Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

kosmanek - Page 2

  • Le CODE SECRET de l'UNIVERS d'Igor et Grichka BOGDANOV

    Aux éditions Albin Michel

     

    Ce livre est un hymne ardent en l'honneur des nombres premiers et de la célèbre fonction Zeta d' EULER-RIEMANN :
    une composante essentielle du "code secret de l'Univers" selon les frères BOGDANOV.


    Lire la suite

  • "La ruée vers l'intelligence" Livre de Stéphane MARCHAND (FAYARD 2012)

    "La ruée vers l'intelligence"
    Livre de Stéphane MARCHAND, polytechnicien (FAYARD 2012)

    Ce livre brosse un tableau quasi-exhaustif de l'état actuel de la recherche scientifique de pointe, au niveau planétaire.
    Avec une préférence pour les fameux NaBIC, privilégiés au XXI* siécle
    - Nanotechnologies
    - Biotechnologies
    - Infotechnologies
    - Cognitologies (sciences du cerveau)

    Les mathématiques font l'objet de 3 chapitres spécifiques éloquents :
    - La revanche des maths
    - Le fabuleux destin de NGO (médaillé FIELDS)
    - Maths et finances : l'intelligence dévoyée


    Citation:   
    "Aujourd'hui, la grande bataille de l'intelligence est une bataille de matheux.
    L'enjeu est la sécurisation des données et la cybersécurité.
    Pour gagner cette bataille, il faut recruter les meilleurs informaticiens
    mais surtout les meilleurs mathématiciens"   


    Bien d'autres domaines sont traités:
    -  aéronautique : définir le bon dessin d'une aile d'avion et la meilleure façon de l'accrocher au fuselage
        (avec ordinateurs CRAY)
    -  traitement des myopathies, des cancers (décryptage du génôme)
    -  reconnaissance automatique de  la parole (chaînes de Markov)
    - ...

    Les matheux "perdent leur temps" à inventer des instruments "inutiles" lesquels s'avèrent, tôt ou tard, indispensables.
    Ils sont les seuls à pouvoir exprimer des "sauts conceptuels" à défaut de les réaliser.
    Ils font un retour en force ; par exemple, la NSF a décidé  dès 2009, de multiplier par 5 le budget alloué aux maths.

    Quand Marchand parle de NGO, il frôle le lyrisme:
    Citation
    " Quand NGO comprend qu'il tient enfin une démonstration irréfutable du "lemme fondamental"
    (programme Langlands) il sent descendre en lui cette paix ineffable de la pureté mathématique" 
      

    Mais tout n'est pas rose en maths, surtout en matière de finances ; voici un sévère acte d'accusation:

    Citation:   
    " Les maths, par la complexité et les lacunes de leurs formules d'évaluation du risque sont largement responsables de la crise financière qui a secoué le monde (2008)
    Les grands pays matheux, la France au premier rang, font partie des coupables car ils ont offert leur caution scientifique à des règles du jeu pathogènes.
    Les ingénieurs financiers, formés à la française, ont contribué à pousser vers l'abîme la finance américaine, puis par contagion, la finance mondiale "

    Pour équilibrer son propos, Marchand fait bien de citer Mme EL KAROUI ,
    spécialiste des "maths fi" ,  de renommée mondiale :

    Citation:   
    "Les maths sont une simple aide à la décision, comme un ordinateur.
    Observez bien la sociologie des banques, vous verrez que ce ne sont pas les matheux qui décident.
    Nous avions tous averti que le risque lié aux "dérivés de crédit" augmentait de manière non-linéaire
    en fonction de la quantité d'opérations. Mais qui nous a écoutés ?
    Face à la cupidité, ce qui manque le plus, ce ne sont pas les modèles, c'est le pragmatisme et le bon sens"   


    La "ruée vers l'intelligence" est aussi une forme de "ruée vers l'or", pas seulement pour les "matheux fi"

    Marchand conclut :
    Citation:   
    "Les maths peuvent, doivent et vont effectivement changer le monde
    ".   

    Espérons que ce changement sera bénéfique à toute   l'humanité  !

    Edith Kosmanek

  • Collection "Grandes Idées de la Science"

    Connaissez-vous la collection "Grandes Idées de la Science ?"
    Elle est parrainée par le quotidien "Le Monde" et par le physicien Etienne KLEIN.
    Elle comporte 40 volumes , chacun consacré à un seul scientifique de génie, la liste est ici :

    http://www.lemonde.fr/grandes-idees-de-la-science/

    http://www.collection-science-lemonde.fr/ouvrages/


    Les amateurs de "science incarnée" seront comblés, les anecdotes sont savoureuses.
    KLEIN précise dans sa présentation:
    il n'est pas question exclusivement des découvertes scientifiques de ces génies  mais aussi:
    - de leur boussole intérieure
    - de leurs tourments métaphysiques
    - de leur trajectoire existentielle
    Finalement : une poétique fascinante de la science en train de se construire ...

    Détails pratiques:
    - Réimpression actuelle, reliure cartonnée en blanc (la précédente était tristement noire)
    - Vente en kiosque principalement, un numéro par semaine au prix de 9.99 euros (150 pages environ)
    On trouve des occasions sur PriceMinister à moitié prix.
    - pour la semaine du 15 au 22 février, c'est GöDEL  (n° 22) qui est à l'honneur, avec son théorème d'incomplétude.
    Le n° 23 sera dédié à PYTHAGORE qu'on ne présente plus.

     GöDEL ce  logicien austro-tchèque travaillait aussi avec le logicien anglais Bertrand RUSSELL.
    Une anecdote au sujet de ce dernier (page 105) :
    " Un jour, alors qu'il donne une conférence ouverte au grand public, RUSSELL explique ceci:
    si un ensemble d'axiomes est inconsistant, alors toute affirmation est démontrable à partir de celui-ci.
    RUSSELL fait ainsi référence à la version sémantique du fait suivant :
    tout énoncé peut être démontré à partir d'une prémisse fausse.
    L'auditoire met immédiatement RUSSELL au défi de démontrer  que Mr SMITH, présent dans la salle, est le PAPE, 
    à partir de la prémisse fausse :  0 = 1  !
    RUSSELL raisonne alors ainsi:  0 = 1 implique  1 = 2 ; considérons alors l'ensemble à 2 éléments constitué par Smith et le pape.
    Comme 1 = 2, l'ensemble se compose en réalité d'un unique élément
    donc Smith et le pape sont la même personne ...

    Très futé, non ?
    Bonne lecture !

    KOSMANEK  Edith
    Universitaire retraitée

    http://kosmosya.xooit.fr/t224-Publications-scientifiques-d-Edith-KOSMANEK.htm

    http://lapantheone.fr/kosmanek-edith-edwige/

  • Alexandre Grothendieck: Edith vs Images des mathématiques

    Edith vous me demandez si votre contribution peut faire l'objet d'un article sur ce blog. Mais comment vous répondre non?  

    Il y a bien cette présentation sur "Images des mathématiques" que j'aurai tendance à qualifier de "neutre":

    Alexandre Grothendieck est décédé le 13 novembre 2014 à l’hôpital de Saint-Girons (Ariège). Mathématicien d’exception connu pour la profondeur de son intuition, sa capacité à généraliser un problème jusqu’à ce que la difficulté se dissolve dans le cadre abstrait le plus large possible, ainsi que sa puissance de travail, il révolutionne la géométrie algébrique en lui donnant une portée inédite et des méthodes novatrices pour l’étudier.

    Personnage complexe, il occupe une place éminente dans la communauté mathématique dans les années cinquante et soixante, connaît tous les honneurs (professeur à l’Institut des hautes études scientifiques, lauréat de la médaille Fields en 1966, professeur associé pour un an au Collège de France, lauréat du prix Crafoord en 1988) mais en refuse la plupart pour des raisons militantes (il refuse d’aller recevoir la médaille Fields en URSS, démissionne de l’IHES pour protester contre son financement partiel par le ministère de la Défense, refuse le prix Crafoord). Ce même militantisme le conduit à fonder avec Claude Chevalley et Pierre Samuel le groupe écologiste et antimilitariste radical Survivre et vivre en 1970. Il obtient un poste à l’université de Montpellier en 1973 où il reste jusqu’à sa retraite en 1988. Il passe la fin de sa vie retiré dans un village des Pyrénées, écrivant des dizaines de milliers de pages de mathématiques qu’il ne souhaite pas voir publier.

    « Il ne cherche pas à décrire le monde, il cherche à décrire l’harmonie du monde. » (Pierre Cartier)

    Récoltes et Semailles n'est même pas cité. Peut-être que le livre égratigne un peu trop la communauté mathématique. Jean-Pierre est bien intervenu pour combler l'absence, mais sans grande consistance sur le personnage.

    Alors à ce jour, pour le décès de Grothendieck, je pense que oui Edith, il faut faire de votre témoignage un article et non un commentaire:

    GROTHENDIECK et le multiplicateur

    Quand Grothendieck décida, en 1988, de refuser le prix Crafoord et donc aussi la somme rondelette associée à cette distinction (environ 500 000 dollars)
    j'ai ressenti la nécessité de lui envoyer un petit mot explicatif sur le multiplicateur de dépense (ou de recette) enseigné par les économistes 
    car je venais de me reconvertir aux maths appliquées à l'économie après une thèse et une publication aux C.R.A.S. en maths pures.
    De quoi s'agit-il ?

    Voici: appelons d la propension moyenne à dépenser, dans un pays donné:
    vous encaissez une recette de 100, vous dépensez en moyenne 100 d  et économisez  100(1-d) ; en France, à l'époque du moins, d valait 0.9
    Mais la dépense de l'un est une recette de l'autre, de sorte que par le jeu successif dépense/recette étalé dans le temps
    la  recette globale finale est  le produit de la  recette initiale R par  l'inverse de (1-d),  le fameux multiplicateur m , somme d'une série géométrique de raison d 
    (donc à l'époque m= 10, en France)
    Démonstration explicite dans le dictionnaire de science économique d 'Alain COTTA.  
     
    Conclusion: si Grothendieck avait accepté son prix , il aurait en réalité contribué à injecter globalement, au bout d'un certain temps,
    près de 5 millions de dollars  dans l'économie française  
    ou plutôt la moitié  car il  devait partager ce prix avec Pierre DELIGNE.
    Le génie des maths qui était aussi sensible aux problèmes sociaux, en raison de sa propre trajectoire douloureuse, 
    pourquoi  avait-il  privé lui-même, sa famille nombreuse  et ses compatriotes d'un tel  pactole ?

    Grothendieck m'a fait l'honneur de me répondre, il semblait émoustillé par ma petite démonstration  !
    Aurait-il pris une décision contraire s'il avait connu l'existence de ce multiplicateur ?
    Personne  ne le saura jamais.

    Merci pour sa colossale contribution aux maths et paix à son âme !

    Edith Kosmanek

  • L'inavouable scolaire

    Jean-Michel SALANSKIS est agrégé de maths, docteur en philosophie et enseignant-chercheur à l'université de Nanterre-Défense. Il est l'auteur d'une quinzaine de livres, notamment "Vivre avec  les mathématiques" ( Seuil 2009) dont est extrait le  texte joint.
    N'ayant enseigné que dans le supérieur où l'enseignant  garde ses distances avec les centaines d'étudiants de son amphi, je suis quelque peu étonnée par ce texte écrit par un ex-enseignant du secondaire.

    Il me serait agréable et utile de connaître les réactions des enseignants de lycées et collèges à la lecture de ce paragraphe intitulé curieusement  " L'inavouable scolaire" !


    Merci d'avance.

    KOSMANEK  Edith, docteure en maths, universitaire retraitée
    http://kosmosya.xooit.fr/index.php

    Il est possible d'annoter ce texte à partir du lien présent dans mon commantaire - OL.


    *** *** *** ***
    L'inavouable scolaire !   

    "...Par cette école au sein de laquelle il appelle ses élèves à le suivre, de manière mimétique, dans les imaginations pertinentes et les jeux symboliques, l'enseignant a le sentiment de donner chair à une communauté; mais au bout du compte, c'est toute la mathématique dont il sait qu'il n'est que l'officiant local, qui dépend d'une telle communauté, reproduite à des milliers d'exemplaires dans toutes les langues et sur tous les continents.

    Mathématiser, c'est partager des formes imaginaires susceptibles de couvrir les présentations, c'est partager des rites ludiques scripturaux. Parce que le statut "objectif", "externe", "indépendant" de l'objet mathématique est douteux, toute vie avec les maths ne trouve son assurance que dans de tels partages et ne saurait naître et procéder que de l'école. C'est de cela que l'amoureux des maths fait l'épreuve en se trouvant mis en situation d'enseigner. Alors qu'il s'était habitué à vivre la mathématique dans un corps à corps privé avec ses textes, ses énigmes, ses labyrinthes, il avait oublié à quel point cette aventure solitaire présupposait l'extraordinaire, l'intériorisation d'un partage, d'une école, d'une tradition, d'un rite.

    A  vrai dire, le rituel de l'école est ce que l'enseignant retrouve entre les murs du collège et du lycée, quelle que soit sa discipline. S'il y a quelque chose de prépondérant dans ces établissements, en même temps que refoulé dans tout le reste de la vie sociale, c'est ce que j'aime appeler "l'inavouable scolaire". Par là, j'entends la manière dont les élèves et enseignants sont captivés par le rituel scolaire dont chaque micro-épisode sécrète d'émouvantes intensités. A l'intérieur des bâtiments de l’Éducation Nationale, au fil des jours rythmés par les emplois du temps et les services, se joue le jeu du mérite, de la bonne et de la mauvaise volonté, de la distinction, de la récompense, de l'échec, de la réprobation, de la note,  de la joie de la reconnaissance, de l'émotion de la transmission ...
    Or tout cela est largement inavouable !

    L'élève ne peut pas avouer à quel point il désire réussir et être bien vu. Par pudeur de dissimulation de l'amour qui se trahit ainsi, certes, mais aussi parce que de tels sentiments ne sont plus portables dans le monde: chacun est supposé se construire en usant librement de sa liberté, en comparant de manière rationnelle ses choix et leurs conséquences. Chacun est supposé être un principe de plaisir et un principe de réalité, pas un dévouement, une dédicace, un amour. Ce n'est pas se montrer suffisamment le cow-boy ou le détective privé de sa vie que d'exhiber les espoirs et les  peurs de qui suit un enseignant en même temps qu'un enseignement.

    Symétriquement, celui qui enseigne découvre avec effroi et stupeur à quel point ce qui se passe dans sa classe lui importe: les péripéties de l'échec et du succès, de la pédagogie et de la compréhension des élèves. Le sourire de l'élève qui a "pigé" et l'a exprimé dans une phrase bien à lui, l'illumine pendant des jours.
    Le bonheur de découvrir, en corrigeant une copie, qu'un élève a vraiment capitalisé le contenu et réussi un sans-faute, lui tirerait des larmes. Mais la vie de l'école n'est que cela de bout en bout, ce qui se laisse aussi dire sur le versant négatif: le malheur de l'élève qui n'y arrive pas, qui ne lit jamais dans le regard de l'enseignant qu'il a dit ou fait juste, ce malheur est profond et non relativisable. Le vécu de l'enseignant qui sent que les élèves ont décroché, qu'ils attendent seulement que l'enseignant cesse de les perturber sans rien leur promettre, est un des pires vécus de déchéance que l'on puisse traverser. Les enjeux du  savoir et de la pédagogie prennent toute la place, se substituent aux modalités ordinaires de la vie dans l'enceinte scolaire, et composent une étrange totalité, à la fois communautaire, sentimentale et intellectuelle, absolument impossible à communiquer et à faire accepter au dehors:  l'inavouable !

    Celui qui enseigne les maths dans les classes du secondaire se trouve plongé dans l'inavouable plus que n'importe quel autre enseignant. D'abord en raison du poids de sérieux et de responsabilité qui revient aux maths. Le monde ambiant s'est tellement habitué à voir en elles le lieu de la principale sélection que les élèves, la plupart du temps, ressentent qu'autour de la réussite en maths se joue quelque chose d'essentiel qui dépasse l'aléatoire et le transitoire. Du coup, l'enseignant observe la dramatisation extrême, par exemple, des contrôles de maths par les élèves. L'enseignant s'insurge et culpabilise: son enseignement devrait être reçu dans la gaieté et la confiance, il n'a jamais voulu l'angoisse et la souffrance des élèves. Il va faire tout ce qu'il peut pour dédramatiser: que se croire jugé et assigné une place définitive par le degré d'assimilation et de maîtrise qu'on avait tel jour en telle circonstance, est une folie. D'un autre côté, et c'est là que réside éminemment l'inavouable, il va éprouver une gratification immense: après tout, quel que soit le biais social, il se passe ceci: les élèves de la classe le rejoignent dans une sorte d'adhésion passionnée à l'enjeu des maths. Il les voit accepter de se laisser bouleverser par la question de savoir s'ils ont bien compris  ce que sont le noyau et l'image d'un endomorphisme, par exemple ...

    Pour l'enseignant en maths, l'inavouable rejoint le mystère de l'école mathématique. Que la vie des élèves s'engage généreusement dans l'acquisition  des contenus mathématiques, il le prend comme la voie selon laquelle se reconstitue autour de lui et persiste avec lui l'antique école de la mathématique: celle qui, des Grecs aux séminaires Bourbaki, abrite une aventure qu'il sait extraordinaire, celle de l'esprit mathématique. Il tend à prendre l'implication scolaire de ses élèves dans les enjeux scolaires comme ce à la faveur de quoi s'organise la responsabilité collective d'une communauté à l'égard des objets et des significations mathématiques. Les maths étant l'effort de l'humanité pour expliciter, organiser et faire fonctionner un monde qui reflète les lois et structures mêmes que toute pensée doit se reconnaître,  ne peuvent être élaborées que dans ce partage droit et transparent qu'est supposé être celui de l'école mathématique. Partage où chacun est l'égal de tout autre, chacun étant également en charge de la volonté de structures claires, de l'action symbolique publique contrôlable et des énoncés conformes à ce qui se montre ou se fait. Un tel partage qui a pu inspirer les concepteurs d'utopie rêvant d'une anarchie légale où la hiérarchie de droit disparaîtrait, n'est-il pas  le fait dont  l'idée splendide descend sur chaque classe où l'on enseigne les maths, appelée en quelque sorte par la ferveur des élèves et la passion des enseignants?

    Trop belle image sans doute mais qui exprime comment l'on peut se sentir comme enseignant des maths, au point de jonction entre l'émotion de l'inavouable et une  vision éthique autant que théorique..."