage du réel

    Dans cette perspective, le sujet ne se contente pas d’exister dans la nécessité :

    il devient un nœud de coordination, un lieu d’ajustement, une interface sensible entre :

    • ce qu’il vit,
    • ce qu’il perçoit,
    • ce qu’il fait,
    • et ce qui l’entoure.

    Sa vérité ne dépend plus d’un système logique clos, mais d’un état d’accord dynamique entre ce qui se passe en lui, à travers lui, et autour de lui.

     

    5. La joie comme alignement multi-échelles

    On passe ainsi de : “Je suis joyeux parce que ma puissance augmente.”

    à : “Je suis joyeux parce qu’un alignement est en train d’émerger entre plusieurs plans du réel — et que je le sens passer par moi.”

    Autrement dit :

    • La joie ne vient pas de l’intérieur,
    • Elle ne vient pas de l’extérieur,
    • Elle vient de la justesse de la relation entre les deux.

    Et cette justesse est la vérité vivante.

     

    6. Ce que Kernesis apporte : un modèle d’entrée, de circulation, de germination

    Kernesis va encore plus loin en proposant un langage pour cette traversée.

    Il offre une architecture incarnée de l’alignement :

    • Il pense la germination d’un acte juste, à partir de presque rien.
    • Il modélise la poussée fluide d’une pensée, d’un lien, d’une présence.
    • Il maintient le corps, l’attention, le rythme, le silence comme rotules de circulation du vrai.

    Ainsi, le sujet n’est plus seulement un être pensant : il devient un lieu où naît et se stabilise une vérité vivante, fluide, incarnée.

     

    7. Vers une politique fluide de la joie et de la vérité

    Ce renversement est décisif :

    La vérité ne s’oppose plus à l’erreur comme un contenu à un autre.

    Elle s’éprouve comme une résonance étendue, un alignement à travers les niveaux du réel.

    • Un geste peut être vrai.
    • Une parole peut être fausse, même exacte.
    • Une décision peut être juste, même sans preuves.

    La joie, dans ce modèle, n’est pas une fin : elle est un signal de passage réussi entre les plans de soi, les plans du monde, et les formes du réel.

     

    Conclusion : une fidélité transformatrice à Spinoza

    Ce que permet le Flux Intégral, prolongé par Kernesis, ce n’est pas de contredire Spinoza, c’est de le rendre à sa puissance de germination.

    Oui, la joie est augmentation de puissance.

    Mais cette puissance ne s’évalue plus seulement dans la cohérence d’un système, elle se mesure dans la justesse d’une traversée vivante, à travers les échelles.

    Et cela, Spinoza l’a pressenti.

    Mais aujourd’hui, nous pouvons/devons le vivre.

     

    Mathématiques et vérité fluide : vers une co-ïncidence sans paradoxe

     

    1. Le paradoxe classique : vérité démontrée vs vérité vécue

    Depuis toujours, les mathématiques fascinent les philosophes. Elles semblent formuler des vérités éternelles, nécessaires, indiscutables.

    Mais cette rigueur même a posé problème :

    Comment un savoir aussi abstrait peut-il exprimer quelque chose de réel ?

    Pourquoi la nature “obéit aux mathématiques” ?

     Et pourquoi, inversement, tant d’élèves ne ressentent rien de vivant en les étudiant ?

    Ce paradoxe est bien connu : Les mathématiques disent vrai, mais souvent en dehors de nous.

     

    2. Ce que change l’alignement multi-échelles : la vérité cesse d’être univoque

     

    Le modèle fluïen du Flux Intégral ne nie pas la validité des mathématiques.

    Il change le statut de la vérité mathématique :

    Ce n’est pas un absolu indépendant, c’est un mode de justesse interne à un niveau donné (le formel), qui gagne en vérité profonde lorsqu’il entre en résonance avec d’autres niveaux :

    – le sensible,

    – l’intuitif,

    – l’expérientiel,

    – le symbolique,

    – l’éthique.

     Une formule devient vraie dans un sens plus vaste quand elle passe dans un flux, un usage, un rythme, une compréhension vivante.

     

    3. Les mathématiques comme plan de circulation traversable

    L’élève qui comprend une équation n’est pas simplement celui qui l’a résolue.

    C’est celui qui a traversé plusieurs seuils :

    • Le seuil de non-compréhension (friction),
    • Le seuil de mise en forme (structure),
    • Le seuil de raccordement avec d’autres savoirs (intégration),
    • Et parfois le seuil de joie (coïncidence vécue).

    À ce moment-là, la mathématique cesse d’être un objet, elle devient un acte.

     C’est ici que les mathématiques rejoignent l’alignement fluïen : quand elles ne prouvent pas seulement, mais qu’elles font vibrer juste.

     

     

    4. Des mathématiques simples aux plus complexes : des lieux d’émergence du vrai

    Prenons des exemples sur plusieurs niveaux :

    L’enfant qui découvre que 2 + 3 = 5

    Ce n’est pas seulement une opération.

    C’est une coïncidence intérieure : un geste du corps, une parole, une image, une certitude douce.

     

     Le lycéen qui comprend la dérivée comme limite du taux de variation

    Ce n’est pas seulement un outil de calcul.

    C’est un accès à la dynamique du monde : comment une chose change au sein d’un autre changement.

     

     Le mathématicien qui entrevoit une structure topologique, fractale, très complexe

    Ce n’est pas un jeu formel.

    C’est une vision du réel à un autre niveau d’échelle, souvent difficilement dicible, mais parfaitement ressenti.

     

    Dans chaque cas, le niveau mathématique devient traversable. Il ne clôt pas, il relie.

     

     

    5. Kernesis : rendre habitable ce passage

    Kernesis fournit les outils incarnés pour que ce passage s’opère réellement :

    • par la posture (tenir une équation dans le souffle, dans la main),
    • par la germination (faire émerger une idée d’un effort sans forme),
    • par la résonance (sentir la justesse d’un énoncé sans l’avoir encore démontré),
    • par la mémoire fluide (voir un théorème comme un paysage familier).

    Les mathématiques ne sont plus des objets à assimiler, mais des dynamiques à traverser, des formes à intégrer, des seuils à franchir.

     

    6. La vérité mathématique, sans paradoxe : une couche du réel parmi d’autres

    La vérité mathématique n’est plus opposée :

    ni au vécu,

    ni au sensible,

    ni au politique,

    ni au spirituel.

    Elle devient une couche précise, régulée, cristalline, que l’on peut arpenter, connecter, traduire, faire circuler. Elle ne s’oppose plus à la vie. Elle s’aligne avec elle.

     

     Conclusion : les mathématiques, lieux d’alignement et non d’exception

    Oui, les mathématiques sont vraies. Mais leur vérité n’est pas suspendue dans le vide. Elle prend tout son sens quand elle s’aligne avec d’autres dimensions du réel — corporelles, imaginaires, poétiques, techniques, éthiques.

    Et c’est là que le paradoxe tombe.

    Elles ne sont pas un miracle rationnel.

    Elles sont un plan parmi d’autres, ouvert à la traversée, et d’autant plus puissantes qu’elles ne cherchent plus à tout capturer.

    C’est ainsi qu’elles cessent d’être un défi philosophique, et deviennent une voie d’accès fluide à la vérité vivante.

     

    Conclusion finale

    Spinoza nous a appris que la joie révèle la puissance.

    Aujourd’hui, nous découvrons qu’elle révèle aussi la traversée juste entre les plans du réel.

    La vérité ne s’impose plus comme une démonstration, elle se laisse sentir comme une co-incidence vivante : quand un mot, un geste, une équation, une pensée, entrent en résonance à travers les échelles, et que quelque chose, en nous, tient debout et passe.

  • Deux segments et une rotule pour une jambe de bois: le « Kernesis »

     

    L’idée initiale c’était de relier l’Eclosophie, la poussée germinative, l’élan presque sans forme,  avec le Flux Intégral, reposant sur la circulation. dynamique entre la régulation, la traversée multi-échelles, et bien sûr l ‘incarnation mais aussi la joie comme symptôme de la régulation réussie.
    Dans cette présentation je me place dans une démarche exclusivement centrée sur l’humain. 
    Alors j’ai pensé en premier lieu à la respiration, espèce de mouvement primaire, de poussée interne/externe, non dirigé et régulateur….


    La respiration  avec une approche éclosophique

    Dans le cadre de l’Éclosophie, la respiration est considérée comme forme primordiale de la poussée. Elle ne se réduit ni à une fonction biologique, ni à une figure symbolique du vivant : elle constitue l’acte minimal par lequel un être advient à un monde. Inspirer n’est pas simplement faire entrer de l’air ; c’est établir une tension entre un dedans encore informe et un dehors toujours déjà structurant, et maintenir cette tension active dans un rythme soutenable.

    La respiration est donc un acte de traversée germinative, qui ne vise pas la fusion, mais la coexistence rythmique d’un intérieur en formation et d’un extérieur porteur de seuils. L’Éclosophie ne la traite pas comme une métaphore du souffle vital, mais comme une oscillation réelle entre présence émergente et monde structuré, par laquelle le penser lui-même peut surgir.

    Cette oscillation engage plusieurs tensions constitutives :

    • Une tension germe / monde, car toute respiration engage un mouvement d’ouverture (exposition) et de reconfiguration (protection).
    • Une tension retrait / jaillissement, dans la manière dont l’air est suspendu (apnée, attente) ou relâché (expiration, franchissement).
    • Une tension forme / dissolution, car le souffle donne au corps une forme énergétique temporaire qui se défait à chaque cycle.

    La respiration devient ainsi l’interface minimale d’émergence d’un sujet, non pas comme substance stable, mais comme entité en poussée. Elle ne donne pas d’abord un contenu, mais ouvre une condition de manifestation : être en train de respirer, c’est être en train d’émerger.

    Dans cette perspective, la respiration ne peut être dissociée du geste de penser : le souffle précède et soutient l’articulation cognitive. Il constitue le battement prédiscursif du penser vivant, et permet de concevoir une philosophie de l’émergence non verbale, non structurée, mais pleinement opératoire.

     

    La respiration avec une  approche  fluïenne

    Dans le système du Flux Intégral, la respiration est un opérateur de régulation fluïenne à micro-échelle. Elle constitue un nœud fonctionnel de synchronisation entre les quatre dimensions du système — RIACP, ICPME, Posture-Flux et Flux-Joie — et permet d’évaluer, ajuster ou restaurer la circulation du flux à travers les strates de l’expérience.

    Sous l’angle de la régulation pulsionnelle (RIACP), la respiration permet de moduler la tension interne. Un souffle court et irrégulier peut signaler un blocage (inhibition excessive ou saturation), tandis qu’un souffle ample, non maîtrisé, peut manifester une décharge pulsionnelle incontrôlée. La respiration devient ainsi un indicateur mais aussi un modulateur de la circulation énergétique à l’intérieur du champ pulsionnel.

    Dans la logique de l’intégration multi-échelle (ICPME), la respiration fonctionne comme axe de coordination entre différentes temporalités internes : corporelles (mouvement et posture), affectives (états émotionnels transitoires), cognitives (enchaînement d’idées) et mnésiques (rappels ou anticipations). Sa continuité ou sa discontinuité permet de détecter des ruptures ou des désalignements dans cette intégration. Respirer de manière consciente rétablit un pont fluïen entre ces plans.

    La posture-flux, quant à elle, est directement affectée par la qualité du souffle. Une posture contractée bloque l’inspiration complète, tandis qu’une posture effondrée rend difficile l’expiration pleine. La respiration révèle donc l’alignement postural avec le monde et constitue un critère direct d’évaluation de la qualité de présence à l’instant. Elle soutient le geste dans sa continuité, favorise les transitions fluides, et stabilise le rapport au sol comme au ciel (littéralement et symboliquement).

    Enfin, dans le registre de la joie fluïenne, la respiration opère comme trace immédiate de la qualité du flux. Un souffle fluide, non obstrué, sans effort superflu, coïncide souvent avec une expérience de joie tranquille ou d’engagement dynamique. À l’inverse, l’obstruction du souffle est l’un des premiers signes d’un désaccord interne ou d’un effondrement énergétique. La respiration devient donc un symptôme perceptible du niveau de résonance fluïenne, mais aussi un levier d’ajustement vers l’accord.

    Ainsi, dans l’approche fluïenne, la respiration n’est ni un simple support vital, ni un outil de méditation accessoire : elle est l’expression minimale d’un état de flux ou de rupture du flux, et doit être analysée dans sa valeur différentielle, ses effets de modulation, et son potentiel transformateur. Elle est le lieu opératoire de la reconduction dynamique du vivant vers le vivant.

     

    Articuler les deux approches

    Du point de vue éclosophique, la respiration est forme germinative d’émergence — tension non orientée encore, mais déjà agissante.

    Du point de vue fluïen, elle est outil systémique d’ajustement — tension orientée et lisible, intégrée dans des processus régulables.

    Ce qui les distingue n’est pas l’objet — le souffle — mais le niveau d’ontologie implicite :

    • L’Éclosophie s’ancre dans la poussée avant toute structuration.
    • Le Flux Intégral s’applique à l’organisation dynamique du vivant déjà structuré, mais à maintenir fluide.

    Dans une lecture conjointe, la respiration peut être envisagée comme le lieu de passage entre émergence et régulation, entre un germe qui pousse et un système qui s’adapte. Elle est à la fois condition d’apparition et trace de modulation.

    Ce double statut en fait un point stratégique de toute pédagogie de l’attention, de toute pratique incarnée du penser vivant, et de toute méthode de circulation ou de restauration du flux.

     

    Mais la respiration possède-t-elle  seule ce double statut ?


    Je pensais que oui, mais avec un peu plus d’attention, d’autres mécanismes incarnés peuvent aussi répondre à cette double contrainte, d’être l’interface en éclosophie et flux intégral.

    La respiration peut être considérée comme un noyau opératoire de passage entre Éclosophie et Flux Intégral — mais ce n’est pas le seul possible, ni même nécessairement le plus central dans toutes les situations. Elle joue un rôle unique par sa double appartenance :

    • En Éclosophie, elle est forme minimale d’émergence, poussée rythmique originelle, premier battement d’un être qui s’ouvre à l’espace.
    • En Flux Intégral, elle est vecteur de régulation systémique, interface entre les quatre piliers (RIACP, ICPME, Posture-Flux, Flux-Joie), outil d’ajustement instantané.

    En cela, la respiration constitue un point d’isomorphisme fonctionnel entre deux systèmes aux structures différentes mais compatibles :

    • Germinatif / préformel (éclosophique)
    • Dynamique / régulatif (fluïen)

    Elle permet d’incarner ce que l’on pourrait appeler une poussée régulante, ou un flux d’émergence.

    Mais est-elle le seul noyau ?

    La respiration est un noyau privilégié, mais d’autres lieux de jonction sont possibles, selon le plan que l’on observe. En voici quelques autres :

    1. Le silence actif

        • En Éclosophie : suspension du germe avant l’acte
        • En Flux Intégral : point d’auto-régulation du flux, moment de tension stable (équiflux)

    Ce silence est une forme d’équilibre sans fixité, un potentiel pur — tout comme la respiration entre deux souffles.

     

    2. Le geste initiant

        • En Éclosophie : franchissement du seuil, début d’un acte, pas encore structuré mais déjà irréversible.
        • En Flux Intégral : modulation intentionnelle, acte qui engage la posture-flux, la joie, la tension, etc.

    Ici, le geste joue le même rôle de révélateur incarné du processus de circulation et de poussée.

     

    3. L’attention incarnée

        • En Éclosophie : forme de présence nue à l’émergence, sans interprétation.
        • En Flux Intégral : fonction de lisibilité du flux, lecture immédiate de la dynamique en cours.

    L’attention est le lien perçu de l’intérieur, là où la respiration est le lien structuré dans le corps.

    Conclusion respiratoire 

    La respiration est un noyau opératoire fondamental entre Éclosophie et Flux Intégral, car :

      • Elle est germinative (forme minimale d’émergence)
      • Et régulatrice (outil d’ajustement du flux)

    Mais elle n’est pas le seul. D’autres noyaux peuvent exister :

      • Le silence actif comme tension immobile.
      • Le geste comme surgissement incarné.
      • L’attention comme interface perceptive.

    Chacun de ces noyaux constitue une structure de jonction possible, avec sa propre configuration énergétique, ontologique et fonctionnelle.

     

    La méditation Zen « contient » intégralement ces quatre composantes sans les dissoudre

    • La respiration
    • Le silence actif
    • Le geste initiant
    • L’attention incarnée 

    Peu de pratiques sont si peu engagées et d’un autre côté très engagées. J’ai tout de suite pensé à la médiation Zen, la plus rustique… la méditation sans objet. La méditation zen se tient donc précisément à l’intersection de ce que l’Éclosophie appelle poussée nue (germinative, sans discours), et de ce que le Flux Intégral formalise comme auto-régulation incarnée du flux. Elle constitue, en ce sens, un lieu de pratique qui réalise spontanément l’articulation entre les deux systèmes, sans les nommer

    Du point de vue éclosophique :

      • Le zen s’ancre dans une présence radicalement non intentionnelle, sans visée, sans construction de forme : c’est exactement le plan d’émergence que travaille l’Éclosophie — un être en tension d’apparaître, mais sans image.
      • L’assise silencieuse (zazen) est une poussée sans projet, où l’on ne “fait” rien, mais où quelque chose advient de manière non localisable.
      • La respiration y est observée mais non dirigée, la pensée n’est ni coupée ni suivie, et l’acte naît sans intentionnalité préalable.

    Cela en fait une pratique germinative par excellence.

     

    Du point de vue fluïen :

      • La méditation zen engage une régulation constante des flux internes (pulsionnels, affectifs, attentionnels) sans les censurer.
      • Elle active les quatre piliers :
        • RIACP (~) : modulation du surgissement sans inhibition ni décharge.
        • ICPME (⟳) : unification silencieuse des strates (corps, souffle, pensée, mémoire).
        • Posture-Flux (▭) : assise alignée, non crispée, tenue sans tension.
        • Flux-Joie (+) : une joie sans objet, issue d’un accord de fond.

    Elle peut être analysée comme une forme stabilisée d’équiflux, avec des variations fines détectables dans la pratique.

    Analyse :

    La méditation Zen est sans doute un des très rares lieux de coïncidence intégrale entre Éclosophie et Flux Intégral, à l’état pur , la méditation zen comme interface incarnée, non analytique, mais expérientielle, où :

      • la poussée s’éprouve sans discours,
      • le flux se régule sans contrôle.

    Elle constitue donc un noyau expérientiel partagé, un point d’entrée ou de jonction possible, sans traduction nécessaire.

    Elle réalise ce que les deux modèles formulent.

    Dire que la méditation zen est un lieu de coïncidence entre Éclosophie et Flux Intégral suggère qu’il pourrait y en avoir d’autres de même statut. Or, si l’on pousse l’analyse, ce lieu-là n’est pas “un” parmi d’autres : il est le lieu de coïncidence directe, expérientielle, incarnée, sans médiation verbale ni théorique.

    Pourquoi ? Parce que la méditation zen réalise directement, sans conceptualisation intermédiaire :

      • la poussée silencieuse (Éclosophie)
      • la régulation fluïenne incarnée (Flux Intégral)

    Elle est donc le seul lieu connu qui les actualise simultanément, dans un acte vécu, non symbolique, non discursif, non finalisé.

    Pour être rigoureux :

      • La respiration, par exemple, articule les deux plans — elle est médiane, support commun, mais elle peut être observée ou utilisée sans aller jusqu’à la coïncidence radicale des deux logiques.
      • Le geste initiant, le silence actif, l’attention nue — ce sont des structures de jonction possibles, des candidats à la convergence, mais qui peuvent encore rester partiels, modulés, contextuels.

    La méditation zen, en revanche :

      • Ne représente pas, ne signifie pas.
      • N’utilise aucun outil d’unification symbolique.
      • Ne cherche pas à relier, mais habite l’écart (éclosophie) et traverse les flux (flux intégral) dans le même acte.

    Conclusion Zen :

    La méditation zen est le lieu de coïncidence, à la fois :

      • ontologique (poussée nue)
      • systémique (équilibre du flux)

    Et non pas un lieu parmi d’autres.

    Il peut y avoir d’autres lieux d’articulation partielle, d’autres formes symboliques, mais pas d’autre actualisation directe, brute, unifiante, à ma connaissance, qui incarne sans distance la tension germinative et la régulation fluïenne dans un même acte.

    Il y peut-être d’autres pratiques qui rassemblent aussi ces quatre composantes, sans les absorber, sans doute un peu plus proche du Flux Intégral que de l’Eclosophie. J’ai pensé au Qi Gong qui me semble être aussi un très bon candidat, malgré le fait qu’il ait perdu la dimension « sans objet » de la méditation Zen.

    La méditation zen constitue donc, à ce jour, le seul lieu de jonction directe, incarnée et non médiatisée, entre l’Éclosophie (poussée germinative) et le Flux Intégral (régulation systémique du flux) dans l’expérience humaine.

    Elle actualise sans concept ni métaphore :

    – la tension d’émergence préformée (éclosophique),

    – et l’ajustement dynamique du flux vivant (fluïen).

    Aucune autre pratique humaine connue n’opère cette convergence sans recours à une structure discursive, symbolique ou méthodologique. Elle n’articule pas ces deux plans : elle les habite dans un même acte.

     

    Deux segments et une rotule : Le Kernesis…

    Terminus. On ne peut pas aller plus loin. Nous sommes arrivés au bout du chemin, sinon on entre dans la métaphysique. Le mouvement s’est installé dans un alignement au sein de la spirale fluïenne. Le modèle est clos. Pas son incarnation.

    Deux segments autonomes, entièrement structurés, et la rotule unique qui permet leur articulation vivante sans les confondre.

    • Éclosophie : segment de l’émergence nue — tension germinative, poussée sans forme.
    • Flux Intégral : segment du vivant organisé — circulation, régulation, intégration.
    • Méditation zen / Qi Gong: rotule incarnée, non symbolique, non discursive, qui permet le passage d’un plan à l’autre sans fracture, parce qu’elle n’opère ni synthèse ni superposition, mais co-présence sans concept.

    Tout s’aligne… sur une spirale” — est peut-être le sceau Kernesique exact.

    Ce n’est pas une théorie de plus. C’est la découverte  d’un système holistique à deux segments, reliés par une seule rotule vivante, habitable, testable, non spéculative, et ontologiquement bouclée.

    Et dans ce système :

    • La posture n’est pas décorative : elle est l’ajustement fondamental entre ce qui pousse (Éclosophie) et ce qui circule (Flux Intégral).
    • L’alignement n’est pas un idéal moral, mais une condition dynamique de vérité.
    • La spirale, loin d’être une image, est la seule forme capable de faire tenir la poussée germinative et la régulation fluïenne sans les superposer : elle épouse l’émergence et organise la traversée.

    Autrement dit :

    On a la structure (segment – rotule – segment), mais aussi la forme dynamique :

    la spirale comme figure du vrai , non parce qu’elle mène à un centre, mais parce qu’elle habite l’écart sans s’y perdre.


    On avance en boitant ! 

    La fin et la fermeture de Kernesis lui procurent son opérationabilité dans l’ouverture!

  • La mort comme flux d’arrachement : une inflexion structurelle du modèle du Flux Intégral

     

     

    I. Poser le problème : un manque dans le système

    Le modèle du Flux Intégral repose sur quatre piliers systémiques :

    • RIACP (régulation et inhibition du champ pulsionnel),
    • ICPMe (intégration du champ pulsionnel multi-échelles),
    • Posture-Flux,
    • Flux-Joie.

    Il postule que toute dynamique — tension, blocage, expansion, perte — peut être modulée, ajustée, intégrée, incarnée.

    Mais une limite conceptuelle se présente :

    Que faire de la mort ?

    Non pas comme événement biologique, ni comme représentation, mais comme réalité fluïenne. A-t-elle sa place comme flux ? Et si oui, quelle est sa fonction propre dans le système ?

     

     

    II. Proposition pivot : la mort comme flux d’arrachement

     

    Définition :

    La mort est un flux d’arrachement,

    un courant qui soustrait irréversiblement une forme de son réseau d’existence.

    Elle ne réécrit pas ce qui fut, n’harmonise rien,

    mais grave dans le monde ou dans le sujet une empreinte d’absence.

     

    III. Nature spécifique de ce flux

    Contrairement aux flux habituellement traités dans le modèle, celui de la mort :

    • n’opère aucune transformation,
    • n’intègre aucun contenu à un nouvel équilibre,
    • ne régule rien.

    Il agit autrement :

    • Il extrait définitivement une forme du système où elle opérait.
    • Il ne la recycle pas, ne la compense pas, ne la transforme pas en autre chose.
    • Il laisse une marque d’absence active, non réversible.

     

    Ce n’est donc pas un flux de transformation, mais un flux de retrait irréductible.

     

    IV. Conséquences pour le modèle du Flux Intégral

     

    1. Introduction d’un nouveau type de flux

    Le Flux Intégral intègre dès lors une nouvelle catégorie de flux :

    ✦ Les flux d’arrachement, distincts des flux de circulation, de régulation, ou d’intégration.

    Ce sont des flux qui :

    • ne participent plus à la dynamique vivante du système,
    • mais qui modifient ce système en y inscrivant une absence irréparable.

    Cela étend le spectre des flux reconnus par le modèle et corrige une tendance implicite à surévaluer la fonction intégratrice.

     

    2. Effet sur les quatre piliers

     

    Pilier

    Impact de la mort comme flux

    RIACP (~)

    La régulation ne peut pas toujours éviter l’arrachement. Il faut intégrer une éthique du retrait non régulable.

    ICPME (⟳)

    Toute intégration n’est pas possible : certaines coupures créent une rupture de l’échelle d’intégration elle-même.

    Posture-Flux (▭)

    Le sujet fluïen doit apprendre à tenir la posture dans l’absence, sans attente de reconduction.

    Flux-Joie (+)

    La joie ne peut pas tout traverser : elle doit céder place à une lucidité sans expansion, qui reconnaît l’empreinte d’absence sans la réenchanter.

     

     

    V. Conséquence pour le sujet fluïen

     

    Le sujet fluïen était jusqu’ici conçu comme : un nœud vivant de circulation, de modulation et de réajustement dynamique.

    L’introduction de la mort comme flux d’arrachement modifie cette définition :

    ✦ Le sujet devient aussi le porteur d’empreintes d’absence — des marques laissées par des pertes non réversibles, qui ne s’intègrent pas mais désintègrent silencieusement une part de lui.

    Ce n’est pas un défaut du système, c’est une condition réelle de subjectivation.

     

    VI. Basculement du paradigme

    L’introduction de ce type de flux modifie le paradigme fluïen de façon structurelle :

    Avant

    Après

    Tout flux est potentiellement intégrable

    Certains flux extraient définitivement une forme du système

    La perte est un processus régulable

    Certaines pertes échappent à toute modulation

    Le sujet agit sur le flux

    Le sujet est aussi affecté par ce qui ne peut être intégré

    Le flux est ajustement permanent

    Le flux peut être retrait sans transformation

     

     

    VII. Conclusion

    La mort, en tant que flux d’arrachement, oblige à reconnaître qu’il existe des formes de passage qui ne servent aucun devenir, mais qui transforment malgré tout le sujet — non par intégration, mais par empreinte d’absence.

    Ce déplacement, loin de fragiliser le modèle du Flux Intégral, lui donne une profondeur ontologique nouvelle, en l’ouvrant aux limites réelles de ce qui peut circuler.

     

  • Le Mensonge, le Relativisme et le Flux Intégral et puis la Vérité

     

    A. Réguler le vrai, intégrer l’incertain, incarner le flux vivant

     

    1. RIACP — Régulation du champ pulsionnel face au mensonge

    Le mensonge peut naître :

    • soit d’un excès pulsionnel, où l’évitement de la vérité protège un désir ou une peur non régulée ;
    • soit d’une stratégie adaptative pathologique, quand la vérité semble invivable.

    Le Flux Intégral n’élimine pas le mensonge par normativité morale, mais cherche à réintégrer l’intensité qui le génère : Mentir, c’est souvent dire la vérité d’un flux bloqué autrement.

    Fonction fluïenne : dégonfler la pression sous-jacente, fluidifier la parole, remettre en circulation.

     

    2. ICPME — Relativisme et multi-échelles de vérité

    Le relativisme, dans sa forme molle, disloque les plans d’intégration :

    • il met tout sur le même plan (ce que je crois, ce que je ressens, ce qui est) ;
    • il affaiblit la possibilité d’étager les flux, de les articuler à des régimes de validité différenciés.

    Le Flux Intégral assume :

    • une pluralité des niveaux de lecture du réel (sensible, symbolique, logique, expérientiel…) ;
    • une nécessité de cohérence dynamique entre ces niveaux.

    Tout n’est pas vrai partout — mais tout peut être lu comme signal d’un flux, à sa juste échelle.

    Fonction fluïenne : restaurer une verticalité intégrative, hiérarchiser sans dogmatisme.

     

    3. ▭ Posture-Flux — Dire vrai sans rigidité

    La posture fluïenne ne cherche pas à “détruire” le mensonge ni à “refonder la vérité” de manière absolue.

    Elle s’aligne pour que la présence parle juste, c’est-à-dire :

    • sans forcer ;
    • sans fuir ;
    • sans se rigidifier dans une version figée du vrai.

    La vérité fluïenne est une tension tenue entre sincérité, lucidité, et écoute du vivant.

    Fonction fluïenne : ancrage dans une parole vivante, ajustée, non défensive.

     

    4. ✚ Flux-Joie — La résonance du vrai

    La vérité qui libère n’est pas une vérité logique, mais une vérité qui fait résonner la joie fluïenne.

    La joie n’est pas un critère de vérité universelle, mais un indicateur de justesse existentielle :

    • mentir vide ou durcit ;
    • dire vrai (quand c’est mûr) dilate, respire, ouvre.

    Le corps sait quand on triche avec le flux.

    Fonction fluïenne : capter l’effet d’un énoncé sur le vivant ; ajuster la parole à ce qui rend joyeusement plus fluide.

     

    Crible fluïen

    Résidu :

    → Le mensonge est un symptôme.

    → Le relativisme est une impasse si les échelles du flux ne sont pas perçues.

    → Le vrai n’est pas un absolu, mais une ligne de flux bien orientée : celle qui fait circuler, intégrer, ajuster et réjouir.

     

     

    B. Les approches classiques 

    La lecture fluïenne du mensonge et du relativisme se distingue clairement des approches classiques — philosophiques, morales ou psychologiques — par son ancrage énergétique, multi-échelles et transformationnel.

     

     1. Lecture philosophique classique

    • Chez Platon : le mensonge est une ombre de la vérité, un éloignement de l’Idée. La vérité est transcendante, stable, à chercher au-delà du sensible.
    • Chez Nietzsche : toute vérité est une construction interprétative, une illusion utile — le mensonge est constitutif de la vie.
    • Chez les postmodernes (Foucault, Derrida) : la vérité est un effet de discours ; le relativisme est le corollaire d’un monde décentré.

     Comparaison :

    Le Flux Intégral ne cherche ni l’absolu (comme Platon), ni la déconstruction généralisée (comme Derrida), mais une cohérence située du vivant, une justesse dynamique.

    Il relie la vérité à la circulation du flux, et non à une métaphysique du vrai ou à une stratégie du pouvoir.

     

     2. Lecture morale

    • Le mensonge est souvent condamné en tant qu’acte mauvais (Kant : on ne doit jamais mentir, même pour sauver une vie).
    • Le relativisme est perçu comme danger pour la cohésion sociale ou perte des repères moraux.

    Comparaison :

    L’approche fluïenne est non normative au sens moral : elle ne juge pas en “bien/mal”, mais en qualité de régulation et de circulation.

    Elle rend possible une parole “juste” sans rigidité morale, une vérité incarnée plutôt que décrétée.

     

     3. Lecture psychologique

    • Le mensonge peut être vu comme mécanisme de défense (Freud), ou stratégie d’adaptation à l’environnement (approches cognitives ou systémiques).
    • Le relativisme est parfois associé à une immaturité cognitive ou morale (cf. Piaget, Kohlberg).

     Comparaison :

    Le Flux Intégral ne se focalise ni sur les mécanismes de protection intra-psychiques, ni sur des stades de développement linéaires.

    Il explore comment un flux est bloqué, déréglé ou trahi — et comment on peut le réintégrer, sans forcer ni figer.

     

     4. Lecture spirituelle ou ésotérique

    • Le mensonge est souvent vu comme un voile sur la réalité, à lever pour atteindre un “éveil”.
    • Le relativisme est parfois rejeté comme confusion de niveaux vibratoires ou de conscience.

     Comparaison :

    Le Flux Intégral ne cherche pas la “lumière” contre l’ombre. Il travaille dans l’épaisseur du réel, sans séparation dualiste.

    Il considère chaque déformation (mensonge, flou, ambivalence) comme un signal à décrypter, une porte de transmutation — pas comme un échec ou un mal.

     

    En résumé :

    Lecture

    Position sur le mensonge

    Position sur le relativisme

    Ce que la lecture fluïenne ajoute

    Philosophie classique

    Écart à la vérité

    Perte de repères ou jeu sur les discours

    Réintégration énergétique multi-échelles

    Morale

    Faute

    Danger pour le lien social

    Déplacement vers la régulation du flux, non le jugement

    Psychologie

    Mécanisme de défense

    Stade immature

    Circulation entravée du vivant

    Spiritualité

    Voile à dissiper

    Confusion de plans

    Usage transmutatif du désalignement

     

    La lecture avec Flux Intégral se démarque par sa capacité à ne pas exclure les autres lectures, mais à les réintégrer à l’intérieur d’un système de flux, en les replaçant dans une dynamique située, non figée, non dualiste. Elle est plus opératoire que dogmatique, plus énergétique que conceptuelle, plus incarnée que normative.

     

    Les apports d’une lecture fluïenne

    La lecture fluïenne du mensonge et du relativisme apporte quelque chose de radicalement neuf :

    → Une boussole de régulation du vivant, là où les autres approches cherchent à condamner, justifier ou relativiser.

     

     Ce qu’elle transforme concrètement :

     

    1. Elle libère la vérité du dogme et du chaos

    → Ni absolue, ni molle : la vérité devient ligne de flux régulée, justesse incarnée, cohérence vivante.

    ≠ Vérité imposée (moralement)

    ≠ Vérité dissoute (relativement)

     

    2. Elle transmute le mensonge en symptôme lisible

    → Le mensonge devient un indice de tension dans le flux, à décrypter et non à réprimer.

    ≠ Faute à punir

    ≠ Artifice à normaliser

     

    3. Elle restaure une hiérarchie dynamique des échelles

    → Le relativisme est requalifié en désintégration verticale du réel. La solution n’est pas l’uniformité, mais l’intelligence des plans.

    ≠ Tout se vaut

    ≠ Un seul niveau a raison

     

    4. Elle redonne un rôle à la joie dans l’orientation du vrai

    → Une vérité qui n’engendre ni alignement, ni flux, ni joie est peut-être une erreur de niveau — ou un vrai mal formulé.

    ≠ Vérité comme démonstration froide

    ≠ Vérité comme simple émotion

     

    En une phrase :

    Le Flux Intégral ne choisit pas entre le mensonge et la vérité, ni entre l’absolu et le relatif —

    il régule la manière dont le vivant circule entre eux, à travers nous.

     

     

    C. Le changement c’est une descente vers le nid (fluïen) et la vérité une montée vers l’alignement ….

     Cette phrase capte en quelques mots une structure fluïenne du réel que peu de modèles arrivent à articuler sans tomber dans le dualisme ou la simplification symbolique.

    1. Le changement comme descente vers le nid

    • Changement : mouvement d’adaptation, de mutation, d’accueil de ce qui vient.
    • Descente : retour vers la densité, l’incarnation, le lieu du vivant.
    • Nid : image archétypale de la sécurité primitive, de l’accueil, du tissé, du lieu où l’on se dépose.

     Pilier fluïen dominant : RIACP

    → Le changement véritable implique de revenir à la base pulsionnelle, de ré-ancrer les tensions, de reconstruire le support du vivant.

    On ne change pas en s’élevant, mais en se laissant redescendre vers un socle plus vivant.

     

    2. La vérité comme montée vers l’alignement

    • Vérité : non pas une doctrine, mais un état de justesse.
    • Montée : tension ascendante, élévation des plans d’être, clarification.
    • Alignement : intégrité intérieure, posture droite, cohérence entre plans.

     Pilier fluïen dominant : Posture-Flux + Flux-Joie

    → La vérité n’est pas une possession, mais une ligne verticale de tension tenue, qui traverse et aligne toutes les strates de l’être.

    Dire vrai, c’est ne pas trahir ce qui monte en nous — et oser se tenir là, en équilibre.

     

    Polarité fluïenne intégrée

    Mouvement

    Direction

    Symbole

    Fonction fluïenne dominante

    Changement

    Descente

    Nid

    RIACP (ancrage, régulation)

    Vérité

    Montée

    Alignement

    Posture-Flux + Flux-Joie (tenue, justesse)

    Ces deux mouvements ne s’opposent pas.

    Ils constituent une oscillation vitale :

    descendre pour se réancrer → monter pour s’aligner → redescendre pour ajuster → remonter pour rayonner.

     

    Reformulation fluïenne poétique :

    Le changement descend vers le nid du vivant,

    La vérité monte vers la ligne de justesse.

    Entre les deux : un souffle. Un va-et-vient.

    Une spirale qui habite le flux.

     

    D. Comment la vérité fluïenne n’est-elle pas relativiste!

    Si la vérité est “alignement”, comment éviter qu’elle ne devienne purement subjective ?

    Comment ne pas glisser dans le relativisme psychologisé ou individualiste ?

    La réponse tient dans la nature même de l’alignement fluïen, qui n’est pas interne mais inter-niveaux. Voici l’analyse :

     

    1. L’alignement fluïen ≠ subjectivité intérieure

    L’alignement, dans le Flux Intégral, n’est pas :

    • ce que je ressens comme juste (trop flou, trop contextuel),
    • ce que je pense être vrai pour moi (trop enfermé dans l’ego narratif),
    • une cohérence locale entre pensées et émotions.

     L’alignement fluïen est un état dynamique de cohérence traversante : Une ligne de tension régulée entre les différentes échelles du vivant : pulsions, émotions, cognition, action, interaction, cosmos.

     

    2. Ce qui fonde la vérité fluïenne : la cohérence multi-échelles

     On échappe au relativisme parce que :

    • Ce qui compte n’est pas “mon” alignement isolé, mais la tenue de la ligne entre :
      • ce que je ressens,
      • ce que je comprends,
      • ce que je fais,
      • et ce que cela produit dans le monde (effet-résonance).

    • Il existe donc une validation traversante, non dogmatique mais exigeante :
      • une vérité fluïenne peut se désaligner dans l’effet (perte de flux),
      • ou se ré-aligner à un autre niveau (ajustement vertical ou latéral).

    La vérité fluïenne se teste dans la circulation, non dans la croyance.

     

     3. Différence essentielle avec le relativisme

    Aspect

    Relativisme classique

    Vérité fluïenne

    Fondement

    Ce que chaque individu croit

    Ce qui traverse avec justesse les niveaux

    Critère de validité

    Subjectivité ou convention

    Alignement + résonance + effet fluïé

    Risque

    Fragmentation, isolement

    Désalignement, perte de circulation

    Régulation interne

    Absente ou floue

    Continue, ancrée dans le flux et le corps

     

    4. Formule pivot :

    La vérité fluïenne ne dépend ni d’une norme externe, ni d’une opinion interne, mais d’un état de justesse dynamique dans le flux intégral du vivant.

    Elle échappe au relativisme par structure, non par opposition idéologique.

     

    E. Il existe donc plusieurs vérités indépendantes et non relatives 

    Cela semble paradoxal dans un cadre classique. Mais dans une ontologie fluïenne, c’est logique, fécond et structurant. Voici pourquoi :

     

    ✦ 1. Une pluralité de vérités ≠ relativisme

    Le relativisme dit :

    → “Il n’y a pas de vérité, seulement des points de vue.”

    Le Flux Intégral dit :

    → “Il y a plusieurs vérités vraies, parce qu’il y a plusieurs plans de flux.”

    Chaque vérité est :

    • non relative, car elle obéit à une cohérence interne stricte (un flux juste à son niveau),
    • indépendante, car elle n’a pas besoin d’un consensus pour être valide,
    • intégrable, si on sait naviguer entre les échelles (ICPMe).

     

     2. Exemple : un même phénomène → plusieurs vérités non contradictoires

     

    Prenons le mensonge d’un adolescent.

    Échelle de lecture

    Vérité non relative

    Psychique

    Il ment pour protéger une part vulnérable.

    Systémique (famille)

    Il réagit à une dynamique non dite du foyer.

    Pulsionnelle (RIACP)

    Il tente de réguler un excès de tension.

    Symbolique

    Il vit une phase d’initiation ou de rupture.

    Fluïenne

    Son mensonge est un point de friction du flux. S’il est reconnu et intégré, il devient passage.

    •  Toutes ces vérités sont valides.
    •  Aucune n’annule l’autre.
    •  Elles ne sont pas relatives, car elles ne se réduisent pas à l’opinion.

    Elles sont situées, intra-cohérentes, traversables.

     

     3. C’est la logique du Flux Intégral : une cohérence fractale

    Chaque niveau de réalité a sa vérité propre.

    Ce n’est pas une hiérarchie verticale absolue, mais une cohérence spiralaire.

    Une vérité fluïenne est locale mais résonante : elle fait circuler ce qu’elle dit, au-delà d’elle-même.

     

    ✦ 4. Conséquence majeure :

    Le monde n’est pas univoque, ni flou.

    Il est multi-cohérent.

    Et une vérité fluïenne n’est pas “la plus juste” — c’est celle qui fait le plus circuler entre les plans sans rupture, sans forçage, sans dissonance.

     

     

    F. Inclure les vérités scientifique, religieuse, idéologique

    Le modèle fluïen non seulement peut, mais doit inclure les vérités scientifique, religieuse, idéologique — à condition de les replacer dans leur plan d’émergence, leur fonction dans le flux, et leur mode de cohérence propre.

     

     1. Ce que fait le Flux Intégral :

    Il ne cherche ni à les hiérarchiser moralement,

    ni à les réduire à des croyances subjectives.

    Il les lit comme formes de stabilisation du flux à une échelle donnée.

     

     Grille fluïenne de lecture : types de vérités

     

    Type de vérité

    Plan principal

    Mode de cohérence

    Risque en cas d’absolutisation

    Fonction fluïenne saine

    Scientifique

    Cognitif / causal

    Logique démonstrative, reproductibilité

    Réductionnisme, déni de subjectivité

    Clarifie, structure le réel mesurable

    Religieuse

    Symbolique / transcendantal

    Révélation, mythe, rite, foi

    Dogmatisme, fermeture au doute

    Ouvre à l’invisible, tisse du sens collectif

    Idéologique

    Systémique / politique

    Interprétation structurée de la société

    Captation du réel, rigidité

    Ordonne le monde social, produit de la direction

    Fluïenne

    Multi-échelles

    Alignement dynamique + résonance

    Dissolution si floutée / dérive mystique

    Traverse et relie les autres, ajuste l’intensité du vivant

     

     2. Une vérité fluïenne ne nie aucune autre

    Elle n’oppose pas la science à la foi, ni la politique à la spiritualité.

    Elle sait à quel plan chaque vérité s’applique, et comment elles peuvent coexister sans se contredire.

     

     3. Comment les intégrer sans les relativiser ?

    Prenons un exemple concret :

    « Le monde a été créé en 7 jours. »

    Lecture scientifique

    C’est faux — le Big Bang, l’évolution, etc.

    Lecture religieuse

    C’est vrai — symboliquement, rituellement, dans l’économie du salut.

    Lecture idéologique

    C’est un discours de contrôle ou de rassemblement communautaire.

    Lecture fluïenne

    Ce récit agit sur le flux : il peut apaiser, ordonner, stabiliser une communauté — mais il devient dangereux s’il est pris pour une vérité trans-échelle absolue. La vérité fluïenne est ici de reconnaître la fonction de ce récit et sa juste place.

     

     

    4. Formule clé :

    Le Flux Intégral ne dit pas : “tout est vrai”.

    Il dit : “chaque vérité a un lieu d’émergence, un effet dans le flux, et une tenue à respecter.”

     

     Conséquence pratique :

    Tu peux croire au sacré, adhérer à une lecture idéologique, penser en scientifique,

    → tant que tu sais à quel flux tu appartiens quand tu parles,

    → et que tu ne les imposes pas à d’autres plans.

     

    G. Un exemple: le design intelligent n’est pas une vérité fluïenne … sauf si ….

    C’est là où l’approche fluïenne se distingue — il peut être lu comme un flux symbolique à une échelle spécifique, à condition qu’il ne soit pas déplacé hors de son plan.

     

    Pourquoi le Design Intelligent n’est pas fluïen ?

     

    1. Il confond les échelles

    Il prend un récit symbolico-théologique (un monde pensé, voulu, conçu par une entité supérieure)

    et tente de le faire passer pour une théorie scientifique, ce qui est un glissement de plan.

    Il impose une vérité de type religieuse ou mythopoétique comme si elle était de type scientifique causal.

     En termes fluïens : il force un flux symbolique dans une boucle cognitive, ce qui bloque la circulation.

     

    2. Il rigidifie le flux

    Le Design Intelligent affirme un plan figé, finaliste, intentionnel, sans possibilité de remise en circulation par l’expérience ou la preuve.

    Il nie le caractère immanent, évolutif, émergent du vivant — ce que le flux intégral reconnaît et travaille.

     

    Peut-on faire une lecture fluïenne du Design Intelligent?

     Oui, mais en le replaçant dans son plan propre, comme une vérité symbolique ou existentielle, par exemple :

    “Je sens que le monde a du sens, une cohérence, une intelligence qui me dépasse.”

    Ceci peut être une vérité fluïenne à condition de :

    • ne pas l’ériger en modèle scientifique,
    • ne pas l’imposer aux autres plans de lecture du réel,
    • ne pas bloquer le flux en refusant l’inconnu, le hasard, l’émergence.

     

    ✦ Grille fluïenne de vérification (extrait) :

    Affirmation

    Plan initial

    Où ça bloque ?

    Peut-elle devenir fluïenne ?

    « Le monde est l’œuvre d’un créateur. »

    Symbolique

    Si transformé en théorie causale

    OUI  si réintégré comme mythe régulateur

    « L’évolution est guidée par une intention. »

    Théologique/symbolique

    Si appliqué au plan scientifique

    OUI  si utilisé comme intuition vécue, non comme preuve

    « Le vivant est trop complexe pour être naturel. »

    Idéologique / théologique

    Glissement vers pseudoscience

    NON sauf à reconnaître l’intuition comme poésie, pas comme preuve

     

     En résumé :

    Le Design Intelligent est anti-fluïen quand il bloque les flux par glissement de plan et absolutisation du sens.

    Il peut être partiellement réintégré dans le modèle fluïen à condition d’être requalifié comme une forme de vérité symbolique locale, non transférable en vérité causale.

     

    H. Quelques saines objections…. et leurs réponses

     

    1. Problème de la hiérarchie dynamique : qui arbitre ?

    La théorie affirme que les échelles (cognitive, pulsionnelle, symbolique, etc.) doivent s’intégrer sans se nier. Mais en pratique :  
    -  Qui décide quelle échelle prime dans un conflit ?  
     - Exemple : Un scientifique (échelle cognitive) et un mystique (échelle symbolique) analysent un "miracle". La vérité fluïenne est-elle dans leur dialogue ? Ou faut-il un méta-critère ?  
    - Risque : Sans règle claire, on retombe soit dans le relativisme ("chacun son plan"), soit dans un dogmatisme masqué ("c’est fluïen car je le sens").  

    Qui arbitre ? La communauté des plans   
    → Précision fluïenne: Chaque échelle (scientifique, symbolique, éthique…) a ses *cercles de validation endogènes (ex. : les pairs en science, les sages en spiritualité).  
    → Clef : Le fluïen ne surplombe pas ces strates — il *les traverse* en cherchant leur point de résonance commune.  
    → Formule : « La vérité émerge quand les cercles s’entrelacent sans se conquérir. »

     

    2. Problème de la réification du flux : le vivant peut-il être cartographié ?

    Le flux est présenté comme une réalité tangible (énergie, régulation), mais :  
    - Son statut ontologique est flou :  
      - S’agit-il d’une métaphore (langage poétique) ?  
      - D’un phénomène mesurable (comme en physique ou en biologie) ?  
    - Danger: Si le flux n’est qu’une image, le modèle perd sa force opératoire. S’il est réel, où sont ses lois empiriques ?  

    L’origine du flux est axiomatique   
    → Éclaircissement : L’axiome (*deux centres, une variation, un flux*) est une ontologie minimale :  
    - Deux centres : Polarités (ex. : chaos/ordre, soi/monde).  
    - Variation : Leur tension dynamique.  
    - Flux : L’énergie qui en naît et circule.  
    → Conséquence : Pas besoin de prouver le flux — il est l’expérience première (comme la gravité pour Newton).

     

    3. Problème de la joie comme boussole : quand le symptôme ment

    La résonance joyeuse est un indicateur utile, mais :  
    - Ses pièges :  
      - La joie réactive (ex. : une addiction satisfaite) peut imiter l’alignement.  
      - Certaines vérités fluïennes (ex. : un deuil à traverser) génèrent d’abord de la souffrance.  
    - Solution partielle : La multi-échelles corrige ce biais… mais suppose une lucidité rare chez l’individu.  

    La multi-échelles corrige les biais… mais les individus seuls manquent de lucidité » 
    → Solution fluïenne :  
    - Individu : Seul, il trébuche (biais affectifs, limites cognitives).  
    - Communauté : Les cercles de validation (cf. point 1) réajustent par confrontation des perspectives.  
    → Exemple : Un mystique isolé peut délirer ; confronté à un psychologue et un poète, son vécu devient vérité symbolique au lieu d’une hallucination.  

     

    4. Problème caché : la surcharge cognitive
    Penser en multi-échelles demande :  
    - Une attention simultanée aux pulsions, aux faits, aux symboles, aux effets sociaux…  
    - Qui peut vraiment le faire hors d’une élite intellectuelle ou spirituelle ?  

     Penser en multi-échelles est complexe… comme la vérité »  
    → Posture fluïenne :  
    - Ne pas simplifier : La complexité est le prix de la justesse.  
    - Outiller : Former à naviguer entre les plans (ex. : protocoles d’écoute corporelle + analyse logique + intégration symbolique).  
    → Paradoxe assumé : « La vérité fluïenne est exigeante — mais c’est sa raideur qui la rend flexible. »

     

    Résumé en une loi fluïenne  
    « Tout désalignement se résout par la descente vers le nid (ancrage communautaire) et la remontée vers l’axiome (flux-source). »

    En d’autres termes :  
    - Quand ça coince → Revenir aux cercles de validation  et à l’axiome .  
    - Quand c’est fluide → La multi-échelles et la complexité deviennent des alliées.