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La douce arrivée des blogs de maths dans le Réel

Je passe 2 à 3 heures par jour en moyenne autour de mon blog, si ce n'est plus.

Entre la consultation de mes flux RSS, le choix d'une information que je vais publier,  le choix du titre d'un billet, sa rédaction, le test de tel ou tel logiciel, la lecture d'un document d'une quarantaine de pages et de tous ceux que j'ai lu sans donner suite,  la consultation intégrale d'un site, les différents widgets que j'ai testés, tous ceux que j'ai abandonnés et les problèmes de mon PC, mon blog est entré dans ma réalité quotidienne comme pour d'autres, la pratique intensive d'un sport ou de toute autre passion.

Ce ne sont pas moins dans mes placards, d'une dizaine de classeurs complets, qui se sont accumulés depuis deux ans que j'ai créé ce blog. Je fais encore partie de ceux qui ne peuvent pas encore lire un long document sur ordinateur, donc j'imprime les articles ou les fichiers PDF, je souligne, j'entoure et je mets des points d'exclamation dans les marges. Cette pratique va peut-être devenir d'un autre temps avec l'arrivée rapide du livre électronique.

De mon point de vue, mon blog n'est vraiment pas virtuel. Il est même très exigeant et demande tel un tamagotchi, que je m'en occupe quotidiennement. Et comme ce qui est vrai pour moi, l'est souvent pour les autres, j'imagine  que le temps passé bénévolement à cette activité est du même ordre de grandeur pour les autres blogueurs qui alimentent le leur tous les jours. Quelques uns, trop rares à mon goût,  ont choisi de jeter leur dévolu sur les mathématiques! Ce qui veut dire que le sujet principal de leur publication est resserré autour des mathématiques, faute de quoi le titre du blog sonnera vite creux et les quelques lecteurs fidélisés à la force de clics de souris se volatiliseront  instantanément pour peut être ne jamais revenir !

Mais la réalité de ces nouveaux objets numériques que sont les blogs n'est pas évidente pour tous. Au détour d'un sourire, l'interlocuteur du blogueur montre combien il est surprenant de se lancer dans ces amusements adolescents. Quel intérêt? Relayer des flux RSS thématiques, mais quelle drôle d'idée pense peut-être ce professeur de mathématiques qui n'y voit guère d'utilité dans sa pratique professionnelle. Rien de mieux qu'un vieux bon bouquin pour s'informer. Le blog: encore une mode qui s'arrêtera et puis ce tout numérique, c'est une nouvelle fois l'histoire du rétroprojecteur et des transparents qui se répète, ça passera bien avec le temps. A bien y regarder on fait toujours la même chose avec des outils différents...

Lorsque je suis allé à Paris, à l'occasion de l'anniversaire d'un journal mathématique et que j'ai dit que j'éditais un blog, on m'a regardé avec un petit sourire : " Donnez-moi votre carte, envoyez moi un article..." Et puis quoi ? Et puis rien. Justement ce rien qui montre que les blogs n'ont pas de réalité, n'ont pas encore d'existence, qu'ils appartiennent au virtuel, que ce qui y est dit ou traité est de moindre importance. C'est certainement encore plus vrai pour les blogs scientifiques qui occupent un espace qu'il faut défricher, agrandir, dégager et qui n'existait que peu ou pas, avant l'émergence d'Internet. Du néophyte scientifique au chercheur, les blogs doivent se prêter à la diversité de leurs auteurs et de leurs lecteurs. Ce qui était une histoire de scientifiques purs s'est transformée petit à petit en une histoire d'amateurs avertis. C'est maintenant l'histoire de tous et de chacun. L'actualité est sans cesse là pour nous le rappeler. Les sciences et tout particulièrement les mathématiques doivent être présentées, expliquées, pour tous les publics, pour tous les âges et à tous les niveaux. C'est justement ce à quoi se sont attelés les blogs de science, de regarder l'actualité scientifique, de la relayer, de la discuter devant ces trois principaux types de public. Le grand public est très exigeant puisque tout recours à des compétences et connaissances d'un niveau supérieur à celui du collège est impossible. Il y a l'amateur averti qui dispose d'un bagage suffisant pour lire un document scientifique, lire le formalisme usuel et le comprendre. Et puis il y a le professionnel qui lui même forme un corps très hétérogène, qui va par exemple en mathématiques du professeur des écoles à celui des universités. C'est sans compter que les supports eux mêmes, changent. Il est maintenant possible d'écrire un document PDF, d'y insérer des liens et de le publier en ligne. Il est possible de relayer des vidéos et des images libres de droit. Il est possible de réaliser des animations et de les diffuser. On peut aussi discuter des informations. Tout ceci n'était pas envisageable il n'y a pas si longtemps que ça. Les blogs reflètent cette évolution et la nécessaire "vulgarisation" des concepts et des idées scientifiques, ainsi que leur discussion et ceci à tous les niveaux. Il est tout aussi important que des blogs érudits et destinés à quelques spécialistes cohabitent avec des blogs plus généralistes. Les différents échelons de la vulgarisation doivent être occupés, je dirai même colonisés et envahis. Pour le sujet qui nous concerne, une poignée de blogueurs s'est attelée à la lourde tâche de la diffusion des mathématiques au plus grand nombre sous toutes leurs formes autrement que par la seule vision du prisme scolaire, nécessairement très réductrice.

Ces blogs, presque invisibles il y quelques temps, sont de plus en plus mis en lumière. Les universités commencent à relayer leur adresse sur leur portail. De plus en plus de liens qui pointent vers eux voient le jour. On s'aperçoit petit à petit que ce qui est fait par les blogs de maths, en fait personne d'autre ne l'a fait, aucune institution n'a encore fait ce travail. Il n'y a pas de Monsieur Actualités Mathématiques. Il n'y a pas non plus de Monsieur Vulgarisation Mathématique en France.

Alors ce n'est pas sans une certaine satisfaction que les auteurs de blog de maths voient leur lien apparaître sur des sites de plus en plus prestigieux et nombreux ( Le café pédagogique, l'IRMA de Strasbourg, l'UPMC, Sésaprof et Sésablog, l'université de Bourgogne , de nombreux univers Netvibes).

Nous sommes sur la bonne voie, mais cela témoigne aussi d'une certaine carence en  communication organisée, dans ce domaine, pour la francophonie toute entière.

Commentaires

  • J'ai bien aimé la comparaison du blog avec un un tamagotchi.
    C'est tout à fait ça . Et si c'est une addiction , comme on me le laisse parfois entendre,tant pis! Elle n'est pas si dévastatrice que cela ; d'autant moins que lorsque l'on soigne son blog, on ne peut pas regarder d'âneries à la télé !
    Bonne continuation
    Guy Marion
    http://abcmaths.free.fr/blog/maths.html

  • En ce qui me concerne, ce n'est pas de l'addiction. C'est vrai que tout comme toi je prends beaucoup plus de plaisir à parcourir l'univers des maths qu'à regarder tous les soirs la télé. Tout ce qui a attrait au Web 2.0 m'a demandé beaucoup de travail, maintenant c'est beaucoup plus clair. A la création de ce blog, je ne voyais pas à quoi pouvait servir del.ico.us, je ne savais même pas ce qu'était un flux RSS ni quel pouvait être son intérêt. Puis à force de farfouiller dans tous les sens, de regarder ce qui se passait sur les autres blogs, j'ai construit mon univers numérique qui est ce qu'il est, mais au moins il est de moi. Je vais peut-être pouvoir dégager plus de temps à commenter, maintenant que tout est plus clair dans ma tête.

  • Bonjour Olivier,

    Comme ton billet le décrit bien, le blogue n'est que la pointe d'un iceberg, puisque, ressemblant plus au journal de bord qu'au livre, il exige une recherche et une réflexion continue, mais, contrairement au journal, il est enrichi par les commentaires qui y sont déposés ou les billets qu'il inspire ailleurs sur la toile. La réflexion n'est alors jamais tout à fait arrêtée.

    Comme le tamagotchi, je seconde Monsieur Marion pour dire que l'image est bien choisie, le blogue est alimenté et alimente et c'est cette collaboration, cette impression de famille, qui nous en rend peut-être si dépendants.

    Il faudra voir comment avec le temps les blogues se développeront. La majorité de nos jeunes ont déjà leur blogue et ont déjà le naturel à afficher le perfectible. Quand ils trouveront leurs voies, peut-être verrons-nous naître de plus en plus de blogues spécialisés, donc, en particulier, consacrés aux mathématiques. Alors là, mon cher Olivier, il vaudra mieux te procurer un annotateur de pdf, car ton placard débordera !

  • Ce qui me gène moi dans l'idée du blog est le manque d'interactivité avec le public visé. On reste un peu dans le web de l'ancien temps, même si ce n'est pas péjoratif. C'est à dire que si je veux collaborer, c'est juste sous la forme d'un commentaire comme ici. Je préfère un wiki.
    Néanmoins vos blogs sur les maths sont vraiment chouette. Qu'est ce que je passe comme temps à lire !

  • @Missmath J'aimerai partager ton optimisme mais je n'ai pas l'impression que les blogs de jeunes classés dans la catégorie Sciences connaissent une forte expansion ( j'espère me tromper). Le 05 novembre 2006 je comptais sur Boosterblog, 96353 blogs actifs dont 98 dans cette catégorie soit environ 0.1 %. Aujourd'hui il y en a 117 sur 97922. Si l'on peut analyser ces chiffres comme une augmentation de 10% du nombre de blogs de la catégorie Sciences, ce nombre reste néanmoins marginal comparé à celui de l'ensemble des blogs.

    @jmb il faut faire de la pub autour de toi sur l'existence des blogs de maths. En ce qui concerne la collaboration, je pense que les profs de maths qui se sont lancés dans un blog de maths ont majoritairement commencé par faire un bloc-note de leur navigation sur le Web. Ces blogs ne se sont donc pas constitués comme des objets numériques collaboratifs mais comme des lieux numériques de partage de connaissances dont la source est clairement identifiée.
    Merci pour le compliment, ça nous fait vraiment plaisir de savoir que l'on est lu et que nous avons des lecteurs fidèles.

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