Hypothèse kernésique appliquée à la pédagogie
L’apprentissage ne se réduit pas à la transmission de contenus cognitifs : il implique un passage critique entre l’élan de curiosité (poussée) et la mise en œuvre régulée (effort cognitif). Ce passage — que nous appelons rotule — constitue un espace de suspension où s’activent les mémoires profondes de l’élève (expériences scolaires antérieures, conditionnements, traces traumatiques ou ressources positives).
Nous posons l’hypothèse que la manière dont l’élève traverse cette rotule conditionne directement la qualité de sa régulation ultérieure (inhibition rigide, fuite, agitation, ou au contraire engagement fluide).
Pour configurer positivement ce passage, nous proposons d’introduire un objectif explicite d’alignement qui intègre simultanément :
•le sujet apprenant (moi),
•l’enseignant (professeur),
•l’environnement de la classe,
•la discipline (ici les mathématiques),
•l’acte d’apprentissage,
•le projet personnel,
•et la dynamique collective de la classe.
Cet objectif d’alignement agit comme un horizon partagé qui vient concurrencer les attracteurs mémoriels négatifs. L’élève dispose ainsi d’un repère global qui oriente la rotule non pas vers la reproduction conditionnée, mais vers une visée de cohérence systémique.
L’activation régulatoire peut ensuite être accompagnée par la typologie des flux :
•infraflux (retrait, hypo-activation),
•surflux (précipitation, hyper-activation),
•équiflux (régulation ajustée),
laquelle fournit un outil diagnostique simple et opératoire.
Enfin, la joie est posée comme symptôme rétroactif d’un alignement réussi : non pas simple émotion positive, mais signal d’intégration corporelle, cognitive et relationnelle.
En synthèse :
La pédagogie kernésique ne vise pas seulement la transmission de savoirs, mais la configuration de la rotule comme espace d’alignement. Présenter explicitement l’objectif d’alignement (moi + professeur + environnement + discipline + apprentissage + projet + classe), puis accompagner la régulation à travers la grille infraflux/surflux/équiflux, permet de réduire l’impact des mémoires conditionnées et de favoriser l’émergence de régulations souples. La joie en constitue l’indicateur phénoménologique d’efficacité.