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Inclassables M@thématiqu€s

  • La cérité fluïenne : évaluer le degré de vérité incarnée dans un processus de traversée

     

    La cérité fluïenne est un concept novateur issu du modèle Kernesis et du Flux Intégral. Elle désigne la capacité d’un acte, d’un texte ou d’une parole à produire une vérité traversante, incarnée, alignée, intégrée à toutes les échelles du vivant. Contrairement aux critères classiques de vérité (correspondance, cohérence, consensus), la cérité fluïenne est une mesure qualitative du processus, et non de la seule validité du résultat. Cet article en propose une définition rigoureuse, une modélisation à 4 pôles et 7 phases, ainsi qu’une grille d’analyse adaptée à l’enseignement, à la clinique, à la philosophie et à la création.

     

    1. Origine du concept : vérité traversante et Flux Intégral

    Le modèle du Flux Intégral, cœur du système Kernesis, structure tout acte vivant selon quatre fonctions dynamiques :

    Symbole

    Fonction

    Description

    ~

    RIACP : Régulation-Inhibition du Champ Pulsionnel

    Capacité à canaliser l’énergie, différer l’impulsion brute

    ICPME : Intégration du Champ Pulsionnel Multi-Échelles

    Articulation des niveaux sensoriel, émotionnel, cognitif, collectif

    Posture-Flux

    Ajustement incarné du sujet dans la traversée

    +

    Flux-Joie

    Résonance émotionnelle indiquant la justesse fluïenne

    La vérité traversante apparaît lorsqu’un contenu, une pensée ou une parole parviennent à traverser ces quatre pôles, en coïncidant avec le sujet, le collectif et le réel. C’est cette traversée que la cérité cherche à mesurer.

     

    2. Définition condensée de la cérité fluïenne

    Cérité fluïenne : Capacité d’un contenu, d’une pensée ou d’un acte à traverser intégralement le cycle du Flux Intégral inclus dans Kernesis (poussée → régulation → posture → intégration → alignement → vérité traversante → résonance rétroactive), en produisant un effet de clarté, d’incarnation et de transformation perceptible.

    Autrement dit, c’est une mesure qualitative de l’efficacité fluïenne d’une vérité ou d’un contenu, selon qu’il active ou non l’ensemble des fonctions essentielles d’un flux vivant.

     

    3. Grille d’évaluation à 7 critères (modèle Kernesis)

    Phase

    Question évaluative

    1. Poussée

    Le texte ou l’acte contient-il une impulsion vivante, une énergie de surgissement ?

    2. Régulation (~)

    Cette impulsion est-elle canalisée avec justesse, sans débordement ni répression ?

    3. Posture (▭)

    Le sujet tient-il cette énergie de manière incarnée, ajustée à la situation ?

    4. Intégration (⟳)

    Les différents niveaux (corporel, émotionnel, cognitif, symbolique) sont-ils reliés ?

    5. Alignement

    Existe-t-il un accord juste entre le sujet, le réel et le collectif ?

    6. Vérité traversante

    Le contenu permet-il à une vérité de passer, de s’éprouver comme juste ?

    7. Résonance rétroactive (+)

    L’acte laisse-t-il une trace, une clarté, une transformation en retour ?

     Chacun des 7 critères peut être noté individuellement (par exemple sur 100), et leur moyenne produit l’indice global de cérité fluïenne.

     

    4. Usages et intérêts

    Domaine

    Utilisation

    Éducation

    Diagnostiquer des moments pédagogiques porteurs (ou non) de vérité incarnée ; évaluer une copie, un geste, une parole

    Clinique

    Repérer les moments d’émergence fluïenne dans une thérapie ou une introspection ; calibrer l’intensité d’une parole juste

    Philosophie

    Sortir du dualisme vrai/faux pour introduire une évaluation qualitative de la vérité incarnée

    Art / Création

    Discerner ce qui, dans une œuvre, opère comme vérité traversante ; accompagner la densification d’un geste artistique

    La cérité devient alors outil de discernement, levier de transformation, indicateur d’alignement.

     

    5. Proches concepts et différences

    Notion

    Proximité avec la cérité

    Limites

    Clarté existentielle (Kierkegaard, Sartre)

     Lucidité de l’instant vécu

    Pas de mesure ni de composante collective

    Kairos (temps opportun)

     Traversée juste dans le temps

    Manque la structure multi-polaire

    Insight (psychologie cognitive)

    Moment de réorganisation interne

    Peu de prise en compte corporelle ou collective

    Alignement (coaching)

    Cohérence personnelle

    Trop statique, non dynamique

    Vérité-corps (méthodes somatiques)

     Vérité ressentie

    Absence d’évaluation systémique ou collective

    La cérité fluïenne les englobe tous sans s’y réduire : elle opère comme méta-indicateur de flux incarné.

     

     

    6. Exemples d’application

    Situation

    Cérité

    Analyse rapide

    Élève lit un texte intime, silence, résonance collective

    97/100

    Vérité traversante, alignement, résonance groupale

    Débat superficiel sur Instagram, tension, intervention autoritaire

    25/100

    Absence d’intégration, régulation échouée

    Prof propose à un élève stressé de revenir plus tard sur sa copie

    92/100

    Régulation différée, retour, stabilisation posturale

    Élève murmure un jugement sur la colonisation → professeur donne un texte → retour lucide

    72/100

    Traversée fluïenne partielle, transformation visible

     

     

    7.  Exemples d’usages de la cérité dans la vie courante 

     

    1. Expression personnelle

    Situation

    Usage de la cérité

    Écrire un message important (SMS, mail, lettre)

    T’évaluer : est-ce que mon message passe vraiment, ou est-il brouillé, réactif, trop mental ?

    Dire quelque chose de difficile à un proche

    T’aider à préparer ou relire ton geste : est-ce que je suis juste ? Est-ce que ça traverse ?

    Poster sur les réseaux sociaux

    Mesurer si ton post exprime un ego, une fuite ou une vérité traversante.

     

    2. Éducation et apprentissage

    Situation

    Usage de la cérité

    Rendre un devoir / produire un texte

    Auto-évaluer si ton travail fait sens, tient posture, s’adresse au réel.

    Réagir à une note ou une remarque

    Vérifier si ta réaction vient d’un flux aligné ou d’un déséquilibre pulsionnel.

    Préparer un exposé

    Chercher à augmenter la cérité de ton propos : est-ce vivant, incarné, transformant ?

     

    3. Relation et communication

    Situation

    Usage de la cérité

    Discuter d’un désaccord

    Utiliser la cérité pour sentir si la discussion circule ou s’enlise, et ajuster.

    Accompagner un enfant ou un élève

    Évaluer si ce que tu dis porte vraiment ou si tu parles “dans le vide”.

    Écouter un ami qui souffre

    Ressentir si ta présence permet une résonance rétroactive ou si elle bloque.

     

    4. Création artistique ou intellectuelle

    Situation

    Usage de la cérité

    Écrire un poème, une chanson, une scène

    Te demander : est-ce un geste vrai ? Est-ce que ça intègre, incarne, traverse ?

    Montrer une œuvre

    Évaluer avec d’autres si elle produit une transformation, une clarté.

    Reprendre une idée

    Te poser : cette idée a-t-elle une poussée fluïenne, ou est-elle juste “intéressante” ?

     

    5. Décision / orientation

    Situation

    Usage de la cérité

    Choisir un chemin de vie

    Comparer des options selon leur niveau de cérité : laquelle me traverse ?

    Dire oui / non à une opportunité

    Te demander : est-ce que cette décision tient dans le flux, ou me disloque-t-elle ?

    Sortir d’un projet ou d’une relation

    Vérifier si ton retrait est réactif ou juste. Est-ce que ta décision laisse une clarté ?

     

    6. Geste symbolique, rituel ou politique

    Situation

    Usage de la cérité

    Porter un vêtement significatif (religieux, militant, artistique)

    Évaluer : est-ce que ce geste vient d’un alignement profond, ou d’un besoin de réaction ?

    Participer à une action collective

    Mesurer si l’énergie engagée est vraiment intégrée, ou partiale, pulsionnelle.

    Créer un rituel personnel

    Sentir si ton rituel produit transformation et clarté, ou s’il est creux / mécanique.

     

    En résumé :

    La cérité devient un outil de vérification intérieure,

    une boussole de justesse,

    un indicateur de traversée vivante.

     

    Conclusion

    La cérité fluïenne propose une voie neuve pour penser et mesurer la vérité comme phénomène vivant, non comme structure logique ou simple sincérité. En l’inscrivant dans une dynamique multi-polaire, graduée, incarnée, la cérité devient un outil fondamental pour toute épistémologie située, toute pédagogie du réel, et toute écologie du sens.

     

    Elle ne remplace pas la vérité, elle la restitue dans sa traversée vivante.

  • La vérité kernésique

     

     

    Définition de la Vérité Kernésique

     

    I. Schéma fonctionnel d’émergence (structure Kernesis)

    Définition: La vérité kernésique est le résultat dynamique d’un processus multi-étapes, dans lequel une poussée initiale traverse des phases structurées pour produire une co-incidence alignée entre le Sujet, le Collectif et le Réel.

     

    Cycle opératoire complet:

    [Poussée × Germination]  

    + Régulation–Inhibition pulsionnelle  

    + Posture  

    → Intégration cohérente (multi-échelles)  

    → Alignement (multi-échelles)  

     

    Vérité traversante ⊕ Joie (résonance de régulation)  

     

    ↺ Résonance rétroactive psycho-corporelle ↻

     

    Chaque étape est définie précisément ci-dessous.

     

    1. [Poussée × Germination]

    • Poussée : tension motrice initiale (intuition, nécessité, désir d’élucidation).
    • Germination : conditions matérielles ou symboliques de développement (contexte, matière, rencontre).

    Exemples : hypothèse de recherche, perception esthétique, acte éthique ou expression symptomatique.

     

    2. Régulation–Inhibition pulsionnelle (RIACP)

    La poussée est filtrée par des mécanismes de régulation :

    • inhibition des emballements,
    • confrontation aux limites du réel,
    • stabilisation du mouvement émergent.

     Empêche l’accès direct à des vérités pulsionnelles, évite le fanatisme ou l’auto-affirmation brute.

     

    3. Posture

    Le sujet s’ajuste corporellement et symboliquement :

    • sa posture soutient la vérité,
    • il devient capable de la porter dans son champ.

    La vérité “tenue” précède souvent sa formulation.

     

    4. Intégration cohérente (multi-échelles)

    La vérité émergeante est reliée :

    • aux systèmes antérieurs (épistémiques, sociaux, culturels),
    • aux usages pratiques ou théoriques.

    Elle ne s’oppose pas à ce qui existe, mais le ré-agence.

     

    5. Alignement et intégration  (multi-échelles)

    La vérité kernésique est alignement actif entre :

    • le Sujet (celui qui l’énonce ou l’incarne),
    • le Réel (ce à quoi elle s’applique),
    • le Collectif (ceux qui peuvent l’éprouver, la critiquer ou la partager).

    Critères : stabilité, cohérence, ouverture à la vérification.

     

    Intégration Multi-Échelles

    Échelle Description Exemple
    Micro (Corps) Sensations individuelles Main qui tremble en écrivant une preuve
    Meso (Collectif) Validation par les pairs Séminaire où la théorie "résonne" 
    Macro (Réel)  Ancrage matériel Expérience reproductible 

     

    6. Vérité traversante + Joie d’ajustement

    La vérité kernésique se manifeste :

    • comme transformation effective, perceptible à plusieurs niveaux,
    • avec une joie fluïenne : indicateur somato-affectif d’un ajustement juste.

    Joie ≠ euphorie ; elle est ici le signal rétroactif d’un alignement réussi.

     

    7. Résonance rétroactive psycho-corporelle

    La vérité produit une modification réelle :

    • du schéma corporel (tensions libérées, énergie accrue, repos),
    • du champ cognitif (clarification, surgissement de nouvelles intuitions),
    • des interactions sociales (transmission, reconnaissance, reconfiguration).

     

    II. Propriétés fondamentales (invariants fluïens)

    Propriété

    Définition opérationnelle

    Statut dans le cycle

    Incarnation

    La vérité est d’abord vécue dans le corps

    Posture / Résonance

    Fluïdité

    Elle traverse des désalignements productifs

    Germination → Alignement

    Transversalité

    Elle est valide dans tout champ

    Schéma adaptable

    Rétroaction

    Elle modifie le cadre qui l’a rendue possible

    Intégration / Résonance

    Stabilité active

    Elle tient sans se figer

    Alignement durable

    Co-existence des plans

    La vérité se manifeste à plusieurs niveaux en même temps

    Multi-échelles

     

    III. Critères de validation

     

    Une vérité peut être dite kernésique si elle vérifie les points suivants :

    Critère

    Description

    Alignement réel

    Sujet–Réel–Collectif sont en résonance active

    Effet psycho-corporel

    Elle produit un effet visible (fatigue, joie, stabilité)

    Effet de champ

    Elle transforme les pratiques du domaine

    Résistance au forcing

    Elle ne peut être décidée, mais seulement reconnue

    Stabilité évolutive

    Elle tient tout en permettant un nouveau cycle d’émergence

    Consistance rétroactive

    Elle modifie le sujet et/ou le système qui l’a produite

     

    Test Kernésique des Vérités Formelles


    Cas : 2 + 2 = 4 
    1. Niveau 1 (Inerte) : Énoncé brut → Non kernésique.  
    2. Niveau 2 (Incarné:  
       - Enfant comprenant : Alignement micro (joie de la découverte) + méso (validation par le professeur).  
       - Extrait de *Récoltes et Semailles (1986) - Grothendieck :   *"Les nombres ne sont pas des outils, mais des *êtres* avec lesquels je converse. […] Je les accueille bien plus que je ne les *calcule*."
    3. Conclusion :  "Toute vérité devient kernésique dès qu’elle est vécue comme une* traversée *et non une formule morte."  

     

     

    IV. Formes différenciées selon les champs

     

    Domaine

    Mode d’apparition kernésique

    Sciences dures

    Ajustement modèle ↔ mesure ↔ cohérence (ex : relativité)

    Sciences humaines

    Restructuration des catégories perceptives (ex : Bourdieu)

    Art

    Modification du régime perceptif (ex : Monet)

    Éthique/Politique

    Transformation du porteur (ex : Gandhi)

    Mystique/Poïétique

    Expérience non verbalisable mais stable et transformatrice

     

    V. Limites et non-vérités kernésiques

     

    Cas

    Raisons d’exclusion du statut kernésique

    Vérités inertes

    Elles ne produisent aucun effet vivant (ex : tautologie formelle)

    Fanatisme

    Alignement simulé sans régulation ni transformation réelle

    Vécus indicibles

    Non partageables ou non intégrables (acceptés mais non généralisables)

     

     

    VI. Formule synthétique

     

    Vérité = Processus [ Poussée × Germination ]

              → Régulation pulsionnelle

              → Posture incarnée

              → Intégration multi-échelles

              → Alignement Sujet–Réel–Collectif

             

              Manifestation traversante + Joie d’ajustement

             

              Résonance rétroactive psycho-corporelle

     

     

    VII. Usages recommandés

     

    Objectif

    Version adaptée

    Transmission pédagogique

    Version narrative initiale avec exemples

    Évaluation d’un processus

    Grille à critères + effet de champ

    Production d’un protocole

    Schéma Kernesis complet

    Comparaison inter-champs

    Tableau des formes différenciées

    Réalignement personnel/collectif

    Phase Posture + Joie + Résonance

     

     

    VIII.  Grille d’Évaluation Kernésique de la Valeur de Vérité  au travers du dire/geste

    Objectifs

    • Évaluer le degré d’émergence, de densité et d’effet transformateur d’un dire/geste
    • Suivi évolutif des processus de réalignement

     

     Critères d’Évaluation (Score sur 100)

     

    1. Origine du dire (20 points)

    Question : D’où vient cette parole/ce geste ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes corporels

    0-5

    Mensonge manifeste, manipulation

    Regard fuyant, crispation, sur-contrôle gestuel

    6-10

    Stratégie défensive, mais assumée

    Tension visible mais consciente

    11-15

    Sincérité partielle, reste des protections

    Oscillation entre ouverture et fermeture

    16-20

    Parole nue, désarmée, spontanée

    Respiration libre, regard direct, gestes naturels

     

     

    2. Alignement interne (20 points)

    Question : Le dire correspond-il à l’état global de la personne ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes corporels

    0-5

    Dissociation flagrante (dit A, exprime B)

    Contradiction geste/parole évidente

    6-10

    Décalage perceptible mais non majeur

    Légère dysharmonie posturale

    11-15

    Cohérence globale avec quelques dissonances

    Majorité des signaux convergents

    16-20

    Unité parfaite geste/parole/présence

    Évidence de l’authenticité pour tous

     

     

     

    3 Tension régulée (20 points)

    Question : Comment la difficulté/le conflit est-il traversé ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes corporels

    0-5

    Fuite, déni, évitement total

    Raideur, fermeture, retrait

    6-10

    Reconnaissance du problème mais figement

    Crispation assumée, immobilité

    11-15

    Tentative de traversée, encore instable

    Alternance tension/détente

    16-20

    Traversée fluide, tension transformée

    Souplesse dans la difficulté

     

     

    4. Résonance du champ (20 points)

    Question : Quel effet sur l’environnement relationnel ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes collectifs

    0-5

    Aucun changement ou dégradation

    Fermeture, distraction, fuite des autres

    6-10

    Léger impact localisé

    Une ou deux personnes touchées

    11-15

    Transformation perceptible du groupe

    Changement d’atmosphère notable

    16-20

    Reconfiguration profonde de l’espace

    Silence dense, présence partagée

     

     

    5. Stabilité différée (10 points)

    Question : Que reste-t-il après le dire ? (évaluation à 24h et 1 semaine)

    Score

    Indicateurs observables

    Temporalité

    0-2

    Rien ne subsiste

    Immédiat

    3-5

    Trace légère à 24h

    24h

    6-7

    Effet maintenu à 24h

    24h

    8-10

    Transformation durable à 1 semaine

    1 semaine

     

     

    6. Ouverture générée (10 points)

    Question : L’espace du possible s’élargit-il ?

    Score

    Indicateurs observables

    Signes d’ouverture

    0-2

    Fermeture, rigidification

    “Il n’y a qu’une solution”

    3-5

    Maintien du status quo

    Pas de nouveauté

    6-7

    Légère expansion des possibles

    “Peut-être que…”

    8-10

    Élargissement manifeste

    Nouvelles perspectives spontanées

     

     

     IX. Échelle de Valeur de Vérité

    Score

    Statut

    Description

    Action recommandée

    85-100

    Vérité pleine

    Fluïenne, incarnée, transformante

    Capitaliser, transmettre

    70-84

    Vérité stabilisée

    Processus abouti, effets durables

    Consolider, approfondir

    55-69

    Vérité émergente

    En cours de maturation

    Accompagner, ne pas forcer

    40-54

    Amorce sincère

    Processus démarré

    Soutenir, créer conditions

    25-39

    Reconnaissance

    Désalignement assumé

    Patience, présence

    0-24

    Résistance

    Défenses actives

    Respecter le rythme

     

     Exemple d’Application

    Situation : Étudiant en difficulté qui dit “J’abandonne pas, mais je n’y arrive plus”

    Critère

    Score

    Justification

    Origine

    16/20

    Parole nue, sans masque

    Alignement

    17/20

    Fatigue visible cohérente avec le dire

    Tension

    12/20

    Reconnaît la difficulté sans la fuir

    Résonance

    8/20

    Prof touché, quelques élèves attentifs

    Stabilité

    6/10

    Reste mobilisé le lendemain

    Ouverture

    7/10

    “Peut-être une autre façon de faire”

    Total : 66/100 → Vérité émergente

    Action : Accompagner sans forcer, créer conditions favorables

     

    Trajet Kernésique d’un Dire Émergent d’un élève

    De la désorientation à la vérité fluïenne stabilisée

    Situation initiale : Un élève en classe dit :« Je crois que je comprends rien à rien. »

    Situation finale : « En fait, c’est pas grave si je comprends pas tout maintenant. J’suis pas bloqué. Je peux continuer. »

     

    Étape

    Fonction fluïenne

    Formulation possible par l’élève

    Indice estimé d’alignement

    1. Désalignement vécu ~

    Rupture interne, surcharge, perte de cadre.

    « Je crois que je comprends rien à rien. »

    15 / 100

     

    ➜ Sincérité brute, mais sans distinction. Le flux est globalement effondré.

     

     

    2. Geste déclencheur ×

    Aveu non stratégique, différenciation de la tension.

    « J’en ai marre… même quand j’écoute, ça ne rentre pas. »

    28 / 100

     

    ➜ Le sujet commence à localiser son impuissance, ce qui marque une première émergence germinative.

     

     

    3. Régulation fluïenne ~→⎔

    Limitation reconnue : tension nommée, régulable.

    « Ce n’est pas que je ne veux rien comprendre… c’est juste que là, je n’y arrive pas. »

    42 / 100

     

    ➜ Le flux devient plus précis, la charge pulsionnelle se transforme en point.

     

     

    4. Ajustement postural ▭

    Reprise du mouvement, micro-ancrage dans le champ.

    « Je vais essayer de suivre quand même. Peut-être que ça va revenir. »

    64 / 100

     

    ➜ Posture en train de se redresser. Le sujet retrouve une position incarnable dans le processus.

     

     

    5. Stabilisation du vrai +

    Dire aligné, tranquille, durable.

    « En fait, c’est pas grave si je comprends pas tout maintenant. J’suis pas bloqué. Je peux continuer. »

    89 / 100

     

    ➜ Une vérité fluïenne a émergé : le savoir peut revenir dans un espace pacifié, sans lutte.

     

     

     

     Lecture kernésique transversale

    • Le passage de 15 à 89 n’est pas linéaire, ni cognitif au sens classique : il reflète une reconfiguration dynamique de la position du sujet dans le champ d’apprentissage.
    • Chaque phrase ne décrit pas un état : elle produit un état. C’est un langage régulateur, et non seulement informatif.
    • Le langage devient ici outil fluïen d’intégration, révélateur d’un alignement en cours — non pas preuve, mais preuve vivante.
    • La joie fluïenne, dans le dire final, ne se manifeste pas comme exaltation, mais comme relâchement ajusté : respiration redevenue libre, pensée fluide, absence de défense.

    Vers une vérité kernésique 100/100

    « Je me rends compte que je n’ai pas besoin de tout comprendre d’un coup pour avancer. Le fait de rester présent, même dans l’incertitude, fait déjà partie de l’apprentissage. Et c’est souvent à ce moment-là que les choses commencent à devenir claires. »

     Justification kernésique de l’indice 100 / 100 :

    • Origine du dire : parole spontanée, non stratégique, émanant d’un sujet stabilisé (20/20)
    • Alignement interne : parfaite cohérence entre posture, ton, contenu et intention (20/20)
    • Tension régulée : l’incertitude n’est plus perçue comme obstacle, mais comme espace fertile (20/20)
    • Résonance du champ : dire mobilisable par d’autres élèves, pouvant inspirer une reconfiguration collective (20/20)
    • Stabilité différée : transformation durable de la relation au savoir (10/10)
    • Ouverture générée : élargissement manifeste du rapport à l’apprentissage et au temps (10/10)

     

  • La formule de Kernesis, un modèle vivant de la conscience germinative et incarné

     

    1. Présentation générale

    Kernesis articule l’élan de la poussée, la régulation des flux pulsionnels et l’intégration multi-échelles du réel dans une posture alignée. Il propose une cartographie dynamique de l’être-en-traversée, où chaque geste, pensée ou silence peut devenir lieu d’ajustement entre ce qui naît (Éclosophie), ce qui circule (Flux Intégral), et ce qui se manifeste (Posture-Alignement).

    Ancré dans une logique rétroactive, Kernesis révèle que la conscience n’est pas un centre figé, mais une spirale en résonance, nourrie par le langage opératoire ouvert (LOME) et balisée par des signes de joie, de vérité traversante et d’émergence juste. Kernesis est une écologie du réel incarné, une grammaire de la résonance vivante, un art de l’alignement à travers les plans.

    Ce modèle ontologique propose donc une vision dynamique de l’être, décrivant un processus cyclique où des impulsions vitales, une discipline incarnée et un langage adaptatif convergent vers un état d’Alignement. Cet alignement produit une Vérité traversante et une Joie émergente, reliées par une émergence conjointe (⊕). Alimenté dans une pratique quotidienne incluant potentiellement la méditation zen, le Qi Gong, offrant de  nouvelles perspectives quotidiennes , le modèle utilise le Langage opératoire Ouvert Multi-Échelles (LOME) pour réguler et intégrer les dynamiques à plusieurs niveaux (individuel, relationnel, universel). Une rétroaction psycho-corporelle soutient ce cycle, rendant l’ontologie vivante et incarnée.

    Kernesis n’est ni une méthode ni un processus à suivre, mais une grille de lecture ontologique qui révèle les mécanismes structurants de l’expérience incarnée. Il ne prescrit aucune pratique particulière, mais fait prendre conscience des dynamiques sous-jacentes : comment la poussée germinative émerge, se régule, s’aligne et génère des boucles rétroactives vivantes.

    Cette vision traverse tous les domaines d’expérience et permet à chacun de reconnaître ces dynamiques à l’œuvre dans sa propre existence, de les cultiver consciemment et de créer ses propres boucles rétroactives ouvertes selon ses modalités singulières - qu’elles soient artistiques, sportives, relationnelles, professionnelles ou contemplatives.

    Kernesis offre ainsi les “lunettes ontologiques” pour voir ce qui se joue dans l’émergence de la conscience incarnée, tout en laissant libre l’art de le vivre et de l’actualiser. Il s’agit d’une cartographie du réel qui révèle sans contraindre, éclaire sans diriger.

     

    2. Structure du modèle

    Le modèle se divise en trois parties : les composantes initiales, le processus d’intégration et d’alignement, et les résultats cycliques.

    a) Composantes initiales

    • [Poussée × Germination] :
      La Poussée représente une force vitale ou intentionnelle, comme l’élan de présence dans le zen ou le Qi dans le Qi Gong. La Germination est l’actualisation de ce potentiel, où l’énergie prend forme. Leur interaction multiplicative (×) traduit une dynamique où la poussée catalyse une croissance organique, comme une graine s’éveillant sous une impulsion.

    • Régulation–Inhibition pulsionnelle (via LOME) :
      La Régulation canalise les impulsions brutes, empêchant leur dispersion par une discipline consciente.  Le Langage Ouvert Multi-Échelles (LOME), défini par les variables objet (ex. : une pulsion, une pensée) et contexte (ex. : environnement social, cosmique), structure cette régulation. Le LOME permet de relier l’élément spécifique à son cadre plus large, favorisant une inhibition pulsionnelle cohérente.

    • Posture :
      La Posture est à la fois physique (ex. : position dans le Qi Gong ou zazen, ou plus particulièrement l’ancrage et l’alignement  corporels , la respiration, le regard  ) et métaphorique (attitude mentale ou éthique). Elle ancre la régulation et soutient l’intégration en alignant le corps et l’esprit dans une présence intentionnelle. La posture est à la fois résultat d’une régulation et condition de l’intégration. En tant  qu’articulation incarnée entre impulsion, présence, et action, la posture agit comme une interface active entre les dimensions pulsionnelle, cognitive et contextuelle du flux.

    b) Processus d’intégration et d’alignement

    • Intégration cohérente (multi-échelles) :
      Les composantes (Poussée × Germination, Régulation–Inhibition via LOME, Posture) se synthétisent en un tout harmonieux. Le LOME facilite cette intégration en reliant les éléments à leurs contextes multi-échelles (individuel, relationnel, universel), produisant une cohérence systémique.

    • Alignement (multi-échelles) :
      L’Alignement est un état de synchronisation globale où l’individu, ses actions et son environnement vibrent en harmonie. Cet état opère à plusieurs niveaux, du personnel jusqu’à un niveau élargi d’interprétation , reflétant une unité dynamique.

    c) Résultats et cycle

    • Vérité traversante ⊕ Joie (résonance de régulation) :
      La Vérité traversante est une authenticité fluide qui transcende les échelles, reliant l’individu à une réalité plus vaste. La Joie (résonance de régulation) est une plénitude émotionnelle émergeant de l’harmonie régulée. L’opérateur ⊕ (émergence conjointe) indique que vérité et joie co-émergent comme deux facettes d’un même état.

    • ↺ Résonance rétroactive psycho-corporelle ↻ :
      Un cycle de rétroaction relie les résultats (Vérité, Joie) aux composantes initiales. Cette résonance, ancrée dans le corps et l’esprit, renforce la Poussée, la Régulation (via LOME) et la Posture, maintenant le cycle dynamique.

     

    3. Rôle du LOME(x, y)

    Le Langage opératoire Ouvert Multi-Échelles (objet, contexte) est un outil pivot pour la Régulation–Inhibition pulsionnelle et l’Intégration cohérente. Il permet de :

    • Relier un objet (ex. : une émotion, une action) à son contexte (ex. : situation sociale, sens universel).
    • Opérer à multi-échelles, naviguer entre le particulier et le global.
    • Favoriser une régulation adaptative grâce à un langage ouvert, flexible et créatif.
      Exemple : Dans une situation de colère, le LOME aide à contextualiser l’émotion (objet) dans une perspective plus large (contexte relationnel), facilitant une réponse alignée.

     

    4. Principes fondamentaux

    • Dynamique cyclique : Le modèle est circulaire mais reste ouvert, chaque étape alimentant la suivante, avec une rétroaction qui relie Vérité et Joie aux composantes initiales.
    • Multi-échelles : Les processus opèrent du niveau individuel (corps, esprit) au cosmique (sens de l’existence) en passant bien sûr par le réel, le tout intégré par le LOME.
    • Émergence conjointe : Vérité traversante et Joie surgissent ensemble, reflétant une ontologie non dualiste.
    • Pratique incarnée : Le passage de la poussée germinative à la régulation se comprend et s’expérimente pleinement avec la méditation  zen (discipline, présence), le Qi Gong (énergie, posture), mais aussi toute approche consciente de la posture, du corps et de l’effet régulatoire qui en découle. Le modèle appliqué quotidiennement, transforme chaque expérience en une opportunité d’alignement.

     

    5. Application quotidienne

    Le modèle peut inclure  une pratique consciente :

    • Méditation type zen : La Poussée (intention de présence) et la Posture favorisent la Germination d’une clarté intérieure. Le LOME contextualise les pensées pour les intégrer.
    • Qi Gong : La Régulation–Inhibition (via LOME) canalise l’énergie vitale dans une Posture corporelle, produisant une Joie résonante.

    et offrir de :

    • Nouvelles perspectives : Chaque moment est perçu comme un cycle (Poussée → Alignement → Vérité/Joie), où le LOME relie l’objet (ex. : une émotion) à son contexte (ex. : une interaction sociale).
      Exemple : Face à un conflit, le LOME régule une impulsion (colère) en la replaçant dans un cadre relationnel, menant à une réponse alignée et à une Joie émergente.

     

    6. Portée ontologique

    Ce modèle propose une ontologie vivante, où l’être émerge d’un cycle d’énergie (Poussée), de discipline (Régulation via LOME, Posture) et d’harmonie (Alignement). Le LOME agit comme un pont entre le particulier et l’universel, permettant une Vérité traversante et une Joie qui relient l’individu à son environnement. Non dualiste, il intègre corps, esprit et environnement dans un processus continu et incarné. Kernesis n’est donc pas une ontologie totalisante du réel, mais une ontologie opérationnelle de l’être engagé dans le flux incarné.

     

    7. Conclusion

    Ce modèle ontologique allie rigueur conceptuelle et pratique incarnée. Grâce au LOME, il offre un langage adaptatif pour réguler et intégrer les dynamiques multi-échelles, menant à un Alignement qui produit Vérité et Joie. Appliqué au quotidien via le zen, le Qi Gong et une nouvelle perspective, il transforme l’existence en un cycle harmonieux d’émergence et de résonance.

    Kernesis fait de chaque instant un lieu d’émergence, d’alignement et de vérité incarnée.

     

    Pour approfondir trois points structurants du modèle, voici un éclairage conceptuel sur la vérité, la régulation et la joie.


    1. La vérité comme alignement multi-échelles dans Kernesis

    Dans Kernesis, la vérité désigne un état de cohérence dynamique entre les différents niveaux d’une situation incarnée : logique, sensoriel, pulsionnel, relationnel et symbolique. Une pensée, une parole ou une action est dite “vraie” lorsqu’elle se maintient de manière transversalement valide, sans contradiction interne, et en produisant une stabilité dans le réel. Ce critère ne remplace pas les vérités démonstratives (comme en mathématiques), mais ajoute une exigence d’alignement structurel à travers les plans de l’expérience. Il ne s’agit pas d’une vérité absolue ou d’un relativisme intégral, mais d’une forme qui traverse les échelles sans se rompre, même sous rétroaction. La vérité kernésique est donc moins une propriété d’un énoncé qu’une qualité d’ajustement durable dans le réel.

     

    2. La régulation au sein du Flux Intégral via LOME

    Dans Kernesis, la régulation désigne un processus d’ajustement des flux pulsionnels et cognitifs en vue de leur transformation en formes stables, contextualisées et opératoires. Elle s’opère dans le champ du Flux Intégral, qui relie l’énergie brute (RIACP) à son intégration multi-échelles (ICPMe). Loin de réprimer, cette régulation vise à rendre les impulsions lisibles, compatibles et soutenables dans l’action.

    Le LOME (Langage opératoire Ouvert Multi-Échelles) est l’outil pivot de cette régulation. Il relie un objet (pulsion, pensée, acte) à son contexte (relation, espace, temps, symbolique) en permettant une lecture croisée où chaque terme rétroagit sur l’autre.

    Trois opérations principales en découlent : translation (changement de registre), reconfiguration (redirection ou reciblage), et inhibition relative (suspension active par recontextualisation). Ces opérations ne sont pas automatiques : elles supposent un certain niveau d’ancrage et de perception réflexive.

    En cela, la régulation kernésique n’efface pas l’impulsion, mais l’intègre dans un cycle fluide et ajusté, en lui permettant de s’exprimer sous une forme stable, lisible et alignée.

     

    3. La joie comme symptôme d’alignement et boucle rétroactive psycho-corporelle

    Dans Kernesis, la joie est un indicateur dynamique d’alignement : elle apparaît lorsque les flux ont été régulés sans blocage, que la posture est ajustée, et que l’intégration entre les différents plans de l’expérience est effective. Elle n’est ni plaisir, ni euphorie, mais un état discret de cohérence perceptive — une absence de tension résiduelle entre intention, action et perception.

    Cette joie active une boucle de rétroaction psycho-corporelle : elle renforce la posture, favorise l’amorçage de nouvelles régulations, et soutient l’émergence d’une poussée ultérieure. Cette rétroaction est observable concrètement : respiration plus fluide, tonus musculaire stable, attention élargie. Elle constitue une spirale régénérative où chaque cycle renforce la stabilité du suivant, sans visée de dépassement, mais avec un ajustement de plus en plus fluide au réel.

     

    Kernesis, c’est  le premier algorithme incarné pour passer de la pulsion à la sagesse ;)

  • « Courbes » : d’Eugène Guillevic à la version kernésique, et autres poèmes

     

     

    Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, voici la version riginale du poème de Guillevic dans le recueil « Les euclidiennes »

    « Courbe »

    Avoir un sens

    Et le connaître !

    Ne plus te dire que peut‑être

    Tu signifies quand même

    Mais pour d’autres que toi.

     

    Voici la version kernésique. Ce n’est en aucun cas un copier coller, juste un poème dont le mot clé est « Courbes ». La référence à Guillevic ne doit faire aucunement appel à comparaison.

     

    « Courbe »

     Tu ne vas pas droit.

    Mais tu vas.

     

    Tu ne sais pas où,

    Mais tu y vas entier.

     

    C’est dans la courbe

    Que tu tiens au monde,

    Sans vouloir le tenir.

     

    C’est ta dérive

    Qui fait trajectoire.

     

    Et pendant qu’on y est , sortons de la géométrie….

     

    « Nombres »

    Ils ne parlent pas.

    Mais ils savent.

     

    Ils ne montrent rien.

    Mais ils tiennent tout.

     

    Ils poussent droit

    Dans l’invisible.

     

     

    « Suites numériques »

    Un terme

    Puis un autre.

     

    Ce n’est pas le même,

    Mais il vient de l’autre.

     

    Et toi,

    Tu espères qu’à force,

    Quelque chose va apparaître.

     

     

    « Asymptote »

     Je suis là.

    Il est venu vers moi.

     

    Il m’a pressentie,

    Et toute sa course

    S’est inclinée.

     

    Il ne me touchera pas.

    Mais je le tiens.

     

    Je suis la forme

    Qu’il cherche en s’éloignant

    De tout le reste.

     

    …….

  • La vérité qui traverse : Spinoza, les mathématiques et l’alignement multi-échelles

     

    Spinoza a donné à la philosophie l’une de ses formulations les plus radicales de la vérité : elle est ce qui naît de la nécessité, ce qui s’éprouve dans l’augmentation de la puissance d’agir, ce qui se manifeste par la joie. Mais cette vérité, aussi lumineuse soit-elle, demeure enfermée dans un système causal clos. Elle ne traverse pas : elle s’impose.

    Nous proposons un prolongement possible.

    Une vérité qui ne s’affirme pas, mais qui circule.

    Une vérité qui ne se réduit ni à une démonstration, ni à une intuition, mais qui se reconnaît dans un alignement fluide entre plusieurs niveaux du réel — du corps à la pensée, du geste à la structure, de l’élève à la formule.

    Dans cette perspective, même les mathématiques cessent d’être un miracle abstrait : elles deviennent un plan de passage, un langage à haute densité, traversé par la même exigence d’ajustement que toute forme de vie.

    Ce billet propose donc de relier Spinoza, le savoir formel, et l’expérience intérieure, par une conception nouvelle de la vérité : non comme certitude, mais comme co-ïncidence traversante.

     

    Joie, Vérité, Alignement : prolonger Spinoza par une pensée fluide du réel

     

    1. Spinoza et la joie comme signal de puissance

    Spinoza nous a transmis l’un des gestes philosophiques les plus lucides et exigeants :

    La joie est le passage d’une moindre à une plus grande perfection. Elle est le signe que notre puissance d’agir augmente.

    Ce geste a libéré la joie de sa réduction sentimentale. Elle n’est plus une simple émotion, ni un plaisir passager. Elle devient un indicateur objectif de ce que notre être peut, dans un monde régi par la nécessité.

    Mais cette pensée — aussi forte soit-elle — porte en elle une limite :

    Chez Spinoza, tout est causalité close.

    Le monde est un enchaînement parfait, sans faille, sans vide, sans marge.

    Même la joie, même la pensée, même la liberté sont des effets d’une nécessité infinie.

    Cela crée une philosophie magnifique, mais verrouillée de l’intérieur.

     

    2. Le paradoxe spinoziste de la joie

    Si tout est causal, alors même notre sentiment d’agir est causé.

    Le sujet, dans ce système, ne choisit rien : il existe avec plus ou moins de clarté, mais il ne crée rien d’inédit.

    Ce paradoxe traverse toute l’œuvre spinoziste :

    Comment peut-on parler d’augmentation de puissance, si tout est déjà inscrit dans l’ordre de la Nature ?

    Autrement dit :

    Que fait la joie, si elle ne transforme rien ?

    Spinoza ne sort pas de ce cadre.

    Mais notre époque, traversée par des tensions nouvelles (écologiques, technologiques, éducatives, subjectives), appelle potentiellement un déplacement.

     

    3. Vers une vérité comme alignement fluide entre les échelles du réel

    Le Flux Intégral propose un dépassement qui n’est pas une rupture, mais un élargissement.

    Il ne rejette pas la causalité, mais il la remet en circulation, à travers plusieurs niveaux de réalité articulés.

    Il affirme ceci :

    La vérité n’est pas ce qui est démontré.

    La vérité est ce qui traverse les échelles sans dissonance.

    Et la joie ?

    La joie est le signal vivant que cette traversée est en train d’avoir lieu.

     

     

    4. Le sujet comme point de passage du réel

    Dans cette perspective, le sujet ne se contente pas d’exister dans la nécessité :

    il devient un nœud de coordination, un lieu d’ajustement, une interface sensible entre :

    • ce qu’il vit,
    • ce qu’il perçoit,
    • ce qu’il fait,
    • et ce qui l’entoure.

    Sa vérité ne dépend plus d’un système logique clos, mais d’un état d’accord dynamique entre ce qui se passe en lui, à travers lui, et autour de lui.

     

    5. La joie comme alignement multi-échelles

    On passe ainsi de : “Je suis joyeux parce que ma puissance augmente.”

    à : “Je suis joyeux parce qu’un alignement est en train d’émerger entre plusieurs plans du réel — et que je le sens passer par moi.”

    Autrement dit :

    • La joie ne vient pas de l’intérieur,
    • Elle ne vient pas de l’extérieur,
    • Elle vient de la justesse de la relation entre les deux.

    Et cette justesse est la vérité vivante.

     

    6. Ce que Kernesis apporte : un modèle d’entrée, de circulation, de germination

    Kernesis va encore plus loin en proposant un langage pour cette traversée.

    Il offre une architecture incarnée de l’alignement :

    • Il pense la germination d’un acte juste, à partir de presque rien.
    • Il modélise la poussée fluide d’une pensée, d’un lien, d’une présence.
    • Il maintient le corps, l’attention, le rythme, le silence comme rotules de circulation du vrai.

    Ainsi, le sujet n’est plus seulement un être pensant : il devient un lieu où naît et se stabilise une vérité vivante, fluide, incarnée.

     

    7. Vers une politique fluide de la joie et de la vérité

    Ce renversement est décisif :

    La vérité ne s’oppose plus à l’erreur comme un contenu à un autre.

    Elle s’éprouve comme une résonance étendue, un alignement à travers les niveaux du réel.

    • Un geste peut être vrai.
    • Une parole peut être fausse, même exacte.
    • Une décision peut être juste, même sans preuves.

    La joie, dans ce modèle, n’est pas une fin : elle est un signal de passage réussi entre les plans de soi, les plans du monde, et les formes du réel.

     

    Conclusion : une fidélité transformatrice à Spinoza

    Ce que permet le Flux Intégral, prolongé par Kernesis, ce n’est pas de contredire Spinoza, c’est de le rendre à sa puissance de germination.

    Oui, la joie est augmentation de puissance.

    Mais cette puissance ne s’évalue plus seulement dans la cohérence d’un système, elle se mesure dans la justesse d’une traversée vivante, à travers les échelles.

    Et cela, Spinoza l’a pressenti.

    Mais aujourd’hui, nous pouvons/devons le vivre.

     

    Mathématiques et vérité fluide : vers une co-ïncidence sans paradoxe

     

    1. Le paradoxe classique : vérité démontrée vs vérité vécue

    Depuis toujours, les mathématiques fascinent les philosophes. Elles semblent formuler des vérités éternelles, nécessaires, indiscutables.

    Mais cette rigueur même a posé problème :

    Comment un savoir aussi abstrait peut-il exprimer quelque chose de réel ?

    Pourquoi la nature “obéit aux mathématiques” ?

     Et pourquoi, inversement, tant d’élèves ne ressentent rien de vivant en les étudiant ?

    Ce paradoxe est bien connu : Les mathématiques disent vrai, mais souvent en dehors de nous.

     

    2. Ce que change l’alignement multi-échelles : la vérité cesse d’être univoque

     

    Le modèle fluïen du Flux Intégral ne nie pas la validité des mathématiques.

    Il change le statut de la vérité mathématique :

    Ce n’est pas un absolu indépendant, c’est un mode de justesse interne à un niveau donné (le formel), qui gagne en vérité profonde lorsqu’il entre en résonance avec d’autres niveaux :

    – le sensible,

    – l’intuitif,

    – l’expérientiel,

    – le symbolique,

    – l’éthique.

     Une formule devient vraie dans un sens plus vaste quand elle passe dans un flux, un usage, un rythme, une compréhension vivante.

     

    3. Les mathématiques comme plan de circulation traversable

    L’élève qui comprend une équation n’est pas simplement celui qui l’a résolue.

    C’est celui qui a traversé plusieurs seuils :

    • Le seuil de non-compréhension (friction),
    • Le seuil de mise en forme (structure),
    • Le seuil de raccordement avec d’autres savoirs (intégration),
    • Et parfois le seuil de joie (coïncidence vécue).

    À ce moment-là, la mathématique cesse d’être un objet, elle devient un acte.

     C’est ici que les mathématiques rejoignent l’alignement fluïen : quand elles ne prouvent pas seulement, mais qu’elles font vibrer juste.

     

     

    4. Des mathématiques simples aux plus complexes : des lieux d’émergence du vrai

    Prenons des exemples sur plusieurs niveaux :

    L’enfant qui découvre que 2 + 3 = 5

    Ce n’est pas seulement une opération.

    C’est une coïncidence intérieure : un geste du corps, une parole, une image, une certitude douce.

     

     Le lycéen qui comprend la dérivée comme limite du taux de variation

    Ce n’est pas seulement un outil de calcul.

    C’est un accès à la dynamique du monde : comment une chose change au sein d’un autre changement.

     

     Le mathématicien qui entrevoit une structure topologique, fractale, très complexe

    Ce n’est pas un jeu formel.

    C’est une vision du réel à un autre niveau d’échelle, souvent difficilement dicible, mais parfaitement ressenti.

     

    Dans chaque cas, le niveau mathématique devient traversable. Il ne clôt pas, il relie.

     

     

    5. Kernesis : rendre habitable ce passage

    Kernesis fournit les outils incarnés pour que ce passage s’opère réellement :

    • par la posture (tenir une équation dans le souffle, dans la main),
    • par la germination (faire émerger une idée d’un effort sans forme),
    • par la résonance (sentir la justesse d’un énoncé sans l’avoir encore démontré),
    • par la mémoire fluide (voir un théorème comme un paysage familier).

    Les mathématiques ne sont plus des objets à assimiler, mais des dynamiques à traverser, des formes à intégrer, des seuils à franchir.

     

    6. La vérité mathématique, sans paradoxe : une couche du réel parmi d’autres

    La vérité mathématique n’est plus opposée :

    ni au vécu,

    ni au sensible,

    ni au politique,

    ni au spirituel.

    Elle devient une couche précise, régulée, cristalline, que l’on peut arpenter, connecter, traduire, faire circuler. Elle ne s’oppose plus à la vie. Elle s’aligne avec elle.

     

     Conclusion : les mathématiques, lieux d’alignement et non d’exception

    Oui, les mathématiques sont vraies. Mais leur vérité n’est pas suspendue dans le vide. Elle prend tout son sens quand elle s’aligne avec d’autres dimensions du réel — corporelles, imaginaires, poétiques, techniques, éthiques.

    Et c’est là que le paradoxe tombe.

    Elles ne sont pas un miracle rationnel.

    Elles sont un plan parmi d’autres, ouvert à la traversée, et d’autant plus puissantes qu’elles ne cherchent plus à tout capturer.

    C’est ainsi qu’elles cessent d’être un défi philosophique, et deviennent une voie d’accès fluide à la vérité vivante.

     

    Conclusion finale

    Spinoza nous a appris que la joie révèle la puissance.

    Aujourd’hui, nous découvrons qu’elle révèle aussi la traversée juste entre les plans du réel.

    La vérité ne s’impose plus comme une démonstration, elle se laisse sentir comme une co-incidence vivante : quand un mot, un geste, une équation, une pensée, entrent en résonance à travers les échelles, et que quelque chose, en nous, tient debout et passe.