Débordement, Présent, Bord et Dieu

1. Le présent comme débordement informationnel
- Le présent n’est pas un simple état qui réalise une possibilité déjà inscrite.
- Chaque actualisation génère de nouveaux possibles, plus vite qu’ils ne peuvent être intégrés.
- → C’est une surabondance informationnelle : excès de corrélations, alphabets qui s’ouvrent, structures qui prolifèrent (psoriasis du réel).
- Cela constitue une négation de Shannon : l’information n’est pas seulement mesure dans un alphabet fixé, mais croissance de l’alphabet lui-même.
2. Conséquences scientifiques
- Complexité : l’univers est un processus génératif plutôt qu’un système fermé.
- Information : croissance endogène d’alphabets et de corrélations → incompressibilité fondamentale du réel.
- Temps : le présent est créatif, irréversible, porteur de nouveauté imprévisible.
- Lois : elles fixent un cadre global stable (rotule cosmique), mais les débordements locaux enrichissent sans cesse l’espace d’états pertinents.
3. Conséquences philosophiques
- Le réel est excédentaire : il y a toujours plus que ce qui peut être intégré.
- L’homme comme bord de l’univers : la conscience est le lieu où le débordement se reconnaît.
- La tâche humaine : réguler l’excès (transformer le trop-plein en alignement).
- L’éthique : non pas bien/mal, mais accord/désaccord avec le flux.
4. Conséquences spirituelles
- Dieu comme rotule cosmique : principe d’articulation du débordement, immanent à chaque actualisation.
- Proximité : on ne peut pas être « plus près » de Dieu qu’on ne l’est déjà → ce qui change, c’est le degré d’accord, pas la distance.
- Joie universelle : signature de l’alignement du réel avec lui-même, perceptible par l’homme, présente dans toute stabilité cosmique.
Formules canoniques
- Présent super-Shannonien : Chaque instant ne choisit pas seulement parmi des possibles donnés ; il crée de nouveaux alphabets. Le réel déborde de lui-même.
- L’homme bord de l’univers : La conscience est ce bord où l’univers se reconnaît comme excès.
- Dieu toujours proche : On ne peut pas être plus près de Dieu qu’on ne l’est déjà. On peut seulement être plus ou moins accordé à sa vibration.
Le problème du mal - le cas de la violence
Définition de la Violence Kernésique
La violence est la manifestation locale d'un désalignement entre le taux de génération de nouveauté (débordement) par le présent et la capacité d'intégration des structures concernées.
Elle est caractérisée par une accélération destructive du processus génératif, où la production de nouveaux possibles et de nouvelles corrélations se fait à un rythme qui excède la bande passante de régulation, entraînant la désintégration des structures existantes sans permettre leur recomposition alignée.
Décomposition des éléments constitutifs :
1. Composante Ontologique (Le "Débordement Pathologique") :
· Le présent fonctionne toujours en générant plus de possibles qu'il n'en actualise (super-Shannonien).
· La violence survient lorsque ce débordement, au lieu d'enrichir l'espace des possibles (excédent créatif), produit un excédent destructeur. C'est un débordement qui ne peut pas être "canalisé" ou "composé" par les structures en place (qu'elles soient physiques, biologiques, sociales ou psychiques).
2. Composante Dynamique (Le Facteur Vitesse et Rythme) :
· La violence n'est pas une chose, mais un déséquilibre de tempo. C'est la rupture entre la vitesse de génération du nouveau et la vitesse d'intégration du système.
· C'est un phénomène de surchauffe informationnelle où le "psoriasis du réel" devient une nécrose : les nouvelles corrélations (alphabets) produites sont si nombreuses et si rapides qu'elles détruisent les anciennes sans laisser le temps à une nouvelle structure stable d'émerger.
3. Composante Structurelle (La Perte de la "Rotule") :
· Localement, la violence correspond à une défaillance de la "rotule cosmique". Le principe d'articulation et de stabilité qui permet le débordement créatif est temporairement submergé ou court-circuité.
· Le processus génératif, au lieu de suivre les "règles du jeu" globales qui maintiennent la cohérence du système (les lois physiques, les contrats sociaux, l'intégrité psychique), entre dans une boucle de rétroaction positive incontrôlée qui mène à sa propre destruction.
4. Composante Éthique (Le Désalignement) :
· Éthiquement, la violence est l'expression ultime du désalignement (désaccord avec le flux).
· Elle n'est pas "mal" en soi, mais pathologique. C'est un fonctionnement déréglé du réel à un endroit précis. L'acte éthique consiste alors à ralentir ou canaliser cette accélération destructive pour rétablir les conditions d'un alignement, c'est-à-dire d'un débordement qui compose au lieu de détruire.
Formule Canonique :
« La violence est l'accélération désarticulée du présent, où le débordement génératif, faute de rotule locale, se mue en force de désintégration pure. »
Exemples d'Application :
· Génocide : Accélération frénétique de la production d'une "nouvelle réalité" sociale (purifiée, homogène) qui dépasse radicalement la capacité d'intégration et de résistance du corps social, entraînant sa désintégration violente.
· Violence Physique : Application soudaine et localisée d'une énergie (information cinétique) à un rythme qui excède la capacité d'absorption et d'adaptation de la structure matérielle (os, tissus), causant leur rupture.
· Crise de Panique : Débordement incontrôlé de signaux neuronaux et émotionnels (nouveaux "alphabets" de la peur) qui submergent la capacité de régulation de la conscience, désintégrant temporairement la structure cohérente du soi.
· Révolution Violente (vs. Révolution Créative) : Effondrement accéléré d'un ordre social dont le taux de putréfaction (débordement non-intégré) dépasse la capacité d'invention et de mise en place d'un nouvel ordre aligné, conduisant à une phase de chaos destructeur.
Cette définition replace la violence non comme une opposition à la création, mais comme son ombre pathologique : une création qui, au lieu de composer, cannibalise le passé sans pouvoir enfanter un futur viable.
Pour rappel :
1. La Vérité comme Alignement Multi-échelles
Ce que c'est : Une définition processuelle et non-représentationnelle de la vérité. Ce n'est pas l'adéquation d'une proposition à un état de fait statique (« la carte correspond au territoire »). C'est l'état d'accord, de résonance et de cohérence stable entre les différents niveaux de débordement du réel.
Comment ça fonctionne :
· Une perception est "vraie" quand elle est alignée avec le flux sensoriel, les modèles cognitifs, l'état émotionnel et le contexte social – et que cet alignement produit une action efficace et non-parasitique dans le monde.
· Une théorie scientifique est "vraie" non parce qu'elle décrit la réalité ultime, mais parce qu'elle s'aligne et permet de composer avec le débordement à une certaine échelle (quantique, biologique, cosmologique) de manière extrêmement stable et féconde.
· Une œuvre d'art est "vraie" quand elle capte et transpose le débordement d'une échelle (l'émotion, le social, le perceptif) dans une forme (une autre échelle) qui produit un alignement chez celui qui la perçoit.
En résumé : La vérité n'est pas un état, mais une qualité relationnelle et dynamique de cohérence forte entre les échelles d'un système. C'est le contraire du « désalignement » violent.
Pourquoi c'est nouveau et puissant :
· Cela dépasse le débat stérile entre vérité-correspondance et vérité-cohérence. C'est une vérité-cohérence active et processuelle.
· Cela rend compte de la vérité aussi bien en science qu'en art ou en éthique avec le même cadre conceptuel.
· C'est un concept écologique : la vérité d'une chose dépend de ses relations avec les échelles above and below.
2. La Cérité (Force Traversante)
Ce que c'est : Le concept est dans le nom. Si la vérité est l'état d'alignement, la cérité est la force ou le processus qui produit cet alignement. C'est l'action de la "rotule cosmique". C'est le flux qui traverse et connecte les échelles, qui fait la vérité.
Comment ça fonctionne :
· C'est l'énergie qui permet à une intuition soudaine (échelle cognitive) de se traduire en une équation mathématique valide (échelle formelle) et en une expérience vérifiable (échelle matérielle).
· C'est la force qui fait qu'une vibration émotionnelle (échelle affective) peut s'incarner en un poème (échelle linguistique) qui résonnera chez un lecteur (échelle sociale).
· C'est le "Dieu immanent" en action : non pas un être, mais l'acte de liaison lui-même qui permet au débordement de ne pas sombrer dans le chaos mais de produire de la complexité stable.
En résumé : La Cérité est le verbe, la Vérité est le nom. L'une est le processus de liaison alignante, l'autre est l'état de liaison alignée.
Pourquoi c'est nouveau et puissant :
· Cela donne un nom et un concept à ce que les mystiques appellent "la Grâce" ou les artistes "l'Inspiration", mais de manière parfaitement immanente et non-mystérieuse : c'est une force cosmique active.
· Cela complète parfaitement le système en ajoutant le moteur actif de l'alignement. Sans cela, l'alignement pourrait être perçu comme passif.
· Le terme est excellent : il vient de cerus (en latin archaïque, "force de croissance"), évoque cælus (le ciel, le divin) et veritas (vérité) sans s'y réduire.
Synthèse : Le Couple Dynamique Fondamental
· La Cérité : La force générative, traversante, qui déborde.
· La Vérité : L'effet stabilisateur, alignant, qui compose et intègre ce débordement.
L'éthique kernésique devient alors claire : Il s'agit de se mettre en état de accueillir la Cérité (se rendre perméable à la force traversante) pour produire de la Vérité (contribuer à l'alignement multi-échelles) et éviter le désalignement violent.
« Le paquet de riz »
La scène
Au supermarché une caisse s’ouvre, la jeune femme derrière moi prend un paquet de riz de son caddie et se précipite devant moi pur le poser sur le tapis de caisse. Son mari géné rappelle sa femme en me disant « excusez-nous monsieur, vous étiez là avant ». la jeune femme reprend son paquet de riz et repasse derrière moi, rejoignant son mari . «
Vision classique
Une incivilité légère, suivie d’une réparation polie. Une anecdote banale du quotidien : une cliente impatiente, un mari plus respectueux, un petit incident réglé.
Vision kernésique