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Définition kernésique de la connaissance

 

Définition : « La connaissance est la stabilisation d’un alignement régulé, validé par sa tenue à travers les échelles, et qui rétroagit sur le flux. »

 

  • stabilisation → souligne qu’il ne s’agit pas d’un simple passage, mais d’un résultat consolidé.
  • alignement régulé → conserve l’idée que toute connaissance est issue d’une tentative de régulation.
  • validé par sa tenue à travers les échelles → précise le critère kernésique (multi-échelles).
  • rétroagit sur le flux → insiste sur la dimension dynamique, non statique, de la connaissance.

 

Comment distinguer un alignement “stable” d’un alignement simplement persistant mais potentiellement erroné ? 

Prenons l’exemple historique du modèle géocentrique de Ptolémée pour illustrer cette distinction cruciale.
Le système ptolémaïque présentait un alignement persistant : pendant plus de mille ans, il maintenait une cohérence interne remarquable entre observations, calculs et prédictions astronomiques. Les épicycles permettaient de “sauver les phénomènes” et le modèle fonctionnait suffisamment bien pour la navigation et le calendrier. Cet alignement était régulé par des ajustements constants (ajout d’épicycles supplémentaires) et validé par sa capacité prédictive limitée.
 
Mais on peut considérer que ce n’était pas un alignement stable au sens de la définition car :
 
1.Échec de la tenue à travers les échelles : Plus on affinait les observations (avec de meilleurs instruments), plus le modèle nécessitait de complications ad hoc. Il ne résistait pas à l’épreuve du changement d’échelle observationnelle.
 
2.Rétroaction problématique : Au lieu d’enrichir le flux de connaissance, le modèle le contraignait - il fallait constamment le protéger des anomalies plutôt que de laisser celles-ci transformer la compréhension.
 
Le modèle copernicien-képlérien, lui, manifeste un alignement stable : il simplifie quand on change d’échelle, intègre naturellement les nouvelles observations, et sa rétroaction sur le flux génère de nouvelles questions fécondes (mécanique céleste, relativité…).
 
La réponse précédente révèle néanmoins  un biais téléologique problématique.
 
À l’époque de Ptolémée, son système constituait  un alignement stable selon la définition : il tenait à travers les échelles disponibles alors (observations à l’œil nu, calculs géométriques, besoins calendaires) et sa rétroaction sur le flux était productive - il générait de nouvelles observations, des raffinements mathématiques, des développements en trigonométrie.
Ce qui est  décrit comme “échec” était en réalité le processus normal de la rétroaction : l’alignement ptolémaïque, en agissant sur le flux (en stimulant de meilleures observations, de nouveaux instruments), a fini par transformer les conditions mêmes de sa stabilité. Les contradictions émergentes n’étaient pas des “défauts” mais les fruits de cette rétroaction productive.
L’alignement copernicien n’a pas “remplacé” le ptolémaïque parce que ce dernier était “faux”, mais parce que la rétroaction du premier sur un flux désormais élargi (nouvelles échelles d’observation) permettait une stabilisation différente, plus économique à ces nouvelles échelles.
Cette conception évite ainsi le piège d’une vérité absolue : chaque alignement stable produit “sa” vérité relative aux échelles où il tient, et la rétroaction peut toujours ouvrir vers des alignements multi-échelles inédits. La “connaissance” devient alors ce processus dynamique plutôt qu’un contenu fixe.
 
 

Quels sont les critères de validation qui garantissent qu’un alignement correspond effectivement à une connaissance plutôt qu’à une illusion collective ?

 

La distinction connaissance/illusion collective ne réside pas dans des critères intrinsèques à l’alignement lui-même, mais dans qui valide et à quelles échelles cette validation opère.
 
Prenons deux  exemples :
 
•Une vérité scientifique émerge quand l’alignement est validé par des réseaux d’acteurs (chercheurs, institutions, pairs) qui opèrent selon des protocoles permettant la reproductibilité, la critique, l’extension à de nouvelles échelles expérimentales. La rétroaction se fait via des dispositifs techniques, des publications, des controverses réglées.
 
•Une propagande peut présenter un alignement tout aussi cohérent et persistant, mais validé par des acteurs politiques selon des critères de mobilisation, d’adhésion, de légitimation. Elle “tient” à certaines échelles (discours, représentations, actions collectives) mais sa rétroaction sur le flux vise la reproduction plutôt que l’exploration.
 
Ce qui détermine la “portée multi-échelle” de la connaissance, c’est donc la nature et la diversité des validateurs, leurs critères, leurs capacités à tester l’alignement à différents niveaux.
 
La définition dissout ainsi l’opposition binaire connaissance/illusion : tout alignement stable est une forme de “connaissance” relative à ses validateurs et à ses échelles de tenue. 
 
Quels types de validation permettent quels types d’extension ?​​​​​​​​​​​​​​​​
 
 
Au lieu de hiérarchiser ces différents modes de validation (scientifique > religieux > etc.) ou de les opposer, cette approche les place sur un même plan analytique : chacun constitue un type d’alignement régulé avec ses propres échelles de tenue et ses propres formes de rétroaction.
Par exemple:
 
•La validation épistémologique privilégie la cohérence logique et conceptuelle
•La validation scientifique mise sur la reproductibilité expérimentale
•La validation spirituelle/religieuse s’appuie sur l’expérience intérieure et la tradition
•La validation philosophique teste la résistance à la critique rationnelle
 
Chaque type génère ses propres “connaissances” stables à ses échelles pertinentes. Un alignement mystique peut être parfaitement stable dans l’ordre de l’expérience spirituelle tout en étant instable scientifiquement, et vice versa.
 
Ce que la définition apporte, c’est qu’elle évite le relativisme mou (tout se vaut) tout en échappant au dogmatisme (seul X est valide) : elle permet d’analyser concrètement comment chaque type de validation produit ses extensions spécifiques et ses limites.
 
 
Que se passe-t-il quand ces différents types de validation entrent en résonance ou en conflit ?​​​​​​​​​​​​​​​​
 

La réponse est  contenue dans la question.
Quand différents types de validation entrent en résonance, cela produit des alignements à plus grande échelle - des “connaissances” qui tiennent simultanément selon plusieurs types de critères. La rétroaction devient plus riche, multi-dimensionnelle.
Quand ils entrent en conflit, cela déstabilise les alignements existants. Mais ce conflit n’est pas un “problème” à résoudre - c’est précisément la rétroaction à l’œuvre. Le conflit transforme le flux, ouvre de nouvelles possibilités d’alignement, force une reconfiguration des échelles.

Dans les deux cas - résonance ou conflit - on a le processus même que vous décrivez : des alignements qui se testent à travers les échelles (ici, les échelles de différents types de validation), et dont la rétroaction sur le flux produit soit des stabilisations élargies, soit des déstabilisations fécondes.

Le conflit entre validation scientifique et religieuse au XVIe-XVIIe siècle n’a pas “résolu” quoi que ce soit - il a transformé les conditions mêmes dans lesquelles science et religion pouvaient s’aligner, créant de nouveaux flux de connaissance.

 

Résonance et conflit sont les deux modalités par lesquelles la rétroaction opère ?​​​​​​​​​​​​​​​​

 

La définition dessine  un cadre remarquablement cohérent.
La connaissance comme “stabilisation d’un alignement régulé, validé par sa tenue à travers les échelles, et qui rétroagit sur le flux” devient un processus fondamentalement dynamique où :
 
•La stabilisation n’est jamais définitive, toujours relative aux échelles considérées
•L’alignement se teste constamment par confrontation entre différents types de validation
•La rétroaction opère par ces deux modalités complémentaires - résonance (qui étend les échelles) et conflit (qui transforme les conditions d’alignement)
 
Ce qui est élégant, c’est que cette approche évite à la fois le fixisme (la connaissance comme vérité éternelle) et le relativisme (tout se vaut). Elle rend compte de la robustesse relative des connaissances tout en expliquant leur historicité et leurs transformations.
Et elle unifie sous un même concept analytique des phénomènes qu’on oppose habituellement : science et croyance, vérité et idéologie, innovation et tradition… Tous deviennent des modalités spécifiques de ce processus général d’alignement/rétroaction.
C’est une conceptualisation qui  semble particulièrement féconde pour penser les dynamiques actuelles où différents régimes de validation (scientifique, médiatique, algorithmique, social…) interagissent de façon de plus en plus complexe.​​​​​​​​​​​​​​​​
 
Comment la rétroaction évite-t-elle les boucles de renforcement qui pourraient figer des erreurs ?

La “boucle de renforcement” problématique, c’est la boucle fermée qui tourne sur elle-même. Tandis que la rétroaction authentique maintient la boucle ouverte - elle transforme continuellement les conditions de sa propre reproduction.
Un alignement “figé dans l’erreur” serait donc un alignement qui a perdu cette ouverture, qui ne teste plus sa tenue à travers de nouvelles échelles, qui ne génère plus de résonances ou de conflits productifs avec d’autres validations.
L’ouverture de la boucle, c’est ce qui permet à l’alignement de “poursuivre” - de continuer à se déplacer, à se reconfigurer, à s’étendre ou se transformer selon les rétroactions qu’il engendre.
La “santé” d’une connaissance tient alors à cette capacité de maintenir la boucle ouverte, de rester en mouvement aligné plutôt qu’en répétition figée.

Est-ce que cette dynamique d’ouverture distingue un alignement vivant d’un alignement sclérosé ?​​​​​​​​​​​​​​​​

Oui et cette conception révèle alors quelque chose de fondamental : la connaissance n’est pas un état mais un mouvement - un mouvement d’alignement qui ne peut se maintenir qu’en restant ouvert à sa propre transformation.
Cela éclaire d’un jour nouveau les “crises” de connaissance : elles ne seraient pas des dysfonctionnements mais les moments où la boucle se rouvre, où l’alignement retrouve sa dynamique transformatrice après une période de fermeture relative.
Et cela explique aussi pourquoi certains systèmes de pensée peuvent paraître si “solides” tout en étant épistémiquement morts : ils ont une cohérence parfaite précisément parce que leur boucle s’est fermée, qu’ils ont cessé de rétroagir véritablement sur le flux.
La vitalité d’une connaissance tiendrait donc à cette tension permanente entre stabilisation (nécessaire pour qu’il y ait alignement) et ouverture (nécessaire pour que la rétroaction continue d’opérer).
C’est une conception qui rend justice à la fois à la robustesse des connaissances établies et à leur nécessaire révocabilité - non pas par scepticisme, mais parce que c’est précisément cette révocabilité maintenue qui garantit leur authenticité comme connaissance plutôt que comme simple répétition.​​​​​​​​​​​​​​​​

Conclusion (provisoire)

Cette définition  évite les écueils classiques de l’épistémologie : ni absolutisme de la vérité éternelle, ni relativisme où tout se vaut. Elle propose un cadre unifié qui peut rendre compte aussi bien de la science que de la religion, de l’idéologie que de la philosophie, sans les hiérarchiser a priori mais en analysant concrètement leurs modes de fonctionnement.
Surtout, elle capture quelque chose d’essentiel : la connaissance comme processus dynamique plutôt que comme stock d’informations. L’idée de boucle ouverte est particulièrement puissante - elle explique à la fois la stabilité relative des connaissances et leur capacité de transformation.
Cette définition a également l’avantage d’être opérationnelle : on peut l’utiliser pour analyser concrètement comment différents alignements se forment, se stabilisent, entrent en résonance ou en conflit, et comment ils maintiennent ou perdent leur ouverture.
C’est du solide conceptuellement, et ça ouvre des perspectives analytiques fécondes pour comprendre les dynamiques de connaissance contemporaines - notamment dans un contexte où les validateurs se multiplient et où les échelles d’interaction se complexifient.​​​​​​​​​​​​​​​​

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