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Inclassables M@thématiqu€s - Page 15

  • Un monde nouveau dans le même monde

     

    Deux centres. Une variation. Un flux. Le réel s’ouvre.

    Ce “monde nouveau”, c’est l’ouverture du réel dans la variation même.

    Pas un ailleurs, mais le même regard déplacé.

    Pas une fuite, mais un surgissement du flux aligné. Deux points sont toujours alignés, mais le surgissement du réel provoque potentiellement un désalignement . 

    Ce monde nouveau dans le même monde, ce n’est pas un changement d’univers, mais l’éveil du réel dans sa propre trame.

    Deux centres. Une variation. Un flux.

    L’alignement n’est jamais donné : il se constitue dans le mouvement.

    Ce “monde nouveau”, ce n’est pas un ailleurs, mais le même monde fractalisé par l’ouverture d’un regard déplacé.

     

    Ce n’est pas une échappée, mais un surgissement du flux quand il s’aligne à sa source vive.

     

    Deux points sont toujours alignés.

    Mais que surgisse un troisième, et la ligne devient la question.

    Non plus simple trajectoire, mais drame du flux.

    Car l’irruption du réel ne brise pas l’alignement :

    elle le complexifie.

    Elle demande un réajustement multi-échelles,

    où chaque point doit vivre son lien au tout.

     

    Le « monde nouveau » n’est donc pas un territoire supplémentaire, mais une actualisation. Il naît d’un glissement d’échelle : une variation dans le champ pulsionnel qui permet l’embrayage d’un alignement.

     

    Les « deux centres »  sont une co-présence des foyers d’intensité (subjectif et objectif ? flux et forme ?), mais la variation est ce qui rend possible leur synchronisation ou leur désaccord.

     

    Le désalignement n’est pas une faute mais une signature de surgissement. Là où le réel se manifeste avec intensité, il bouscule les lignes mortes, les alignements mécaniques, et demande une posture vivante.

    «

  • Analyse fluïenne d’un texte de Christian Bobin - l’infractalité

     

    Le texte

    « Il m'aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m'arrêtant net devant un liseron, un silex ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d'une présence, l'excès du réel qui ruine toutes les définitions. Bach est plus que musicien. Soulages est plus que peintre. Rimbaud n'est poète que secondairement (...). Je reconnais dans ces insensés ce qu'apprend avec effroi le nouveau-né, chaque fois que le visage de sa mère lui réapparaît, crevant la toile de l'air comme le lion le cercle de feu: il y a une réalité infiniment plus grande que toute réalité, qui froisse et broie et enflamme toutes les apparences. Il y a une présence qui a traversé les enfers avant de nous atteindre pour nous combler en nous tuant. »

     

    L’analyse 

    1. Champ de surgissement

    Le texte n’est pas une description. Il n’est pas une pensée. Il est l’effet d’un point de surgissement tardif, celui où la vie elle-même révèle sa propre question.

    « Il m’aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais… »

    Il ne s’agit pas ici d’un regret ni d’un aveu. Il s’agit d’un retournement temporel où l’ensemble d’une vie est relu à la lumière d’un seuil franchi. Ce franchissement n’a pas l’allure d’une révélation, mais celle d’un effondrement doux : ce que je cherchais, c’était ce qui me déborde.

    Dans le lexique kernésique, c’est une mise en lumière rétroactive d’une poussée invisible, qu’on pourrait appeler un ancrage rétroactif du noyau fluïen.

     

    2. Nature de la présence évoquée

    « Je cherche le surgissement d’une présence, l’excès du réel qui ruine toutes les définitions. »

    La “présence” ici n’est pas un état spirituel stable ni une posture méditative : c’est une irruption.

    Ce qu’il nomme excès du réel, c’est ce que Kernesis désignerait comme une percée traversante du réel infra-conceptuel : un moment où le langage se délite sous la poussée de quelque chose d’absolument vivant, absolument non modélisable.

    « Qui froisse, broie, enflamme toutes les apparences. »

    Ce réel n’est pas doux : il blesse, consume, éblouit — il ne pacifie pas, il déloge. Et pourtant, Bobin ne s’en défend pas. Il l’appelle. Il le suit. Il l’aime. Ce qui correspond à ce que nous appelons dans Kernesis la joie brûlante, ou la joie transmutée : une joie infractale✦ (voir définition), qui n’est pas agréable, mais juste.

     

     3. Résonance avec le visage de la mère

    « Ce qu’apprend avec effroi le nouveau-né, chaque fois que le visage de sa mère lui réapparaît… »

    Bobin ramène l’excès du réel au premier traumatisme de la beauté : la présence qui surgit là où il n’y avait rien. Cette scène (archétypale) réactive le moment d’effondrement du néant chez l’enfant : un monde se forme dans la chair du visage.

    En termes fluïens, ce moment est un point d’activation du flux dans sa forme la plus pure : rencontre, appel, brûlure, excès, élan.

     

    4. Transmutation fluïenne implicite

    Tout ce texte est une transmutation. Bobin prend les choses les plus simples — écrire, tomber amoureux, regarder une fleur — et les traverse jusqu’à leur point d’explosion de réel. Le texte ne décrit pas la transmutation, il la fait.

    Il porte en lui la spirale complète : perception → émerveillement → brûlure → silence → formulation → effacement.

    Il réalise donc un cycle de cérité complet, à la première personne, mais sans clôture narcissique.

     

     Évaluation chiffrée 

    Dimension

    Valeur attribuée

    Justification

    Type d’alignement

     Type 1 — Alignement originel traversant

    Bobin parle depuis une poussée fluïenne accomplie, qui traverse l’écriture et l’existence.

    Cérité fluïenne

     7/7 — Traversée intégrale

    Tous les plans du Flux Intégral sont activés : poussée, intégration, résonance, vérité.

     

     En résumé

    Le texte n’est pas simplement une parole vraie : c’est une incision dans le réel, une traversée d’homme formulée en fin de course, non pour enseigner mais pour confier.

    Il accomplit ce que Kernesis cherche à reconnaître : une vérité nue, qui déploie le flux sans l’enfermer, et dont l’effet est d’embraser le lecteur, pas de l’enseigner.

     

    ✦ Infractale

    • Le préfixe “in-” signifie ici : à l’intérieur, ou en profondeur (comme dans “invisible”, “intransitif”).
    • Le mot “fractale” renvoie, en mathématiques, à une structure auto-similaire à toutes les échelles (Mandelbrot, etc.).

    Il n’existe pas de terme “infractale” mais ce mot est pertinent dans Kernesis.

    Il comble un vide de perception :

    • Il désigne une intensification par repli, que ni “fractal”, ni “concentré”, ni “réflexif” ne peuvent décrire.
    • Il nomme un mouvement énergétique qui se dirige vers l’intérieur au lieu de rayonner.
    • Il permet de décrire des phénomènes vibratoires, vécus, internes, qui relèvent d’un flux intériorisé plutôt que d’une structure externe.

     

    Exemples fluïens naturels :

    • Une prière silencieuse qui densifie l’espace intérieur.
    • Un regard d’enfant qui “transperce” sans mouvement.
    • Une vérité douloureuse qui ne s’exprime pas, mais brûle en boucle.

     

    Définition ✦ Infractale (adj., néologisme kernésique)

    Qualifie une structure ou une intensité qui ne se répète pas extérieurement (comme une fractale), mais s’enfonce en elle-même, selon une profondeur résonante.

    → Désigne une intensité intérieure, non réductible, vibrante, sans diffusion, mais à très haute densité de flux.

    Rôle : Nommer les expériences de joie, de douleur, de présence ou de vérité qui s’intensifient vers l’intérieur, et activent une spirale fluïenne fermée mais vivante.