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Manifeste du Non-N’importe-Quoi Fluïen

 

 

À l’usage de celles et ceux qui pensent, créent, agissent et transforment

Nous vivons une époque de foisonnement symbolique : récits, modèles, systèmes, langages se multiplient pour saisir la complexité du vivant. Ce foisonnement est une chance — il élargit notre imaginaire — mais aussi un risque : celui de saturer, figer ou dévier la puissance de transformation.

Nous affirmons qu’un modèle ne vaut ni par sa beauté, ni par sa complexité, mais par sa capacité à ouvrir un passage, créer du mouvement, régénérer les milieux qu’il traverse.

Le Flux Intégral lui-même n’échappe pas au risque du n’importe quoi : formalismes vides, absolutisation de ses propres schèmes, perte d’ancrage. Ce manifeste trace les balises d’une vigilance fluïenne, pour que nos outils ne deviennent jamais nos prisons.

 

Principes directeurs

 

1. Ancré dans le réel vivant

Un modèle n’est pas une grille sur le monde, mais une traduction mobile du vivant. Il doit rester poreux : accueillir l’incertitude, accompagner l’imprévu, cultiver des marges respirantes.

2. Au service de la transformation

Un modèle se juge à ses effets incarnés : modifie-t-il nos façons de percevoir, d’agir, de nous relier ? S’il ne fait que décorer la pensée, il échoue. Sa valeur est dans ce qu’il régénère.

3. Ouvert et évolutif

Un modèle juste est traversable sans s’effondrer. Il prévoit sa propre obsolescence, intègre ses limites, invite au dépassement. L’ouverture n’est pas une option : elle est condition de survie créative.

4. Incarné dans l’expérience

Une idée qui ne devient pas geste, parole, silence ou transformation des milieux reste stérile. Le savoir véritable irrigue l’expérience au lieu de la surplomber.

5. Auto-critique active

Un système qui ne se laisse pas transformer par ce qu’il produit devient un artefact totalitaire. Nous exigeons des architectures capables de se renouveler de l’intérieur.

6. Lignes de fuite et marges fertiles

Un bon modèle ne capture pas. Il laisse surgir des échappées, des bifurcations, des détournements créatifs. Il s’efface lorsqu’il a ouvert un chemin.

7. Responsabilité éthique

Modéliser, c’est orienter des regards, distribuer des pouvoirs. Cela implique une éthique fluïenne : de lucidité, de justesse, et de joie partagée. La création de modèles est un acte politique, pas seulement intellectuel.

 

Engagements pratiques

  • Épreuve du réel
    Tout modèle doit être soumis à l’épreuve de la vie : que fait-il face à l’imprévu, à la diversité des contextes, aux altérations qu’il engendre ?

  • Expérimentations collectives
    Un modèle ne vit que dans le corps social. Nous favorisons les espaces d’essai partagés, où relations, perceptions et capacités sont transformées de façon observable et discutée.

  • Architectures évolutives
    Nous préférons les cadres qui s’autodépassent, meurent fécondamment, plutôt que ceux qui s’installent dans la répétition ou la défense.

  • Écosystèmes de modèles
    Aucun modèle ne doit prétendre tout contenir. Nous cultivons des agencements mobiles : fragments, boucles, constellations. Le réel est multiple, nos outils aussi.

 

Joie fluïenne : guide sensible du passage juste

Un modèle réussi permet une posture fluïenne : présence ajustée, régulée, vivante. La joie fluïenne n’est pas une euphorie, mais un symptôme d’alignement — entre pensée, action, relation et milieu. Elle signale qu’un modèle fait respirer, qu’il n’impose rien, mais fait advenir.

 

Coda : un signal éphémère

Ce manifeste n’est pas un socle à défendre, mais un espace à traverser. Il se veut proposition, non prescription, appui, non mur.

S’il ouvre un dialogue, s’il libère une expérimentation, s’il rend un instant plus fluide — alors il aura accompli sa tâche.

Qu’il se dissolve dans les pratiques qu’il rend possibles. Qu’il ne laisse derrière lui que du mouvement.

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