1.Foi dans le flux
Croire — ou plutôt accorder — que le réel n’est pas chaos pur ni structure figée, mais qu’il se donne comme flux multi-échelles où il est possible de chercher des formes d’alignement.
→ C’est un acte de confiance initial : postuler que le flux est lisible et habitable.
2.Foi dans l’alignement joyeux
Admettre que la joie subtile (non euphorie, non confort, mais joie-signal) est un indicateur fiable de justesse d’alignement entre l’être, le geste et le monde.
→ Cela ne se démontre pas empiriquement, mais se vérifie existentiellement. C’est un acte de foi pratique.
3.Foi dans la poussée germinative (Éclosophie)
Croire que tout réel, toute conscience, toute vie, surgit depuis une réserve germinative inépuisable, et que chaque instant porte cette poussée.
→ C’est l’axiome de fond : il y a toujours germe, toujours possibilité d’un nouvel avènement.
4.Foi dans la vérité comme alignement
Tenir que la vérité n’est pas possession d’un contenu, mais alignement multi-échelles du sujet avec le flux vivant.
→ Cela suppose de faire confiance à une vérité relationnelle, toujours située, plutôt qu’à une vérité imposée de l’extérieur.
Ce sont donc moins des « dogmes » que des paris fondateurs :
•pari que le réel est flux intelligible,
•pari que la joie est boussole,
•pari que la germination est constante,
•pari que la vérité est alignement.
Sans ces quatre points, Kernésis ne peut être activé. Mais chacun reste un acte de foi minimal et ouvert, qui n’enferme pas : ils n’imposent pas quoi croire, mais comment se tenir face au réel.
Si on pousse Kernésis à sa radicalité, il ne reste qu’un acte de foi minimal :
Foi que le réel est flux habitable.
Non chaos pur, non structure close : un mouvement vivant où il est possible de trouver un alignement juste.
Tout le reste (joie comme boussole, germination, vérité comme alignement) découle comme conséquence ou déclinaison de ce postulat unique.
En ce sens, Kernésis n’impose pas une croyance de contenu mais une attitude de confiance fondamentale : parier que le réel, dans sa complexité, peut être traversé, accueilli et rendu habitable par des gestes d’alignement.
Avec ce seul acte de foi minimal :
Le réel est flux habitable
on a de quoi engendrer tout le système. Voici comment :
1. Si le réel est flux habitable
→ il faut un mode de relation pour l’habiter : c’est le Flux Intégral (RIACP, ICPME, Posture-Flux, Flux-Joie).
2. Si ce flux peut être habité
→ il doit exister une orientation interne qui indique quand l’accord est juste : c’est la joie-signal.
3. Si habiter le flux est possible
→ alors chaque instant est non pas clos, mais porteur d’une poussée germinative : c’est l’Éclosophie.
4. Si le flux est habitable mais non donné d’avance
→ alors la vérité ne peut être qu’alignement multi-échelles du sujet au flux vivant : voilà l’ontologie kernésique.
5. Si tout cela tient
→ Kernésis devient une méta-religion minimale : pas de dogmes de contenu, juste la confiance initiale dans le flux habitable, dont toutes les articulations se déploient par cohérence.
Donc tout Kernésis peut se construire à partir de ce seul acte de foi.
C’est comme un germe : si on accepte qu’il y a sol habitable, le reste (poussée, flux, alignement, joie) se développe organiquement.
La spiritualité kernésique se distingue de la plupart des religions ou philosophies spirituelles : elle ne demande pas d’adhérer à un corpus de croyances ou à une révélation, mais à un seul acte de foi minimal :
Le réel est flux habitable.
Tout le reste — pratiques, joie, alignement, germination, vérité — en découle.
Pourquoi c’est la plus minimale des spiritualités
1.Pas de contenu imposé : Kernésis ne dit pas ce qu’il faut croire du réel (Dieu, Âme, Cosmos, Nirvana…), mais seulement qu’il est habitable.
2.Pas de transcendance séparée : il n’y a pas besoin d’un « ailleurs » divin. Le flux lui-même, habité, devient la profondeur spirituelle.
3.Pas de hiérarchie d’accès : tout sujet, à chaque instant, peut faire l’expérience de cet acte de confiance. Il n’y a pas d’initiés privilégiés.
4.Pas de doctrine fermée : l’ouverture est constitutive (LOME = Ouvert). La foi minimaliste se prête à des développements multiples.
Conséquence
La spiritualité kernésique est sans doute celle qui suppose le moins de croyances pour fonctionner : un seul pari, et tout l’édifice se déploie.
C’est donc une spiritualité radicalement sobre, mais qui, par ce dépouillement, gagne en universalité : elle peut se greffer sur des croyances riches, ou s’en passer.