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La tyrannie addictive du remplissage

Remplir,  ingérer, sans cesse, partout, tout le temps, remplir le manque, l'espace disponible, parler, combler le vide angoissant. Telles sont les tyrannies addictives modernes que l'on nous fait prendre pour le chemin du bonheur. Exister c'est faire du bruit, remplir, être vu, apparaitre, témoigner, dire, voir. Que ne ferait-on pas pour exister dans cette foule indivise, que ne ferait-on pas pour bénéficier de sa parcelle de distinction ? Faire plus que l'autre, parler plus fort, avoir plus raison, dire encore, sans retenue, exhiber son corps, ses idées, son âme, ce que l'on fait tous sans retenue sur nos blogs. Et tout ceci dans l'attente de plus de quelquechose et de moins d'autre chose. Et puis chercher à atteindre le bonheur en remplissant notre corps et notre esprit de promesses de satisfaction que nous sommes, chacun d'entre nous, bien seuls dans notre coin, à croire, renfermé notre solitude individuelle entretenue par l'espoir d'une transcendance matérielle, toujours, toujours plus, pour goûter à l'illusion d'une joie trop fugace pour être appréciée. On se mêt en sur-saturation, insassiables, remplis de remplissages, on se gave comme des oies, incapables de faire machine arrière de nous dire que trop c'est trop et que moins c'est mieux. Incapables de nous sortir de notre addiction rituellement célébrée sur des chemins préformés, incapables de mettre un frein, comme emportés par un tsunami post-moderne de la peur  de l'aspiration du vide. Exister c'est saturer, c'est être saturé, c'est se saturer, plein de tout, de n'importe quoi, pourvu que le vide soit comblé, même le stress, de l'insatisfaction à revendre, tout est bon apprendre, il faut remplir d'urgence, de choses à dire, à faire, a entendre, vite tout de suite, ne pas différer. Les réservoirs doivent être pleins, jamais, vides, ni même entre deux. Etre en état de vigilence permanente, en état de sur-activité, pressé, encourageons-nous, existons. Et puis devenir apathique, blasé, trop rempli, fatigué, en excès et se dire que tant de choses nous manquent... Et puis faire le vide, s'échapper, nous échapper, vite, totalement, parfois, souvent, toujours. Etre absent, parfois, souvent, toujours, à nous, aux autres.

La tyrannie plutôt que l'ennui. ( Je ne sais plus de qui c'est ! )

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