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La Recherche - Page 4

  • Pourquoi l'atmosphère du Soleil est beaucoup plus chaude que sa surface ?

    La surface solaire et son champ magnétique majoritairement « poivre et sel », en dehors des régions des grandes taches solaires, à partir des données du satellite SDO de la NASA

    © Tahar Amari / Centre de physique théorique et S. Habbal / M. Druckmüller.

     

    Comment la température de l'atmosphère du Soleil peut-elle atteindre jusqu'à un million de degrés, alors que celle de la surface de l'étoile est d'environ 6000°C ? En simulant l'évolution d'une partie de l'intérieur et de l'extérieur du Soleil, des chercheurs du Centre de physique théorique (CNRS/École polytechnique) et du laboratoire Astrophysique, instrumentation-modélisation (CNRS/CEA/Université Paris Diderot) ont identifié les mécanismes apportant l'énergie capable de chauffer l'atmosphère solaire. Une couche située sous la surface du Soleil, qui se comporte comme une casserole en ébullition, créerait un champ magnétique à petite échelle comme réserve d'énergie qui, une fois sorti de l'étoile, chaufferait les couches successives de l'atmosphère solaire via des réseaux de racines et de branches magnétiques1, telle une mangrove. Ce chauffage de l'atmosphère, impliqué dans la création du vent solaire qui remplit l'héliosphère, concernerait de nombreuses autres étoiles. Ce résultat parait dans la revue Nature du 11 juin 2015.

     

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  • Paradoxe et hasard

    Les paradoxes sont courants en mathématiques, et plus particulièrement à l'intersection de la logique et des probabilités. Trois chercheurs, dont une mathématicienne de l'institut Weizmann (Israël) se sont ainsi récemment intéressés à un jeu simple et célèbre, mais pourtant d'une complexité mathématique redoutable : trouver la stratégie optimale lors du tirage d'une pièce par deux joueurs.

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  • Artur Avila, lauréat de la médaille Fields 2014

    La plus prestigieuse distinction mondiale en mathématiques, la médaille Fields, est aujourd'hui décernée à Artur Avila, directeur de recherche CNRS à l'Institut de mathématiques de Jussieu-Paris Rive Gauche (CNRS/Université Paris Diderot/UPMC), à l'occasion du congrès international des mathématiciens qui se déroule cette année à Séoul (Corée du Sud). Ses recherches s'articulent principalement autour des systèmes dynamiques et de l'analyse. Ce mathématicien franco-brésilien de 35 ans qui travaille également à l'Institut de mathématiques pures et appliquées de Rio de Janeiro (Brésil), est récompensé pour ses avancées significatives dans ces domaines. Trois autres mathématiciens, dont pour la première fois une femme, sont également distingués cette année : l'Autrichien Martin Hairer, le Canado-Américain Manjul Bhargava et l'Iranienne Maryam Mirzakhani. Ce palmarès 2014 conforte le deuxième rang mondial de la France en matière de recherche mathématique.

    Le congrès international des mathématiciens réunit tous les quatre ans près de 3 000 mathématiciens du monde entier. Il se déroule cette année à Séoul en Corée du Sud, du 13 au 21 août. A l'occasion de la cérémonie d'ouverture de cet événement scientifique, quatre médailles Fields récompensent des mathématiciens brillants de moins de 40 ans (chacun recevant une dotation financière de 10 000 euros). Parmi les quatre lauréats 2014, figure un chercheur au CNRS de 35 ans : Artur Avila de l'Institut de mathématiques de Jussieu-Paris Rive Gauche.

    Né le 29 juin 1979 à Rio de Janeiro (Brésil), ce Franco-brésilien a le déclic pour les mathématiques grâce aux Olympiades internationales de mathématiques à Toronto (1995) où il obtient la médaille d'or à l'âge de 16 ans. Son parcours est ensuite impressionnant : tout en terminant le lycée, il est étudiant à l'Institut de mathématiques pures et appliquées (IMPA) de Rio de Janeiro, où il commence une thèse en dynamique unidimensionnelle à 19 ans, sous la direction de Welington de Melo. Il séjourne alors de temps en temps aux Etats-Unis avec Mikhail Lyubich, ce qui marque le début d'une longue collaboration et non moins longue amitié. Trois ans plus tard, en 2001, il rejoint le Collège de France pour un post-doctorat avec Jean-Christophe Yoccoz. De cette rencontre naît une grande complicité mathématique. Recruté au CNRS en 2003, il entre au Laboratoire de probabilités et modèles aléatoires (CNRS/Université Paris Diderot/UPMC), avant d'obtenir en 2006 une bourse de trois ans au Clay Mathematics Institute, qui lui offre la liberté de travailler dans n'importe quel laboratoire au monde. Il choisit alors de revenir à l'IMPA, au sein de l'unité mixte internationale CNRS - IMPA. En 2008, à seulement 29 ans, il devient le plus jeune directeur de recherche au CNRS et intègre l'Institut de mathématiques de Jussieu-Paris Rive Gauche. Aujourd'hui, il partage toujours son temps entre Paris et Rio, deux villes où il retrouve avec plaisir ses collaborateurs et étudiants.

    Cet esprit curieux est l'auteur de plus d'une cinquantaine de publications scientifiques. Il s'intéresse aux systèmes dynamiques, c'est-à-dire ceux qui évoluent avec le temps. Sa spécialité : déterminer la probabilité qu'un système évolue vers tel comportement ou tel autre. Après avoir étudié des transformations d'un intervalle réel1 durant sa thèse, il considère la dynamique des applications du plan complexe, un aspect relié à certains objets fractals comme l'ensemble de Mandelbrot. S'intéressant aux systèmes analytiques « unimodales » dont le comportement est non-régulier, Artur Avila a notamment réussi à démontrer, avec Mikhail Lyubich, Welington de Melo et Carlos Gustavo Moreira, que leur dynamique est très chaotique et semble se comporter comme un objet aléatoire.  

    Autre piste d'investigation : les opérateurs de Schrödinger unidimensionnels associés à un système dynamique (ils décrivent mathématiquement certains systèmes quantiques simples régis en physique par l'équation de Schrödinger). Plus précisément, le lauréat 2014 de la médaille Fields s'est passionné pour l'opérateur presque-Mathieu. Cet exemple d'opérateur de Schrödinger décrit l'évolution d'un électron dans un champ magnétique particulier. Artur Avila a ainsi résolu, avec notamment Raphaël Krikorian, Svetlana Jitomirskaya et David Damanik, trois problèmes concernant cet opérateur spécifique parmi la liste dressée par Barry Simon en 2000 des quinze problèmes liés aux opérateurs de Schrödinger non résolus du 21e siècle.

    Les échanges d'intervalles l'intéressent également depuis 2003. Si on remplace l'intervalle par des cartes à jouer, cette problématique étudie l'ordre résultant de la manière dont on coupe les cartes. Artur Avila est parvenu à prouver avec Giovanni Forni que lorsqu'on coupe l'intervalle en plusieurs morceaux de façon non cyclique (de façon aléatoire en quelque sorte), l'échange d'intervalle est presque sûrement « faiblement mélangeant ». Allant plus loin, il a aussi étudié une transformation agissant sur un ensemble d'objets mathématiques liés à ces échanges d'intervalles, le flot de Teichmuller. Avec Jean-Christophe Yoccoz et Sébastien Gouzel, il a démontré que ce flot est très chaotique.

    Artur Avila a reçu de nombreuses autres distinctions prestigieuses, notamment la médaille de bronze du CNRS et le prix Salem en 2006, le prix de la Société européenne de mathématiques en 2008 et un an plus tard, le grand prix de l'Académie des Sciences Jacques Herbrand décerné tous les deux ans à de jeunes mathématiciens talentueux de moins de 35 ans.

    Cette distinction porte à 12 le nombre de lauréats français sur les 56 médailles Fields décernées depuis 1936. Elle confirme le succès et l'attractivité des mathématiques françaises au niveau international, la France conservant sa place de deuxième rang mondial en nombre de médailles, derrière les Etats-Unis (13) et devant l'URSS et la Russie (9).

    Artur Avila

    © CNRS Photothèque / Sébastien RUAT

     

    Artur Avila

    © CNRS Photothèque / Sébastien RUAT

     
    Pour en savoir plus
    -    Artur Avila, médaille Fields 2014

  • Epilepsie : les mathématiques au secours de la recherche

    Le Figaro note dans son cahier santé que « des scientifiques ont montré que la crise épileptique existait à l’état latent chez chacun de nous et ont modélisé la manière dont elle se déclenche ». 

    La suite sur le site de la SFMP.

    Merci Etienne pour ce lien nous rappelant que les mathématiques sont bien utiles.

  • Les mathématiques chinoises à la pointe de la géométrie

    Comment réconcilier la mécanique quantique qui cherche à comprendre les phénomènes à l'échelle atomique, et la relativité générale qui décrit la gravitation à l'échelle macroscopique ? C'est l'objectif de la théorie des cordes selon laquelle une unique force régie par des principes de symétrie particuliers aurait régné sur l'Univers aux tous premiers instants. Cette théorie dite de grande unification ne convainc pas tous les scientifiques, notamment du fait de l'impossibilité de mettre en place des protocoles expérimentaux validant ses principes. Pourtant, il est indéniable que le champ de recherche ouvert par ce type de théories est immense, et que les concepts mathématiques auxquels elles font appel stimulent la créativité des scientifiques.

     


    Exemple de variété de Calabi-Yau
    Crédits : Rogilbert


    Cela est particulièrement vrai en géométrie différentielle, largement sollicitée pour répondre à ces questions, et notamment pour résoudre des équations très complexes faisant appel à des espaces de grande dimension (pouvant aller jusqu'à 11 pour certains d'entre eux). Proposer des espaces de compactification devient alors nécessaire pour traiter efficacement ces équations : une très célèbre conjecture en topologie formulée en 1954 par le mathématicien Eugenio Calabi postulait l'existence d'une certaine métrique dans une variété compacte kahlérienne. Les mathématiques chinoises se sont beaucoup penchées sur ce champ de recherche complexe et encore récent. Le mathématicien YAU Sing-Tung, récompensé de la médaille Fields en 1983, y a consacré sa carrière. Ce scientifique, après des études brillantes aux Etats-Unis dans les plus prestigieuses universités, a résolu en 1976 la conjecture de Calabi et a laissé son nom aux variétés de Calabi-Yau. Toutes ces analyses autour des variétés différentielles (objet de base pour les calculs en géométries différentielle) sont possibles grâce aux travaux considérables d'un autre célèbre mathématicien chinois, CHERN Shiing-Cheng (CHEN Xinshen). Sa définition des classes caractéristiques permet de définir précisément les propriétés topologiques de ces variétés et a durablement influencé la manière d'aborder la géométrie différentielle. Récompensé par le prix Wolf en 1984, il a laissé son nom à l'astéroïde 29552 Chern.

    C'est aujourd'hui une nouvelle étape qui est franchie dans la compréhension et la caractérisation des espaces topologiques complexes avec la publication d'une série de trois articles dans la revue de l'AMS (American Mathematical Society). Fruit de la coopération entre l'USTC de Hefei (University of Science and Technology of China) et l'Imperial College of London, ces études prouvent l'existence d'une métrique Kahler-Einstein pour certaines variétés différentielles (variétés de Fano K-stable). Cette démonstration pourrait, selon les examinateurs de l'AMS, avoir un impact important sur la géométrie kahlerienne, essentielle pour comprendre les liens entre la géométrie et les équations aux dérivées partielles. Encore loin de présenter des applications concrètes, ces nouvelles preuves mathématiques viendront assurément alimenter une recherche foisonnante sur le sujet. Ces résultats sont surtout la marque d'un intérêt renouvelé pour ce champ des mathématiques en Chine et de la qualité de la recherche chinoise dans ce domaine.

    http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/76052.htm