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Vie quotidienne

  • Kernésis et les « safe spaces » : de la protection close à l’exposition régulée

     

    1. Définition et enjeux

    Les safe spaces désignent des espaces volontairement sécurisés, conçus pour protéger des individus ou des groupes contre les violences symboliques, physiques ou psychologiques. Ils répondent à un besoin réel : se soustraire à des agressions ou discriminations répétées, offrir un lieu de respiration et de reconnaissance.

    Mais leur généralisation tend à transformer l’exception protectrice en modèle généralisé du cocon. On en vient à croire que le seul rapport juste au monde est un rapport sans friction, filtré, amorti. Cette logique, si elle devient exclusive, risque d’appauvrir l’expérience humaine : elle absolutise le dedans protecteur, réduit l’exposition au réel et atrophie la capacité à traverser la différence.

     

    2. La critique kernésique du cocon

    La civilisation contemporaine se replie de plus en plus sous cette forme de cocon protecteur.
        •    Bulles informationnelles qui confirment les certitudes.
        •    Technologies qui amortissent chaque effort.
        •    Sécurisation obsessionnelle qui évite le risque et l’imprévu.

    Ce cocon promet la tranquillité mais, en supprimant la friction, il coupe le sujet de son rapport vivant au monde.

    3. La réponse de Kernésis

    Kernésis ne nie pas le besoin de protection. Mais il refuse que celle-ci devienne une fin en soi. Sa matrice repose sur quatre paris fondamentaux :
        •    le réel est flux intelligible,
        •    la joie est boussole,
        •    la germination est constante,
        •    la vérité est alignement multi-échelles.

    À partir de ces paris, quatre gestes structurants déjouent la logique des safe spaces absolutisés :
        •    Éclosophie : rappeler que toute existence est une poussée germinative. Elle suppose l’exposition à un dehors qui nourrit et éprouve. Un safe space peut protéger la germination, mais il ne doit jamais la figer.
        •    Rotule : articuler protection et ouverture. Kernésis ne rejette pas l’espace sûr, mais le pense comme rotule : une articulation mobile permettant de reprendre souffle avant de retourner vers le dehors.
        •    Flux intégral : apprendre à traverser la friction. Là où le safe space peut devenir évitement, Kernésis invite à la régulation et à la transmutation de l’altérité. La confrontation n’est pas supprimée, elle est rendue habitable.
        •    Vérité-alignement : contre les filtres confortables, Kernésis impose l’épreuve du réel à toutes les échelles. Le vrai ne se réduit pas à ce qui rassure, mais à ce qui résonne de manière cohérente entre corps, relation, collectif et monde.

     

    4. Applications
        •    Éducation : dépasser une pédagogie protectrice qui surprotège les élèves de toute épreuve. Un espace sûr est nécessaire, mais doit s’ouvrir vers de véritables traversées du flux : débats, confrontations créatives, expériences de friction.
        •    Technologies : au lieu d’algorithmes qui enferment dans un confort identitaire, développer des systèmes qui favorisent les rencontres inattendues et l’élargissement du champ perceptif.
        •    Spiritualité : refuser les refuges clos, les enclaves identitaires qui fonctionnent comme safe spaces métaphysiques. Redécouvrir une spiritualité d’exposition au vivant, où l’infractalité* de chaque instant ouvre sur plus de réel.

     

    5. Conclusion

    Les safe spaces sont légitimes comme espaces de reprise de souffle, de pause. Mais lorsqu’ils deviennent le modèle dominant, ils se transforment en cocons qui stérilisent la germination.

    Kernésis propose une alternative : non pas l’abolition de la protection, mais son intégration dans une écologie de l’exposition régulée.
    Là où la civilisation du cocon promet la sécurité en retirant le risque, Kernésis promet la joie en traversant le risque.
    C’est cette traversée régulée — et non l’évitement — qui fonde un rapport vivant, libre et juste au monde.

     

    *Infractalité : approfondissement intérieur d’une intensité ou d’une expérience, qui ne se déploie pas par expansion externe mais en soi. L’infractalité désigne donc une dynamique de densification silencieuse — de joie, de douleur, de présence ou de vérité — qui gagne en profondeur sans s’étendre.

  • La liberté fluïenne c’est …

     

    … la capacité d’ajuster son propre mouvement intérieur à la vérité du flux.

     

    Définition condensée : Liberté fluïenne

    La liberté fluïenne n’est ni un libre arbitre abstrait ni une absence de contrainte : c’est une disponibilité régulée à ce qui circule avec justesse à travers soi. Elle se mesure non par ce que l’on peut faire, mais par ce que l’on laisse passer sans se dissoudre.

    Rôle : permettre l’émergence d’actes justes en résonance avec le flux vital, par la conjonction d’une inhibition fluide des tensions parasites (RIACP), d’une intégration multi-niveaux des élans (ICPME), d’un ancrage incarné (Posture-Flux) et d’une joie disponible à la modulation (Flux-Joie).

     

    Trois traits caractéristiques

    1. Auto-ajustement souverain – La liberté fluïenne ne s’exerce pas contre, mais avec les forces présentes. Elle écoute, module, oriente.
    2. Désidentification active – On cesse de se prendre pour ce qui fige : rôle, habitude, conditionnement. La liberté émerge dans le désengluement doux.
    3. Présence navigante – Être libre, c’est être en mesure de naviguer le flux, pas de le maîtriser. On oriente sans rigidifier.

     

    En LOME

    LOME(liberté) = (~, ⟳, ▭, +) → L’acte libéré est celui qui a traversé tous les tamis du flux.

     

    Je me retrouve seul et j’agis avec liberté fluïenne  en …

     

    … ajustant mon geste, ma pensée ou mon silence au flux vivant qui m’habite, sans chercher à combler le vide ni à fuir la solitude.

     

     … habitant pleinement mon corps.

    Je sens, j’écoute, je module mes appuis. Je ne m’efface pas dans le vide : je me tiens, sans crispation.

     

     … laissant résonner les couches de mon flux.

    Je ressens ce qui monte, ce qui traverse, ce qui redescend. Je n’interromps pas le mouvement — je l’intègre.

     

    ~ … inhibant les impulsions parasites.

    Ni fuite, ni précipitation. Je suspends l’agir automatique, j’épure. Ce qui reste est juste.

     

    + … accueillant la joie fine d’un alignement intérieur.

    Ce n’est pas l’euphorie. C’est une joie ténue, mais fiable : celle de ne pas me trahir, même seul.

     

    En une phrase : Je ne remplis pas la solitude — je la laisse vibrer juste.

     

    7 exemples concrets de comportements ou d’attitudes incarnant la liberté fluïenne en solitude, chacun aligné sur un ou plusieurs piliers du Flux Intégral :

    1. Je marche sans destination, en écoutant le mouvement intérieur

    → Piliers : Posture-Flux ▭ + ICPMe ⟳

    Pas besoin d’aller « quelque part ». Je laisse mes pas traduire l’état du flux. S’ils ralentissent, j’écoute. S’ils s’accélèrent, je module. J’ajuste ma respiration à ce qui circule.

     

    2. Je choisis de ne pas répondre à un message tout de suite

    → Piliers : RIACP ~ + Joie +

    Je perçois l’élan de répondre… mais je ressens que ce n’est pas le bon moment. Je suspends l’agir impulsif, non par peur ou indifférence, mais pour rester aligné à ce qui est juste.

     

    3. Je range un espace de manière intuitive, non planifiée

    → Piliers : ICPMe ⟳ + Posture ▭

    Je me laisse guider par le flux de l’attention. Ce n’est pas un rangement méthodique, mais une orchestration sensorielle. Le geste suit l’élan, pas l’habitude.

     

    4. Je m’assois en silence, sans téléphone, et je ne fuis pas l’inconfort

    → Piliers : RIACP ~ + Posture ▭ + Joie +

    Je ne cherche pas à me distraire de la solitude. Je la laisse me parler. Parfois ça serre, parfois ça s’ouvre. Je ne m’accroche ni à l’un ni à l’autre.

     

    5. Je joue spontanément d’un instrument ou je chante sans public

    → Piliers : Joie + + ICPMe ⟳

    Je ne cherche pas à produire ou réussir. Je laisse la joie traverser mes mains ou ma voix, dans une offrande qui ne demande rien.

     

    6. Je cuisine sans suivre de recette, au gré du goût et du rythme

    → Piliers : ICPMe ⟳ + Joie + + Posture ▭

    Je touche, je sens, je goûte, j’improvise. Le geste est organique. Je suis libre parce que je ne suis ni absent ni dirigé de l’extérieur.

     

    7. Je me parle à moi-même à voix haute pour clarifier un ressenti

    → Piliers : RIACP ~ + ICPMe ⟳

    Je m’écoute sans juger. Le langage devient un outil d’éclaircissement du flux intérieur, pas un masque. Ce n’est pas de la solitude qui isole, mais celle qui révèle.

     

    Je suis en couple et j’agis avec liberté fluïenne en …

     

    … honorant le flux qui me traverse sans m’imposer, ni me soumettre.

    Je reste ajusté à moi-même dans la relation, sans fusion ni résistance.

     

    7 exemples concrets, chacun incarnant une forme de liberté fluïenne dans la relation à deux, selon les 4 piliers du Flux Intégral :

     

    1. … exprimant un besoin sans attendre d’avoir “raison”.

    → Piliers : RIACP ~ + Posture ▭

    Je ne cherche pas à convaincre ni à plaire. Je formule ce que je ressens avec justesse, sans pression ni déni. Je me donne le droit de dire, sans blesser ni me rétracter.

     

    2. … respectant mon propre rythme sans culpabiliser.

    → Piliers : ICPMe ⟳ + Joie +

    Je n’efface pas mon tempo pour m’adapter à l’autre. Je m’accorde le droit d’aller plus lentement, ou de ne pas “être d’humeur”, tout en restant en lien.

     

    3. … m’ouvrant à l’autre sans me dissoudre.

    → Piliers : Posture ▭ + RIACP ~

    Je me rends disponible à ce qui vibre entre nous, sans perdre ma verticalité intérieure. Je peux être touché sans être emporté.

     

    4. … accueillant les silences sans les interpréter.

    → Piliers : RIACP ~ + Joie +

    Je ne projette pas. Je ne comble pas. Je laisse le silence respirer entre nous. Il peut être plein. Il peut être nu. Il est vivant.

     

    5. … ajustant mes gestes d’affection à l’instant, pas à l’attente.

    → Piliers : ICPMe ⟳ + Joie +

    Je ne “donne” pas parce qu’il faut donner, mais parce qu’un élan juste se présente. Le toucher devient parole fluïenne, pas simple rituel de couple.

     

    6. … posant une limite sans élever le ton.

    → Piliers : RIACP ~ + Posture ▭

    Je trace une frontière claire quand c’est nécessaire. Mais cette frontière n’est ni un mur, ni une arme : c’est un geste de soin, pour l’écosystème du flux à deux.

     

    7. … choisissant de ne pas réagir tout de suite en cas de tension.

    → Piliers : RIACP ~ + ICPMe ⟳

    Je perçois que la réactivité risquerait de rompre le flux. Je suspends, je respire, je laisse le mouvement s’éclaircir avant de reparler.

     

    En une phrase :

    J’agis librement dans le couple quand je ne perds pas ma justesse intérieure au profit de l’attente, du rôle ou du réflexe.