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Si Monsieur Machin est une machine alors...

Si vous êtes dualiste alors vous pensez que l'esprit et la matière existent et qu'ils sont en relation.

Si vous êtes matérialiste vous pensez que seule la matière existe et que l'esprit se ramène à son support physique.

Si vous êtes idéaliste, l'esprit existe et la matière est une illusion.


L'essentiel n'est pas d'avoir une position mais d'en assumer les conséquences.

On pourrait explorer l'hypothèse suivante : "Et si nous n'étions que des machines". Nous ferions dans ce cas, le pari de la validité du "mécanisme numérique" aussi dénommé "computationnalisme", c'est à dire que l'on supposera vrai le fait que l'on puisse décrire un être humain de façon suffisamment précise, afin de saisir son identité mentale (et physique).  Si cette hypothèse vous semble farfelue, il ne faut pas oublier que les progrès vont bon train dans ce domaine, qu'une stimulation du cerveau peut redonner des sensations visuelles et que certaines parties du corps peuvent être entièrement remplacées par un objet externe. Si l'on se rend bien compte du chemin qu'il reste encore à parcourir avant que cette hypothèse soit réalisée, on peut déjà en explorer les conséquences. C'est d'ailleurs ce qu'a réalisé Bruno Marchal dans sa thèse résumée par Jean-Paul Delahaye dans le numéro de "Pour la Science" de Janvier 1998.

Il doit être clair qu'il ne s'agit pas de présumer de la validité de cette hypothèse mais d'en explorer les contours et les problèmes qui s'y attachent en la prenant comme base de travail et en suivant un raisonnement logico-déductif rigoureux.

L'hypothèse du mécanisme numérique implique donc la possibilité du codage complet de l'humain et donc celle de recréer un équivalent mécanique ailleurs, plus connu sous le nom de téléportation. La position adoptée est donc ni matérialiste, ni dualiste, qui sont les deux conceptions les plus présentent, mais celle d'un idéalisme particulier, pas le même que l'idéalisme "mathématique". C'est celui des machines numériques abstraites dans lequel on retrouvera de façon surprenante la logique de la prouvabilité, l'autoréférence, les résultats de Gödel, la thèse de Church et où l'on devra voir accoucher la physique de la théorie des machines numériques , donc de la théorie de la calculabilité et dans lequel l'indéterminisme sera présent sous une forme très particulière.


Mais reprenons l'histoire au début.


Monsieur Machin sait qu'il est une machine. Il sait en fait qu'il est possible d'enregistrer sa description, de le reconstruire ailleurs en faisant voyager l'onde électromagnétique et d'annihiler la version de base. Monsieur Machin aura été téléporté si l'expérience est réalisée.

Il est cependant possible de compliquer un peu l'expérience. On peut reconstituer Monsieur Machin en deux endroits différents. Le seul problème est que Monsieur Machin sera dans l'incapacité de déterminer l'endroit où il sera après le transport. Il s'agit d'un indéterminisme "psychologique" sans aucun lien avec l'indéterminisme physique (quantique ou autre). C'est un indéterminisme "intime", du même type que celui rencontré par une amibe qui se duplique.

 

Teletrasporto / Teleportation

Photo: aldoaldoz

 

Poursuivons un peu plus loin le voyage.

Rajoutons l'hypothèse du fonctionnalisme, c'est à dire l'indépendance de la base matérielle. Seule compte l'organisation abstraite. Refuser cette hypothèse revient à accepter celle du vitalisme. Dans ce cas on peut imaginer l'existence d'un déployeur universel qui serait un programme, qui une fois lancé ne s'arrète jamais et qui fait fonctionner tous les programmes envisageables à tour de rôle (théoriquement possible). Il serait donc en mesure de reproduire tous les fonctionnements mentaux, et même si leur éxécution était interrompue, cette intérruption serait invisible de "l'intérieur". Mon cerveau est donc un programme de ce déployeur comme tout les cerveaux.

Un pas en avant peut encore être fait en abandonnant l'hypothèse de la supervénience physique ( thèse selon laquelle esprit et matière ne peuvent se passer d'un support physique), ce qui revient à dire qu'il n'est pas nécessaire de faire tourner ni d'écrire un programme pour qu'il existe, tout comme on peut accepter l'idée l'idée que les objets mathématiques préexistent à la pensée. L'esprit est donc dans ce cas un être arithmétique abstrait. La physique est rejetée comme résultat d'un calcul et plus particulièrement de celui permettant la communication de toutes les machines. Les résultats de Gödel seraient donc être les premiers pas d'une mathématisation de la psychologie.

Bien des points du sujet que je viens de traiter me dépassent, soit à cause de leur profondeur, soit à cause de leur technicité. J'espère ne pas avoir produit de contresens dans ce billet et si le sujet vous intéresse je vous recommande de lire l'histoire de la thèse de Bruno Marchal qui devait être publiée en 2000 :

 

Le secret de l'amibe

ou le résumé de 12 pages

Conscience, Matière et Mécanisme.


paramecium2

photo: cesarharada

 

 

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