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  • Lettre à Miléna - Kafka

    La grande facilité d'écrire des lettres doit avoir introduit dans le monde - du point de vue purement théorique - un terrible désordre des âmes : c'est un commerce avec des fantômes, non seulement avec celui du destinataire, mais avec le sien propre ; le fantôme grandit sous la main qui écrit, dans la lettre qu’'elle rédige, à plus forte raison dans une suite de lettres où l'une corrobore l'autre et peut l'appeler à témoin. Comment a pu naître l'idée que des lettres donneraient aux hommes le moyen de communiquer ? On peut penser à un être lointain, on peut saisir un être proche : le reste passe la force humaine. Écrire des lettres, c'est se mettre nu devant des fantômes ; ils attendent ce moment avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. C'est grâce à cette copieuse nourriture qu'ils se multiplient si fabuleusement. L'humanité le sent et lutte contre le péril ; elle a cherché à éliminer le plus qu'elle pouvait le fantomatique entre les hommes, elle a cherché à obtenir entre eux des relations naturelles, à restaurer la paix des âmes en inventant le chemin de fer, l'auto, l'aéroplane ; mais cela ne sert plus de rien (ces inventions ont été faites une fois la chute déclenchée); l'adversaire est tellement plus calme, tellement plus fort ; après la poste il a inventé le télégraphe, le téléphone, la télégraphie sans fil. Les esprits ne mourront pas de faim, mais nous, nous périrons ”.

  • Cioran

    Les maladies sont des indiscrétions d'éternité de la chair

  • Proust

    Cette infériorité de l'intelligence c'est tout de même à l'intelligence qu'il faut demander de l'établir. Car si l'intelligence ne mérite pas la couronne suprême, c'est elle seule qui est capable de la décerner. Et si elle n'a dans la hiérarchie que la seconde place, il n'y a qu'elle qui soit capable de proclamer que l'instinct doit occuper la première.

  • Art visuel

    Le paradoxe de l'art visuel c'est qu'il survalorise ce qui se voit, et a bien du mal à montrer ce qui n'est pas, ce qui est caché, sous-entendu. La seule façon de s'y approcher globalement est asymptotique par épure jusqu'à la version minimaliste de l'oeuvre. Seule peut être, la musique parvient à faire apparaitre cette absence, quant à la littérature, elle contient le paradoxe en sa propre expression, ce qui est le défaut d'une qualité !